Retour au récit                              _Scénario du récit Yovo, yovo, bonsoir..._                  Retour au récit

 

 

 

 

Yovo, yovo, bonsoir...

 

 

 

de

Christophe Verna

 _Aventures africaines_

Dépôt au SNAC nr 3-5077 du 10/10/2003

 

verna@free.fr

 

Dépôt à la SGDL n°

2004.10.0053 du 06/01/2004 06.14.04.94.14

 

Dépôt au SACD

_Titre de l'oeuvre Yovo, yovo, bonsoir

_Numéro de dépôt 000042481

_Fichier déposé yovo, yovo, bonsoir.7z

_Catégorie Audiovisuel

Empreinte numérique : SHA1 c4241a91bd46a732a6819daaf73d2b03d550f01e

 

_1er chapitre-------------------------------------------

1/14 EXT.JOUR.MARCHÉ DE BERGERAC

L’acteur principal (L.A.P)tente vainement de vendre des

surplus américains.

LARGE : SUR LE MARCHÉ, PUIS ZOOM SUR L.A.P

GROS PLAN : L.A.P TENTE DE VENDRE DES VESTES DE TREILLIS

SANS SUCCÈS, SON CHIEN SOUS LE BANC

L.A.P

Des vestes et pantalons à petits

prix pour les travaux

agricoles, aller à la chasse,

faire de la mécanique, vous en

aurez pour des années de bons et

loyaux services..

LARGE : LES GENS PASSENT SANS ACCORDER UN REGARD AU STAND

(off)une voix avec un fort

accent africain

hé bien, mon ami, ça n’a pas l’air

d’aller très fort.....

LARGE :UN STAND À CÔTÉ, L’ON Y VOIT UN GRAND SÉNÉGALAIS EN

BOUBOU

MOYEN :L.A.P

(CONTINUED)

CONTINUED: 2.

L.A.P:

ne m’en parle pas, j’en ai marre,

je ne fous rien,je vais finir

ruiné!!!!!

GROS PLAN : LE SÉNÉGALAIS (L.S)

(L.S)

Je reste encore une semaine, j’ai

acheté une 404 150 £, et je

retourne chez moi à Saint Louis du

Sénégal, je la vends 1800£, et ma

saison d’été sera largement

positive.

GROS PLAN : L.A.P

L.A.P

Dis-moi en détail cette affaire.

GROS PLAN : (L.S)

L.S

C’est très simple, j’achète une 404

break, familiale ou plateau entre

150 £ et 300 £ en France, je

descends l’Espagne, je prends le

bateau d’Algeciras à Ceuta au

Maroc. Je longe la côte, traverse

la Mauritanie, et après 3500

kilomètres, je suis arrivé chez

moi. Je vends la voiture entre 1700

£ et 1800 £, je n’ai pas d’avion à

payer pour le retour, et un

bénéfice d’au moins 1200 £ qui

complète si bien ma saison que je

peux me laisser vivre jusqu’à la

saison prochaine sans me priver de

rien...

MOYEN : L.A.P

L.A.P

ça m’intéresse drôlement cette

histoire, garde-moi mon stand, je

vais acheter une carte.

LARGE : L.A.P ARRIVE DANS UNE LIBRAIRIE

L.A.P

Bonjour Monsieur, auriez-vous une

carte permettant d’aller de France

au Sénégal ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 3.

LE LIBRAIRE

J’en ai une qui concerne toute

l’Afrique nord-ouest, c’est la 153

de chez Michelin.

L.A.P

Je peux voir çà ?

LE LIBRAIRE

Voilà

MOYEN : L.A.P REGARDE LA CARTE, EST SATISFAIT, L’ACHÈTE

LARGE : L.A.P REVIENT AUX STANDS

MOYEN : L.A.P ÉTALE LA CARTE SUR LES VÊTEMENTS DE SON STAND

L.A.P S’ADRESSANT AU SÉNÉGALAIS

Dis-moi par où il faut passer

MOYEN : VISIBLEMENT, LE SÉNÉGALAIS NE SAIT PAS LIRE UNE

CARTE.

L.A.P

Bon, dis-moi les ville qu’il faut

traverser

L.S

(énumération de toutes les villes

jalonnant la route, car la lacune

de la science géographique est

largement compensée par une mémoire

sans faille)

L.A.P

Je crois que je vais m’accorder

quelques vacances au soleil.... Si

je me pointe chez toi en 404, tu

pourras m’aider à vendre la voiture

?

L.S

Bien sûr, tu pourras dormir chez

moi, et moyennant une petite

commission, je m’occuperais de

vendre ton carrosse....

L.A.P

Marché conclu. Tu peux me garder

encore le stand ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 4.

L.S

Vas-y....

L.A.P va voir un autre marchand qui vend un peu tout sur le

marché.

MOYEN : L.A.P S’ADRESSE AU MARCHAND, JEUNE BARBU SYMPA

L.A.P

Salut l’ami, est-ce que ça te

dirait d’acheter mon lot de surplus

américains ?

LE MARCHAND D’UN PEU TOUT

qu’as-tu à vendre exactement ?

L.A.P

Tout mon stand, barnum compris plus

un tas d’autres fringues en stock

chez moi.

LE MARCHAND D’UN PEU TOUT

Quand est-ce que je peux passer

voir çà ?

L.A.P

cet après-midi, si tu veux...

LE MARCHAND D’UN PEU TOUT

ça roule, tu m’expliques où tu

habite, et je passe te voir

demain...

INT.SOIR.CHEZ UN COPAIN

MOYEN : DÎNER AUTOUR D’UNE TABLE

(5 personne cassent la croûte)

L’HÔTE

Il paraît que tu pars en Afrique ?

L.A.P

oui, je descends au Sénégal voir un

peu le soleil.

L’HÔTE

Tu ne pourrais pas passer dire

bonjour à mon grand-frère qui a une

entreprise de bâtiment en Côte

d’Ivoire ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 5.

L.A.P

Ce n’est pas du tout le coin dans

lequel je me rends, il y a 1800

kilomètres à vol d’oiseau de

l’endroit où je vais et la Côte

d’Ivoire.

L’HÔTE

à tout hasard, je te donne son

adresse à Abidjan

(L’hôte écrit l’adresse sur un

bout de papier et la donne à

L.A.P)

EXT.JOUR.MAISONNETTE DE L.A.P

LARGE :

(La camionnette de l’acheteur

arrive dans une maison un peu

isolée, L.A.P sort et

l’accueille.)

L.A.P

Tu as trouvé facilement ?

LE MARCHAND D’UN PEU TOUT

Pas de problème.

L.A.P

Tu prends le café ?

LE MARCHAND D’UN PEU TOUT

Avec plaisir

MOYEN : ILS ENTRENT DANS LA MAISON

MOYEN : DANS UNE CUISINE PLUTÔT RUSTIQUE, DEVANT UN CAFÉ

L.A.P

Alors tu as tout mon banc de marché

que tu as vu l’autre jour, plus ce

qui est dans ma réserve.

CUT

INT.JOUR.DANS LA PIÈCE OÙ EST REMISÉ LE STOCK

MOYEN :

(dans une pièce en longueur,

des cordes pendent du plafond

qui soutiennent des manches à

(CONTINUED)

CONTINUED: 6.

balais sur lesquels sont

suspendu les vêtements sur

cintres.)

L.A.P

Voilà, il y a tout çà plus ce que

tu as vu l’autre jour....

LE MARCHAND D’UN PEU TOUT

C’est pas grave si je te paie en

liquide ?

L.A.P

devine mon neveu !!!!!!!!

EXT.JOUR.MAISONNETTE DE L.A.P

LARGE :

Transbordement de tous les vêtements vers la camionnette de

l’acheteur, des vêtements remisés dans le local de stockage

et du matériel contenu dans le tube Citroën de L.A.P.

MOYEN :LES BILLETS CHANGENT DE MAIN

LARGE :ON VOIT LA CAMIONNETTE DE L’ACHETEUR PARTIR

INT.JOUR.DANS LA PIÈCE PRINCIPALE (ENTRÉE, CUISINE)

MOYEN :NOUS VOYONS L.A.P AVEC UNE AMIE QUE L’ON DEVINE

INTIME

L.A.P

Il me semble que ton frère est

garagiste, est-ce qu’il pourrait me

trouver une 404 entre 150 £ et 300

£ ? il faut qu’elle soit en bon

état, car toute la route de la

Mauritanie est une piste de sable

assez défoncée.

LA COPINE

Je vais lui demander...

CUT

7.

EXT.JOUR.MAISONNETTE DE L.A.P

(Quelques jours plus tard....)

LARGE : LA COPINE ARRIVE EN VOITURE À LA CAHUTE DE L.A.P

Bisous

INT.JOUR.

MOYEN : DANS LA PIÈCE PRINCIPALE LA CUISINE

Une fois entrée dans la maison

LA COPINE

Tu as de la chance, mon frère veux

bien te céder sa 404 familiale pour

450£.

MOYEN : L’ON VOIT L.A.P TORDRE LE NEZ ET ACCUSER LE COUP

L.A.P

Il n’a rien de moins cher ?

LA COPINE

Il n’a que celle-là, et il m’a

garanti qu’elle est en parfait

état....

L.A.P

Bon, c’est beaucoup plus que je

comptais mettre, mais si elle est

en très bon état...

EXT.JOUR.CHEZ LE GARAGISTE

LARGE : L.A.P EST CHEZ LE GARAGISTE DEVANT UNE PEUGEOT 404

FAMILIALE

LE GARAGISTE

Vous voyez, elle est en parfait

état, la boîte est bonne et le

moteur est impeccable...

L.A.P

J’espère, car c’est beaucoup plus

que ce que je comptais mettre....

LE GARAGISTE

Je m’en sers tout les jours, elle

est irréprochable, je ne remets

jamais une goutte d’huile entre

deux vidanges...

(CONTINUED)

CONTINUED: 8.

L.A.P

Bon, voici les 450£, je vais

l’assurer, puis passerai la prendre

une fois que ce sera fait.

EXT.JOUR.CHEZ LE GARAGISTE

LARGE :QUELQUES JOURS PLUS TARD

On voit L.A.P démarrer avec sa nouvelle voiture de chez le

frère de sa copine.

EXT.JOUR.MAISONNETTE DE L.A.P

LARGE :

On voit L.A.P sortir les affaires qui resteront en France de

sa cahute pour les mettre à l’abri dans un dépôt chez les

châtelains qui lui louent la maisonnette.

EXT.JOUR.

MOYEN : CHEZ QUELQUES GARAGISTES

L.A.P collecte des bidons de 30 litres ayant contenu de

l’huile moteur.

EXT.JOUR.MAISONNETTE DE L.A.P

LARGE :

On voit L.A.P transporter des malles contenant ses fringues

et divers matériels dans la 404, puis installer les 5 futs

d’huile vides sur la galerie.

EXT.JOUR.

MOYEN : UNE REMISE DERRIÈRE LA MAISON DE L.A.P

L.A.P cache la clé au dessus de la porte à l’intérieur d’un

appentis situé près de sa maison.

9.

EXT.JOUR.MAISONNETTE DE L.A.P

LARGE :

L.A.P jette un regard aux alentours, monte dans la voiture,

ainsi que son chien, et démarre vers le Sénégal.

EXT.JOUR.

LARGE : ON VOIT LA VOITURE ROULER, ROULER SUR LES ROUTES DE

FRANCE.

EXT.JOUR.SAINT JEAN DE LUZ

GROS PLAN : SUR LE COMPTEUR, LE VOYANT D’HUILE S’ALLUME

EXT.JOUR.

LARGE : SAINT JEAN DE LUZ

L.A.P descend de sa voiture

Après avoir regardé la jauge à huile, il apparaît à L.A.P

que le moteur de la voiture est très fatigué et consomme

beaucoup d’huile.

EXT.JOUR.ESPAGNE

LARGE :Traversée de l’Espagne,

EXT.JOUR.PORT D’ALGECIRAS

Algeciras, traversée de la Méditerranée, arrivée à Ceuta

enclave espagnole au Maroc.

EXT.JOUR.CEUTA

LARGE :

L.A.P achète du whisky et de l’essence détaxés, il en rempli

ses futs sis sur la galerie.

10.

EXT.JOUR.SORTIE D’ESPAGNE

LARGE : LA FRONTIÈRE ESPAGNOLE QUASIMENT INEXISTANTE.

EXT.JOUR.ENTRÉE AU MAROC

LARGE : UNE TRÈS LONGUE FILE D’ATTENTE À L’ENTRÉE DU MAROC.

EXT.JOUR.GUICHET DE DOUANE

MOYEN : L.A.P SORT DE SA VOITURE ET VA CHERCHER LES

DOCUMENTS À REMPLIR POUR POUVOIR RENTRER AU MAROC.

EXT.JOUR.RETOUR À LA VOITURE

MOYEN : L.A.P REVIENT AVEC LES FORMULAIRES DUMENT

REMPLIS, SON PASSEPORT EST AGRÉMENTÉ D’UN TAMPON FIGURANT

UNE VOITURE, CE QUI L’OBLIGERA À SORTIR AVEC LA DITE

AUTOMOBILE.

EXT.JOUR.ROUTES MAROCAINES

LARGE :

L.A.P roule en direction du sud le long de la côte, des

barrages fréquents avec des herses en travers de la route, à

chacun d’eux, les militaires contrôle les papiers.

L.A.P aperçoit un petit marocain faisant du stop au bord de

la route, il s’arrête et le prend.

LE PETIT MAROCAIN

Si tu m’amènes chez mes parents,

nous t’inviterons à dîner.

L.A.P

Allez, on y va..

LARGE : APRÈS QUELQUES KILOMÈTRES, ILS SORTENT DE LA ROUTE

Après avoir parcouru 3 ou 4 kilomètres d’un chemin de

campagne, ils arrivent à un oasis.

11.

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN : ARRIVÉE À UNE GRANDE MAISON BLANCHE

(Le petit marocain s’adresse à

L.A.P)

LE PETIT MAROCAIN

Viens, je vais te présenter à mes

frères.

INT. JOUR.

MOYEN : DANS LA PIÈCE PRINCIPALE QUI DONNE DIRECTEMENT SUR

L’OASIS

(arrivent les 2 frères.)

MOYEN : DANS CETTE GRANDE SALLE, L.A.P EST INVITÉ À PRENDRE

LE THÉ SUR DES TAPIS.

(Un peu plus tard)

LES FRÈRES

ça te dirait d’aller visiter un

vieux berger dans la montagne ?.

L.A.P

Non, pas trop...

(Les frangins insistent

lourdement, L.A.P fini par

accepter...)

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE :

Les 2 frères et L.A.P, après avoir parcouru 1 ou 2

kilomètres dans la montagne, arrivent à une cahute, un des

frères frappe dans ses mains afin de prévenir de la venue de

visiteurs. sort un vieux en burnous, perclus de rhumatismes

qui invite tout le monde à boire le thé à la menthe assis

par terre sur des tapis.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI DANS LA CABANE DU VIEUX BERGER

MOYEN :

(Le vieux pose des questions

par le truchement des 2

frères.)

(CONTINUED)

CONTINUED: 12.

LES FRÈRES

Le vieux demande combien de temps

tu as mis pour venir de France...

L.A.P

Deux jours.

MOYEN :

Les frères traduisent au vieux qui répond en arabe.

LES FRÈRES

Le vieux dit qu’il pensait la

France beaucoup plus éloignée, mais

il compte les jours à la vitesse de

marche de chameau...

RAPPROCHÉ :

Visage de L.A.P qui se demande en aparté qui se paie sa

tête, le vieux ou les frangins....

MOYEN :

Les frères pressent un peu le vieux qui sort des colliers et

bracelets d’un sac et les étalent sur le tapis.

LES FRÈRES

Les vieux désire se séparer de

bijoux anciens.

L.A.P

Je n’ai vraiment pas d’argent à

consacrer à l’achat de bijoux.

LES FRÈRES

Ce n’est pas grave, le vieux

accepte de troquer.

L.A.P

(visiblement à regret, et pour

faire plaisir)

Bon, à la rigueur, on peut faire

comme çà.

MOYEN :

L.A.P regarde quelques bijoux incrustés de corail, qui ont

l’air en argent massif, en met quelques-uns de côté.

L.A.P

Ceux-là me plaisent bien, il ne

reste plus qu’à s’entendre sur

l’échange.

13.

EXT.SOIR.DANS LA MONTAGNE

LARGE :

Tout ce petit monde descend de la montagne à vitesse réduite

du vieux qui s’appuie sur une canne.

EXT.SOIR.DE RETOUR DANS LA COUR OÙ SE TROUVE LA VOITURE

MOYEN :

L.A.P ouvre l’arrière de la 404, sort une malle dans

laquelle lui restent quelques vêtements conservés de son

petit commerce récemment clos. Le vieux choisi quelques

chemises, une jolie veste haute en couleurs, une paire de

bottes et s’estime satisfait. les frères et le jeune qui a

rejoint le groupe ont visiblement envie de quelques

frusques, L.A.P leurs en offre 2 ou 3 à chacun, et tout le

monde est content.

MOYEN : LES FRÈRES PROPOSENT DE CASSER LA CROÛTE,

EXT.SOIR.LE GROUPE RETOURNE À LA GRANDE SALLE.

MOYEN :

Les protagonistes se réinstallent autour de la table basse,

vient une adolescente qui amène successivement plusieurs

plats copieusement remplis aux délicieux fumets et

l’omniprésent thé. Une autre leur verse de l’eau à l’aide

d’une aiguillère afin que tous se lavent les mains au-dessus

d’une bassine en laiton repoussé, puis commencent les

agapes...

MOYEN :

Aucun couvert n’est proposé, L.A.P ne fait pas le chipoteur,

et mange avec la main en essayant de se montrer aussi adroit

que possible à cet exercice.

L.A.P

Quel l’animal qui entre dans la

composition de ce plat ?

LES FRÈRES

C’est du jeune chameau.

L.A.P

C’est la première fois que j’en

mange, c’est délicieux !!!!!

MOYEN :

(CONTINUED)

CONTINUED: 14.

Les frères sont visiblement ravis de cet enthousiasme. Une

fois rassasiés, les jeunes filles débarrassent la table.

EXT.SOIR

LARGE :

Le vieux, après de grands voeux de réussite pour son voyage,

serre longuement la main de L.A.P et s’en retourne à ses

pénates.

LES FRÈRES

(après avoir envoyé le petit

se coucher, et tourné autour

du pot)

Tu n’aurais pas de bouteille

d’alcool par hasard ?

L.A.P

J’ai une bouteille de whisky, je

vais la chercher....

INT.SOIR

MOYEN : TUTOIEMENT DE LA BOUTEILLE JUSQU’À L’EXTINCTION

D’ICELLE.

LES FRÈRES

Bon, maintenant, il faut dormir...

Les frères demandent à L.A.P de les aider à ouvrir les

bas-flans-sièges-coffres qui entourent la salle, et à en

sortir des couvertures en poils de chameau très lourdes et

raides. Après avoir remis les coussins sur les coffres, ils

offrent une couverture à L.A.P, et l’invitent à dormir, eux

reste à dormir itou dans cet appareil...

INT.MATIN.

MOYEN : LE LENDEMAIN MATIN, RÉVEIL DE L.A.P, LA BOUCHE EN

FOND DE CAGE À PERROQUET.

MOYEN : PLIAGE DES COUVERTURES, REMISE DANS LEURS COFFRES.

EXT.PETIT MATIN.

LARGE : LUMIÈRE DURE.VISITE DE LA PALMERAIE QUI ENTOURE LA

MAISON, DE PETITS CANAUX COURENT AFIN D’IRRIGUER LA

VÉGÉTATION RENDUE LUXURIANTE PAR CE MOYEN.

(après une demie heure de

(CONTINUED)

CONTINUED: 15.

divagations dans ce

merveilleux jardin)

LES FRÈRES

Bon, maintenant, on va prendre le

petit déjeuner.

INT.MATIN.

MOYEN :

La table, revenue à sa place et couverte de victuailles,

pains, miel, dattes, thé, huile d’olive très verte, tous ces

produits sont fabriqués sur place. Tout le monde s’y met.

L.A.P, un peu barbouillé a quelques peines à ingurgiter tout

çà. Les frangins, eux, habitués à cette nourriture pour le

moins roborative, trempent le pain dans le miel, puis dans

le thé, et s’en enfournent des ventrées. L.A.P, parvient se

caler les gencives afin de poursuivre sa route.

EXT. DANS LA COUR

LARGE :

Adieux à tout le monde, L.A.P monte dans son carrosse qui

refuse de démarrer.

MOYEN :

L’un des grands frères demande à L.A.P un tournevis afin de

démonter la durit avant le carburateur.

L’UN DES FRÈRES À L.A.P

Vas-y, démarre.

Après avoir bouchée l’entrée du carburateur avec sa main, il

laisse tourner un peu le moteur, retire sa main brusquement,

la voiture part sur quelques cylindres, puis se met à

ronronner. re adieux, re départ vers Saint louis du

Sénégal...

EXT.JOUR.ROUTE MAROCAINE

RAPPROCHÉ : VUE SUR LA JAUGE À ESSENCE QUI EST PROCHE DE

ZÉRO.

L.A.P s’arrête sur le bord de la route.

MOYEN :

(CONTINUED)

CONTINUED: 16.

L.A.P monte sur la galerie afin de transvaser l’essence

achetée à Ceuta. les robinets des futs sont bloqués,

sûrement soudés par l’essence. L.A.P va prendre un poignard

dans ses affaires et une chaussure, remonte sur la galerie

et ouvre le fut en priant qu’aucune étincelle ne vienne

troubler son exercice, puis transvase ainsi deux futs vers

le réservoir.

(Il renouvellera l’opération

jusqu’à épuisement de son

stock d’essence.)

EXT.JOUR.L.A.P REDÉMARRE

EXT.JOUR. TAN-TAN,

LARGE :

La ville est en pleine effervescence, des automitrailleuses,

chars, camions bourrés de soldats roulant très vite. Sur le

côté de la route, beaucoup de véhicules blindés détruits.

LARGE : SORTIE DE LA VILLE

Un barrage bloque la sortie de la ville.

UN MILITAIRE

Bonjour, vous ne pouvez pas passer.

L.A.P

Je vais au Sénégal en passant par

la Mauritanie.

LE MILITAIRE

Impossible, la route est bloquée

aux européens.

RAPPROCHÉ : SUR LE VISAGE ÉTONNÉ ET CONSTERNÉ DE L.A.P

L.A.P

Ce n’est pas possible, c’est la

seule route pour arriver au

Sénégal....!!!!!

LE MILITAIRE

Ce sont les ordres, revenez en

arrière.

(visiblement, les ordres

viennent de beaucoup plus haut

que le militaire qui applique

la consigne)

MOYEN : L.A.P RECULE SA VOITURE ET FAIT DEMI TOUR.

17.

LARGE : L.A.P SE REND AU QG DE LA VILLE.

INT.JOUR.

MOYEN : DANS LE BUREAU DU QG.

L.A.P

Bonjour, pourrais-je voir le

commandant de la place ?

LE SECRÉTAIRE DU COMMANDANT

Nous avons eu un convoi attaqué

hier, il est très occupé, mais de

toutes façons; les ordres sont

formels, même en convoi, les

européens ne peuvent pas passer....

L.A.P

Mais c’est la seule route pour

aller au Sénégal qui est le but de

mon voyage.....

LE SECRÉTAIRE DU COMMANDANT

Même le commandant ne pourrait rien

pour vous, car les ordres viennent

de Rabat.

L.A.P

Vous comprenez la situation, c’est

un aller-retour de minimum 1500

kilomètres...

LE SECRÉTAIRE DU COMMANDANT

(réellement consterné)

Je suis désolé pour vous, il n’y a

pas moyen de faire autrement.

EXT.JOUR.

MOYEN :

L.A.P remonte dans sa voiture et reprend la route vers

Rabat.

EXT.JOUR.

LARGE :

2 jours plus tard, entrée de la voiture de L.A.P dans Rabat.

Recherche du consulat de France.

18.

EXT.JOUR.

MOYEN : ENTRÉE DE L.A.P DANS LE CONSULAT FRANÇAIS.

INT.JOUR.

MOYEN :

L.A.P s’adresse au guichet, narre son histoire dans le but

de la débrouiller.

INT.JOUR.

MOYEN :

Dans le bureau d’un fonctionnaire moyennement gradé.

L.A.P

Bonjour Monsieur, je me rends au

Sénégal en voiture en passant par

la Mauritanie, j’ai été bloqué à

Tan-Tan, les militaires me disent

que la route est interdite de

passage aux européens. Cela me

paraît extravagant !!!!!!

LE FONCTIONNAIRE MOYENNEMENT GRADÉ

Je vais me renseigner, repasser

dans 4 jours.

L.A.P

4 jours, vous plaisantez !!!!!!!

LE FONCTIONNAIRE MOYENNEMENT GRADÉ

Vous savez, c’est le week-end, il

faut que je contacte les gens qui

pourraient me dire ce qu’il en est

exactement, alors vous pensez.....

L.A.P

Bon, je repasserai mardi.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.

LARGE :

L.A.P tourne vers l’extérieur de la ville pour trouver un

coin pour dormir. Il parvient à une plage sympa, s’y arrête.

19.

EXT.SOIR.

MOYEN :

L.A.P sort son sac de couchage et dort dans la voiture

EXT.JOUR.LE LENDEMAIN APRÈS-MIDI

MOYEN : UN MAROCAIN DE 25 OU 30 ANS VIENT DISCUTER.

MEDHI

Bonjour, Je m’appelle Medhi,

comment ça va ? vu ta plaque, tu

viens de France ?

L.A.P

Oui, j’en arrive directement, je

devais me rendre au Sénégal, et la

route est bloquée aux européens à

Tan-Tan...

MEDHI

C’est à cause de l’affaire

Mauritanienne et des divergences de

point de vue avec le Polisario...

Ils laissent passer les engins

blindés qui ouvrent la route, et

une fois que les véhicules civils

passent, ils les font sauter à

l’aide des charges explosives

introduites sous la route durant la

nuit.

L.A.P

Ben voilà qui n’arrange pas mes

affaires !!!!! Je comprends le

problème, mais il faut que je passe

tout de même.

EXT.JOUR.

LARGE :LE MATIN SUR LA PLAGE

L.A.P aperçoit un homme au teint clair qui s’entraîne avec

succès au lancer de boomerang.

L.A.P, intéressé, s’avance à quelques pas de l’homme qui

entame la conversation.

HOMME AU BOOMERANG

Bonjour, vous campez là ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 20.

L.A.P

(L.A.P raconte brièvement son

affaire).

HOMME AU BOOMERANG

On entend vaguement parler de cette

histoire, les autorités ne

s’étendent pas sur le sujet. Je

crois que si vous attendez des

renseignement du consulat de

France, vous allez être déçu, ce

n’est qu’une poignée de bons à

rien, pistonnés et feignants.

L.A.P.

Hé bien, je suis mal barré !!!!

HOMME AU BOOMERANG

Voulez essayer mon boomerang ?

L.A.P

Avec plaisir

(l’homme au boomerang se lance

dans une explication d’où il

ressort que le boomerang doit

être lancé à la verticale pour

revenir)

L.A.P fait plusieurs essais sans parvenir à pouvoir

rattraper l’engin volant.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

LARGE :

L.A.P, après diverses pérégrinations, parvient à une jetée

où de multiples pêcheurs tentent leur chance.

(L.A.P s’approche d’un grand

type, vieux et maigre qui sort

de belles pièce, visiblement,

il est français, connu des

autres pêcheurs, et renommé

pour sa chance au sport auquel

il se livre).

L.A.P entame la conversation.

L.A.P

bonjour, çà a l’air de marcher, les

affaires !!!!!

(CONTINUED)

CONTINUED: 21.

LE VIEUX PÊCHEUR

On ne se plaint pas...

Les deux protagonistes de disent leurs prénoms...

L.A.P

Comment se fait-il que vous sortiez

du poisson alors que les marocains

ne pêchent rien ?

LE VIEUX PÊCHEUR.

çà, c’est mon secret!!!

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :

LE VIEUX PÊCHEUR

ça vous dit de venir boire un coup

de vin rouge à la maison ?

L.A.P

Avec grand plaisir, si vous voulez,

je vous ramène dans ma voiture.

LE VIEUX PÊCHEUR

Allons-y.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI: DANS UNE RUE POPULAIRE

MOYEN :

LE VIEUX PÊCHEUR

Vous pouvez m’arrêter ici ?

L.A.P arrête la voiture et attend le bonhomme qui est entré

dans une boutique.

Le vieux bonhomme en ressort peu de temps après avec un sac

en papier à la main, monte dans la voiture.

LE VIEUX PÊCHEUR

On va se boire une bonne bouteille

de "Chaud soleil".

22.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

Le vieux bonhomme guide L.A.P jusqu’à un immeuble

très relativement récent, et lui dit :

LE VIEUX PÊCHEUR

On est arrivés...

INT.JOUR. LES PROTAGONISTES MONTENT AU PREMIER ÉTAGE

Le vieux bonhomme invite L.A.P à pénétrer dans l’appartement

et appelle. Vient une marocaine d’une quarantaine d’années

un peu boulotte, vive et très gentille.

LE VIEUX PÊCHEUR

J’ai invité Christophe à manger.

Les deux se tortillent joyeusement la bouteille de Chaud

soleil, puis dinent d’un excellent ragout de mouton. Puis

L.A.P retourne à la plage roupiller un bon coup.

EXT.JOUR.LE LENDEMAIN, L.A.P FAIT CONNAISSANCE DE DEUX

JEUNES MAROCAINS D’UNE VINGTAINE D’ANNÉES, WALID ET AMINE.

(Ils discutent à perte de vue

de choses et d’autre en

attendant que passe le temps)

EXT.

RAPPROCHÉ : DÉBUT DE NUIT.

Quelqu’un tape à la vitre de la voiture, c’est un copain.

MEDHI

Je t’ai apporté une bonne soupe

pour te réchauffer.

(Il est à noter que Medhi a dû

parcourir presque 1 kilomètre

pour apporter ce présent)

L.A.P

Merci, mon ami, c’est vraiment

sympa !!!!!

23.

EXT.JOUR.

LARGE :

Les 4 jours révolus, entrée de L.A.P dans le consulat.

INT.JOUR.

MOYEN : L.A.P S’ADRESSE AU GUICHET.

L.A.P

Bonjour Madame, je viens voir Mr

X....

LA FEMME AU GUICHET

Mr X n’est pas là aujourd’hui...

L.A.P

Quand reviendra-t-il à son bureau ?

LA FEMME AU GUICHET

(pas du tout gênée„mais

visiblement excédée, L.A.P

dérange...)

Repassez demain à tout hasard...

L.A.P

Et il sera là, cette fois, par

hasard ?

LA FEMME AU GUICHET

(la femme impatiente)

Oui, sûrement....

L.A.P

Sûrement oui, ou sûrement non ? ça

fait bientôt une semaine que je

suis passé pour vous demander un

renseignement que l’on aurait du me

donner en suivant, car tout de

même, que la seule route menant au

Sénégal soit bloquée, cela aurait

du alerter au moins une

personne dans cette maison.....

Sur ce, L.A.P sort, ulcéré par cette bande de bons à rien...

(Quand vous n’avez besoin de

rien, rendez-vous directement

aux consulats français....)

(Le temps passe ainsi, jusqu’à

ce qu’au bout d’une dizaine de

jours, L.A.P se rende compte

(CONTINUED)

CONTINUED: 24.

que jamais il n’obtiendra

d’information des incapables

du consulat)

(De plus, le peu d’argent dont

disposait L.A.P a fondu comme

neige au soleil.

L.A.P regarde la carte achetée à Bergerac sur laquelle sont

indiquées en rouge les routes goudronnée. Il apparait que

pour parvenir au Sénégal, il n’existe que deux routes

passant par l’Algérie, l’une (la plus à l’ouest des deux,

dont le goudron va jusqu’à Reggane, l’autre, plus à l’est

dont le goudron est indiqué allant jusqu’à Tamanrasset

Ayant fait le bilan de la situation dans laquelle il se

trouve, L.A.P se rend à l’évidence que s’il veut poursuivre

son voyage, il doit se faire envoyer de l’argent de France.

Aussi, envoie-t-il un télégramme à sa mère, lui demandant de

lui faire parvenir 205£ en poste restante.

L’argent arrive deux jours plus

tard, le problème est qu’il est

délivré en dirhams.....

EXT.JOUR.

LARGE : SUR LA PLAGE

L’homme au boomerang est à l’entraînement.

L.A.P

Bonjour,

HOMME AU BOOMERANG

Salut, comment çà va ?

L.A.P

Pas trop bien, j’ai reçu mon argent

de France, et il m’a été transmis

en dirhams, pour aller en Algérie,

ce n’est pas ce qu’il y a de mieux

!!!

HOMME AU BOOMERANG

Je vais essayer de voir si autour

de moi il y a de personnes

intéressées par des dirhams contre

des francs, mais je n’ai pas trop

d’espoir....

L.A.P parlant de cette affaire à ses nouveaux amis, personne

ne voit comment détortiller l’affaire, à part Walid et

Amine qui ont des potes chez les marchands de souvenirs, car

(CONTINUED)

CONTINUED: 25.

les transactions avec les touristes français sont souvent

réglées en francs français, ce qui ne fait pas l’affaire des

commerçants.

EXT.JOUR.SOUK DE RABAT

LARGE : WALID, AMINE, MEDHI ET L.A.P ENTRENT DANS LE MARCHÉ

Ils traversent une bonne partie du marché et s’arrêtent à un

stand, échanges en arabe... Puis le marchand fait signe de

passer derrière une tenture.

LE MARCHAND DE SOUVENIRS

Tu as des dirhams à changer contre

des francs ?

L.A.P

Oui, 1500, à combien tu changes ?

LE MARCHAND DE SOUVENIRS

Tête à tête, ça te va ?

L.A.P

C’est bon.

échange des billets, compter, et au revoir....

(L.A.P se retrouve avec 1500

frans français.)

L.A.P invite les 3 amis, car Medhi, quoi que réprobateur sur

la méthode de change (L.A.P se demande aujourd’hui si les

billets n’étaient pas faux !)est venu épauler l’opération.

L.A.P

On peut manger du bon poisson sur

le marché ?

WALID

Venez, il y a un grand spécialiste.

(tous les 4 mangent un

excellent poisson)

INT.JOUR.SOUK DE RABAT

MOYEN :

L.A.P

(au patron de l’établissement)

Combien je vous dois ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 26.

LE PATRON DU RESTAURANT

X dirhams.

MEDHI

Ne paies pas, c’est trop cher.

(Medhi ne s’est pas gêné pour

dire cela tout haut devant le

tenancier qui commence à

devenir mauvais)

L.A.P

(à Medhi)

Laisse, ce n’est pas grave...

EXT.JOUR.SOUK DE RABAT

LARGE : LES 4 COPAINS SORTENT DU MARCHÉ

EXT.JOUR.CONSULAT DE FRANCE

L.A.P

Bonjour Madame, puisque je ne peux

pas passer par la Mauritanie, je

vais descendre par l’Algérie.

Quelqu’un peut-il me dire si les

vaccins de choléra et fièvre jaune

suffisent pour entrer en Algérie ?

LA FEMME AU GUICHET

(avec un accent pied-noir à

couper au couteau):

« j’en sais rien moi ! Je ne suis

pas le gouvernement algérien »...

EXT.JOUR.SORTIE DU CONSULAT DE FRANCE.

LARGE : L.A.P SORT EN CLAQUANT LA PORTE

EXT.JOUR.MATIN.PLAGE.

Adieux à l’homme au boomerang

EXT.JOUR.AU BAS DE L’IMMEUBLE DU VIEUX BONHOMME

(qui entretemps avait proposé

d’héberger L.A.P)

MOYEN : LE VIEUX PÊCHEUR ET LES 3 JEUNES MAROCAINS

(CONTINUED)

CONTINUED: 27.

L.A.P

Je vous écrirai une carte postale

dès que je serai sorti d’Algérie.

(Il faut dire que le vieux

pêcheur s’inquiète que L.A.P

passe par Algérie, car il

considère les Algériens comme

des teigneux hors du commun)

EXT.JOUR.

MOYEN : L.A.P QUI EN A GROS SUR LA PATATE, REGARDE LES AMIS

DISPARAÎTRE DANS LE RÉTROVISEUR.

(Signes d’adieux de la main.)

EXT.JOUR.FRONTIÈRE ALGÉRIENNE

LARGE : ARRIVÉE DE LA 404

(le poste de douane est sis

dans un paysage plat et

désert. Les fonctionnaires

sont hyper secs, un carnet de

devise recense tout ce qui

pourrait être monnayable)

1 heure plus tard, la 404 sort de la douane.

(à contrario du Maroc, aucun

barrage de police, pas un flic

ou militaire en vue tout au

long des routes désertes)

(Enfin passé, L.A.P taille la

route par Tlemcen, il y fait

un froid de canard ; les gens

sont sympas. Dans de petits

restaurants au long du trajet,

on demande régulièrement si

L.A.P a quelque chose à vendre

; apparemment il leur manque

de tout et L.A.P commence à

comprendre l’intérêt du carnet

de devises, il regrette un peu

la bouteille de whisky, pas

d’alcool ni de vin dans les

épiceries, la bouteille

d’anisette ou de whisky

s’achète minimum 300 dinars au

black, le litre d’essence est

à 0,65 dinars, ce qui fait

qu’une bouteille de whisky

achetée 1,8£ en zone

dédouanée (10£ en France)

(CONTINUED)

CONTINUED: 28.

permet, après une vente rapide

et facile, d’acheter près de

500 litres d’essence !)

EXT.JOUR.ROUTE ALGÉRIENNE

LARGE :

Tlemcen, El Aricha, Aïn-Sefra, Beni-Ounif, Béchar, Taghit, à

contrario du Maroc, aucun barrage ni flics sur les routes,

Beni-Abbès, le paysage est de plus en plus désertique.

INT.JOUR.

MOYEN : L.A.P PÉNÈTRE DANS UN PETIT RESTAURANT À KERZAZ

L.A.P discute avec le fils du patron d’un petit restaurant,

il veut tout acheter et tout vendre ; n’ayant plus de bidons

(L.A.P a dû tous les éventrer pour en sortir l’essence),

L.A.P lui dit qu’il doit traverser le Sahara et qu’il lui

faut un gros baril pour quadrupler son autonomie de

carburant, son interlocuteur a çà en stock.

( une fois restauré, il emmène

L.A.P dans une remise où se

trouve l’objet, c’est

exactement ce qu’il faut, bien

qu’à l’horizontale, il

contienne moins de 200 litres,

ils font affaire, avec le

plein du réservoir avant de

partir, ça devrait suffire

pour traverser le Sahara!)

INT.JOUR.

MOYEN : INTÉRIEUR DE LA VOITURE

Roupillant à moitié, L.A.P croit avoir cassé la voiture : un

fossé coupe le goudron à angle droit! Heureusement, il

roulait assez vite, sinon le train avant y restait...

EXT.JOUR.

LARGE : ADRAR

Dernier poste de ravitaillement, L.A.P parcourt les rues

sablonneuses, les maisons ne comportent qu’un étage avec

terrasse, peu de fenêtres, des arcades protégeant les

entrées des maisons ou magasins du soleil, il faut dire qu’à

(CONTINUED)

CONTINUED: 29.

Adrar celui-ci cogne dur ! Les phares des voitures sont

enduits de graisse, c’est une protection obligatoire, sinon,

ils deviendraient opaques et inefficaces, dépolis par les

vents de sable qui enlèvent la peinture des bas de caisse

dont le métal est souvent à nu. Dans une rue, L.A.P voit un

autochtone s’arrêter, se mettre à genoux, s’asseoir sur les

talons, genoux écartés, même de dos, vu la manipulation à

laquelle il se livre, visiblement, il se met à pisser ;

L.A.P reverra souvent le système se répéter, une fois

l’affaire terminée, en général, les types prennent une

poignée de sable et se sèchent vigoureusement le pommeau

avec.

MOYEN :

L.A.P cherche un magasin de bouffe, tous sont de petites

échoppes, des panneaux précisent la spécialité de chaque

boutique ; écrits en arabe, ils ne le renseignent pas

beaucoup !

(les boutiques vendent un peu

de tout, mais question

ravitaillement, à part les

boîtes de sardines et légumes,

il n’y a pas grand-chose,

L.A.P en prend quelques-unes,

puis cherche où casser la

croûte. il trouve un

restaurant où l’on mange

l’habituelle soupe épicée et

un ragoût de mouton ; les

clients partis, L.A.P

s’informe auprès du patron

devant un café ; petit homme

maigre, intelligent, léger

strabisme convergeant, prolixe

et sympathique, il se nomme

Ramdann et confirme qu’à part

les achats déjà effectués,

L.A.P ne trouvera pratiquement

rien d’autre à embarquer pour

manger jusqu’à Gao.)

EXT.JOUR.

LARGE : LE LENDEMAIN MATIN,

L.A.P croise sur la grand place un groupe de cinq Belges

dans trois 404, ils font le voyage moitié pour le plaisir,

moitié pour le business, l’un d’eux, Philippe, en ayant déjà

très bien vendues deux au Mali, en a récemment fait son

métier, ils discutent du but de leurs voyages et d’une

contrainte.

(CONTINUED)

CONTINUED: 30.

PHILIPPE

à la sortie, l’armée oblige les

"touristes" à partir en convoi d’au

moins 4 ou 5 voitures car il y a

1250 kilomètres de Sahara à

traverser, à 3, ça risque de

coincer, si tu es avec nous, il y a

de fortes chances qu’ils nous

laissent partir...

L.A.P

Moi, ça me va parfaitement...

Qu’est-ce qu’on peut acheter par

ici ? je me suis embarqué avec de

la charcuterie de France, mais cela

fait longtemps que ma réserve est

épuisée. J’ai déjà pris une

provision de boîtes de légumes et

sardines, c’est tout ce qu’il y

avait de disponible.

LES BELGES

RAPPROCHE : TORDENT LE NEZ.

PHILIPPE

Achète des tomates séchées, à cuire

avec les nouilles, çà revient très

bien), des légumes frais et du

pain.

L.A.P

OK, on se retrouve chez Ramdann.

(L.A.P indique où se trouve le

petit restaurant à Philippe)

EXT.JOUR.

LARGE : SE REND D’ABORD À LA BANQUE

Change de l’argent.

EXT.JOUR.MARCHÉ D’ADRAR

LARGE : MARCHÉ TYPIQUE HAUT EN COULEURS

L.A.P achète des tomates séchées, des légumes, et du pain.

31.

INT.JOUR; CHEZ RAMDANN

LARGE : LA SALLE AUX MURS PEINT EN VERT PÂLE, TUBES AU NÉON

AU PLAFOND, EST PLEINE DE MONDE, LES GENS MANGENT SUR DE

GRANDES TABLES ET BANCS, L.A.P, CHARGÉ DE SACS EN PLASTIQUES

VOIT LES BELGES.

L.A.P

Salut, Ramdann, ça va ? qu’est que

tu nous proposes aujourd’hui ?

RAMDANN

(la mine réjouie)

Comme d’habitude, soupe en entrée

et ragoût de mouton, la seule chose

qui change ici, c’est que des fois,

je fais la soupe avec haricots, des

fois, avec des lentilles...

L.A.P

Hé bien, je crois que je

vais prendre çà !!!!!

MOYEN : TOUT EN MANGEANT, L.A.P DISCUTE DE LA TRAVERSÉE À

VENIR AVEC PHILIPPE, LES AUTRES BELGES EN PROFITENT.

PHILIPPE

Pour l’Algérie, ce n’est pas

compliqué, à la douane d’Adrar :

ils vont vérifier si tout ce qui a

été marqué dans le carnet de

devises est toujours dans le

véhicule et porte monnaie, feuilles

de change, etc... En échange, ils

nous fileront un passavant qui nous

permet d’aller jusqu’à Reggane, à

peu près 150 kilomètres de goudron.

Puis, 650 kilomètres de sable

jusqu’à Bord Moktar qui est la

sortie du territoire Algérien, les

douaniers récupèrent les

passavants, c’est la sortie du

territoire Algérien. 100 kilomètres

après, on commence à rencontrer la

rocaille, 20 kilomètres encore, et

l’on arrive dans une cuvette

appelée Tessalit, qui est la

frontière du territoire Malien. Les

formalités sont bon enfant, les

maliens avenants, passage cool, la

frontière passée, du sable très

mou, puis alternances de sable et

rocailles....

32.

INT.JOUR.

MOYEN :Les Belges et L.A.P se retrouvent chez Ramdann.

(après avoir salué l’hôte, ils

s’assoient à une table et se

restaure d’un café au lait

assez dilué, ils font les

pleins des bidons d’eau)

MOYEN : ILS DISENT AU REVOIR À RAMDANN

PHILIPPE

Maintenant, on va faire les pleins

d’essence.

EXT.JOUR.

LARGE : LA STATION SERVICE.

L.A.P AU POMPISTE

Salut, je dois faire le plein de

mes futs.

LE PRÉPOSÉ À LA STATION

Tu prends un pistolet et tu te

sers..

(L.A.P choisit la pompe à gros

débit, c’est un pistolet à

essence trois fois plus gros

que d’ordinaire)

LE PRÉPOSÉ À LA STATION

(rigolant)

Tiens bien le pistolet, ça débite

rapide...

L.A.P déclenche l’ouverture de carburant

(on voit qu’un fort recul

accompagne la sortie furieuse

de l’essence)

(L.A.P est impressionné de

voir l’essence sortir à une

telle vitesse, quelques

secondes plus tard, il voit de

l’essence couler dans la

voiture)

33.

INT.JOUR.

RAPPROCHÉ : DANS LA VOITURE

Une nervure du tonneau qui comporte un impact qui génère une

forte fuite.

L.A.P arrête de remplir le baril, et le tourne fuite en

haut. Il paie le préposé et s’éloigne. Il cherche un bois de

bois, en taille un petit coin qu’il force en le tapant dans

la fente générant la fuite, arase le bois qui dépasse, et

passe un savon sur la réparation afin d’aveugler au maximum

la fuite, puis tourne le tonneau ouverture de remplissage

vers le haut, retourne à la station.

EXT.JOUR.

MOYEN :LA STATION SERVICE

L.A.P prend un pistolet moins gros que le premier et reprend

le remplissage.

INT.JOUR.

RAPPROCHÉ : DANS LA VOITURE

(Apparaît une autre fuite

moins importante à un autre

endroit de la nervure.)

L.A.P reprend le savon et le passe sur la fuite jusqu’à ce

que la fente soit obturée

MOYEN : L.A.P FERME LE BOUCHON DU FUT ET PAIE LE PRÉPOSÉ,

REJOINT LES BELGES.

EXT.JOUR.FIN DE MATINÉE GRANDE PLACE D’ADRAR

LARGE : L.A.P RETROUVE LES BELGES

PHILIPPE

Bon, tout le monde a ses pleins, on

y va....

EXT.JOUR.

LARGE : ARRIVÉE DES VOITURES À LA DOUANE

(Après avoir vérifié que tout

ce qui a été déclaré à

l’entrée du territoire est

(CONTINUED)

CONTINUED: 34.

encore présent dans les

véhicules, la douane reprend

les carnets de devises

et gratifie chacun d’un

passavant valable pour faire

Adrar/Bordj-Moktar).

EXT.JOUR.

MOYEN :REGGANE

Refouille, plus pour occuper l’ennui qu’autre chose, puis on

lâche tout le monde.

EXT.JOUR.

MOYEN :DÉPART SUR LA PISTE

Aussitôt, c’est le sable mou, le cul des voitures chargées

d’essence frotte, il faut faire attention aux cailloux noyés

dans le sable qui pointent le nez, chaque impact marque le

dessous de la voiture, abîme les carters moteur, arrache les

échappements, casse les ponts arrières, crève les

réservoirs, (toutes ces calamités font les choux gras des

petits garagistes de Gao et Niamey).

Après plusieurs dizaines de kilomètres, la piste devient un

peu plus consistante, le sol plus ferme, forme des plaques

d’ondulations successives plus ou moins régulières appelées

« tôle ondulée », dans ces passages, tant que la voiture n’a

pas acquis une vitesse suffisante pour ne toucher que le

crêtes des ondes, vibre épouvantablement. Les carcasses de

bestiaux desséchées commencent à apparaître au long de la

piste.

EXT.JOUR.

MOYEN : EN PLEIN SAHARA

Lors d’un arrêt, Philippe vient à la fenêtre de la voiture

de L.A.P

PHILIPPE

Est-ce que ton aiguille de

température ne vient pas vers le

rouge dans les longs bancs de sable

mou ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 35.

L.A.P

Si, d’ailleurs, ça m’inquiète !!!!!

PHILIPPE

Il y a un truc pour aider à évacuer

la chaleur du moteur, tu ouvres la

vanne de chauffage de l’habitacle,

et tu mets le moteur du ventilateur

à fond.

L.A.P

j’aurai dû y penser !!!! Merci du

tuyau.

RAPPROCHÉ : SUR LA MAIN DE L.A.P QUI MANOEUVRE LES COMMANDES

DE CHAUFFAGE.

(on entend le ventilateur se

mettre en route)

Il faudrait trouver un moyen de rendre la notion de chaleur

qui devient très rapidement intolérable dans l’habitacle.

EXT.JOUR.

LARGE : PAYSAGE DE SABLE PLAT À L’INFINI.

Après plusieurs dizaines de kilomètres, la piste (avec pour

repères tous les cinq où six kilomètres, des fûts de 200

litres éventrés afin qu’ils ne soient pas volés,) devient un

peu plus consistante, le sol plus ferme, forme des plaques

d’ondulations successives plus ou moins régulières appelées

« tôle ondulée », dans ces passages, tant que la voiture n’a

pas acquis une vitesse suffisante pour ne toucher que les

crêtes des ondes, vibre épouvantablement. Les carcasses de

bestiaux desséchées présents tout au long de la piste

commencent à apparaître.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE : LES VOITURES S’ARRÊTENT

(Tout le monde aide à la

préparation d’un frugal repas

principalement constitué de

spaghettis dans lesquels

gonflent les tomates séchées)

36.

EXT.SOIR COUCHANT.

LARGE :

(Tout le monde grignote en

regardant le soleil qui

descend à une vitesse

étonnante, ainsi que le froid)

Après avoir discuté de la journée à venir, tout le monde

s’introduit dans son sac de couchage.

EXT.MATIN

MOYEN :

Le lendemain matin, casse-croûte, niveaux d’huile et d’eau,

départ.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE : BORDJ-MOKTAR

Sortie du territoire Algérien, un panneau peint à la main

figurant une vieille chambre photographique barrée d’une

croix est assez explicite, paperasserie tranquille. La route

est bonne pendant une soixantaine de kilomètres, ils

commencent à voir de petits brins d’herbe jaunâtre qui

poussent quand le terrain est un peu creux.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

LARGE :

Apparaît la caillasse ! La piste est maintenant taillée dans

un paysage lunaire de roche dentelée gris foncé pointant de

biais vers le ciel, ils serpentent le long d’un chemin qui

évite les pics, les suspensions sont très malmenées car ils

roulent sur un tapis de pierres qui vont de la taille d’un

poing à celle d’un ballon de football. Tessalit, ils

commencent à descendre dans une cuvette de rocailles où se

trouvent quelques petits bâtiments. La douane est à mi-pente

à droite, mi-pente à gauche, il y a une jolie petite maison,

bureau du chef de police, en bas, à gauche, une construction

rectangulaire plus grande, dans laquelle il y a un petit

restaurant, une salle nue à disposition des voyageurs, et la

poste. Les formalités sont bon enfant, ils sont obligés de

prendre une assurance automobile d’un prix raisonnable,

après, ils vont se désaltérer à la petite auberge, y cassent

un plat de mauvaise qualité et repartent dans la caillasse.

37.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE : DÉPART.

Puis c’est à nouveau quelques kilomètres de sable arrêt.

EXT.SOIR.

MOYEN :

(Tout le groupe casse la croûte, puis s’installe pour

dormir)

EXT.MATIN

MOYEN :

(réveil, petit déjeuner

frugal)

EXT.JOUR.MATINÉE

LARGE :

Cent bornes plus loin, ils parviennent à Aguelhok, arrêt

police sympa, rapide ; encore cent bornes, la Marcouba :

zone de sable mou d’une dizaine de kilomètres barrant la

piste sans contournement possible, le seul passage régulier

est ravagé de profondes ornières creusées par les camions

qui passent bille en tête, misant tout sur l’incroyable

couple moteur des Berliet. Cet axe est infranchissable pour

les voitures, la seule solution est de longer la piste par

la droite après avoir dégonflé les pneus. Avant d’entamer ce

morceau, il ne faut pas hésiter à prendre de l’élan et

rouler vite car les portions de sable très mou sont longues,

il faut éviter les touffes d’herbes sèches aussi dures que

des pierres, ce qui n’est pas toujours possible, les

amortisseurs dégustent salement !!!! Cent quatre-vingt

kilomètres après, Anéfis ; encore deux cent trente

kilomètres et ils arrivent à Gao, ville presque totalement

construite de banko.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.ENTREE DANS GAO

LARGE :

Philippe guide la petite caravane au commissariat avant

de se jeter une bière pourtant bien méritée après 1300

kilomètres de désert pliés en trois jours!

38.

INT.JOUR.

MOYEN :APRÈS-MIDI, ENTREE DANS LE COMMISSARIAT DE GAO

Ils sont dirigés vers une salle assez grande où un agent les

accueille, après les avoir invités à s’asseoir à des bureaux

d’écoliers, donné une feuille blanche et prêté un stylo à

bille, il leur dicte, très professoral, les questions

classiques demandées aux touristes lors de leur entrée dans

un pays, cet agent s’appelle Mambi et deviendra plus tard,

pour L.A.P, un ami et concurrent très sérieux à la pêche

dans le Niger.

EXT.

LARGE :APRÈS-MIDI.SORTIE DU COMMISSARIAT

Les formalités accomplies, ils sortent, une ribambelle de

gentils gamins les entourent, l’un d’eux, Boubakar, se

propose à L.A.P comme guide.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :

Guidés par Philippe, ils arrivent à un « hôtel-restaurant »,

bâtisse de banko.

INT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN.

Salle très sombre à l’intérieur ; le patron de cet antre se

nomme Yarga. Il s’occupe de vendre les automobiles et

encaisse le prix de ses chambres (rares, chères) ou des

places sur la terrasse (1000 francs maliens = 1,5£), une

tripotée de margouillats (gros lézards de 50 à 60

centimètres de long) se promènent tranquillement à la

verticale des murs, les mâles ont de superbes couleurs,

jaune, rouge, vert et/ou bleu flamboyants, les femelles sont

plus petites, et ternes.

INT.JOUR; CHEZ YARGA

MOYEN :

(L.A.P offre une tournée de

bière comme convenu durant la

descente, arrive Yarga)

(CONTINUED)

CONTINUED: 39.

YARGA

Bonjour Philippe, vous avez fait

une bonne traversée ?

Tu m’as amené une belle voiture ?

PHILIPPE

J’ai trouvé une 404 de toute

beauté, vient voir le bijou.....

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN : PHILIPPE ET YARGA SORTENT VOIR LA 404 QUI EST GARÉE

DEVANT L’ÉTABLISSEMENT.

YARGA

Elle est très belle, fais tourner

le moteur un peu.

(Philippe s’exécute)

YARGA

accélère trois grands coups.

(Philippe s’exécute)

MOYEN : YARGA VA VITE DERRIÈRE LA VOITURE ET REGARDE LA

SORTIE D’ÉCHAPPEMENT, ET SEMBLE SATISFAIT.

(Tout le monde rentre dans

l’établissement)

YARGA À PHILIPPE

Bon, demain, nous aurons la visite

de plusieurs clients, tu m’offres

une bière?

PHILIPPE

OK.

L’épouse du maître de céans s’occupe de préparer tous les

jours un plat à peu près différent, souvent un ragoût à base

de riz, c’est là que L.A.P sentira pour la première fois le

goût des charançons, ils sont aussi dans la farine et les

pâtes, on peut dire que chaque plat en est parfumé, au

début, L.A.P sortira du pain ces petits insectes un peu plus

gros qu’une puce, puis mangera sans faire de chichis,

content que Yarga ne lui compte pas un supplément viande.

Les chiottes sont un trou dans la terre avec 10 centimètres

d’asticots surnageant et grouillant les uns sur les autres,

le puits est un peu plus loin, trouvez l’erreur ......

40.

INT.JOUR;

MOYEN :LE LENDEMAIN CHEZ YARGA

3 MALIENS

(Est-ce que Yarga est ici ?)

MOYEN :

YARGA

(Salamalecs de salutations à

n’en plus finir)

"C’est la 404 berline blanche que

vous avez vue dehors....."

EXT.JOUR.

MOYEN : YARAGA ET LES ACHETEURS SORTENT POUR INSPECTER LA

VOITURE

(Lever du capot moteur, re 3

grands coups d’accélérateur et

inspection des gaz

d’échappement au ralenti

revenu)

INT.JOUR; CHEZ YARGA

MOYEN : À UNE TABLE, DISCUSSION ANIMÉE ENTRE YARAGA ET LES 3

ACHETEURS

YARGA À PHILIPPE

Tu peux venir ? ces messieurs sont

d’accord pour acheter la voiture,

reste à savoir si tu es d’accord

sur le prix...

Philippe va à la table

(Cinéma entre Philippe et

Yarga devant les acheteurs,

car ils avaient convenu d’un

prix minimum acceptable pour

Philippe, et la dernière

proposition entre dans la

fourchette convenue)

41.

INT.JOUR; CHEZ YARGA

RAPPROCHÉ : SUR DES GRANDS BILLETS MALIENS QUI SONT COMPTÉS,

UNE FOIS ENTRE LES MAINS DES ACHETEURS, UNE AUTRE PAR

PHILIPPE QUI LES GARDE ET DONNE EN ÉCHANGE LA CARTE GRISE DE

LA VOITURE

(Yarga signera un papier comme

quoi il a été témoin de la

vente, et l’affaire est pliée)

MOYEN : LES ACHETEURS NE PERDENT PAS DE TEMPS ET PARTENT

AVEC LA VOITURE RÉCEMMENT ACQUISE.

(Quelques jours passent, des

clients viennent régulièrement

voir les autres voitures, en

principe, on n’a pas le droit

de les vendre, mais en passant

par un "intermédiaire"

soi-disant patenté, c’est

possible, le problème est de

savoir qui l’est.

Si une vente se fait, vous

donnez une commission à

l’intermédiaire, c’est quand

les « affaires économiques »

vous tombent dessus que vous

vous apercevez que le type

n’était pas autorisé à vendre,

ou n’a pas assez « fait manger

» les fonctionnaires ; de

toutes façons, personne n’a de

papiers, de registre de

commerce ou autre statut. Des

fois, les agents des "affaires

économiques" travaillent pour

leurs pommes et se mettent

l’argent ponctionné au pigeon

dans les poches.

INTÉRIEUR.JOUR.

MOYEN : CHEZ YARGA 2 JOURS PLUS TARD

L.A.P fait connaissance de deux coopérants français

instituteurs en Côte-d’Ivoire

ALAIN PROF, COOPÉRANT EN CÔTE

D’IVOIRE(ILS VOYAGENT À 2)

Bonjour, tu ne descendrais pas en

Côte d’Ivoire par hasard ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 42.

L.A.P

C’est la première fois que je

descend en Afrique, je devais me

rendre au Sénégal, je n’ai pas

encore pu me renseigner sur les

condition permettant de faire Gao

Port St Louis, alors il me faut un

peu de temps pour vous répondre.

SYLVAIN, LE 2ÈME PROF COOPÉRANT

On aimerait bien redescendre avec

un Français, car nous sommes montés

à Gao en taxi-brousse et c’est la

galère : 404 plateau, 16 passagers

derrière, et 3 devant avec le

chauffeur sans parler du "fret"....

ALAIN PROF

Le problème est que nous arrivons à

la fin de nos congés, et il nous

faut repartir rapidement.....

L.A.P

Désolé, mais vous comprendrez

aisément que je ne peux pas

m’engager sans savoir s’il est

possible ou pas pour moi de

continuer mon voyage selon le plan

prévu, ou s’il faut que je change

mon fusil d’épaule !

RAPPROCHÉ : ALAIN NOTE LEUR ADRESSE SUR UN PETIT BOUT DE

PAPIER.

ALAIN PROF

Nous partons à l’aube demain matin,

si tu passes à Bouaké, passe nous

dire bonjour....

L.A.P

D’accord, je n’y manquerai pas.

EXT.JOUR.

LARGE : EN FACE DE L’HÔTEL ATLANTIDE DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA

PLACE DU MARCHÉ

Sous les arcades sont installés des marchands de souvenirs

MOYEN : L.A.P

Marchande des pointes de flèches et haches préhistoriques ;

des pipes, poignards, Takoubas, cadenas et splendides clés

(CONTINUED)

CONTINUED: 43.

anciennes souvent cassées, tout cela de provenance Tamashek

; bien que L.A.P n’en ait pas les moyens, il craque.

(Renseignements pris, il

apparaît que pour aller au

Sénégal, il faut

obligatoirement faire une

grande partie de la route en

mettant voiture et passager

sur un train, très cher, très

lent, et abominablement

inconfortable, ça fait trop,

surtout que les fonds ont bien

baissé depuis une petite

semaine que L.A.P est à

Gao.........)

L.A.P décide de continuer vers le sud, les Belges restent à

Gao pour vendre les deux autres voitures.

INT.JOUR.MATIN.CHEZ YARGA

MOYEN :

GUILLAUME À L.A.P

(Français, descendu en Afrique

pour récupérer sa femme qui

s’est tirée en Côte-d’Ivoire

avec un loustic)

J’ai entendu dire que tu partais

vers la Côte d’Ivoire ce matin,

est-ce que tu pourrais m’emmener ?

L.A.P

ça peut se faire, mais comme je

suis fauché, je te propose de te

transporter au tarif du

taxi-brousse.

GUILLAUME

ça me va...

EXT.JOUR.DEVANT CHEZ YARGA

MOYEN :

(Guillaume monte ses affaires

dans la voiture de L.A.P)

LARGE : LA VOITURE DÉMARRE VERS NIAMEY

44.

EXT.JOUR.

LARGE : LABBEZANGA,

Passage de la frontière sans problème particulier, ils

s’arrêtent pour casser une croûte dans un petit boui-boui en

planches,

MOYEN :L.A.P VOIT SUR L’ARDOISE DU MENU SUR « POULET MAKA »

L.A.P

Hé, cuisinier, tu m’amènes un

poulet Maka ?

LE CUISTOT

Oui patron.

(arrive un plat de poulet avec

des pâtes)

L.A.P

il doit y avoir erreur, j’ai

demandé un poulet Maka !!!!!!!!!

LE CUISTOT

Ben, il n’y a pas erreur, patron,

maka, c’est l’abréviation de

macaronis...

EXT.APRÈS-MIDI

LARGE : ARRIVÉE À NIAMEY

INT.JOUR.

MOYEN :COMMISSARIAT DE POLICE DE NIAMEY

( avec ce coup-ci des imprimés

à compléter, il faut donner

des photos pour compléter le

dossier commissariat).

EXT.JOUR.

LARGE :

Ils se dirigent vers la maison des jeunes où l’on peut

dormir pour pas cher dans une grande salle commune sur des

lits en ferraille type armée;

45.

INT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI. MAISON DES JEUNES

MOYEN : LA DOUCHE

(lorsque L.A.P veut prendre

une douche, cauchemar ! Des

murs en parpaings noirs et

gluants de crasse, des blocs

de ciment épars pour rester

au-dessus de l’eau stagnante,

dur-dur!)

EXT.JOUR.LE LENDEMAIN MATIN,

RAPPROCHÉ

Les coopérants lui ayant dit qu’il trouverait sûrement

preneur à Bouaké où ils sont résidents, L.A.P décide d’aller

tâter le terrain dans le coin, via Ouagadougou

L.A.P À GUILLAUME

Il faut que je ripe rapidement les

galoches, j’ai les tunes à plats.

GUILLAUME

Je peux venir ?

L.A.P

Pas de problème, même conditions.

GUILLAUME

ça marche

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

LARGE : SORTIE DU NIGER, ENTRÉE AU BURKINA-FASO

EXT.JOUR.

LARGE : PISTE DU BURKINA-FASO

Piste de latérite, ce matériau a le défaut de former de

longues bandes de tôle ondulée, sur l’une d’elles, L.A.P

amorce un large virage, la voiture bringuebale de partout,

manque d’adhérence, l’arrière fait la valise, L.A.P

contre-braque et accélère, rien n’y fait, heureusement, la

courbe se termine, L.A.P en sort complètement en travers

!!!!!

La piste traversant une forêt clairsemée, L.A.P voit une

douzaine de phacochères courir en file indienne droit devant

(CONTINUED)

CONTINUED: 46.

eux en diagonale de la route, il est évident que s’ils ne

changent pas de cap ou ne ralentissent pas, ils croiseront

la trajectoire de l’auto ; ils passent ignorant la voiture,

L.A.P doit freiner pour éviter le carton.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE : Ouagadougou

De très gros vautours d’un bon mètre de haut se promènent

dans les rues, qu’ils nettoient, tranquilles, tels d’énormes

pigeons. La voiture continue vers Bobo-Dioulasso.

EXT.JOUR.

LARGE :

Passage tranquille de la frontière de Côte-d’Ivoire ; L.A.P

est étonné que la base de la bouffe africaine soit le riz,

les panneaux affichant les menus ont une orthographe

délirante.

EXT.NUIT.

LARGE : Roulant de nuit le long d’une plantation, L.A.P

croit être victime d’une illusion d’optique, il s’arrête et

dirige les phares sur les cultures, les bananes poussent cul

vers le haut !!!

EXT.NUIT.

MOYEN :

L.A.P est épuisé, il rentre dans un petit hôtel, histoire de

roupiller et prendre une douche.

(Éclairages aux néons peints

en bleu, jaune, rouge, vert ;

raffut dantesque, radio

pourrave à fond la caisse,

gueulantes des putes ivres qui

montent des clients toute la

nuit.

MOYEN : UNE PIAULE INFÂME

( moustiques affamés malgré

les serpentins d’herbes à

brûler venant d’Asie)

47.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN :

Quans il sort de l’hôtel, L.A.P n’est pas beau à voir!

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN : FERKESSÉDOUGOU

Retour sur le goudron, L.A.P démarre après avoir marqué le

premier stop vu depuis tlemcen (Algérie).

(Cou de sifflet à roulette)

MOYEN :

L.A.P tourne la tête vers le coin à l’ombre à droite de la

route d’où provient le son.

MOYEN :

Deux motards sont allongés sur de magnifiques motos BMW.

(L’un d’eux fait signe à L.A.P

de venir à eux, car ils n’ont

pas l’air de faire mine de se

bouger de leur confortable

position)

L.A.P

Bonjour, j’ai bien marqué le stop,

où est le problème ?

LE MOTARD

Vous n’avez pas mis la ceinture de

sécurité, vous allez payer 7000

francs (C.F.A, soit 21£....

(Il est à noter que L.A.P n’a

pas vu pratiquer cet exercice

depuis l’Espagne)

L.A.P

"Je viens de France,

( (l’autre l’avait bien vu,

sinon, il n’aurait pas essayé

de le "verbaliser"), )

et je n’ai plus d’essence dans le

réservoir, et il ne me reste que de

quoi en prendre pour arriver à

Bouaké chez mes amis coopérants.

(Ce qui est vrai)

(Le motard regarde L.A.P d’une

curieuse façon, comme à

travers lui, l’oeil est flou)

(CONTINUED)

CONTINUED: 48.

Passe un instant.

(Le flic semble se réveiller)

LE MOTARD

(avec un geste négligeant de

la main)

C’est bon, vous pouvez aller, c’est

mon cadeau de Noël...

L.A.P ne se le fait pas dire, et démarre.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN : ENTRÉE À BOUAKÉ.

L.A.P trouve facilement les coopérants qui le reçoivent en

tirant un peu la tronche car ils l’y ont précédé de peu,

ayant fait la route en taxi-brousse.

(Il faut dire que ce genre de

transport n’est pas un

pullman...)

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN : DANS LA COUR D’ALAIN

ALAIN

(le mieux loti des deux, car

dépêché de France ; Sylvain a

trouvé le job sur place)

Tu vas t’installer dans une chambre

libre, la douche est à côté, quand

tu auras fini, on ira boire un

coup, je fais prévenir Sylvain que

tu es arrivé .

Après s’être refait une santé, L.A.P rejoint son hôte qui se

désaltère en compagnie de Sylvain et de bières.

Discussion sur la route, puis vient sur le terrain le

dénuement pécuniaire de L.A.P, Alain propose de lui prêter

de l’argent. Cette jolie perche tendue, L.A.P la saisi en

expliquant que le mieux pour lui, serait qu’il lui prête

assez pour acheter des pièces pour retaper son moteur, ainsi

que pour régler les dépenses quotidiennes.

Alain pas chien, lui prête sur le champs largement de quoi

voir venir l’avenir immédiat.

Les trois se rendent à un petit bistrot proche, dans lequel

se retrouvent tous les soirs quelques coopérants et Français

résidents dans le coin.

(CONTINUED)

CONTINUED: 49.

Le soir tombant, les lucioles apparaissent, les moustiques

leur bouffent les miches à travers les fauteuils tressés de

gros fils en plastique et la toile des jeans, les trois vont

manger dans un petit restau, puis dodo.

INT.JOUR.MATIN

MOYEN : DANS LA BOUTIQUE D’UN LIBANAIS

L.A.P achète les pièces nécessaires pour retaper le moteur.

Les Libanais vendent à peu près tout ce dont on peut avoir

besoin pour entretenir et réparer les Peugeot ; L.A.P

ressort d’une boutique avec les segments, pochette de

joints, coussinets de bielles, chaîne de distribution,

indispensables pour redonner une nouvelle jeunesse à son

moteur, le tout à un prix raisonnable.

EXT.MATIN

LARGE : L.A.P CHERCHE UN LIEU AFIN POSER SA VOITURE LE TEMPS

DE RETAPER LE MOTEUR.

INT.JOUR.

MOYEN : L.A.P DISCUTE AVEC LE PATRON D’UNE STATION SERVICE

il lui loue un bout de terrain et les outils qui lui

manquent, L.A.P demande s’il ne connaît pas deux gaillards

qui voudraient se faire un peu d’argent en lui donnant un

coup de main, car rien que pour sortir et remettre le

moteur, il faut de l’huile de coude.

Le garagiste appelle deux costauds, L.A.P convient avec eux

de leur rémunération et L.A.P leur donne rendez-vous pour le

lendemain matin.

La réfection du moteur demande deux petits jours de boulot

tranquille, L.A.P paie la bouffe du midi et quelques

rafraîchissements consistant en ananas bien mûrs épluchés

devant les clients a la machette et dont les feuilles

élaguées servent de poignée, délicieux! A la fin de

l’après-midi du deuxième jour, L.A.P est obligé de les

engueuler car il a eut le tort d’acheter de la bière

(bouteilles de 75 centilitres par personne) plus une

bouteille d’alcool de palme avant la remontée du moteur et

ils ne veulent rien savoir pour continuer, ils pensent

sûrement le faire raquer une journée de plus s’ils ne

terminent pas le soir ; L.A.P leur dit que la journée n’est

pas finie et que s’ils le laissent tomber maintenant, il ne

les paiera pas.

(CONTINUED)

CONTINUED: 50.

De toutes façons, L.A.P a déjà refermé le moteur, il ne

reste plus qu’à le mettre en place, ce qui est vite fait,

L.A.P engage les boulons tenant le moteur sur la boîte à

vitesses et les paie, ils se serrent la main, L.A.P un peu

froidos, car il pense avoir été plus que correct et qu’ils

ont un peu trop tiré sur la ficelle.

L.A.P finit de remettre boulons et durits, règle le

propriétaire du garage, à 20 heures, il est de retour chez

le copain pour prendre une bonne douche et retourner boire

un coup en bonne compagnie.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

Les copains disent à L.A.P que la voiture intéresse deux ou

trois gros marchands, c’est bon signe !

(Les acheteurs ne pointant pas

le museau de la journée, L.A.P

décide d’aller le lendemain

matin à Abidjan en

taxi-brousse pour dire bonjour

aux parents du copain de

Dordogne.

EXT.FIN DE MATINÉE

LARGE : ARRIVÉE DE L.A.P À LA MAISON DU FRÈRE DU COPAIN DE

DORDOGNE

INT.JOUR.DANS LE BUREAU DE LA BOITE DE T.P

L.A.P À LA SECRÉTAIRE

Bonjour Madame, pourrais-je voir

Monsieur ou Madame X, je viens de

la part du frère de Dordogne.

(arrivée de la femme du patron

de la boite)

LA FEMME DU PATRON DE LA BOITE

Mon mari est sur un chantier, il ne

va pas tarder à revenir, vous

mangez avec nous ?

L.A.P

Avec grand plaisir...

51.

INT.JOUR.DANS LA SALLE À MANGER

LE FRÈRE, PATRON DE LA BOITE

(à la fin du repas, après

avoir discuté du voyage)

Vous voulez vendre votre voiture ?

Elle m’intéresse.....

L.A.P

C’est le but initial de mon voyage,

je veux la vendre 700000 francs

CFA(2100£), quelques acheteurs

potentiels se sont signalés, mais

je ne les ai pas vus.

LE FRÈRE, PATRON DE LA BOITE

Méfiez-vous, si l’on vous propose

un chèque, en Afrique, il sera

systématiquement en bois, et ici,

il n’y a aucun recours. Si vous

voulez, je vous en propose 600000

francs CFA (1800£).

INT.JOUR.BOUAKÉ

MOYEN : CHEZ ALAIN

ALAIN

Tu gardes çà pour toi, on m’a

rapporté que Sylvain a raconté à

tous les acheteurs potentiels que

tu es pris à la gorge, et que tu

vas être obligé de vendre le prix

qu’ils voudront bien te donner afin

de pouvoir retourner en France

L.A.P

(Visiblement scié que le

connard lui ai chié dans les

bottes)

Alors là, elle est forte de café,

celle-là, pourquoi m’a-t-il fait un

coup pareil ? De plus, ça ne lui

rapporte rien....

ALAIN

Moi non plus,je n’ai pas compris

!!!

52.

EXT. MATINÉE. BOUAKÉ

MOYEN : DANS LES BOUTIQUES DES CLIENTS POTENTIELS

AFRICAINS ET LIBANAIS

Africains : "Je te donne 200.000

Francs CFA maintenant, le reste un

peu plus tard "

( Les Libanais, eux, proposent

100.000 Francs CFA en liquide

le reste en chèque)

Heureusement que les gens d’Abidjan avaient prévenu L.A.P,

car à Bouaké, le coup n’est pas connu.

Après avoir perdu sa journée à commencer d’apprendre les

grosses ficelles africaines, L.A.P téléphone à Abidjan pour

dire que ça marche à 600.000 Francs C.F.A, le

monsieur demande d’amener la voiture pour la voir.

INT.JOUR.

MOYEN : L.A.P INVITE ALAIN À MANGER AU RESTAURANT

Il lui déballe la situation car il laissait chez lui l’auto

(sans qu’il l’ait demandé) pour le rassurer sur le prêt

qu’il lui avait consenti. Alain assure lui faire confiance

et qu’il n’y a aucun problème pour qu’il aille à Abidjan

réaliser la vente.

Après le déjeuner, L.A.P retéléphone à la capitale, son

acheteur lui dit de venir le lendemain matin, de ne pas se

casser la tête pour l’hôtel, ils ont une chambre d’ami où le

loger le temps de régler la transaction.

EXT. JOUR. LE LENDEMAIN MATIN. DANS LA COUR D’ALAIN

LARGE : L.A.P EMBARQUE CHIEN ET BAGAGES DANS LA VOITURE.

EXT.APRÈS-MIDI.DANS LA COUR DE L’ACHETEUR

LARGE : VISITE DU VÉHICULE

Le monsieur dit qu’il lui convient ; puisque tout le monde

est d’accord, L.A.P lui demande tout de suite une partie de

l’argent convenu afin de régler ses dettes, son

interlocuteur n’est pas surpris, car L.A.P n’avait pas fait

mystère que le copain de Bouaké l’avait dépanné en ce sens.

C’est la saison des pluies, à quatre heures pile de

l’après-midi, il pleut à seaux. Dès que la nuit commence à

(CONTINUED)

CONTINUED: 53.

tomber, les moustiques attaquent tel des stukas, L.A.P

entends zzz....toc, ils ne finassent pas en tournant autour

de la cible, ils arrivent en ligne droite direct sur

l’objectif et tapent plus qu’ils ne piquent, tellement la

charge est brutale.

EXT.SOIR.

MOYEN : DANS LA COUR DE L’ACHETEUR

Le gardien de la maison a les dents taillées en pointe, çà

fait un effet boeuf !!! Il est armé d’un arc, de flèches et

de deux machettes.

EXT.JOUR.MATINÉE

LARGE : STATION DE TAXIS-BROUSSE D’ABIDJAN

L.A.P repart vers Bouaké.

INT.SOIR.

MOYEN : DANS UN RESTAURANT DE BOUAKÉ

Après avoir payé ses dettes, L.A.P invite Alain, et pas

rancunier, Sylvain également, bamboula jusque tard dans la

nuit.

EXT. MATINÉE.

MOYEN : DÉPART DE BOUAKÉ

Dans un taxi-brousse

(Gueule de bois et forte

fièvre)

404 familiale (pareille à celle laissée à Abidjan, mais avec

5 années de pistes africaines dans les rotules), 9 personnes

serrées comme des sardines, L.A.P est assis à côté d’une

adolescente qui prend un malin plaisir à frotter ses nénés

sur son bras, avec la chaleur moite et cette saloperie de

fièvre qui lui donne la chair de poule, des frissons dans le

dos, et des suées au front, L.A.P est dans un état

lamentable, la petite pétasse doit penser qu’elle lui fait

un effet terrible !

54.

INT.JOUR.

MOYEN :CHEZ L’ACHETEUR

Arrivé chez ses acheteurs, L.A.P est en vrac ; son acquéreur

lui dit que c’est le paludisme, si une telle crise ne guérit

pas avec l’énorme cachet qu’il est allé chercher à la

pharmacie, il ne reste plus que les piquouses ;

heureusement, la fièvre et la gueule de bois passent dans la

foulée. Il paraît que la Nivaquine prise régulièrement,

prévient du paludisme.

INT.JOUR.

MOYEN :CHEZ L’ACHETEUR

Au cours d’un repas, ses hôtes racontent à L.A.P le récent

déboire arrivé à une voisine française : La brave femme

avant de partir au boulot, demande au boy de ne pas oublier

de faire la soupe au chien ; le soir, elle s’étonne d’avoir

du consommé, le domestique répond « c’est la soupe au chien

que tu m’avais demandée patronne !! ».

(quelques jours plus tard)

L’acheteur a fait examiner la voiture par son garagiste ;

verdict : il faut refaire le moteur ; L.A.P ne sais pas si

c’est une entourloupe pour le gruger, si le mécano veut se

mettre les pièces neuves dans la fouille, si c’est un

incapable, ou quoi, pas moyen de lui faire entendre raison ;

pris à la gorge et hébergé gratos, L.A.P n’insiste pas.

(quelques jours plus tard)

Finalement son hôte rabat à L.A.P 100.000 francs C.F.A, soit

300£, L.A.P ferme sa tronche ; avec ce que lui auront coûté

la descente et le retour, il ne va pas lui rester lourd !

Enfin, L.A.P rentre en partie dans ses fonds et a acquis une

expérience non négligeable, vu le prix des billets d’avion

sur la France et son chien payant plein pot, L.A.P décide de

rentrer par la piste après avoir expédié ses bagages par

bateau.

EXT. MATINÉE.

LARGE : DANS LA COUR DE L’ACHETEUR

L.A.P dit adieu à ses hôtes, on promet de se revoir en

Dordogne lors de leurs prochaines vacances.

55.

EXT. MATINÉE.

LARGE : STATION DE TAXI-BROUSSE D’ABIDJAN

L.A.P

(s’adressant à un conducteur

de taxi-brousse)

Bonjour, y a-t-il un taxi qui va

vers Ouagadougou ?

LE CHAUFFEUR

Oui, les taxis qui vont à

Ouagadougou sont dans le coin que

tu vois là-bas.

MOYEN :

L.A.P

Salut, c’est vous qui conduisez le

prochain taxi pour Ouaga ?

LE CHAUFFEUR_1

Oui, je conduis ce véhicule

(L.A.P aperçoit un SG2 avec un

seul passager à bord, il se

dit que si on rentre 19

personnes dans une 404

plateau, un tel engin doit

contenir au bas mot, 35)

MOYEN : L.A.P FAIT LE PIED DE GRUE TOUTE LA MATINÉE, À MIDI,

UN SEUL CLIENT S’EST PORTÉ CANDIDAT AU VOYAGE.

(En Afrique, les véhicules ne

partent que le plein fait)

INT.MIDI. DANS UN PETIT RESTAURANT PRÈS DE LA STATION DE

TAXIS-BROUSSE.

MOYEN : L.A.P MANGE À UNE PETITE TABLE

L.A.P

(s’adressant à un client en

train de manger)

Bonjour, je dois me rendre à

Ouagadougou, le taxi ne se rempli

pas vite, est-ce qu’il existe un

autre moyen d’y aller que ce moyen

?

LE CLIENT DU RESTAURANT

Tu peux trouver des chauffeurs de

camion qui vont vers Ouaga, tu lui

(MORE)

(CONTINUED)

CONTINUED: 56.

LE CLIENT DU RESTAURANT (cont’d)

donne l’équivalent du prix du

billet de taxi, il te prend comme

passager.

EXT.FIN DE MATINÉE

MOYEN : DANS UN QUARTIER SORDIDE.

Une cour carrée formée de pièces dont les portes donnent sur

la dite cour.

(Après quelques recherches,

L.A.P arrive chez un type qui

prétend partir pour Ouaga

avant le soir, il s’engage à

transporter L.A.P et son

chien vers la destination

désirée moyennant 10000 francs

CFA = 30£. Comme un bleu,

L.A.P donne les 10000 francs

d’avance).

INT.DANS LA PIAULE DU CHAUFFEUR

LE CHAUFFEUR_2

Tu m’attends ici, je repasse te

prendre une fois que j’ai réglé

quelques formalités

L.A.P

Bon, dépêche toi....

(on voit le temps passer, le

chauffeur ne revient pas,

L.A.P fulmine de plus en plus

au fur et à mesure que le

temps passe.)

L.A.P sort de la piaule au soir.

EXT.NUIT.

LARGE : L’ON VOIT L.A.P CHERCHER UN HÔTEL LE PLUS PRÈS

POSSIBLE DE LA COUR DE L’INDÉLICAT, CAR, NI LES RUES, NI LES

Nr DES BÂTIMENTS NE SONT PAS INDIQUÉS.

57.

EXT.NUIT.

MOYEN : L.A.P PÉNÈTRE DANS UN HÔTEL MINABLE

INT.NUIT L.A.P RÈGLE LA NUITÉE

EXT. MATINÉE.

MOYEN : L.A.P RENTRE DANS LA COUR ET PÉNÈTRE DANS LA PIAULE

DU PSEUDO CHAUFFEUR QUI N’EST TOUJOURS PAS REVENU ET

RECOMMENCE À ATTENDRE.

EXT.MIDI

MOYEN : SORT DE LA PIAULE, VA DANS LA RUE.

MOYEN : L.A.P MANGE UN PLAT EN SAUCE À LA TABLE QU’UNE MAMA

AFRICAINE A DRESSÉE EN PLEINE RUE.

EXT . APRÈS-MIDI

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI.

L.A.p se rend au commissariat du quartier

MOYEN : L.A.P PÉNÈTRE DANS LE COMMISSARIAT.

INT.JOUR.

MOYEN : S’ADRESSE À L’AGENT DE SERVICE.

L.A.P

Bonjour Monsieur, je viens vous

voir car je suis victime

d’escroquerie.

LE FLIC DE SERVICE

Je vais vous conduire vers le chef

de poste, veuillez me suivre.

MOYEN : L.A.P ENTRE DANS LE BUREAU DU CHEF

L.A.P

Bonjour Monsieur, je viens vous

voir car je me suis fait escroquer,

devant me rendre en Haute-Volta,

devant la pénurie de taxi en

partance, je me suis adressé à un

(MORE)

(CONTINUED)

CONTINUED: 58.

L.A.P (cont’d)

quidam qui prétend être chauffeur

de rendant dans cette ville. Je lui

ai versé 10000 francs, il est parti

et ne reviens pas chez lui depuis

hier.

LE CHEF DU COMMISSARIAT

En Afrique, il est très imprudent

de payer d’avance, bien que je n’y

crois pas beaucoup, nous allons

essayer de vous aider...1r quel est

le nom de votre chauffeur ?

L.A.P

Je ne sais pas.

LE CHEF DU COMMISSARIAT

à quelle adresse réside-t-il ?

L.A.P

(Pas trop fiérot)

Je ne la connais pas.

LE CHEF DU COMMISSARIAT

retournez à l’adresse à laquelle il

réside, et essayez de me trouver le

maximum de renseignements le

concernant.

L.A.P

D’accord, je reviens dès que j’ai

çà...

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN : L.A.P SORT DU COMMISSARIAT

EXT . APRÈS-MIDI

MOYEN : DANS LA COUR DU CHAUFFEUR

L.A.p interroge les personnes qui traînent dans la cour à

propos du nom du chauffeur afin de le convoquer à la police.

(personne ne veut lui

répondre, L.A.P se compte que

le mot « police » leur fiche

une trouille bleue.)

EXT.APRÈS-MIDI. PLUS TARD

(CONTINUED)

CONTINUED: 59.

MOYEN : L.A.P PÉNÈTRE DANS LE COMMISSARIAT.

INT.JOUR.APRÈS-MIDI.

L.A.p entre dans le bureau du chef

MOYEN :

L.A.P

Je reviens de la cour où réside le

chauffeur, peu de gens parlent

français, ce sont surtout des

anglophones, et ils ne veulent rien

me dire.

LE CHEF DU COMMISSARIAT

Ce n’est pas grave, je vais vous

faire une convocation pour "le

chauffeur du camion", vous irez la

porter à un de ses voisins ou dans

sa chambre.

L.A.P

Vous croyez que ça va marcher ?

LE CHEF DU COMMISSARIAT

(sûr de lui)

Vous allez être étonné.....

L.A.P

(prenant la convocation)

Je vous remercie beaucoup.

LE CHEF DU COMMISSARIAT

C’est avec plaisir.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE : L.A.P PÉNÈTRE DANS LA COUR

et essaie de refiler la convocation à une grosse bonne femme

qui semble être la cheftaine de la cour.

L.A.P

Il faut prendre la convocation.

(la grosse se recule avec les

yeux exorbités en hurlant

comme une hystérique, les gens

commencent à sortir des

piaules et à encadrer L.A.P)

L.A.P se rend dans la piaule du chauffeur et pose la

convocation sur son lit.

(CONTINUED)

CONTINUED: 60.

(le soir est presque tombé,

pas d’éclairage)

L.A.P sort de la piaule, il y a une trentaine de personnes

vociférantes qui bloquent la sortie de la cour.

L.A.P, FURIEUX

Laissez-moi passer !!!!!

(Un énergumène le tire par la

poche de poitrine de sa

salopette, L.A.P d’un revers

de main se dégage)

L’ÉNERGUMÈNE

Toi, le blanc, tu ne vas pas nous

faire d’ennuis avec la police.

(L.A.P se rend instantanément

compte qu’il est entouré d’une

bande d’hystériques près à

l’écharper)

Pour renverser la situation, L.A.P, comptant sur la peur

bleue des Africains pour la gent canine, siffle son chien

qui était en train de fouiner aux alentours, celui-ci vient

immédiatement, la meute s’écarte pour le laisser passer.

L.A.P en profite pour sortir par l’ouverture ainsi formée

tout en continuant à gueuler n’importe quoi, car ses

éructations déconcertent la populace.

(Après s’être arraché du

guêpier, L.A.P se dit qu’il ne

lui reste plus qu’à retourner

chez ses hôtes pour demander

conseil)

EXT.SOIR.

MOYEN : L.A.P DEMANDE AU GARDIEN AUX DENTS EN POINTE DE

PRÉVENIR SES HÔTE DE SON RETOUR.

INT.SOIR.DEVANT UN DÎNER RACONTE SES TRIBULATIONS.

L’HÔTE

Je peux vous dire que vous y avez

coupé d’extrême justesse, vous vous

en êtes sorti d’un quart de poil,

je crois que sans votre chien, on

ne vous aurait jamais revu....

61.

EXT. MATINÉE.

MOYEN : DANS LA COUR DES HÔTES,

(Adieu, on promet de se revoir

en Dordogne lors de leurs

prochaines vacances.)

EXT. MATINÉE.

MOYEN : L.A.P SORT D’UN TAXI QUI L’A AMENÉ À LA GARE DE

CHEMIN DE FER D’ABIDJAN

INT. MATINÉE.

MOYEN : L.A.P PREND UN BILLET POUR OUAGADOUGOU

Les wagons de ce train ont dû être climatisés, heureusement

que les fenêtres ne sont pas bloquées! Aux arrêts, les mamas

se pressent aux fenêtres pour vendre divers mets, L.A.P

achète des morceaux de viande rôtis, de l’igname cuit comme

des frites, et des petites bananes roses ; la viande est

absolument délicieuse, L.A.P demande à ses voisins quel est

l’animal fournisseur, c’est de l’agouti, (une sorte de mi

ragondin mi castor aux dents orangeâtres) ; quant aux

bananes, elles sont mûres au point que leur peau semble près

d’éclater, cueillies quelques heures auparavant, un régal !

Arrivé à Ouaga, L.A.P va directement à la station de

taxi-brousse et repart dans l’heure qui suit pour Koupéla,

puis Niamey, là, il va louer un lit à la maison des jeunes ;

un Français y est déjà, sympa, vingt cinq ans, maigrichon,

barbiche, il raconte qu’au Bénin la vente de voiture est

autorisée et facile, contrairement aux autres pays d’Afrique

de l’Ouest, mais qu’il y a connu une mauvaise embrouille.

LE BARBU

J’arrivais à un carrefour, une

voiture était arrêtée devant moi;

quand j’en étais encore éloigné

d’une dizaine de mètres, le type

devant fait une marche arrière

fulgurante et me cartonne l’avant

de la voiture. Il hurle comme quoi

je lui ai défoncé sa voiture, la

police arrive, résultat, j’y ai

laissé mon auto pour réparer les

dégâts...

Le lendemain, deux nanas se pointent, mignonnes, la

trentaine, elles sont descendues avec un type qu’elles ont

perdu en route, la blonde envisage de remonter par la piste,

(CONTINUED)

CONTINUED: 62.

L.A.P et elle décident de faire un bout de chemin ensembles.

Le jour suivant, en fin d’après-midi, après avoir discuté le

prix du voyage, ils montent dans un camion de marchandises,

direction Gao.

Chez Yarga, plusieurs personnes attendent depuis plusieurs

jours, car il y a embargo du gouvernement algérien sur

l’importation de moutons.

Le système consiste, pour les transporteurs maliens et

algériens, à charger des denrées vendues peu chères dans les

magasins d’état en Algérie : Riz, semoule, sucre, etc... et

de les vendre plein pot à Gao ; puis, d’acheter une poignée

de cerises des moutons au Mali et les fourguer un max en

Algérie, L.A.P s’explique maintenant le nombre de carcasses

de moutons séchant au doux soleil du Sahara.

Un qui se frotte les mains, c’est le père Yarga, tous les

jours, d’autres personnes viennent se planter dans le

cul-de-sac qu’est devenu Gao.

Après une semaine de ce régime, L.A.P commence à contacter

divers camionneurs, mais les candidats au voyage sont trop

peu pour pouvoir affréter un Berliet à vide de Gao à Adrar ;

le temps passant, les coincés se font plus nombreux, les

camions immobilisés ne rapportant plus, autant de paramètres

qui rendent de jour en jour la traversée plus négociable.

Une fois comptés les amateurs pour la croisière, ils se

retrouvent 17, la plupart français, il y a un américain.

L’un des convoyeurs pressentis, ayant des affaires à régler

en Algérie, leur demande 30.000 francs maliens (300 francs

français = 45£) par personne pour les emmener à Adrar, ce

qui est plus que correct ; pour qu’ils soient moins tassés,

ce délicat personnage fait installer une sorte de mezzanine

de bastings posés sur la moitié avant des rebords de la

benne du camion.

De bon matin, c’est le départ, il fait frisquet.

Quarante kilomètres après le départ, la blondinette montre

à L.A.P une petite butte à droite de la piste quand on

remonte vers le Nord ; elle lui dit que le type avec lequel,

elle et sa copine étaient descendues, s’était arrêté là et

qu’il y avait trouvé des tessons de poteries et des morceaux

de silex taillés, L.A.P se promet, s’il repasse là un jour,

de faire une halte pour voir de quoi il retourne. En

attendant, L.A.P a mal au coeur, et s’accroche à la porte

arrière de la benne pour tirer une gerbe.

La conduite des camions au Sahara est très technique, quand

il attaque un banc de sable, le conducteur passe en force

(CONTINUED)

CONTINUED: 63.

sans jamais changer de vitesse, ce qui fait qu’à la sortie

des longs passages mous, le moteur doit tourner entre deux

cent et quatre cent tours minutes, accélérateur à fond, on

sent chaque coup de piston, L.A.P est éberlué qu’il tienne

le coup! Le Berliet est un camion fabuleux, entre les mains

habiles des chauffeurs indigènes, on le croirait étudié

spécialement pour ce genre de contrées.

Lors d’un arrêt, l’Américain qui revenait de faire son

service militaire en Sierra Léone dans les « Peace Corps»,

trouve à ses pieds une magnifique pointe de lance en silex

très finement taillée, tout le monde se met à chercher de

droite et gauche, mais malgré ce rapide ratissage ce fût la

seule trouvaille faite.

Monté à l’avant, L.A.P remarque un panneau qu’il n’avait pas

vu à l’aller, il est tout rouillé, on peut lire, à moitié

effacé "tropique du Cancer" ; le chauffeur du camion lui dit

que seuls, les gens qui sont passés par cet axe ont le droit

de porter le « chèche », cette longue bande de coton que

l’on met moitié sur la tête, moitié sur le nez et la bouche

pour ne pas se déshydrater ou filtrer l’air durant les vents

de sable, se protéger du soleil, s’essuyer les mains,

etc.....

La nuit, il fait carrément froid, au bout des deux jours et

nuits non-stop, ils arrivent à Adrar complètement moulus.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE : PLACE D’ADRAR

Après avoir salué leurs transporteurs, L.A.P amène tout ce

monde chez l’ami Ramdann.

INT.NUIT.CHEZ RAMDANN

qui les informe qu’un bus fait quotidiennement

Adrar-Béchard, (500 bornes), il part le matin avant l’aube,

tout le monde sur son invitation, dort dans son restaurant.

Après avoir pris le café, et remercié leur hôte, départ...

EXT.AU PETIT MATIN

LARGE : GRAND PLACE D’ADRAR

Ils embarquent dans le car.

On ne fait pas payer L.A.P pour son chien, mais comme il n’a

pas le droit de voyager en haut avec les passagers, le

(CONTINUED)

CONTINUED: 64.

chauffeur suggère de le faire monter dans les coffres à

bagages s’ouvrant par l’extérieur du car, à l’invite de son

maître, le chien y monte de bon coeur et à part quelques

jappements au début il n’y eut aucun problème ; de temps en

temps, le chauffeur s’arrête en pleine campagne dans des

petites bicoques où l’on peut manger une bonne soupe bien

chaude parfumée à la coriandre et au laurier appelée «

loubia » ou « chorba » selon qu’elle est à base de fayots ou

de lentilles, L.A.P en profite pour laisser Athos se

dégourdir les pattes et manger avec lui, depuis qu’il sait

le retrouver à chaque pause il ne se manifeste plus.

EXT.JOUR.

MOYEN : KERZAZ

Le car s’arrête afin de permettre à tout le monde de manger

un plat plus consistant, L.A.P retourne directement chez le

restaurateur qui l’avait fait marron sur le fût.

INT.JOUR.

MOYEN : LE RESTAURANT DU MARCHAND DE FUT.

Comme par hasard, le jeune vendeur n’est pas là, une fois

terminé son plat, L.A.P dit au serveur que pour la note, il

aille se faire voir chez plumeau, bien que visiblement au

courant de l’histoire, ce dernier fait l’outragé, et gueule

aux petits pois (ce qui est normal vu son métier), comme

L.A.P se lève pour sortir, il le menace de la police sans

conviction, au moment où L.A.P sort, son escroc pointe le

museau, ce qui ne le fait pas frémir de terreur.

MOYEN :

L.A.P

J’ai bien mangé, je te remercie,

mais je ne te paierais pas.

(L’autre est d’autant plus

vexé, que cela se passe devant

les français)

L.A.P

Tu sais parfaitement que tu m’as

vendu un fut percé alors que je

t’avais dit que je te le prenais

pour mettre de l’essence afin de

traverser le Sahara, tu es un

voleur.

(CONTINUED)

CONTINUED: 65.

LE MARCHAND DE FUT

Je vais appeler la police....

( c’est ennuyeux car si

l’embrouille s’envenime, le

car (qui klaxonne déjà)

partira sans lui, L.A.P fait

le mec parfaitement serein et

s’arrache sans que personne ne

se mette en travers de sa

route.)

EXT. NUIT

LARGE : ILS ARRIVENT TARD LE SOIR À BÉCHAR.

INT.NUIT. DANS UN PETIT RESTAURANT DONT LE PATRON EST

AIMABLE COMME UNE PORTE DE PRISON.

L.A.P

Vous connaissez un hôtel pas cher

près d’ici ?

LE RESTAURATEUR

Vous n’avez qu’à rester ici, si ça

vous convient.

(Tous sont assez étonnés, mais

acceptent, ravis)

LE RESTAURATEUR

Je viendrais demain de bonne

heure, le car part très tôt.

(Il leur confie les clés de

son établissement)

INT. PETIT MATIN

MOYEN : IL FAIT ENCORE NUIT

(les voyageurs sont réveillés

par les bruits que fait le

restaurateur en faisant le

café)

Tout le monde boit le café pendant que leur hôte explique

comment se rendre à la station de cars.

Adieux chaleureux à leur hôte, tout le monde part dans la

froidure. Arrivée à la station de cars, tous font le pied de

grue en attendant le véhicule. Un flic fait les 100 pas,

arrivé derrière l’Américain, il lui administre un coup de

matraque sur la tronche. Tous se mettent à gueule aux petit

(CONTINUED)

CONTINUED: 66.

pois, le flic s’excuse ingénument en disant qu’il n’avait

pas remarqué qu’ils étaient étrangers. Devant son air

consterné, ils comprennent qu’il est de pratique courante de

mettre un coup de bâton sur une tête qui n’est pas alignée !

Oran, les autres s’étant égaillés au fil de la route, ils

vont, un couple de français et L.A.P, prendre leurs billets

pour la France, quelques temps plus tard, Ils montent dans

un énorme ferry-boat, le navire ne fera quasiment la

traversée que pour eux, car, à part deux arabes, personne

d’autre n’a embarqué ; malgré cela, le navire part à l’heure

; à cause d’une tempête, ils mettent un jour de plus pour

arriver à Marseille, plutôt affamés et chiffonnés.

Ils prennent le train ensemble ; durant la remontée du

désert, ils ont vanté le passage par Tamanrasset, L.A.P

leur dit que très probablement, il va refaire rapidement une

descente sur le Bénin, ils lui répondent que c’est aussi

leur projet, d’ailleurs, ils seront hébergés chez des

copains pas loin du coin de Dordogne où L.A.P habite ; Ils

conviennent de se tenir au courant de leurs recherches

respectives d’automobiles. Ils quittent le train un peu

avant Bergerac, ils pensent sûrement, tous, sans le dire que

ça fait bizarre de se quitter, alors que, depuis Gao, ils ne

se sont pas éloignés les uns des autres de plus de dix

mètres.

_Deuxième chapitre_-----------------------------------------

2/14 EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : DORDOGNE

L.A.P Aussitôt arrivé, recherche un carrosse avec une

mobylette

(L’on voit L.A.P sillonner les

villages environnants, passant

devant une station service, il

voit l’objet de sa convoitise,

une 404 berline blanche en

très bon état, avec un

panonceau "à vendre", il

entre)

L.A.P

Bonjour Monsieur, je viens pour la

404, combien vaut-elle ?

LE GARAGISTE

Le client en veut 2000 francs =

300£, je l’entretiens depuis des

années, bien qu’elle ait 180.000

kilomètres, elle est irréprochable.

(CONTINUED)

CONTINUED: 67.

L.A.P, en bon récent Africain, demande s’il est possible de

faire tourner le moteur, et s’enquiert d’une baisse du prix

de vente.

LE GARAGISTE

Si vous voulez en discuter avec le

vendeur, voici son adresse.

L.A.P

Merci, auriez-vous un certificat de

vente ?

LE GARAGISTE

Voilà...

L.A.P

Merci, je pense que je vais revenir

dans pas très longtemps.

EXT.JOUR.

MOYEN : L.A.P ARRIVE CHEZ LE POSSESSEUR DU BIJOUX

L.A.P

Bonjour Monsieur, je viens à

propos de votre 404.

LE VENDEUR

Bonjour, que voulez-vous savoir ?

L.A.P

Je l’ai visitée, elle me paraît pas

mal, combien en voulez-vous ?

LE VENDEUR

2000 francs

L.A.P

c’est un peu cher pour moi,

pourriez-vous me faire un prix ?

1500 francs, ça pourrait le faire?

LE VENDEUR

1700 francs, ça vous va ?

L.A.P

Tope là, c’est fait, j’ai un

certificat de vente, je paie en

liquide, on va régler çà tout de

suite.

(CONTINUED)

CONTINUED: 68.

LE VENDEUR

Pas de problème.

(Le vendeur va chercher la

carte grise, les deux parties

remplissent les cases qui

leurs sont dévolues sur l’acte

de vente, l’affaire est

pliée.)

L.A.P

Je vais laisser la voiture chez le

garagiste le temps de l’assurer, je

passerai la prendre une fois que ce

sera fait.

LE VENDEUR

Pas de problème, elle est à vous,

au revoir.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : L.A.P REPRENDS LE CHEMIN DE SA MAISON

(Il s’arrête en chemin pour

téléphoner et dire aux copains

qu’il a trouvé une merveille à

un prix très raisonnable).

LES COPAINS

Tu peux passer nous voir ?

L.A.P

J’assure la trapanelle et

j’arrive...

EXT.JOUR.

MOYEN : L.A.P, SA VOITURE NOUVELLEMENT ASSURÉE, ARRIVE AU

BAS DE LA MAISON DES HÉBERGEUR DES COPAINS.

(Les copains descendent)

LES COPAINS

Elle super géniale !!!

L.A.P

Je l’ai trouvée après avoir été

visiter trois garagistes, vous avez

été prospecter dans le coin ?

LES COPAINS

Non, pas encore...

(CONTINUED)

CONTINUED: 69.

L.A.P

Qu’est-ce que vous attendez ? Moi,

je ne vais pas m’attarder, car les

sous filent tous les jours....

LES COPAINS

Tu peux nous rappeler dans deux

jours ?

L.A.P

OK, on fait comme çà....

INT.JOUR

MOYEN : DANS LE BAR DE "LA GRANDE"

L.A.P

(L.A.P boit un verre avec un

copain)

Je repars dans deux ou trois jour

vers le Bénin.

ÉRIC

J’en ai marre, je m’emmerde ici, je

touche le chômage, je partirais

bien avec toi...

L.A.P

Pas de problème, si tu as un

passeport en cours de validité, tu

n’auras que tes frais persos et le

retour à payer.

ÉRIC

ça marche, tu me fais signe quand

tu pars.

L.A.P

D’accord, prépare ton sac de

couchage et ton baluchon.

ÉRIC

T’en rebois une ?

L.A.P

Un peu, mon neveu !!!!!

70.

INT.JOUR.MATIN.DEUX JOURS PLUS TARD

MOYEN : CHEZ LES HÉBERGEURS DES COPAINS

(Ambiance phacochère, les

hébergeurs vivent dans deux

pièce, la promiscuité se fait

terriblement sentir.)

L.A.P

Alors, où en êtes-vous ?

LES COPAINS

On en a deux en vue, mais pas

terribles et chères...

L.A.P

C’est pas vrai, il y en a partout,

si vous voulez, on va patrouiller

aux alentours avec ma caisse, dans

deux ou trois heures maxi, on aura

votre bonheur à un tarif

raisonnable...

(Les 2 ne veulent rien savoir,

ils demandent à L.A.P d’aller

visiter leur futures

acquisitions)

EXT.JOUR.MATIN.

MOYEN : DANS LA COUR D’UN GARAGE, DEVANT DEUX 404 BREAK

L.A.P

(au garagiste)

Vous pouvez démarrer le moteur ?

(Le garagiste s’exécute)

L.A.P, fort de son expérience africaine, donne trois grands

coups d’accélérateur, et va vite voir la couleur des gaz

d’échappement qui sortent bleus (consommation d’huile,

segmentation niquée).

L.A.P

Les deux moteurs sont un peu moins

nazes que celui de la voiture que

j’ai descendue, mais très fatigués.

Il va falloir compter un budget

huile, de plus, comme les

compressions sont nazes, vos

moteurs auront moins de puissance,

dans le sable, ce sont des

ensablements à subir qui n’auraient

pas lieu d’être...

(CONTINUED)

CONTINUED: 71.

LES COPAINS

De toutes façons, il faut que l’on

s’arrache d’ici.

L.A.P

Ce n’est pas une raison pour

acheter des poubelles, alors que

nous pouvons patrouiller avec la

mienne, à midi, on en aura vue une

bonne dizaine, pour ce qui concerne

les 404, il n’y a que l’embarras du

choix, on en trouvera bien deux en

très bon état, qui, de plus,

coûteront moins cher que les épaves

que vous avez trouvées !!!!!

(Les copains ne veulent rien

savoir. L.A.P n’est pas très

content, se faire imposer 5000

kilomètres, dont au bas mot,

1500, de désert avec des

oignons, alors qu’une matinée

de prospection aurait pu

renverser cette vapeur

nauséabonde ne lui plaît pas

du tout).

EXT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN : AU BAS DE L’IMMEUBLE DES HÉBERGEURS.

LES COPAINS

Il serait bien que l’on pose des

plaques de 5m/m de blindage sous

les carters moteurs.

(Là, L.A.P aurait dû se

méfier)

L.A.P

(L.A.P plutôt froidos)

Bon, je blinde ma cacugne, et vous

rappelle dans 2 jours pour savoir

où vous en êtes...

EXT.JOUR.

MOYEN : DANS UN GARAGE

L.A.P, ayant récupéré une plaque de tôle épaisse la fixe

sous sa voiture.

72.

EXT.JOUR.MATIN

LARGE : PLACE DE LALINDE, L.A.P, RETROUVE ÉRIC, SES AFFAIRES

SONT CHARGÉES, DÉPART VERS LES COPAINS QUI SE SONT DÉCLARÉS

PRÊTS À DÉCOLLER.

INT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN : DANS LE MINUSCULE 2 PIÈCES DES HÉBERGEURS.

(Les copains rassemblent leurs

affaires que leurs hébergeurs

se retiennent visiblement à

deux mains pour ne pas leur

balancer par la fenêtre)

EXT.JOUR.

LARGE : FIN DE MATINÉE

La nana du copain tord le nez à la vue d’éric

LA NANA

Tu aurais pu nous demander pour

amener un passager.

L.A.P

Si cela vous déplaît, je ne me sens

absolument pas obligé de partir

avec vous et vos poubelles...

(Le ton baisse aussitôt)

EXT.JOUR.

LARGE : ROUTES FRANÇAISES, PUIS ESPAGNOLES

Leurs deux voitures se révèlent aussi gourmandes en huile

que l’était celle de L.A.P lors de sa récente traversée, il

les rassure en leur disant que sur les autos rustiques comme

les 404 ce n’est pas très embêtant, il n’en est pas si sûr,

mais sa Maman lui a appris que plus tard on apprend une

mauvaise nouvelle, mieux on se porte ; cela leur met du

baume au coeur pour pas cher.

EXT.JOUR

GROS PLAN.ÉRIC RENTRE DANS LA VOITURE.

(CONTINUED)

CONTINUED: 73.

ÉRIC

J’ai acheté du sheet

L.A.P

Planque-le bien, on va passer la

frontière algérienne, et ils ne

rigolent pas avec çà...

Passée la douane, les 4 se rendent dans le premier marché

venu pour changer des francs en dinars au noir, les

commerçants sont faciles à brancher pour ce genre de

transaction ; suivant le couple de copains, L.A.P aperçoit

qu’un gamin les colle, tenant en équilibre un plateau d’oeufs

à ras du coude de la copine ; il est évident qu’au premier

mouvement un peu brusque de sa part, il balancera le colis

par terre pour leur faire payer la casse au prix fort ;

L.A.P lui tape sur l’épaule en lui faisant signe de dégager,

il obtempère sans demander son reste.

Ils changent autant de francs français qu’ils pensent en

avoir besoin (2 dinars pour 1 franc au lieu de 1 dinar pour

1,80 francs au cours officiel), et les voilà partis.

EXT.JOUR

LARGE : ILS ROULENT EN DIRECTION DE TAMANRASSET

La chaussée est correcte jusqu’à El-Goléa, puis le goudron

devient impraticable, la "route" n’est qu’un nivellement

recouvert de 5 centimètres de macadam.

( un bruit court que la date

de l’inauguration par le

président avait été fixée bien

longtemps à l’avance et que

pour être dans les temps, les

derniers 500 kilomètres furent

bâclés, l’inauguration eut

lieu en temps et en heure,

trois jours après, la route

était à peu près dans l’état

lamentable dans lequel ils la

trouvent).

Du coup, il leur faut emprunter un chemin défoncé qui la

longe, (les trous dans le goudron étant plus durs à

supporter pour les suspensions que les creux plus arrondis

de la piste). Ils commencent à voir régulièrement des

carcasses de combis VW, la plupart brûlées.

L.A.P commence à regretter d’être passé par là plutôt que

par Gao, même l’esprit des gens est différent, la route de

Tam, bien que pénible, n’est pas dangereuse, elle est très

courue, ce n’est qu’un défilé de touristes avec leur cortège

de cochonnes venant croquer de l’exotique ; les restaurants

(CONTINUED)

CONTINUED: 74.

chers et pas aimables, touristiques, alors que peu de gens

passent par le Tanezrouft et quasiment que des pros du

business ; nous allons boire un coup dans un restaurant «

typique », le patron, vautré dans un fauteuil, joue les

hommes bleus avec son attirail complet de colifichets

touaregs, takouba* comprise, il est entouré d’Allemandes en

pâmoison, quel clown !!!!!

Les autos des copains commencent à donner des signes de

fatigue de plus en plus importants, les moteurs ne tirent

plus, les ensablements sont de plus en plus fréquents, les

amortisseurs de L.A.P n’ont pas résisté, mettant la gomme

pour passer une plaque de fech-fech*, après plusieurs

rebonds, l’avant de sa voiture se vautre sur une grosse

pierre fichée au milieu du chemin sablonneux, heureusement

qu’il avait suivi le conseil de poser la plaque de blindage,

celle-ci est complètement défoncée, le carter moteur est

tordu mais pas percé, la traverse avant du châssis est

complètement écrasée et remontée de 10 centimètres, le

radiateur rehaussé empêche de refermer le capot qui s’est

ouvert sous le choc, L.A.P vire la protection désormais

inutile.

EXT.JOUR.

LARGE :

Ils se rendent dans une grotte un peu en dehors de

Tamanrasset

INT.JOUR

MOYEN : ILS ENTRENT DANS LA GROTTE

On y puise l’eau à même une grande cuvette apparemment

naturelle creusée dans le sol, une dizaine de vieux sont

assis autour, et bavardent tranquillement, cette caverne est

à tout le monde, nul n’a tenté de la monopoliser comme on

pourrait s’y attendre en France ; Ils s’envoient deux ou

trois rasades de cette eau naturellement gazeuse, puis,

après avoir salué l’assistance ils sortent, coup de bambou

du soleil !

EXT.JOUR

MOYEN :

La copine branche un couple de Français, à pied, qui vont à

Niamey, ils se mettent d’accord pour payer leur

participation au prix du taxi-brousse, le lendemain, ils

repartent direction le Niger.

75.

EXT.NUIT.

LARGE : Ils tombent sur un spectacle dantesque ! Deux

énormes autocars sont ensablés jusqu’à l’os, des

tous-terrains 6x6 monstrueux essayent de les dégager avec

des câbles et des plaques de désensablage type terrain

d’aviation américain de la dernière guerre ; ces cars ont

des compartiments donnant sur l’extérieur comme des boîtes

de 80x80 centimètres sous l’espace des sièges, visiblement

ce sont les couchettes ; rugissements de moteurs,

gueulantes, le tout éclairé par de puissants projecteurs ;

prudemment, ils prennent quelques distances, car si un câble

de cette taille se rompt, il vous tue sur le coup ! Ils

s’arrêtent à côté d’autres spectateurs et regardent le

spectacle en mangeant tranquillement.

MOYEN :

L.A.P discute avec une fille dotée d’un léger strabisme

convergeant (son faible)(accompagnée), ce qui ne les empêche

pas de bavarder durant tout le repas.)

LA FILLE AU LÉGER STRABISME

J’ai entendu un bruit selon lequel,

pour rentrer à tarif préférentiel

(pour le moins), il faut prendre

par Air-Afrique, un billet d’avion

Ouagadougou-Niamey, faire semblant

de dormir à Niamey, la station

d’après est Paris!

Bien que n’y croyant pas, L.A.P retient la combine... il se

fait tard, Tout le monde rejoint son sac de couchage. Le

lendemain, au revoir tout le monde, direction In-Guezzam,

sortie d’Algérie.

EXT.JOUR.MATIN

Les autorités conseillent de s’accompagner d’un guide pour

ne pas s’égarer,(et surtout faire transporter ces gens à

l’oeil)

L.A.P prend un touareg qui descend vers le Sud. Ce bougre,

ayant l’habitude de voyager sur un chameau, en le guidant

par signes le fait s’ensabler à plusieurs reprises, rouler

sur des branches armées d’énormes épines, le conduit dans

des culs-de-sac pour voitures, L.A.P finit par lui faire

comprendre qu’il va se passer de ses conseils, de plus,

quand ils sont ensablés, sa seigneurie ne daigne pas donner

un coup de main. Ensablés, ils marchent dans les cramcrams*

qui se mettent partout et les piquent, ils sont très durs à

désincruster des vêtements.

(CONTINUED)

CONTINUED: 76.

Plusieurs fois, roulant de front à 60 à l’heure pour ne pas

s’ensabler à cause du sol mou et que, pour ne pas bouffer le

sable du véhicule précédent, ils ne se suivent pas ; cachés

par les buissons de plus en plus hauts et rapprochés, ils se

croisent plusieurs fois au sortir d’un fourré, manquent

s’entrecartonner, malgré plusieurs frôlements ils arrivent

sans plus d’incidents à Arlit où commence le bitume.

EXT.JOUR

MOYEN : ARLIT-AGADEZ

Revêtement correct, arrivés en ville, le copain et sa femme

décident de faire refaire le moteur d’une des voitures,

L.A.P leur dit que, probablement, à Niamey, ils auront des

garagistes moins chers et une meilleure disponibilité de

pièces détachées, rien à faire, ils se sont fait embobiner

par un type qui dispose d’une cour et d’un seau d’outils,

une journée passe, L.A.P va visiter le copain pour voir où

çà en est, le moteur est en morceaux ; ce qui n’est pas

gênant en soi, mais par terre, dans la poussière et le

sable, ce qui est plus embêtant, le "mécano", s’appuyant sur

une pierre, est en train de mettre des coups de pointeau

dans les coussinets de bielles, L.A.P lui demande l’intérêt

de cette modification, il se lance dans une théorie fumeuse

à laquelle L.A.P ne comprend que dalle car il n’y a rien à

comprendre, L.A.P lui dit que si les ingénieurs de la maison

Peugeot ne jugent pas utile cette pratique, c’est qu’elle ne

sert à rien et que L.A.P la pense plus nuisible qu’autre

chose, le lascar se met à fulminer, L.A.P s’esbigne en se

disant que les copains se sont emmanchés dans une histoire

d’où ils ne sont pas prêts de sortir.

EXT.JOUR

MOYEN : RETOUR AU CAMPEMENT

Dans lequel ils ont installé leurs pénates, L.A.P casse

l’histoire à Éric, ils décident de continuer seuls, car le

camping est coûteux et obligatoire, les restaus mauvais et

chers et qu’ils ne sont pas trop ferrés.

EXT.SOIR

MOYEN :

L.A.P annonce la couleur aux autres, les copains tirent une

tronche de quinze mètres de long, L.A.P leur dit qu’avant de

commencer cette réparation, ils auraient pu lui en parler,

leur explique leur prochain dénuement, et leur fait

(CONTINUED)

CONTINUED: 77.

comprendre que de toutes façons, la décision est prise et

qu’ils partent au matin prochain.

LES PASSAGERS

(en loucedé)

Nous préfèrerions continuer avec

vous, plutôt que de rester à

attendre une hypothétique

réparation.

L.A.P

Pas de problème, à condition que

vous régliez çà auparavant avec vos

convoyeurs actuels.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN :

Départ avec deux passagers de plus, les copains font la

gueule, ce qui ne dérange pas L.A.P plus que ça, car il n’a

pas le choix.

L.A.P a convenu avec ses passagers de partager les frais

d’essence, ils sont gagnants car c’est moins cher et plus

confortable que le taxi-brousse.

EXT.JOUR.

MOYEN : SUR LA PISTE

Les pneus commencent à crever régulièrement car les épines

dans lesquelles L.A.P avait roulé sous la conduite de son

fumeux touareg passent petit à petit à travers l’enveloppe

du pneu, à ce rythme ses provisions de rustines fondent à

vue d’oeil, L.A.P et Éric se relaient pour regonfler les

pneus à la pompe à main, à la fin ils en ont vraiment ras le

bol, L.A.P finit par déchirer une couverture en quatre

bandes qu’il plie entre la chambre à air et chaque pneu, il

y a du mieux.

EXT.JOUR.

MOYEN :TAHOUA, BIRNIN-KONNI, PUIS DOGONDOUTCHI, DOSSO

Éric dit qu’ici eut lieu un fameux concert l’année

précédente, ils continuent de crever régulièrement....

78.

EXT.APRÈS MIDI.

MOYEN :NIAMEY

Ils vont se déclarer au commissariat central.

Puis L.A.P recherche un garagiste susceptible de lui

redresser la traverse avant car sa voiture a vraiment une

sale tronche, il vaut mieux régler ce problème avant

d’arriver au Bénin.

L.A.P lâche les copains à la maison des jeunes et va

vadrouiller pour trouver le carrossier d’élite qui pourra

lui réparer le malheur

EXT.APRÈS MIDI.

MOYEN : DANS UN GARAGE LOCAL

Un quart d’heure plus tard, L.A.P a trouvé l’homme qu’il lui

faut, ils s’entendent sur un prix, le carrossier est censé

se mettre au travail immédiatement, bien sûr, il lui demande

de payer d’avance, mais fort de son expérience ivoirienne,

L.A.P refuse tout net, mais lui accorde une avance, lui

laisse l’auto sans les clés, le Neimann en position «

Parking » (qui laisse le volant libre, mais ne permet pas de

démarrer la voiture)

EXT.APRÈS MIDI.

MOYEN :LA MAISON DES JEUNES

L.A.P rejoint les copains et se prend une bonne douche, 2

heures après

EXT.SOIR.

MOYEN : DANS UN GARAGE LOCAL

Ils projettent de casser une croûte dans l’un des petits

restaurants indigènes qui pullulent dans le secteur. L.A.P

revient avec les amis pour voir où en est l’affaire,

arrivé au garage, surprise, depuis que L.A.P est parti,

rien n’a avancé, aussitôt que L.A.P a tourné le dos, le type

a lâché les outils et s’est éclipsé faire la fiesta avec

l’oseille, L.A.P dit aux alentours qu’il va dîner et que si

le taulier n’a pas repris le boulot quand il reviendra, il

ira à la police et demandera à récupérer son pognon.

Petit repas sympa, L.A.P retourne voir où en est son

affaire, la traverse déposée, son loustic tape dessus

gaillardement pour la redresser, L.A.P, pas rancunier, lui

fait livrer une bière par un gamin pour l’encourager.

79.

EXT.MATIN.

MOYEN : DANS LA RUE

Le lendemain, petit déjeuner, puis, L.A.P se pointe chez

son réparateur d’élite qui est en train de souder les pièces

retapées.

EXT. MIDI.

MOYEN : DANS UN GARAGE LOCAL

La réparation est finie, L.A.P règle le solde.

EXT. MIDI.

MOYEN :À LA MAISON DE JEUNES

Les covoituriers décident de continuer avec eux sur le

Bénin. Route tranquille

EXT. VERS 16 HEURES.

MOYEN : FRONTIÈRE NIGÈRO-BÉNINOISE

Qui est matérialisée par le fleuve Niger ; juste avant la

frontière béninoise, il y a de grands singes, genre rapides,

à canines de fauves, sale tronche, après avoir fermé les

fenêtres, ils passent juste à côté sans qu’ils ne bougent,

ce n’est pas près rassurant.

EXT. VERS 16 HEURES.

MOYEN : ARRIVÉE AU POSTE DE DOUANE BÉNINOIS

Corrida !

Les douaniers fouillent la voiture, plus pour faire leur

marché, que pour réprimer les introductions illicites.

Faisant la sourde oreille à leurs sollicitations à peine

voilées, L.A.P laisse ses passagers se faire taxer, une fois

que tous les douaniers ont tous glané un petit quelque

chose, ils peuvent repartir.Bonne route jusqu’à Parakou.

80.

EXT.

MOYEN : PARAKOU

Ils s’arrêtent dans un petit hôtel-restaurant, dont Nestor,

le patron (petit, front bombé, pète-sec) a vécu pas mal de

temps en France, et tient solidement son établissement, les

chambres sont chères, ils prennent l’option dormir sur la

terrasse pour 1000 francs CFA (20 francs français = 3£).

EXT. SOIR

MOYEN :ILS VONT EN VILLE POUR MANGER CHEZ LES MAMAS

Un flic choppe L.A.P, et veut lui mettre une prune, car un

feu rouge arrière de la voiture ne fonctionne pas, L.A.P

remplace l’ampoule, mais le flic persiste à vouloir le

ponctionner ; L.A.P exige un reçu, le flic n’insiste pas, et

dit, une note admirative dans la voix, qui plus est, devant

les copains « vous, vous êtes trop fort ! ».

EXT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN :

La piste reprend à la sortie de Parakou, dans chaque ville

ou village dans lesquels ils s’arrêtent, les enfants les

saluent en scandant « Yovo, yovo, bonsoir, ça va bien,

merci.... » à maintes reprises, et sur tous les tons.

EXT.

MOYEN : SAVÉ

ils discutent avec le patron d’un boui-boui en buvant une «

Béninoise », bière nationale faite avec ce que les brasseurs

ont sous la main lors du mélange, maïs, sorgo; farine de

blé, riz, tout ce qui fermente, ce qui fait qu’elle n’a

jamais le même goût.

Le bistrotier et ses potes leur disent qu’un Écossais est

parti dans les collines sacrées interdites, que l’on voit à

gauche en face de sa buvette et qu’on ne l’a jamais revu,

L.A.P pense en son for intérieur, que des lascars ont dû lui

faire la peau. Reprise du goudron à la sortie de ce gros

village.

Bohicon, carrefour de l’igname, ils y cassent la croûte.

81.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

LARGE : ENTRÉE DE COTONOU

Un panneau géant au-dessus de la route principale, en

lettres énormes : "MORT AUX TRAITRES". Pas besoin de se

déclarer au commissariat de police.

Se renseignant pour savoir où loger à une prix raisonnable,

ils atterrissent à l’hôtel "Babo", énorme bloc de béton de

cinq étages (sans ascenseur bien sûr), avec une dizaine de

chambres chacun, ils en prennent une pour quatre personnes,

renseignement pris, les transactions automobiles se font au

« Bénin palace », L.A.P s’y rend après la douche.

(Les ventes de voitures se

font légalement au Bénin, mais

le racket local rend quasiment

obligatoire une "commission" à

des "intermédiaires" qui se

trouvent sur place. Les

clients potentiels se pointent

au Bénin palace, ils sont

aussitôt pris en main par les

"intermédiaires" qui

organisent la visite, toutes

les autos (pour la plupart

françaises) sont là pour ça.)

Ils restent trois jours sans avoir de touche sérieuse, ils

décident d’aller au Togo voir s’il y a des acheteurs

intéressés par les Peugeot.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

LARGE : LOMÉ

Ils vont se déclarer au commissariat. Les hôtels sont

affreusement chers ; le coin est trop européanisé, pas

d’hôtel Babo.

A la recherche d’un gîte abordable, ils tournent un peu dans

la périphérie, pas mèche !!

EXT.EN PLEINE NUIT

LARGE :EN PLEINE PAMPA

Ils crèvent encore une fois.

Ne pouvant pas dormir sur place à cause des moustiques à

percussion.

82.

EXT.EN PLEINE NUIT

MOYEN :

Ils frappent à la porte d’une maison isolée, un boy leur

ouvre, une Anglaise arrive, L.A.P n’a pas le temps d’en

placer une qu’elle les supplie de partir tout de suite car

son mari va rentrer, visiblement, il la terrorise ; le boy

ne parlant pas Français, L.A.P en profite pour demander si

elle a besoin d’un coup de main ou un message à faire

parvenir à quelqu’un, elle ne veut que les voir disparaître,

après tout, c’est son affaire..........

EXT.EN PLEINE NUIT

MOYEN : EN PLEINE PAMPA

A la lueur des phares, bouffé par les insectes, L.A.P retape

la chambre à air, bientôt, elle sera trois fois plus lourde

que l’originale !

EXT.EN PLEINE NUIT

MOYEN :DANS UNE BANLIEUE DE LOMÉ

Ils demandent à louer une chambre chez l’habitant, ils

trouvent rapidement ; ils n’ont pas fini de s’installer, que

déboule une voiture bourrée de flics armes à la main,

embarquement immédiat au commissariat principal de Lomé sans

que les loueurs leur proposent de remboursement.

EXT.EN PLEINE NUIT

MOYEN :AU COMMISSARIAT PRINCIPAL DE LOMÉ

Ils restent toute la nuit sur des bancs en bois.

Le lendemain, le commissaire arrive (pas de bonne heure,

bien sûr), heureusement qu’ils s’étaient signalés, la

populace les ayant dénoncés comme mercenaires, sans cette

précaution, c’était la tôle directe, et en Afrique, on sait

quand on y entre, pour en sortir, c’est une autre paire de

manches !!

EXT.MIDI

MOYEN : DANS LA RUE DES RESTAURANT

Ils vont déguster d’excellentes salades, servies sur des

tables et bancs de bois dans la rue, elles leur filent une

(CONTINUED)

CONTINUED: 83.

chiasse carabinée.

Puis L.A.P décide de retourner au Bénin, car il n’y a pas

moyen de vendre la brouette par ici.

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN :

L.A.P lâche tout le monde à l’hôtel Babo, puis retourne au

Bénin Palace.

INT.APRÈS-MIDI

MOYEN : AU BÉNIN PALACE

Tous les midis, l’électricité est coupée à deux reprises,

pour faire sauter les parties de flippers en cours et que

l’assistance puisse se régaler de l’Internationale qui

précède l’un des magnifiques discours enregistrés de Mathieu

Kérékou*, le soir, même topo, ce sont toujours les mêmes

harangues qui reviennent.

L.A.P vend rapidement sa carriole sans donner une trop forte

commission, lui restent 420.000 francs C.F.A (8400 francs

français = 1280£).

Il était temps de conclure !! L.A.P a dû céder son appareil

photo, et taper du pèze à ses passagers pour finir la route,

et le mec (c’est lui qui argente) tord le nez.

INT.APRÈS-MIDI

MOYEN : HÔTEL BABO

Aussitôt de retour à l’hôtel, L.A.P rend illico son flouze à

son créancier, et, avec Éric, ils vont se taper une bonne

cuite ; Éric se fait draguer par une petite ghanéenne

craquante comme tout, ils roucoulent durant les trois jours

qu’ils restent encore à Cotonou, vu l’argent qu’il emprunte

à L.A.P pour arroser les adieux, il est content de ses

services, ce sont ses oignons, touchant ses allocations

chômage en France, il remboursera L.A.P plus tard.

Ils tiennent toujours la colique rapide qui tord le ventre,

Éric, se rend à une pharmacie et achète sans ordonnance de

l’élixir parégorique (interdit à la vente libre en France),

l’effet est radical.

84.

EXT.SOIR

MOYEN :

Ils déguster de petites soles éclatées dans l’huile de palme

bouillante, de l’igname avec de la sauce, quelques fruits,

tout cela à la lueur de petites lampes à pétrole faites dans

des canettes de bière artistement découpées dont le dessus

soudé, est doté de petits manchons pour tenir la mèche, il

fait doux, L.A.P est riche, les gens sont cools, tout est

bien.....

EXT.DANS LA MATINÉE

MOYEN :SUR LE MARCHÉ AUX SOUVENIRS

L.A.P achète un chouette fauteuil de bois massif 15.000

francs CFA (300 ff = 45£), le faire expédier en avion lui

coûte 900 ff = 137£.

EXT.DANS LA MATINÉE

MOYEN :

Le lendemain, vers le port, L.A.P voit une librairie dont la

vitrine est principalement réservée aux petits livres rouges

de Mao Tsé Toung, ainsi qu’à de petites broches émaillées

représentant Lénine, Staline et toute la clique.

INT.APRÈS-MIDI

MOYEN : HÔTEL BABO

Réfléchissant sur le moyen de remonter en France, L.A.P se

dit qu’il n’a aucune envie de se retaper la piste pour le

retour ; Cotonou-Paris par Aéroflot coûtant entre 5 et 6000

ff = 915 £, la conversation avec la petite nana de

Tamanrasset lui revient en mémoire, il en parle aux copains,

personne ne croit à l’histoire, mais Éric lui dit que s’il

risque le coup, il le tente avec lui.

Leurs passagers n’ont pas l’air de vouloir les lâcher, le

mec a des connaissances à Ouagadougou ; depuis Tamanrasset

il leur rebat les oreilles d’une fameuse recette culinaire

dont il se propose de les faire profiter, ce sera l’occase

85.

EXT.JOUR.MATIN.

LARGE :JONQUET, ÉNORME STATION DE TAXIS-BROUSSE

Qui en partent à toute heure pour toutes les destinations,

ils prennent un Cotonou-Lomé, car pour aller à Ouagadougou,

le plus directe est de faire Lomé-Ouaga.

INT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN : LOMÉ

(Éric et L.A.P entrent à

l’Abreuvoir)

L’un des bars où se retrouvent les touristes ; des

balançoires pendues au plafond remplacent les tabourets de

comptoir, ils éclusent une excellente bière allemande, la

«Eku», les Ghanéennes (toutes princesses Achanti

"authentiques") de service sont fidèles au poste, il faut

dire qu’à la frontière Togo-Ghana il y a des changeurs qui

donnent entre quinze et vingt fois le cours officiel

C.F.A/Cedi, L.A.P soupçonne Éric d’avoir donné pour trois

jours de Nirvana, l’équivalent de deux ans d’émoluments d’un

fonctionnaire ghanéen.

EXT.JOUR.MATIN.

LARGE : LES 4 S’EMBARQUENT DANS UNE 404 PLATEAU

Lomé-Ouagadougou, à peu près huit cent bornes, toujours 16

personnes derrière et 3 devant.

EXT.DÉBUT D’APRÈS MIDI.

LARGE :OUAGA

Éric et L.A.P, trouvent un petit hôtel pas cher et sympa en

rez-de-chaussée avec une petite cour au centre, sur laquelle

donnent toutes les portes des chambres, ils gardent les

bagages de leurs coéquipiers qui partent en taxi chez leur

copain, ils doivent revenir les chercher pour les agapes

promises depuis Tam.

INT.FIN D’APRÈS MIDI.

MOYEN : HÔTEL

En fin d’après-midi, arrivée en trombe du passager qui vient

récupérer ses affaires, il n’a pas le temps de leur en dire

(CONTINUED)

CONTINUED: 86.

plus ; en fait, il file comme un pet sur une toile cirée se

taper le ragoût sans eux, ils ne les reverront ni l’un ni

l’autre, quelle bande de hyènes !!!!!!!!

INT.LE LENDEMAIN

MOYEN :CHEZ MADAME AIR-AFRIQUE

L.A.P passe prendre des billets Ouagadougou-Niamey ; 32400

francs C.F.A les deux, soit 324 francs français (49,40£) par

tête de pipe, si ça marche, c’est raisonnable !!!!.

INT.

MOYEN : HÔTEL

Ils attendent deux jours en bronzant dans la cour pour

éblouir les copines de Dordogne car là-bas c’est encore

l’hiver.

INT.

LARGE : AÉROPORT DE OUAGADOUGOU

Le soir d’embarquement, il fait une chaleur épouvantablement

moite, l’aéroport est un tohu-bohu-bohu indescriptible!!!!!

INT.

MOYEN : AU GUICHET DE AIR-AFRIQUE

Premier écueil : le préposé veut mettre la valise de L.A.P

en soute, il aurait dû y penser !! Si celle-ci débarque à

Niamey, elle est perdue ; L.A.P y tient, car elle contient

des pointes de flèches de silex taillé, bracelets anciens,

poignards et autres matériels et souvenirs achetées aux

Touaregs croisés sur la piste ou aux marchands de souvenirs

de Gao ; L.A.P dit avoir oublié de confier un objet à

quelqu’un, retourne avec son pote sur le parking, jette la

valise, des vêtements, sac de couchage et tout ce qui n’est

pas achats typiques de ce voyage ; quand L.A.P revient, il

ressemble à Bibendum, malgré la température infâme, il a

passé deux pulls et des chemises auxquels il tient

particulièrement, des bracelets de bronze-argent énormes

autour des poignets, malgré les manoeuvres pour y échapper,

L.A.P retombe sur le même employé à l’enregistrement qui ne

le reconnaît pas!

87.

INT.JOUR.SOIR

MOYEN : DANS L’AVION

Ils trouvent deux places côte à côte, L.A.P, côté hublot,

l’avion décolle.

Le plan prévoyant de faire semblant de dormir, ils s’y

emploient avec infiniment de conviction. Vingt minutes plus

tard, les hôtesses se penchent sur chaque passager et leur

demandent quelque chose que les 2 passagers pas encore

clandestins ne parviennent pas à saisir, arrive leur tour,

la fille essaie de réveiller Éric, bien sûr, peine perdue ;

il devient vite évident à son ton insistant, qu’il lui faut

absolument une réponse, faisant semblant de se réveiller

péniblement, L.A.P lui dit, pour justifier leur profond

sommeil, qu’ils sont malades et lui demande ce qu’elle veut,

elle désire savoir s’ils descendent à Niamey où Paris, L.A.P

remarque qu’elle tient une planchette avec des papiers tenus

par une pince, supposant qu’elle pointe les billets, il lui

répond qu’ils descendent à Niamey, sur quoi elle leur tend

deux fiches à remplir par personne, l’une pour la douane

l’autre pour la police nigérienne.

Consternation à Landerneau ! Dès qu’elle est passée, éric

revient à la vie et s’inquiète de la suite des opérations,

L.A.P

« tant qu’on ne nous vire pas à

coups de pompe au train, nous

restons dans l’avion, le plan

continue »

à tout hasard ils remplissent les papiers puis les glissent

dans les poches devant eux, l’avion pique maintenant

sérieusement du nez, ça sent l’atterrissage imminent, ils

reprennent leur somme en serrant furieusement les miches.

EXT.SOIR

LARGE : L’AVION ATTERRI

INT.SOIR

MOYEN : LES PORTES DE L’AVION S’OUVRENT,

Les gens sortent, une chaleur torride envahit la carlingue;

quelques temps après, il n’y a presque plus de passagers

dans le zingue, dix minutes passent, bien qu’ils aient coulé

dans leurs sièges au maximum, l’hôtesse revient et commence

à les secouer l’un après l’autre de plus en plus fort,

inutile de dire qu’ils ne bronchent pas! Finalement elle se

lasse,

(CONTINUED)

CONTINUED: 88.

L’HÔTESSE

« tant pis »

Et s’en va. Ils restent ainsi pendant une bonne heure,

situation inconfortable s’il en est ! Puis de nouveaux

passagers commencent à monter ; apparemment, les places

qu’ils occupent ne sont pas louées car il n’y a pas de

réclamation, les portes se ferment, l’avion se met en bout

de piste et roulez petits bolides !!!

Malgré la tension, ils parviennent à dormir pour de bon.

INT.JOUR.MATINÉE

MOYEN : LE LENDEMAIN MATIN,

L’hôtesse (toujours la même) un plateau de petit déjeuner à

la main, les réveille beaucoup plus facilement,

Ils mangent comme des gorets, les émotions çà creuse !

L’avion descend sur la France, la vie est belle malgré un

reste d’inquiétude.

INT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN : DANS L’AVION, UNE FOIS AVOIR ATTERRI

Ils se lèvent et avancent petit à petit dans la travée pour

sortir, Éric tape discrètement dans le dos de L.A.P et lui

fait signe de regarder derrière lui, L.A.P vois un type,

genre P.D.G qui le regarde, le pouce levé, une lueur amusée

dans le regard ; derrière eux dans l’avion, il avait assisté

à leur prestation.

D’un air faussement modeste L.A.P lui fait « Hé!».

Ils sortent de l’appareil, passent douane et police, c’est

seulement à ce moment qu’ils peuvent se dire que l’affaire

est réussie, ils poussent un grand ouf, mais ils ont eu

chaud, et L.A.P se promet de ne recommencer le coup qu’en

dernière extrémité !

3ème chapitre------------------------------------------

1/3 INT.JOUR.

MOYEN : DANS LA MAISON DE L.A.P

De retour en Dordogne, L.A.P envoie une carte à la petite

nana de Tam pour lui dire que le système d’Air-Afrique

fonctionne bien.

(CONTINUED)

CONTINUED: 89.

Recherche d’un appareil à brouter du bitume, un prétendu

copain connaît une 404 en parfait état, pas chère, mais

L.A.P doit lui rétribuer le renseignement, L.A.P l’envoie se

faire téter les yeux.

EXT.JOUR.

LARGE : DANS UN CAMP DE GITANS

On propose à L.A.P une 404 commerciale blanche, la caisse un

peu rouillée, la mécanique en excellent état, depuis les

déboires de son premier voyage, L.A.P inspecte soigneusement

l’outil à traverser le désert !

(La différence entre la

commerciale et le break tient

en ce que ce dernier est mieux

équipé en options, peut

emmener 9 personnes, et pour

les nouveaux modèles un

tableau de bord trois

compteurs qui plaît beaucoup

aux Africains.)

1000 francs demandés, L.A.P fait baisser à 600=90£.

EXT.JOUR.

LARGE : MAISON DE L.A.P

Baluchon, départ ; curieuse impression d’être une flèche

tendue vers l’Afrique.

(, ce coup-ci, L.A.P fera

Alméria-Mélilla, Mélilla est

une enclave espagnole au

Maroc, l’anisette et le whisky

y sont cinq fois moins chers

qu’en France ; L.A.P avait

remarqué qu’une fois défait la

garniture de portière, une

bouteille de whisky carrée

entourée de journaux se coince

parfaitement au fond de cet

espace, d’où la dizaine de

vieilles publications glanées

sur la route.)

90.

EXT.NUIT.ESPAGNE

MOYEN : L.A.P S’ARRÊTE POUR DORMIR

L.A.P se réveille par un froid de canard 4 heures plus tard,

il y a une couche de glace sur les vitres à l’intérieur de

la voiture, L.A.P démarre le moteur, met le chauffage,

gratte une meurtrière pour voir une portion de route, et

part, toujours emmitouflé dans son sac de couchage ;

quelques kilomètres après, L.A.P s’aperçoit que la

température d’eau du moteur attaque la zone rouge, et que le

chauffage n’évacue pas de calories, L.A.P en déduit que

toutes les canalisations et sûrement le radiateur sont

gelés, L.A.P se gare. Un quart d’heure plus tard, L.A.P

remet le contact, l’aiguille de température est descendue,

L.A.P continue, rebelote, L.A.P s’arrête à nouveau, L.A.P ne

regrette pas d’être resté dans son cocon !

L.A.P arrive à rouler ainsi jusqu’à un restaurant qui,

malgré l’heure tardive est toujours ouvert, L.A.P s’extirpe,

et entre dans l’établissement à assouvir les faims et soifs,

commande un casse-croûte, un verre de rouge et un café.

EXT.NUIT.ESPAGNE

MOYEN : L.A.P REVIENT DANS SA VOITURE

Une heure plus tard, le chauffage est de nouveau

opérationnel, apparemment, pas de dégâts à la mécanique.

EXT.NUIT.ESPAGNE

MOYEN : MÉLILLA

Attendant le bateau, L.A.P croise un Français grand, brun,

Corse, qu’il a déjà entrevu à Cotonou, visiblement, il

s’apprête à faire la traversée, ils se saluent, il passe

aussi par Gao, c’est un bon, ils décident de faire un bout

de route ensemble.

Ils se retrouvent sur le pont le lendemain matin, pendant la

nuit, le Corde a trouvé moyen de tringler une grosse

allemande. Ils font leurs provisions de route et d’alcool en

zone dédouanée, au passage L.A.P montre le truc des

bouteilles de whisky dans les portières, du coup, le copain

en prend trois de plus.

91.

EXT.NUIT.MAROC

MOYEN : PASSAGE DE LA FRONTIÈRE MAROCAINE

L’entrée, toujours aussi tranquille, mais à la sortie,

problo pour L.A.P qui n’a pas changé la carte grise par

économie, et le douanier lui cherche des poux dans la tête

car il n’a qu’un acte de vente signé pour justifier qu’il

est propriétaire du véhicule.

C’est le soir, le big-chef ne viendra que le lendemain

matin, lui seul pourra prendre une décision ; le copain lui,

n’est pas emmerdé car il a pris la précaution de faire

légaliser la signature de l’acte de vente à la mairie du

secteur d’achat.

(Le processus de légalisation

consiste à accompagner le

vendeur à la mairie, il signe

l’acte de vente devant la

personne habilitée qui appose

tampons et signatures

certifiant que l’acte a été

signé devant elle par le

propriétaire)

En y réfléchissant, L.A.P trouve logique que le douanier

l’ait arrêté, mais il n’a pas l’intention de retourner en

Dordogne pour réparer la bévue, L.A.P dit au copain qu’il ne

l’attende pas, mais il préfère rester pour voir ce que ça va

donner, L.A.P n’insiste pas outre mesure !

INT.LE PETIT MATIN.

MOYEN

Le chef arrive ; bref conciliabule entre douaniers, le gradé

vient voir L.A.P qui lui dit avoir appris seulement cette

nuit l’existence de la légalisation de document ; il est

sympa, après avoir discuté un peu, il lui tend ses papiers

et leur souhaite bonne route.

(Plusieurs fois par la suite

L.A.P se rendra compte que les

affaires bancales se règlent

en Afrique par le dialogue et

le contact humain (on pourrait

prendre modèle en France!).)

92.

EXT.JOUR.

LARGE : PASSAGE DE LA DOUANE ALGÉRIENNE TOUJOURS AUSSI

RIGIDE

EXT.JOUR.

MOYEN : ILS SE SÉPARENT À TLEMCEN OÙ SON COMPATRIOTE A DES

AFFAIRES EN COURS.

Pas de pompe à essence ouverte ou approvisionnée sur la

route, L.A.P pense en trouver plus tard, hélas, à Sebdou, la

pompe est à sec, 40 bornes avant El Aricha, l’horizon est

totalement désertique et enneigé, alors qu’en Dordogne, il

faisait doux. L’aiguille d’essence bloquée sur le zéro

depuis longtemps, L.A.P voit enfin une maison isolée, il va

taper à la porte et demande au type qui vient lui ouvrir

s’il peut lui vendre de l’essence, il répond « bouge pas » ;

il revient peu de temps après avec un bidon d’une dizaine de

litres à moitié plein, L.A.P fait une transfusion à son

réservoir, rend la consigne à son sauveur, lui demande

combien il lui doit, « rien du tout », L.A.P lui serre la

main en remerciant énergiquement.

L.A.P cède ses bouteilles au fil de la route, notamment dans

les stations d’essence, car les pompistes demandent

systématiquement s’il y a quelque chose à vendre. Les mecs

sont sympas, n’ayant pas besoin de beaucoup de dinars, L.A.P

vend les bouteilles 200 dinars en faisant remarquer qu’il

leur fait une fleur, et que la prochaine fois, ce sera le

tarif syndical soit 300 dinars, la rareté du produit fait

que l’on peut demander ce qu’on veut en étant chien.

(L’accélérateur s’enfonce très

facilement sur les 404, c’est

pénible, car L.A.P ne peut pas

reposer le pied dessus, il

pallie le désagrément à l’aide

d’un Sandow accroché sous la

pédale.)

EXT.JOUR.

MOYEN : ADRAR

L.A.P va manger un ragoût chez Ramdann, celui-ci lui remplit

2 bidons d’eau de 10 litres, puis L.A.P va à la station

charger 250 litres d’essence.

93.

EXT.JOUR.

MOYEN : REGGANE

Il n’y a pas de gens en attente d’un convoi, L.A.P y va au

flanc comme s’il ne savait pas qu’il fallait passer en

groupe, les douaniers à la vue des tampons de ses différents

passages le laissent partir seul.

300 bornes plus loin, L.A.P s’arrête pour alimenter le

réservoir, il est surpris d’entendre du bruit en ouvrant le

bouchon, il tend l’oreille, l’essence est en train de

bouillir, impossible de savoir si la cause en est la chaleur

ambiante ou le frottement du fond du réservoir sur le sable

brûlant, L.A.P se fait du souci, ayant peur que cette

évaporation ne diminue son autonomie en combustible. Il est

difficile, vu les différents terrains traversés de faire un

calcul de consommation, au résultat, à l’usage, il ne semble

pas que la perte par évaporation soit très importante.

EXT.JOUR.

MOYEN :FRONTIÈRE MALIENNE

Passage toujours cool,

EXT.JOUR.

MOYEN :30 OU 40 BORNES APRÈS ANÉFIS

Crevaison, L.A.P est en train de resserrer la roue, quand,

derrière lui, il entend un vigoureux « bonjour », lorsqu’il

s’est arrêté, il n’y avait rien à tous les horizons alors

que les alentours sont plats comme la main, et maintenant,

un Peul* qui traverse d’Est en Ouest le salue ainsi, L.A.P

lui rend son salut en essayant de ne pas avoir l’air trop

estomaqué ; Il est vêtu d’une courte tunique, d’un saroual

(large pantalon) et porte une guerba* moitié plate sur le

dos, il ne s’arrête pas pour discuter, et continue son

chemin d’un pas allègre.

EXT.JOUR.

MOYEN :AUX ALENTOURS DE LA MARKOUBA

Des jeunes Tamasheks lui font signe de s’arrêter, (ce que

tout le monde fait religieusement dans ces régions

désolées), plus pour faire la manche qu’autre chose, L.A.P

leur donne de l’eau, sans que cela ait l’air de leur faire

très plaisir, mais L.A.P n’a que du matos de première

nécessité dont il ne peut se défaire.....

94.

EXT.JOUR.

MOYEN :40 BORNES AVANT GAO

L.A.P retrouve facilement le petit monticule aux vestiges

archéologiques, bien qu’il soit peu surélevé, dans la

platitude du panorama, il est parfaitement repérable, il y

trouve des tessons de poteries décorés de dessins

géométriques réguliers, la tranche de la cassure est brun

clair avec une épaisseur gris foncé au milieu, L.A.P ramasse

un morceau d’os, ce dernier offre au toucher deux parties,

une froide, et l’autre chaude, tapant dessus avec la lame

d’un couteau, L.A.P s’aperçoit qu’une moitié est fossilisée,

l’autre pas. Il ne s’attarde pas, car ces trouvailles ne

sont pas extraordinaires.

EXT.JOUR.2 JOURS PLUS TARD

MOYEN : NIAMEY,

20 bornes après la sortie de la ville vers le Bénin, un

caillou pète le pare-brise qui se casse en milliers de

petits morceaux qui restent en place, L.A.P fait demi-tour

pour aller au marché des pièces d’occasion changer le

morceau, à l’entrée de l’agglomération, les flics l’arrêtent

et commencent à dire :

_ « Vous allez payer car vous roulez avec le pare-brise

cassé. »

_L.A.P : « Chut....écoutez, ça vient d’arriver ! » en

tendant le doigt vers le pare-brise, on l’entend encore

craquer, les flics doivent en convenir, et le laissent

passer.

Après la pose à la ficelle d’un pare-brise d’occase, L.A.P

reprend sa route.

De nuit, un troupeau de moutons ou chèvres dont on ne voit

que les yeux phosphorescents s’est approché de la piste, ce

défilé de lumignons dans l’obscurité totale est

impressionnant.

EXT.NUIT.

MOYEN : BÉNIN, L.A.P DORT AU CAMPING DE KANDI

Les chambres sont absolument sordides, des animaux de toutes

sortes et de toutes tailles sortent de la brousse proche et

viennent patrouiller le secteur, de plus, l’ampoule de 25

watts pendue au plafond ne permet pas de faire l’inspection

des lieux, L.A.P met son sac de couchage sur le matelas

crade et sans draps, écarte du mur de banko le lit en

ferraille pour éviter des visites intempestives, et en

écrase comme un sonneur.

95.

EXT.JOUR.

MOYEN : COTONOU

Du Bénin-palace, l’un des intermédiaires emmène L.A.P chez

une mama-Benz qui fait du business de tissus. Ils

tombent rapidement d’accord sur le prix et conviennent d’un

rendez-vous dans l’après-midi au Q.G pour régler l’affaire.

L’après-midi passe, personne, au soir, un type demande

L.A.P, l’air de se prendre très au sérieux, lui tend une

carte de visite en se disant le frère de la mama, il

l’excuse car elle ne peut venir, il faut que L.A.P

se présente à son bureau le lendemain matin pour conclure

la vente.

EXT.JOUR.

MOYEN : DANS LE BUREAU DU "FRÈRE"

Sa seigneurie fait patienter L.A.P, au bout de dix minutes,

ce dernier dit à la secrétaire qu’il s’en va, comme par

hasard, le précieux devient disponible, le fait entrer dans

son bureau et asseoir, demande la carte grise pour faire

rédiger l’acte de vente par son employée, et explique que le

prix convenu avec sa soeur n’est plus de mise, tend le dit

acte de vente à signer, la somme convenue amputée de 150.000

francs C.F.A = 460£.

L.A.P se lève, ôte le trombone qui tient la feuille

dactylographiée et la carte grise ; empoche cette dernière,

déchire de haut en bas le bel acte de vente tout neuf, en

lui disant qu’il ne sera jamais un homme d’affaire, que

quand on se met d’accord sur un prix, on s’y tient, que dans

les temps anciens, les chevaliers retournaient

volontairement chez l’ennemi quand ils n’avaient pu réunir

la totalité de leurs rançons pour se faire couper la tête,

et respecter ainsi la parole donnée ; sur ces bons mots, il

sort en claquant la porte.

EXT.JOUR.

MOYEN : PETIT RESTAURANT MALIEN

Comme tous les passeurs un peu secs, L.A.P va au petit

restaurant malien situé de l’autre côté de la rue, en face

du Bénin palace, ce n’est qu’une cahute de planches dans

laquelle, pour trois fois rien, on peut manger un plat. La

bouffe y a toujours un fort goût de détergeant, au début,

L.A.P suppose que, faute d’eau courante, les assiettes sont

mal rincées; il apprendra plus tard que les mamas, pour

évacuer les oeufs de mouches, lavent la viande à la lessive.

C’est pas tout ça, il faut que L.A.P largue vite fait mon

(CONTINUED)

CONTINUED: 96.

os.

Il branche Doudou, petit Malien sympa, intermédiaire au

Bénin palace et nettement plus intelligent que la moyenne de

cette engeance, lui dit qu’il a l’intention d’aller

prospecter à Porto-Novo, distant d’une soixantaine de

kilomètres vers le Nigeria, cette ville étant moins saturée

de voitures à vendre ; L.A.P préfère l’emmener et être

tranquille, lui filer une commission sur laquelle ils

s’entendent au préalable, plutôt qu’avoir des embrouilles

avec les mecs du cru, et donc la police de Porto-Novo.

EXT.JOUR.

MOYEN :PORTO-NOVO

Une demi-heure après être arrivé, la voiture est vendue

450.000 C.F.A = 1300£, ils s’arrachent illico en

taxi-brousse dans lequel L.A.P file sa com’ à Doudou, ce

dernier s’arrête avant Cotonou car il a une copine dans le

coin.

EXT.JOUR.

MOYEN :BÉNIN-PALACE

Un habitué dit à L.A.P qu’il a fourgué sa 504 break

complètement destroy 600.000 CFA, vérolée jusqu’à l’os au «

frère » de la mama-Benz, le connard n’a rien vu ! L.A.P est

désolé pour la gentille mama, car le frangin a dû vouloir

jouer au plus malin pour s’en mettre au passage une poignée

dans les fouilles.

INT.JOUR.

MOYEN : HÔTEL BABO

L.A.P fait connaissance avec deux Hollandais, Hans et Jöss,

pour ce dernier, c’est la première traversée, il a déjà

fourgué sa caisse en route, ils sont en train de discuter en

buvant une B.B (bonne Béninoise), quand un des fils du

Babo’s hôtel dit à Hans qu’il y a des nigérians intéressés

par sa 504, ils descendent.

EXT.JOUR.

MOYEN :EN BAS DE L’HÔTEL BABO

Trois mecs entourent une noire mince et élancée dans un

extraordinaire habit vert et jaune de grande prêtresse, elle

(CONTINUED)

CONTINUED: 97.

est coiffée d’une mitre comme en portent les évêques des

mêmes couleurs ; Hans, parlant parfaitement anglais, attaque

la discussion. L.A.P observe l’Eminence Noire, elle a un

charisme fabuleux, deux types s’occupent de la palabre, la

vestale devise tranquillement avec le troisième, les

problèmes bassement matériels n’ont pas l’air de la

concerner.

Quelques instants plus tard, Hans et ses interlocuteurs se

mettent d’accord, l’argent change de main, les types sortent

d’un sac des plaques minéralogiques et les fixent sur les

pare-chocs, tout le monde se salue.

INT.JOUR.

MOYEN : CHEZ UN MARCHAND D’UN PEU TOUT EN BAS DE L’HÔTEL

BABO

Ils achètent une bouteille de whisky et de la glace, puis,

remontent dans leurs piaules arroser la transaction.

(La combine du moment pour

rentrer à un prix raisonnable

en France consiste à acheter

la monnaie nigériane à Jonquet

ou à la frontière moitié moins

cher que la cote officielle,

et prendre une ligne régulière

à Lagos avec donc 50% de

réduction, ce qui donne (avec

le taxi-brousse à 10.000 C.F.A

par tête pour aller à

l’aéroport) un retour entre

2500 et 3000 francs français =

450£ selon le cours, ce qui

reste raisonnable.)

Il faut un visa pour passer au Nigeria, deux jours de délai.

Après avoir récupéré les passeports, ils louent un taxi, un

Français, Hans, Jöss et L.A.P, ils changent ensemble leur

argent pour avoir un meilleur taux.

EXT.JOUR.

LARGE: A LA FRONTIÈRE BÉNINOISE

Le chauffeur du taxi engage un peu le capot de la voiture

sous la barrière, un gendarme arrive, furieux, gueulant

comme un porc qu’on égorge, le conducteur semble terrorisé,

discuter n’y fait rien, le militaire se penche à la portière

et leur intime de descendre, car

(CONTINUED)

CONTINUED: 98.

LE GENDARME BÉNINOIS

«le véhicule est saisi par la

gendarmerie».

De la main, le chauffeur fait discrètement signe de ne pas

bouger, ce geste tranquille contraste étonnamment avec son

air affolé, il descend de la voiture, la polémique s’engage

; bakchich, le gendarme avec un sérieux extraordinaire

annonce officiellement que «

LE GENDARME BÉNONOIS

«le véhicule est déssaisi par la

gendarmerie».

EXT.JOUR.

LARGE: AUSSITÔT APRÈS, LA DOUANE NIGÉRIANE

« high speed », des gens passent à pied sur le côté de la

route du matériel de toute nature du Bénin vers le Nigéria,

et inversement ; cela à cinq ou dix mètres des douaniers

sans qu’ils semblent s’en apercevoir, un type tente de

passer avec un énorme rouleau de tissus sur la tête, juste

après la douane, côté nigérian, il est encadré par cinq gus

qui commencent à tirer sur le rouleau pour lui chouraver,

ils opèrent avec un naturel déroutant, tout se passe sans

bruit, sans une parole, le type résiste, alors, ils

commencent à le tabasser avec des bâtons, dix secondes plus

tard, le mec est en sang, détroussé, personne n’est

intervenu, il repart vers le Bénin, sans se plaindre, son

fatalisme est saisissant !

EXT.JOUR.

LARGE:

Les formalités accomplies, le taxi repart, barrages partout,

les militaires ont des mitraillettes Thomson de calibre 45

comme au temps de la Prohibition, de grands boucliers de

lames de bois tressées et des lances type Massaï.

EXT.JOUR.

LARGE:AÉROPORT DE LAGOS

Le chauffeur nous avait prévenus qu’il fallait sortir à

toute vitesse de la voiture car si elle stationne plus de

trente secondes, les flics qui pullulent devant l’entrée

matraquent le capot, nous nous extirpons de l’auto rapidos,

prenons les bagages dans le coffre, il démarre plein pot

sans même dire au revoir.

99.

INT.JOUR.

LARGE:DANS LE HALL DE L’AÉROPORT

Ils attendent l’affichage des destinations qui les

intéressent ; ils prennent des billets sans problème, le

cash est le seul mode de paiement accepté, ayant des

destinations différentes, les Hollandais sont les premiers à

partir.

Puis c’est le passage police-douane, il y a des coups de

gueule pour un rien, l’atmosphère est chargée d’électricité,

les passagers sont pressés et bousculés, les douaniers

refouillent les voyageurs avant la rampe conduisant à

l’avion, plus pour leur soutirer quelque chose que pour

découvrir d’éventuelles armes, le Nigeria est vraiment

craignos !

INT.JOUR.

LARGE:DANS L’AVION

Le Sahara est survolé durant deux heures, L.A.P se dit qu’il

faut être branque d’avoir traversé cette immensité, seul,

dans une bagnole à 600 balles.

_QUATRIÈME CHAPITRE_--------------------------------------

4/14 EXT.JOUR.

LARGE:DORDOGNE

L.A.P trouve une 404 berline nouveau modèle, boîte en H,

tableau de bord trois compteurs, légalisation de l’acte de

vente, descente.

EXT.LE SOIR.

MOYEN:ADRAR

L.A.P mange chez le père Ramdann, il y fait connaissance

avec un Français étrange, la cinquantaine qui connaît bien

les moeurs autochtones, et furète un peu partout en Algérie

durant sa descente, il lui montre de petits papiers qu’il a

été glaner à l’écart de la ville, ce sont des formules

magiques écrites en arabe exprimant des voeux et enterrées

dans des tessons de poteries à un endroit susceptible de

faire se réaliser les souhaits. Comme il est trop tard pour

passer la douane, ils s’écartent un peu de la ville afin de

dormir dans leurs voitures, cette agglomération absolument

déserte la nuit, et non éclairée, est sinistre.

100.

EXT.JOUR.MATIN

LARGE:

Le lendemain, L.A.P va remplir le fût de 200 litres qu’il

a mis à la place du siège arrière, deux vieux pneus en

guise de berceau.

EXT.JOUR.MATIN

LARGE:

Le douanier chargé de la fouille de sortie (toujours le même

depuis les premières incursions) ne visite plus que

symboliquement ce que L.A.P a dans l’auto, il lui demande,

l’air de pas y toucher, des «revues», doux euphémisme pour

désigner des livres et revues pornos, comme il n’est plus

regardant sur les pièces inscrites au carnet de devises,

L.A.P lui dit que la prochaine fois, il pensera à lui.

EXT.JOUR.

LARGE: REGGANE

Trois voitures attendent une quatrième pour faire convoi,

ils partent ensemble, pas d’incidents notables jusqu’à 90

bornes avant Anéfis.

EXT.LE SOIR.

LARGE:

Là, des convoyeurs algériens sont en train de désosser

fiévreusement une 404 immatriculée en France, il n’y a déjà

plus de phares, portières, feux arrières, pare-brise,

etc.... tout le monde se met à la curée, les sièges sont

enlevés, pour sa part, L.A.P prend le bloc portant les

pédales avec le servofrein ; les Algériens mettent la

voiture sur le flanc pour sortir plus vite moteur et boîte à

vitesses.

L’UN DES CONVOYEURS ALGÉRIENS

On se dépêche, les flics vont

arriver...

Apparemment, les transporteurs étaient là quand la Peugeot

d’un convoi est tombée en rade, les Français ont fermé leur

voiture à clé, comme sur les Champs Elysées, empruntant le

reste du convoi. Une fois tout ce beau monde disparu à

l’horizon, les Algériens se mirent à la besogne. Après

(CONTINUED)

CONTINUED: 101.

quelques menues autres ponctions, L.A.P dit aux copains

qu’il vaut mieux abandonner vite fait le dépecage car les

Algériens, connaissant bien le terrain, vont contourner le

poste d’Anéfis, par contre, eux, sont obligés d’y passer

pour avoir le tampon prouvant leur passage à ce gros village

Touareg.

EXT.LE SOIR.UNE HEURE ET DEMIE PLUS TARD, ANÉFIS

LARGE:

Les flics sont avec les Français, des jeunots, tous sur le

point de repartir avec les véhicules restants du convoi pour

aller chercher la voiture laissée en arrière, l’agent en

poste dit à L.A.P que ses collègues ont déjà acheté la 404

abandonnée sur la piste, la tronche qu’ils vont faire en

arrivant au carnage !!!

EXT.VERS LE LENDEMAIN, 16 HEURES.

LARGE:VINGT KILOMÈTRES AVANT GAO,

Ils croisent un vieux en scooter qui fait signe d’arrêter,

il remonte vers le Nord, un peu épaté, L.A.P s’arrête, les

autres continuent ; le type demande de l’eau, entre deux

gorgées, il dit remonter en France à travers le Sahara par

ce moyen hors du commun.

Il est couvert de furoncles, et conduit son engin sur une

fesse, ayant une énorme pustule sur l’autre, son short est

collé par le pus ; L.A.P lui explique qu’il n’a aucune

chance d’y parvenir avec son tromblon italien, que bientôt,

il va attaquer le sable mou, l’autre ne veut rien savoir,

dit être un ancien légionnaire que rien ne peut arrêter. Il

n’a qu’une besace de vivres, un petit jerrycan d’essence,

L.A.P insiste, lui redit qu’il a 1200 bornes à s’appuyer,

qu’il lui va falloir continuer 100 kilomètres plus loin avec

sa Vespa sur le dos car il n’aura plus d’essence, lui montre

la carte, rien à faire, ce barjot est indécrottable, et la

bière qui attend L.A.P bien fraîche à l’Atlantide..... L.A.P

lui laisse ses bidons de 10 litres d’eau à peine entamés, et

continue sur Gao.

INT.COMMISSARIAT DE GAO

MOYEN:

L.A.P retrouve les copains au commissariat de police, salue

Mambi, remplit sa copie comme un grand.

102.

INT.HÔTEL DE L’ATLANTIDE

MOYEN:

L.A.P s’en jette deux de 75 centilitres glacées dans le

cornet.

EXT.MARCHÉ AUX SOUVENIRS.

LARGE:

après avoir marchandé des pointes de flèches et haches

préhistoriques de silex, L.A.P s’interroge devant

l’hésitation du marchand à prendre la monnaie, il apprendra

plus tard la raison de cette circonspection : il tendait son

argent de la main gauche, celle utilisée en Afrique pour les

ablutions anales.

(L.A.P repart de Gao vers

Niamey,)

EXT.FRONTIÈRE BÉNINOISE.

LARGE:

Les douaniers toujours aussi speed, mais maintenant, L.A.P

les connait, ils font leur cinéma derrière leurs lunettes

miroir tels des tontons macoutes, mais quand ils ont « mangé

un peu », ils redeviennent calmes, ne pas se laisser

impressionner, et ça passe.

Le matin, L.A.P voit à deux reprises des caméléons finissant

de traverser la route, surpris, il n’a pas le temps de les

chopper.

L.A.P dort à l’infâme « camping » de Kandi, de bonne heure,

il va prendre un petit déjeuner sur la place où s’arrêtent

les taxis-brousse, café au lait, tartine de confiture et

margarine.

INT. SOIR

MOYEN:PARAKOU

Chez Nestor, cuite avec quelques passeurs de voitures que

L.A.P a, pour la plupart déjà aperçu au Bénin-palace.

103.

EXT.NUIT.

LARGE:APRÈS KOKORO

Un python de deux mètres venant de la brousse par la droite

traverse la piste juste devant la voiture, L.A.P braque à

droite en freinant sec, tire le frein à main, l’animal a

déjà la tronche dans les herbes du côté gauche de la route,

quand, lui sautant sur le râble, L.A.P l’attrape derrière la

tête, sa voiture s’arrête seule, un peu plus loin. Les

pythons que l’on voit en Europe sont mous ; quand ils

sortent de brousse, c’est un autre genre d’outil ! Celui-ci

se roule instantanément sur lui-même, L.A.P se retrouve avec

une énorme boule dure comme du boa**, un peu comme une balle

de tennis géante, la tête et la queue à l’intérieur, pas

moyen de le faire sortir de cette position, ni de le lever,

il pèse un âne mort, L.A.P le caresse, ses écailles sont

douces hélices**, rien à faire, il ne bronche pas, à croire

qu’il n’a pas confiance ! Finalement, L.A.P le roule dans la

végétation qui borde la piste car il ne sait pas quand il

sortira de sa position stratégique, et qu’il ne voudrait pas

qu’il se fasse cartonner.

Il faut dire qu’au fil du parcours, à partir de 50 bornes

après Bordj-Moktar, la végétation recommence à pointer le

museau, d’abord de petites touffes éparses d’herbe sèche et

jaunâtre, un épineux rabougri par-ci, puis deux par-là, le

Niger est un intermédiaire sahel-brousse ; à partir de la

frontière Béninoise, la végétation est souvent luxuriante.

EXT.JOUR.

LARGE:BOHICON

L.A.P se dit qu’un petit crochet par Abomey serait peut-être

intéressant car les passeurs, près d’arriver à Cotonou ne

pensent pas à essayer un autre débouché si près du

Bénin-palace.

EXT.JOUR.

LARGE:ABOMEY

L.A.P s’y fait un copain qui tient un petit restaurant près

du marché, Johnny. Expansif, trapu, une grosse bille ronde,

c’est un spécialiste en omelettes de toutes sortes, il a un

affreux roquet de chien rusé comme un fennec appelé Pilate,

quand il regarde L.A.P, ce dernier ne résiste pas au plaisir

de lui demander « à quoi tu penses, Pilate ? » ou quand il

court, « où tu fonces, Pilate ? », le soir, avec un autre

Français rencontré en cours de route, ils font une belote

(CONTINUED)

CONTINUED: 104.

africaine contre Johnny et un pote à lui ; la belote

africaine, c’est la belote française, à part qu’on a le

droit de tricher, mais pas de se faire prendre, l’enjeu : la

bouteille de whisky qui est là sur la table, déjà bien

entamée. Ils sont tous bourrés à la clé, car avant de manger

les fameuses omelettes, ils ont déjà largement pris l’apéro

et bu du rosé portugais pour pousser tout çà, il faut dire

qu’au Bénin l’alcool est trois ou quatre fois moins cher

qu’en France, il n’y a pratiquement pas de taxes sur les

importations, pas d’impôts à payer, quand vous ouvrez une

boutique, vous ne devez rien à personne, tout ce qui tombe

dans la caisse est pour vous ; ils sortent de chez Johnny

tard dans la nuit.

Ils ont élu domicile à la maison des jeunes travailleurs, la

journée de piaule (propre) est à 500 C.F.A (10 francs =

1,5£), L.A.P en sort le lendemain matin avec la bouche en

fond de cage à perroquet, il passe voir le père Johnny qui

se porte comme un charme, ce dernier a déjà fait son marché

et leur mitonne un ragoût de derrière les fagots, le temps

qu’il lui prépare le café au lait avec tartines, L.A.P va au

marché pour acheter de l’aspirine fabriquée au Nigeria, s’en

enfile deux avec le petit déjeuner, puis repart sur la

place, histoire de se dégourdir les jambes.

Toutes les mamas proposent leur articles en souriant, les

odeurs sont très fortes, les mouches sur la viande ne

dérangent personne, (au bout de quelque temps L.A.P n’y fera

plus attention non plus); un marchand de grigris a un

étalage incroyable d’animaux séchés, caméléons, têtes et

mains de singes, peaux de serpents, bottes d’épines de

porc-épic, amulettes de toutes sortes, pots contenant des

mixtures de toutes les couleurs ; de l’ensemble, se dégage

une puanteur insupportable! L.A.P lui achète une botte

d’aiguilles de porcs-épics après un sérieux marchandage, le

soleil est haut, L.A.P recommence à avoir faim, le mal de

tête s’est un peu estompé, il retourne chez Johnny casser la

graine.

INT.

MOYEN:CHEZ JOHNNY

(Pendant qu’ils grignotent

avec un doigt de rosé, un

Béninois costaud, la

trentaine, se pointe, il est

habillé d’un boubou de

cotonnade imprimée aux

couleurs vives avec chapeau

tronconique du même métal,)

(CONTINUED)

CONTINUED: 105.

L’ACHETEUR POTENTIEL

Vous désirez vendre votre véhicule

?

L.A.P

Si nous nous entendons sur le prix,

il n’y a pas de problème...

L’ACHETEUR POTENTIEL

Nous pouvons faire un tour pour

juger de l’état de la voiture ?

L.A.P

Pas de problème...

Il faut dire qu’elle fonctionne aussi bien qu’à sa sortie

des chaînes de montage de monsieur Peugeot 10 ans, et

200.000 kilomètres auparavant ; la chaîne de distribution

fait un petit solo, mais pour l’instant ce n’est qu’un léger

gratouillement ; en partant de France, elle chuchotait, et

des fois qu’elle se soit mise en colère en cours de route,

L.A.P a préféré en prendre une autre de secours, d’occase

soit, mais pas trop usée.

Ils tombent d’accord sur le prix, le type l’achète pour

faire le taxi en ville, il faut que L.A.P attende jusqu’au

lendemain pour qu’il puisse réunir le pognon, l’hôtel

n’étant pas cher, le restaurant de Johnny pas ruineux,

l’ambiance bonne, rien ne presse, banco.

L.A.P reste le lendemain sans nouvelles, ce n’est pas bon

car il a dit à d’autres clients que la voiture était vendue,

la parole en Afrique ne valant pas grand-chose, L.A.P

se demande si son acheteur ne veut pas lui faire un coup à

l’envers !

Enfin, il se pointe, mais accompagné, ce qui n’inspire pas

confiance à L.A.P...

L.A.P a eu le nez fin, le type en question est un mécano, et

bien que jeune, un fameux ; il connaît les Peugeot sur le

bout des doigts ! Bien qu’il ne la ramène pas, L.A.P sent

tout de suite qu’il va le contrarier, car, bien évidemment,

le client l’a amené pour trouver l’argument qui fera baisser

du prix convenu, il demande à faire un essai, L.A.P

s’exécute, ils font un petit tour de ville, reviennent, le

mécano appuie sur les ailes pour juger des suspensions,

passe sous la voiture et tapote la caisse pour voir si elle

n’est pas pourrie ou rafistolée au mastic, à sa demande,

L.A.P ouvre le capot, fais tourner le moteur, il s’exprime

sur le cliquettement de la chaîne de distribution, L.A.P lui

dit en avoir une de rechange, il demande à voir, la secoue à

son oreille pour juger de son état, il donne les trois coups

(CONTINUED)

CONTINUED: 106.

d’accélérateur rituels et va voir la couleur des gaz

d’échappement, L.A.P ne craint rien et est bien placé pour

savoir qu’elle ne consomme pas d’huile.

Le mécano fait son rapport à son client en dialecte pour que

L.A.P ne puisse pas comprendre, malgré cela, il saisit

"dynamo plus (+) de sûreté" fait celui qui n’a rien compris,

mais retient ce renseignement comme argument d’une vente

future, L.A.P attend serein.

L’ACHETEUR POTENTIEL

le client se tourne vers L.A.P et

lui dit que la chaîne de

distribution est foutue, qu’il faut

la remplacer, gnagnagna et

gnagnagna......

L.A.P

Pour la chaîne, je vous en fournis

une, la voiture est irréprochable,

d’ailleurs, nous avons déjà décidé

du prix, que si vous n’en

voulez plus, vous le dites, ce ne

sont pas les clients qui

manquent...

L’acheteur est visiblement contrarié par la fermeté

rencontrée, il voulait lui faire à l’africaine, mais

maintenant, L.A.P connait les cordages, il sait qu’il tient

le bon bout; il a fait 5000 kilomètres dont plus de 2000 de

désert et de piste pour amener ce magnifique engin en

parfait état de marche, ce n’est pas le moment de mollir!

L.A.P

(courtoisement, mais

fermement)

Je n’ai pas l’habitude de discuter

trois fois le prix, c’est oui ou

non...

Il verrouille les portes et retourne boire une "béninoise"

bien fraîche.

Après quelques palabres avec son auxiliaire, l’acheteur

revient chez Johnny pour payer, L.A.P tend la main,

l’acheteur sort un gros paquet de billets, L.A.P recompte,

empoche les coupures, paie une tournée générale, l’acquéreur

s’en va au volant de l’ex-berline de L.A.P ; bon, le voilà

riche et piéton, L.A.P finit l’après-midi à se torcher avec

Johnny et le collègue, le copain lui demande ce qu’il compte

faire, L.A.P lui explique comment remonter par Lagos, que

c’est actuellement le meilleur moyen de retourner en France,

comme il n’a pas eu de clients sérieux et que sa voiture

(CONTINUED)

CONTINUED: 107.

commence à être un peu trop connue dans le secteur, ils

décident de descendre sur Cotonou et partent le lendemain

matin.

INT.

MOYEN:BÉNIN PALACE

Une histoire marrante circule : il y a une grande forêt

entre Porto-Novo et le Nigeria appelée « la forêt des

voleurs » car elle sert de passage à tous les trafics

illicites entre ces deux pays, et des types s’y sont fait

prendre à essayer de passer un réacteur d’avion volé!!!

INT.JOUR.

MOYEN:AMBASSADE DU NIGERIA

Il faut une page vierge sur le passeport pour y mettre le

placard qu’est le visa, L.A.P essaye d’insister, mais le

sien est gavé, rien à faire, de plus, se faire refaire un

passeport au consulat Français prendrait trop longtemps.

INT.JOUR.

MOYEN:BÉNIN PALACE

L.A.P confie son embarras à un descendeur confirmé, ce

dernier lui dit qu’il suffit de prendre les nairas à

Jonquet, d’acheter à l’aéroport de Cotonou un billet

Cotonou-Lagos. A la descente de l’avion à Lagos, les agents

demandent « transit ou Lagos », dire « transit », descendre

les escaliers, aller dans une salle à gauche, attendre qu’il

n’y ait plus d’affichage de partances, à ce moment, les

douaniers et policiers s’esbignent de leurs guitounes, on

passe en zone nigériane prendre le billet, puis on revient

en transit, le tour est joué.

O.K, va pour le plan, L.A.P achète un magnum de Chivas pour

arroser sa prochaine visite à Paris, puis des nairas à

Jonquet, le billet à l’aéroport de Cotonou, et part en

avion.

INT.JOUR.

MOYEN:AÉROPORT DE LAGOS

Premier problo, un cordon sanitaire demande les carnets de

vaccination, sur le sien, le choléra est périmé!

(CONTINUED)

CONTINUED: 108.

L.A.P ne parle pas trop bien anglais, là, il ne m’exprime

qu’en Français, en désespoir de cause, les fonctionnaires le

font accompagner vers le chef de police, ils descendent un

grand escalier, traversent un hall que L.A.P pense être la

salle de transit, car s’y trouve l’affichage des départs, à

la sortie à droite, un large couloir, le cerbère dit à L.A.P

d’aller taper à la porte d’un bureau où deux de ses

collègues fonctionnent, et lui lâche les baskets.

A trois mètres du bureau, L.A.P se baisse, fait semblant de

regarder dans son sac, se retourne, son ange gardien repart

au cordon sanitaire sans le reluquer.

Demi-tour, direction la salle de transit, le coup est

rattrapé.

L.A.P attend, les affichages n’indiquant pas de départs

avant quelques temps, comme prévu, les douaniers et

policiers ripent les galoches, L.A.P passe les guichets vers

la zone nigériane où il attend en sirotant une « Trois

Couronnes », une demi-heure plus tard, toujours pas de

départ annoncé sur la France, un Européen pointe se

désaltérer, L.A.P engage la conversation avec son anglais

approximatif car son interlocuteur est Écossais.

Il travaille sur une plate-forme pétrolière, et retourne

chez lui. De fil en aiguille, s’étant mutuellement offert le

liquide brassé qui réjouit les coeurs, L.A.P lui révèle sa

combine, il le voit brusquement soucieux pour sa pomme,

quand il lui demande la raison de son tracas, il lui désigne

un black qui attend à l’écart, et dit

L’ÉCOSSAIS

« je suis en situation régulière,

et ce type est payé par ma

compagnie, uniquement pour

faciliter mon embarquement ».

Il lui propose d’en parler à son lubrificateur de passage,

L.A.P demande s’il est sûr de lui, il assure qu’il n’y a pas

de problème, c’est son métier, et s’il le balance, il sait

très bien qu’il sera viré, L.A.P lui donne le feu vert ;

l’Écossais appelle le black et lui casse le coup en anglais,

au fur et à mesure que ce dernier comprend la situation, il

vire au gris, L.A.P commence à s’inquiéter !

Le passeur se lance dans une longue et vigoureuse

explication que rapporte le copain car L.A.P n’a rien pigé.

Entre la couverture du passeport et la première page, il

préconise de mettre une liasse de nairas pour la police, et

après la dernière, la même somme pour la douane, le tout

correspondant à un peu plus que le prix d’un billet d’avion,

(CONTINUED)

CONTINUED: 109.

cela accompagné de la condition que ces messieurs daignent

accepter son offrande !

L.A.P réfléchit un peu, demande à l’Écossais s’il peut

garder quelques minutes son sac.

L.A.P a décidé de traiter le problème bille en tête :

L.A.P prépare plusieurs paquets de CFA de divers montants

dans ses diverses poches, puis se pointe au guichet de

police, montrant le bureau du chef plus loin derrière,

il dit au fonctionnaire qu’il doit aller parler au

responsable, le type un peu surpris lui donne le feu vert,

les douaniers n’émettent pas plus d’objection à son passage,

L.A.P fait un crochet de façon à ce que si le chef le voit

arriver par la vitre, il croira qu’il vient de la zone de

transit international.

L.A.P tape à la porte, salue, explique qu’il arrive de

Cotonou, qu’il doit aller rendre visite à son frère qui

travaille à l’ambassade de France, qu’il n’a pu obtenir de

visa car son passeport est saturé ; que faut-il faire pour

sortir ?

Le chef en civil, assis derrière son bureau dit quelques

mots à voix basse à un type en uniforme debout derrière lui,

ce dernier fait signe à L.A.P avec sa British badine de

venir discuter dans un angle du bureau : L.A.P doit donner

25.000 C.F.A, il répond qu’il ne lui en reste que 15000, il

faut qu’il en garde un peu pour le taxi qui le conduira à

l’ambassade, ils finissent par tomber d’accord sur 6500

C.F.A (130 ff= 20£), L.A.P sort l’oseille de la poche à

15.000, en compte 6.500 qui sont dirigés, ainsi que son

passeport vers le chef, qui prend un tampon, et, trouvant un

espace à peu près libre à la dernière page, en met un bon

coup, marque quelque chose dessus, et lui rend le passeport,

L.A.P lit « transit pass 48 h Cotonou », le problème est

résolu.

Repassant les guichets, avec son visa tout neuf, L.A.P

retourne voir l’Écossais et son bras cassé de pilote,

présente son autorisation temporaire et leur dit : « and

this, it is chicken ? », L.A.P pense que l’Écossais n’est

pas encore revenu du coup. L.A.P paie une tournée pour fêter

l’événement, le copain, ayant son avion annoncé s’arrache en

lui souhaitant bon voyage, L.A.P lui retourne son souhait.

Attendant son avion, un Nigérian demande à L.A.P s’il veut

acheter un billet à tarif réduit pour Paris, L.A.P demande à

voir l’objet, il lui tend le retour d’un

Paris-Lagos/Lagos-Paris au nom de « Herpin », L.A.P lui dit

que ce n’est pas son nom, l’autre lui répond qu’il n’y a pas

de problème, qu’il s’occupe de tout, le prix étant des deux

(CONTINUED)

CONTINUED: 110.

tiers du tarif normal, L.A.P est d’accord, mais ne paiera

dans la zone de transit qu’une fois passées police et

douane, le vendeur accepte. Il n’y a pas d’avion pour Paris

avant le lendemain, ils se donnent rencard avant l’heure

d’embarquement.

INT.JOUR. FIN DE MATINÉE

MOYEN:AÉROPORT DE LAGOS

Un colonel de légionnaires, 45 ans à vue d’oeil, à la

retraite se pointe au comptoir, ils discutent pour passer le

temps ; il raconte à L.A.P que, du temps où il opérait en

Mauritanie, il est tombé sur des sites extraordinaires,

notamment des forêts entières d’arbres fossilisés, des

secteurs couverts de silex taillés ; lors d’une halte

prolongée, ses hommes, pour se distraire ont fait des

dessins au charbon de bois sur les parois de grottes dans

lesquelles ils s’abritaient; bien plus tard, il en a

retrouvé des reproductions dans des livres traitant de

préhistoire qui donnaient pour authentiques ces délires

légionnairo-rupestres. Vers 13 heures, il embarque.

A plusieurs reprises, on aborde L.A.P pour lui proposer

l’hospitalité à l’extérieur de l’aérogare, probablement pour

lui faire la peau ; montrant son visa à la police et à la

douane, L.A.P demande à se replier dans la zone de transit,

ce qui lui est accordé, il y sera tranquille.

Le soir, il en sort, et ayant du coup des nairas de rab,

L.A.P va au restaurant de l’aéroport ; superbes couverts,

mais la bouffe pas géniale.

Le lendemain, comme convenu, son type se pointe, enregistre

le billet, le fait passer avec son sac ; une fois dans la

salle de transit, il devient nerveux, L.A.P lui dit de le

suivre dans les chiottes, ils s’y enferment, L.A.P sort

l’argent de son calbar, ce qui ne choque pas le vendeur

outre mesure, compte le prix convenu, le vendeur demande un

supplément pour la taxe d’aéroport, L.A.P l’envoie chez

Plumeau.

INT.JOUR.SOIR

MOYEN:AÉROPORT DE PARIS

L.A.P sort de l’aéroport sans anicroches.

Sa mère étant en vacances, L.A.P prend le train direct sur

Bergerac.

_Cinquième chapitre-------------------------------------

111.

5/14 EXT.JOUR.

LARGE:DORDOGNE.LALINDE

à la gendarmerie, L.A.P déclare son passeport perdu afin de

le garder en souvenir et de s’en faire établir un autre.

Après quelques orgies périgourdines, L.A.P décide de passer

voir la Mama en banlieue parisienne, un copain lui demande

de l’emmener, L.A.P prend le magnum de Chivas acheté à

Cotonou ;

EXT.JOUR.

LARGE :À ÉPINAY, AU BAS DE L’IMMEUBLE

L.A.P gare la voiture, prend son sac, au quatrième, il pose

le bagage devant la porte, sonne, sa mère ouvre, il s’avance

pour l’embrasser, le copain prend le sac, lui fait faire 50

centimètres, le pose... et casse la bouteille...

EXT.JOUR.

LARGE:DORDOGNE

Le nouvel appareil à dévorer du kilomètre à qui L.A.P se

propose de faire voir du pays est encore une 404, un vieux

modèle avec un seul compteur et vieille boîte, mais comme on

la lui donne, il ne demande pas la monnaie.

Ce coup-ci, comptant sur son douanier algérien lubrique,

L.A.P va descendre un maximum de matériel : il charge des

crémaillères de direction, des démarreurs, des dynamos,

enfin, toutes les pièces détachées de 404 sur lesquelles il

peut mettre la main.

L.A.P trouve une combine dont il n’est pas peu fier, pour ne

pas transvaser l’essence du fût au réservoir en siphonnant,

il perce le gros bouchon fermant le bidon de 200 litres,

fais passer, et braser à travers un petit tube de métal. Le

but du jeu est, qu’une fois le réservoir de la voiture vide,

il relie avec un tuyau souple la pompe à essence directement

au tonneau, il prolonge le bout de tube en fer donnant à

l’intérieur du baril par un tuyau de plastique lesté d’un

boulon pour aller au fond, ainsi son deuxième réservoir sera

de 200 litres, pas de siphonage, de manipulations ni

d’évaporation... la perfection!!!!!

112.

EXT.JOUR.

MOYEN : BERGERAC

Regardant le prix des bouquins pornos, L.A.P est horrifié

par le coût exorbitant de la luxure, il fait l’impasse.

EXT.JOUR.

MOYEN : SUR LES ROUTES FRANÇAISES

Quand il traverse les villes, L.A.P cherche sur les

poubelles des paquets de revues style « Jours de France,

Paris-Match etc....», les gens en font souvent des piles

soigneusement ficelées, il n’y a qu’à descendre de la

voiture et les balancer dans le coffre arrière, son plan est

qu’arrivé à la douane d’Adrar, il tendra les revues à son

douanier libidineux d’un air innocent, ce dernier ne pourra

pas mettre les choses à plat en lui disant qu’il voulait des

bouquins pornos.

EXT.JOUR.

LARGE : ESPAGNE

Plutôt que faire Algesiras-Ceuta, L.A.P continue de passer

par Alméria-Mélilla, l’économie kilométrique de trois cent

bornes, et d’une demi-journée de conduite compensent

largement la différence de prix du billet ; de plus, la

traversée prenant une nuit, il peut prendre des douches et

se raser, ce qu’il ne peut refaire en principe qu’à Tessalit

avec un seau d’eau douteuse.

EXT.JOUR.

LARGE : DOUANE ALGÉRIENNE

Il lui faut tout déclarer comme d’habitude, L.A.P ne se fait

pas de soucis de ce côté, un douanier lui demandant l’air de

rien s’il aurait des « revues », pour rigoler, il lui répond

oui, l’oeil du fonctionnaire s’allume, L.A.P ne sait pas si

c’est la joie de coincer un passeur d’ouvrages illicites, ou

celle de mettre la main sur cette si rare littérature ; avec

le plus grand sérieux du monde, L.A.P lui montre les

Paris-Match et autres, consternation, comme il ne bronche

pas, et garde son air tranquille, le fonctionnaire lui dit «

c’est bon.», L.A.P lui en donne deux ou trois, ce qui est

tout de même un beau cadeau, car ces publications sont rares

et chères dans le secteur....

113.

EXT.JOUR.

LARGE : TLEMCEN,

L.A.P s’arrête sur la place principale, il est immédiatement

abordé par des amateurs de pièces de 404, il vend tout en

deux coups de cuillère à pot, pour voir si les gens du coin

sont honnêtes, il laisse un type partir avec un démarreur

afin qu’il l’essaie, et revienne le payer ou le rendre, dix

minutes plus tard, le client est de retour avec les 300

dinars convenus.

INT.JOUR. DÉBUT D’APRÈS-MIDI

MOYEN : AÏN-SEFRA, RESTAURANT

Chez lequel L.A.P mange régulièrement, après s’être

restauré, et avoir discuté avec son hôte, l’après-midi est

bien avancée, il est invité à prendre l’apéro dans l’arrière

boutique, ils tortillent les trois-quarts d’une bouteille de

Ricard qui restaient à L.A.P et il vend du Whisky mais

laisse l’argent en dépôt car, ayant vendu des pièces

mécaniques, il a bien assez de dinars.

Khada (le restaurateur) est un pète-sec, mais visiblement,

il est content que L.A.P passe le voir, ils se prennent

souvent de bec, mais se respectent.

En partant, il insiste pour laisser son numéro de téléphone

à L.A.P, pour lui faire plaisir, ce dernier prend le bout de

papier qu’il lui tend, et le balance dans la boîte à gants.

EXT.JOUR.

LARGE : ADRAR

Bonjour à Ramdann, pleins d’eau et d’essence, et

décontracté, L.A.P se pointe à la douane sans une seule des

pièces de rechange marquées dans le carnet de devises, il en

fait exprès pour savoir jusqu’où il peut mouiller le

douanier.

INT.JOUR.

MOYEN : DOUANE

Déception, L.A.P ne voit pas son douanier, première fois

qu’il n’est pas à son poste !

C’est un type en civil qui lui demande le carnet de devises,

il explique qu’il a été déplacé de Oran à Adrar pour faire

(CONTINUED)

CONTINUED: 114.

cesser tous les trafics, (apparemment, il n’est pas ravi de

cette promotion, et ça le rend teigneux, le bougre!)

Quand il voit le grand vide dans le coffre et les cinq

lignes de matos inscrit sur le carnet de devises, il fait

les pieds au mur !

Ils reviennent au poste, le grincheux lui pique passeport,

carte grise, pognon, clés de voiture, le gratifie d’une

amende de mille dinars, plus l’estimation à venir des pièces

vendues ( il en dit le prix, L.A.P n’a pas vendu cher !!!!)

multipliée par deux, le tout assorti de la feuille de change

certifiant que la prune a été payée avec des francs changés

officiellement, la voiture est également saisie ; Ayant

changé officiellement 200 francs = 30£ à l’entrée du

territoire, il est plus qu’évident que L.A.P a trafiqué, il

a traversé l’Algérie, mangé, chargé trois cent litres

d’essence, et avait 500 dinars en poche conservés pour le

prochain passage.

Le gabelou confisque tout le bon pognon, L.A.P sollicite de

quoi manger, payer l’hôtel et téléphoner pour pouvoir

appeler en France et se faire ainsi envoyer de l’argent,

royal, l’affreux lui vote 20 de ses dinars. Le reste de ses

diverses espèces est mis dans une enveloppe fermée et

tamponnée, il lui en donne un reçu.

L.A.P demande à prendre des affaires personnelles, le

fonctionnaire l’accompagne à sa voiture, lui ouvre la

portière et le surveille étroitement, la seule chose qui

intéresse vraiment L.A.P est ce petit bout de papier jeté

négligemment dans la boîte à gants à Aïn-Sefra, L.A.P

parvient à l’attraper discrètement, prend quelques affaires

de toilettes pour donner le change, remercie ; le lascar est

sec, mais correct, c’est L.A.P qui a fait le con, il n’y a

pas de doutes !

L.A.P quitte la douane pas trop fiérot,

EXT.FIN D’APRÈS MIDI.

LARGE : GRAND-PLACE D’ADRAR

à la Poste, les guichets sont fermés, mais dans le Sud,

comme il n’y a rien à faire, les gens ne sont pas chiens sur

les horaires, L.A.P tape au carreau, dit au préposé qu’il

doit absolument téléphoner à Aïn-Sefra.

115.

INT.FIN D’APRÈS MIDI.

MOYEN : DANS LA POSTE

Le préposé lui ouvre la porte, lui désigne une cabine,

retourne à ses occupations. Aussitôt que Khada reconnaît sa

voix, il s’exclame : « toi, tu as encore fait le con ! »

L.A.P lui raconte le topo, il lui recommande : «va voir de

ma part un certain X qui tient tel commerce à Adrar, et

raconte-lui tout ; si la chose est faisable, il te sortira

de l’embrouille », L.A.P le remercie et part chercher le

certain X.

EXT.FIN D’APRÈS MIDI.

LARGE : GRAND-PLACE D’ADRAR

Ce n’est pas une chose très difficile que de le trouver vu

son commerce donnant sur cette place. L.A.P lui résume

l’histoire, il lui demande de le suivre, ferme la boutique,

et ils vont chez lui.

INT.FIN D’APRÈS MIDI.

MOYEN : CHEZ X LE COPAIN DE KHADA

L.A.P , plutôt tendu, le prie d’agir rapidement avant que le

rapport ne sorte de la douane d’Adrar, il lui est répondu

que l’on ne peut pas aller sur-le-champ chez la personne

susceptible d’intervenir, il faut être très discret car

l’affaire est chaude! Il propose de commencer par manger un

bon couscous en attendant l’heure idoine, ce qu’ils font en

discutant de choses et d’autres.

Tard dans la nuit, ils vont dans son auto par les rues

sombres et totalement désertes, X s’arrête, L.A.P doit

l’attendre dans sa voiture. Une bonne demi-heure passe, il

revient, le type qu’il a contacté est bien placé et a eu un

rapport de son coup d’éclat.

X

Embraie d’entrée :

tes bières, tu fais une croix

dessus, (deux packs de 24) de plus,

il faudrait que tu trouves deux

bouteilles de whisky.

L.A.P

c’est tout ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 116.

X lui répond que de toutes façons, le type le sort de

l’embrouille car il vient de la part de son pote d’Aïn-Sefra

et de la sienne, ce qu’il demande n’est qu’un geste de

remerciement, pas un bakchich.

L.A.P

ça ne doit pas poser de problème.

X est un peu étonné, car le whisky est une denrée rare dans

l’extrême Sud algérien.

Ils retournent chez X, L.A.P file à pince, directement chez

le père Ramdann, il est très tard, mais L.A.P sait qu’il

habite au-dessus de son restaurant, à force de tambouriner à

la porte, Ramdann finit par ouvrir, L.A.P lui raconte le

coup de la douane et lui demande s’il peut lui prêter deux

bouteilles de Johnny Walker, Ramdann le fait entrer, cinq

minutes après, il descend avec les deux clés de la

désincarcération.

L.A.P

_ «Je ne pourrais te les rendre

qu’à ma prochaine descente »

RAMDANN

« Te casses pas la tête »

L.A.P lui dit qu’il lui sauve la mise et lui serrant la

main, «à bientôt».

Retour chez le négociateur, en voyant les deux biberons

arriver si rapidement, bien qu’étonné, il est satisfait du

bon déroulement de l’opération.

Ils retournent à l’adresse du sauveur inconnu, X se fond

dans le noir avec les deux boutanches de distillats. Une

dizaine de minutes plus tard, il est de retour les mains

vides.

(De retour à la maison)

X

« demain, tu vas à la douane, tu te

fais engueuler, tu ne la ramènes

pas, tu laisses : 1r passer

l’orage, 2r tes bouteilles de

bière, le reste ira tout seul ».

L.A.P dort chez lui ; le lendemain matin, café au lait, puis

son hôte lui souhaite bonne chance, L.A.P lui demande de

remercier pour lui le copain d’Aïn-Sefra, puis trisse.

L.A.P fait un détour pour saluer Ramdann, et lui dire que

s’il ne le revoit pas, c’est que les choses se sont bien

passées, salut mon frère !

117.

INT.JOUR.

MOYEN :DOUANE

Le petit douanier en civil est là, L.A.P n’a pas besoin de

se forcer beaucoup pour avoir l’air penaud ! L’autre est

furax, (à sa place, on le serait aussi), il dit à L.A.P,

qu’exceptionnellement

LE PETIT DOUANIER EN CIVIL

La douane vous fait une fleur, mais

la prochaine fois, même s’il ne

manque qu’une boîte d’allumettes,

vous n’y couperez pas.

Le fonctionnaire lui rend ses papiers, le peu d’argent

français qui lui reste, lui dit que les devises algériennes

ne devant pas quitter le territoire, il les garde au coffre,

à son prochain passage, L.A.P devra présenter le reçu dont

il le gratifie, on lui restituera son pécule, L.A.P lui

répond qu’il n’en doute pas un instant (ce qui est vrai),

demande où il doit mettre les bières, le gabelou lui désigne

du bout des lèvres un recoin, L.A.P fait la livraison,

et...il... s’arrache........................... !!!!!

L’homme est ainsi fait qu’il n’est jamais satisfait,

aussitôt délivré, L.A.P regrette de ne pas avoir une petite

douzaine de bières pour traverser le Sahara ; il a, à ce

propos, trouvé une bonne combine : emmailloter une 25cl dans

un chiffon mouillé, la coincer goulot en bas dans la banane

du pare-chocs avant, avec l’évaporation hors du commun dans

le secteur, dix minutes plus tard, la bouteille est

quasiment glacée, le chiffon tout sec, prêt à resservir, les

plus forts bonds de la voiture n’ont jamais sorti les

canettes de leur logement, et L.A.P en a pourtant traité un

sacré paquet de cette façon!

Aussitôt que le moteur hoquette par manque d’essence, L.A.P

stoppe, débranche et bouche la durit provenant du réservoir

avec un boulon de diamètre approprié pour que le sable

n’entre pas à l’intérieur, dispose le gros bouchon percé du

tuyau de fer sur le fût, installe le tuyau souple prévu pour

relier le bidon et la pompe à essence, avec la chaleur, le

carburant est toujours sous pression dans les réservoirs, le

système fonctionne comme sur des roulettes !!!

Au milieu du désert, L.A.P fait une halte, trouve une vipère

à cornes, morte, elle a été butée il n’y a pas longtemps, le

sang est encore frais, ce n’est vraiment pas un animal

sympathique, une soixantaine de centimètres de long, la

queue qui se termine en boudin, deux excroissances derrière

une grosse tête (d’où son nom).

(CONTINUED)

CONTINUED: 118.

Une histoire circule à Gao à propos d’un serpent de cette

espèce : Un patron de camion transsaharien se fait mordre

par l’une d’elles ; en principe, on en meurt dans l’heure

qui suit, le mec ne s’affole pas, dit à ses graisseurs de

lui préparer du thé, s’adosse à une roue du camion sur une

natte, et boit tranquillement ce qu’il pense être son

dernier verre, un jour passe, puis deux (pendant lesquels il

est malade comme un chien), à la fin du troisième jour, il

recommence à émerger, et s’en sort définitivement.

La boîte à vitesses ancien modèle n’est pas pratique,

surtout quand il faut rétrograder en catastrophe dans les

plaques de fech-fech.

Vingt bornes après Aguelhok, un type à pied en uniforme

demande à L.A.P de l’emmener un peu plus loin, c’est un

garde-chasse armé d’un vieux 12 Simplex de la manufacture de

St Etienne, chemin faisant, il propose à L.A.P des dents

d’hippopotame, L.A.P lui répond qu’il n’a pas une tune à

investir dans ce genre d’objet, comme il n’en veut que 5000

francs maliens (50 ff = 7,5£), L.A.P demande à voir,

quelques dizaine de kilomètres après, il demande de tourner

à droite, il n’y a plus de piste, plus de traces, mais le

terrain est assez consistant, ils roulent un peu, et

arrivent à une cabane esseulée dans laquelle vivent ses

femmes et enfants, après avoir dit bonjour à tous,

il montre les objets, ils font affaire.

Roulant de nuit sur une portion surélevée permettant de

circuler quand la piste est inondée, L.A.P voit sur la

droite, monter une fusée rouge dans le ciel, aussitôt, il

s’arrête, tourne la voiture dans la direction d’où venait ce

qui doit être un appel "au secours" et fait des appels de

phares, rien, pas un signe, L.A.P attend une dizaine de

minutes, laissant les phares allumés, pas de réactions,

lui vient soudain une très mauvaise sensation, L.A.P a les

poils qui se hérissent, il réalise que le coin est

complètement paumé, idéal pour un traquenard, il repart

rapidos.

GAO, NIAMEY, PUIS LE BÉNIN,

L.A.P est encore à sec d’argent, il décide de passer à

Abomey pour dire bonjour au père Johnny et y renifler la

température.

119.

EXT.JOUR.

LARGE :BOHICON,

L.A.P croise Cécile, garçon sympa et intelligent avec qui il

avait déjà discuté de vente d’autos plus au Nord à Glazoué

lors d’une précédente descente ; Cécile est intermédiaire,

il a 25 ou 30 ans, grand, mince, les yeux proéminents, il

présente Bernard qui doit avoir 10 ans de plus comme son «

second », c’est à dire apprenti ou lieutenant, celui-ci a

l’air franc comme un âne qui recule !

Ils discutent de sa commission éventuelle, il est beaucoup

moins gourmand que ses collègues de Cotonou qui demandent

jusqu’à 10 %. Quand ils vous amènent directement chez un

client qui achète bien et vite ; vu ce que coûte l’hôtel,

c’est rentable, mais souvent, ce sont des branleurs qui se

font balader à l’oeil et cherchent les clients au hasard en

cours de route.

Intermédiaire est un vrai boulot, il faut se faire une

clientèle d’acheteurs sérieux, ayant du cash en permanence à

la maison, quand ils amènent un vendeur, l’affaire ne doit

pas traîner : visite de l’objet, entente sur le prix, papier

de vente ou pas, compter oseille, donner carte grise, et au

revoir. Souvent, il doit bousculer l’acheteur car celui-ci a

du mal à sortir l’artiche. Il risque également de se faire

court-circuiter par un propriétaire de voiture indélicat,

qui, faisant semblant de ne pas accepter le prix, revient

plus tard en douce chez le client; d’autres fois, l’affaire

conclue, les vendeurs se font tirer l’oreille pour régler la

commission, les Africains ne sont pas les seuls à faire des

embrouilles !

Ils entament la tournée d’éventuels acheteurs ; aux coins

des rues, il y a souvent des fétiches, sortes de masses

tronconiques aux sommets arrondis sur lesquelles des plumes,

morceaux de tissus, et d’autres choses indéfinissables

engluée par le sang des poulets et autres animaux égorgés au

cours des divers sacrifices, une tôle ondulée protège

l’idole des outrages de la pluie ; Bernard demande à ce

qu’ils l’amènent chez sa femme, il y reste 2 minutes, puis,

ils repartent en prospection. L.A.P se tournant vers

l’arrière pour effectuer une manoeuvre, croise le regard

fuyant du « second », il se dit « cet emplâtré m’a fait un

coup à l’envers », L.A.P réfléchit à ce qu’il trimbale

derrière, un sac en peau de chameau avec des affaires

minables, son couchage, les dents d’hippo, quelques

souvenirs, ce doit être ça..... L.A.P arrête la voiture,

fouille son bagage dans lequel manque un joli petit éléphant

en "ébène presque véritable" acheté à Niamey.

120.

EXT.JOUR.

moyen : L.A.P remonte dans la voiture

L.A.P

« ton second m’a volé une

statuette».

Cécile se retourne vers le Bernard, celui-ci nie tout ce

qu’il peut, mais ne trompe personne.

L.A.P

L.A.P demande à Cécile qu’est-ce

qu’on fait?

( ce dernier est visiblement

enquiquiné,)

L.A.P

« bon, on va à la police »,

L.A.P prend un chemin un peu long pour y aller, car moins on

voit les flics en Afrique, mieux on se porte, ce con de

Bernard ne bronche pas, merde! Pour ralentir le mouvement et

laisser Cécile le convaincre, car L.A.P ne va pas lâcher le

morceau, quoi qu’il lui en coûte.

L.A.P s’arrête à une station-service prendre de l’essence

(dont il n’a pas un besoin urgent)

L.A.P en prend pour 1000 C.F.A (20 francs français = 3£, ce

qui ne choque personne en Afrique), il ne lui reste plus que

2000 francs CFA (quarante francs), même pas de quoi aller à

Cotonou !

Une fois l’essence réglée, L.A.P redémarre, Bernard lui dit

« toi, tu es trop fort », mais L.A.P n’a pas envie de

rigoler, il lui répond : « et toi tu es un adjoton (voleur

en béninois) », L.A.P retourne chez la femme de Bernard, il

descend, revient avec l’éléphant, L.A.P le lui prend des

mains

L.A.P

_ « Tu ne remonteras plus jamais

dans une de mes voitures »

( et le plante là.)

Ils repartent avec le père Cécile draguer l’acheteur vers

Abomey, deux adresses plus tard, ils font affaire, L.A.P

demande à l’acquéreur de les laisser chez Johnny.

L.A.P paie la tournée générale, donne son dû à Cécile qui ne

tarde pas à riper les galoches sur Glazoué, laissant L.A.P

avec son restaurateur aboméyen préféré, le soir ils cassent

(CONTINUED)

CONTINUED: 121.

la croûte, puis une bonne belote africaine (perdants ou

gagnant, c’est toujours l’européen qui paie), cuite, dormir

à la maison des jeunes travailleurs.

Après un petit déjeuner chez lou Johnny, L.A.P va visiter le

musée d’Abomey qui est le palais du grand roi Béhanzin dont

les murs sont ocre rouge, le guide indique que cette couleur

provient du liant utilisé : le sang des ennemis vaincus et

sacrifiés, pour L.A.P, c’est dû à ce qu’il doit être fait en

latérite, mais laissons la légende impressionner les foules

ébahies....... Le siège du roi est posé sur les crânes de 4

chefs ennemis vaincus. Des artisans vendent des « Toiles

d’Abomey » faites de découpes de tissus aux couleurs vives

figurant les phases importantes de l’empire des rois du

royaume d’Abomey, notamment, de l’arrivée des premiers

portugais sur de grands voiliers.

Après la visite, L.A.P passe dire au revoir à lou Johnny,

retour à Bohicon, train pour Cotonou, ambassade du Nigeria

pour le visa, le surlendemain, départ en taxi pour prendre

l’avion à Lagos avec un couple de Hollandais dont la femme

cache l’argent dans sa culotte et un compatriote, changer

des nairas au marché noir, passage des frontières, aéroport.

INT.JOUR.

MOYEN: AÉROPORT DE LAGOS

Au dernier contrôle avant de pénétrer dans l’avion, un

douanier, avec un geste d’une rapidité inouïe, tire sur le

cordon de la petite sacoche touareg que L.A.P porte autour

du cou, et dans laquelle il avait placé son argent, (il la

croyait invisible car très plate), et commence à extirper sa

fortune !

L.A.P la couvre aussitôt la main de l’indélicat avec la

sienne pour coincer les billets, le fonctionnaire appelle

ses collègues à la rescousse, 4 de ceux-ci saisissent L.A.P

par les ailes, le soulèvent, et veulent l’écarter des autres

passagers pour pouvoir le soulager plus discrètement.

Heureusement, L.A.P est au milieu d’un groupe de mama-Benz

(appelées ainsi pour leur côté confortable (dépassant le

quintal) selon les critères africains) partant acheter du

tissu en Hollande. Elles bloquent le groupe de rapteurs, et

commencent à les assaisonner à coups de sacs à main en

vociférant:

LES MAMAS-BENZ

« It’s his money !!!!! »

Chaque mama pesant, au minimum, le double d’un gabelou,

ceux-ci ne tardent pas à lâcher L.A.P, lui et les mamas

(CONTINUED)

CONTINUED: 122.

repartent rapidement vers l’avion, L.A.P, les remerciant

vigoureusement.

L.A.P, discutant un jour avec un type ayant vécu la

situation, l’affaire se règle ainsi : une fois le billet

enregistré, si les douaniers vous choppent avec de l’argent,

ils vous retiennent sous un prétexte quelconque :

vérification des billets, de feuilles de devises (que

personne ne remplit avec la somme réelle qu’il possède de

peur de se faire dépouiller par les fonctionnaires), que

sais-je... le principal étant de vous retarder, au bout d’un

certain temps, l’avion part sans vous, vous avez perdu votre

billet, vos bagages qui sont dans la soute de l’appareil qui

est déjà loin, s’ils consentent à vous relâcher, c’est

seulement moyennant une large ponction monétaire, il faut

alors repasser douane et police, revenir dans la zone

internationale, changer des nairas pour reprendre un autre

billet, et ces chiens de gabelous jouent là dessus. De plus,

vous n’avez plus d’argent acheté au black et il faut changer

plein pot, c’est la galère !

En général, l’affaire est vite bâclée, le voyageur reprend

ce qu’on veut bien lui laisser, et repart la queue entre les

jambes. Le Nigeria est le pays des braquages à tous les

étages.

Au Bénin-Palace, un Africain lui a raconté que, se trouvant

dans un taxi-brousse un peu tard le soir sur la route de

Lagos-Cotonou, son taxi s’était fait coincer à la mode

nigériane. Cela consiste, le soir tombant, (la nuit, au

Nigeria, en principe, personne ne se hasarde sur les routes)

à tendre en travers de la voie un câble d’acier entre deux

camions dont les freins ne sont pas trop serrés, le taxi

roulant trop vite pour apercevoir à temps l’obstacle, se

prend dedans, les camions absorbant le choc jusqu’à l’arrêt

total du véhicule. Aussitôt, les bandits sautent sur les

passagers, les tuent ou les dépouillent intégralement, ne

leur laissant que leurs sous-vêtements quand ils en ont ;

lui, s’étant retrouvé dans ce cas, et en slip, demanda à

l’un de ses détrousseurs de lui laisser 5000 francs C.F.A

pour pouvoir rejoindre Cotonou, ce que l’autre, grand

seigneur, lui accorda.

_Sixième chapitre_------------------------------------

6/14 EXT.JOUR.

LARGE:DORDOGNE.

L.A.P achète un break 404 bronze métallisé nouveau modèle à

des Hollandais qui habitent une vieille maison dans un

village proche de chez lui, 2000 francs après discussion, çà

(CONTINUED)

CONTINUED: 123.

lui va, ils vont à la mairie du patelin faire certifier la

vente, vu la tête de la secrétaire, c’est une formalité qui

n’est pas souvent sollicitée!

L.A.P charge trois fûts de 200 litres, car l’essence se vend

très bien à Gao, plus des pièces Peugeot.

Un nouveau crayon à bille magique est apparu sur le marché,

il est prodigieux en ce sens qu’il dispose d’une gomme qui

efface l’encre, L.A.P décide d’en faire bénéficier le carnet

de devises algériennes.

EXT.JOUR.

LARGE:EN ESPAGNE,

L.A.P achète des melons et des pastèques, au fur et à mesure

de ses consommations, il en garde les pépins, car, ayant

repéré une petite zone d’herbe pelée avec des courges

rachitiques entre Bordj-Moktar et la frontière Malienne, il

projette d’y semer ces graines, si ça marche, tant mieux,

sinon, le coût de l’opération n’aura pas été excessif !

EXT.JOUR.

LARGE:ALMÉRIA-MÉLILLA

L.A.P case 4 bouteilles de Whisky dans les portières comme

d’hab, plus deux bouteilles d’anisette, il en met une

devant, une dans le coffre, on verra bien si çà passe !

EXT.JOUR.

LARGE:OUJDA

Douane algérienne sitôt passée, L.A.P entreprend d’effacer

les pièces mécaniques qu’il avait inscrites sur le carnet de

devises avant que l’encre ne sèche trop. Consternation, le

papier, de très mauvaise qualité, s’arrache à l’endroit où

il passe la gomme, de plus, le document, teinté en jaune

devient beaucoup plus clair à l’endroit où l’écriture à été

effacée, L.A.P fait au mieux en limitant les dégâts au

maximum.

En cours de route, L.A.P vend une bouteille de whisky et une

bouteille de Ricard 300 dinars chacune, il lui faut des

ronds pour inaugurer l’achat de pièces neuves Peugeot et

Berliet qu’il larguera à Gao.

L.A.P vend des pièces dans un garage, en demande d’autres de

(CONTINUED)

CONTINUED: 124.

rebut, il reconstitue ainsi le stock écoulé qu’il couche au

fur et à mesure dans le carnet de devises.

Le joint de culasse doit avoir un coup dans l’aile car de

l’huile apparaît dans l’eau du radiateur, L.A.P en achète un

neuf.

Arrêt à Aïn-Sefra chez le copain pour le remercier de son

coup de piston à la douane d’Adrar et lui narrer ses

tribulations de la traversée précédente ; arrive le soir, il

l’invite à manger avec ses amis dans l’arrière boutique, la

soirée est dédiée au football, c’est la demi-finale de Coupe

du Monde entre l’Allemagne et la France, une bouteille de

whisky est sacrifiée à cet événement, elle ne suffit pas,

une bouteille de Ricard prend le relais ; L.A.P s’aperçoit

lors de ce match que les Algériens sont de parti pris éhonté

pour la France. Déchiré, il dort chez son hôte, le lendemain

matin, L.A.P entend un raffut terrible dans la cour arrière

du restau, il va voir, un mouflon balèze fait son exercice

qui consiste à prendre de l’élan et à courir à l’horizontale

sur trois murs.

INT.JOUR.

MOYEN:ADRAR

L.A.P va rembourser sa dette en whiskys et manger chez

Ramdann, ce dernier vient de poser le genou sur un scorpion

en réparant un frigo, voyant que L.A.P s’inquiète à la vue

de la taille de l’engin, il lui dit de ne pas s’en faire, il

a l’habitude,

RAMDANN

ça fait juste un peu plus mal

qu’une piqûre de guêpe !

A quelques petites phrases entendues çà et là, L.A.P se rend

compte que tous les gens qui habitent aux portes du désert

n’y vont jamais, et en ont une trouille bleue.

EXT.JOUR.

LARGE:DOUANE

L.A.P va chercher ses sous pour faire les pleins, retrouve

l’abominable, toujours aussi sec, un peu étonné de le revoir

si rapidement ; contre son reçu, il lui restitue

scrupuleusement les dinars confisqués.

125.

EXT.JOUR.

LARGE: PLACE D’ADRAR

L.A.P passe saluer le Monsieur X qui l’avait aidé lors de

l’embrouille du voyage précédent, puis, va patrouiller en

ville afin de trouver un garage où pouvoir changer le joint

de culasse.

Il en trouve un sans problo, déchargeant la voiture pour

atteindre ses outils, il voit le garagiste loucher sur les

pièces détachées ; considérées comme mortes au nord, elles

ne le sont pas forcément au sud, moins bien achalandé.

L.A.P lui dit de se servir, mais qu’il lui remette l’exact

équivalent en pièces nazes car L.A.P a rempli le carnet de

devises avec des pièces fichues récupérées lors des ventes.

Puis il met illico les pattes dans le cambouis, il se

presse, car la douane ferme à 16 heures et qu’il compte

arriver au dernier moment pour bousculer les formalités.

La réparation effectuée, les pleins faits, L.A.P glisse sa

carte grise dans le passeport, ayant soigneusement sali ses

mains sur le bas moteur et prenant sa feuille de déclaration

de devises, il laisse des traces de doigts cambouissées à

tous les endroits où le papier est abîmé pour camoufler les

écorchures faites par la gomme.

EXT.JOUR.

LARGE:A LA DOUANE

Le tyran y attend L.A.P, l’oeil en tire-bouchon. L.A.P

présente ses papiers et la feuille de devises, il a tartiné

allègrement la couverture en plastique de son passeport de

gadoue, L.A.P explique que, voulant partir le soir même, il

a fait aussi vite que possible.

_Voyant le carnage, le douanier ne se sent plus de joie,

_Il ouvre un large bec, et gueule aux petits pois.

Traiter ainsi un sacro saint carnet de devises est un

procédé qu’il a du mal à assimiler!

Frisant l’apoplexie, il fulmine comme L.A.P a rarement vu

quelqu’un le faire, il le prend pour le dernier mécréant de

la terre! Après divers échanges de points de vue, ils vont

visiter la voiture.

Une pompe à essence manque à l’appel, L.A.P baratine qu’il

est tombé en panne de cet organe avant Adrar, et qu’après

(CONTINUED)

CONTINUED: 126.

l’avoir remplacée par une pièce de secours, il l’a balancée

sur le bas-côté.

Avec un plaisir non dissimulé, le fonctionnaire lui dit

qu’une pompe à essence vaut une fortune, et que pour passer

la douane, il lui faudra la retrouver. O.K, partant sans

papiers, L.A.P prend la direction du Nord, fait un grand

détour pour revenir en douce au garage dans lequel il avait

effectué sa réparation, il demande au patron s’il n’a pas

une pompe à essence foutue, celui-ci répond de fouiller dans

le tas de ferraille, L.A.P trouve l’objet précieux entre

tous, le roule dans le sable, et repointe à la douane.

Le douanier ne lui fait pas le coup du « il est trop tard »,

et continue son inspection, L.A.P doit sortir tout ce que

contient la voiture, après pointage, il manque une culasse

(très gros poisson), comme dans un film, L.A.P revoit le

mécano la prendre, le bougre ne l’a pas remplacée!

Le coup de sang lui prend, L.A.P avait si bien calculé son

affaire, que se faire poisser à cause de ce con de garagiste

le fait sortir de ses gonds, le douanier est surpris, un

doute lui venant, il lui en accorde le bénéfice et décide de

vérifier s’il l’a bien oubliée au garage (ce qui est un peu

vrai).

LE PETIT DOUANIER EN CIVIL

_« Vous allez chercher la culasse

au garage, accompagné d’un agent »

L.A.P ne biche pas trop !

Il appelle, le douanier lubrique sort, monte à côté de L.A.P

qui démarre, il lui tend bas le poignet (il a toujours les

mains crado) pour le saluer sans que le teigneux voie le

geste, il le serre, c’est bon signe ! Vient alors une idée

méphistophélique à L.A.P qui lui dit :

L.A.P

«vous savez, je me suis fait

prendre à la frontière d’entrée

d’Algérie avec vos « revues », ils

m’ont gardé trois jours! ».

Le fonctionnaire devient tout pâle

LE DOUANIER LUBRIQUE

« vous n’avez pas dit que c’était pour moi ? »

L.A.P

grand seigneur : « mais non, ne

craignez rien ».

(CONTINUED)

CONTINUED: 127.

Arrivé chez le garagiste, L.A.P pourri celui-ci d’importance

en lui désignant son passager, il comprend le problo, et lui

trouve une culasse flinguée dans la seconde qui suit, le

douanier devenu sourd et aveugle, L.A.P aurait pu maquiller

ce qu’il voulait.

Le reste n’est que formalités.

EXT.JOUR.

LARGE:REGGANE,

Les douaniers laissent partir L.A.P seul, ça commence à

devenir une habitude.

Avec l’essence (+ de 600 litres en futs, + des jerrycans et

le plein), la voiture est très chargée, l’arrière frotte

souvent, mais finalement, passés les premiers bancs de

sable, L.A.P pense que c’est jouable.

La nuit tombant, les ombres rasantes faussent la notion que

l’on peut avoir des reliefs, L.A.P s’arrête pour becqueter

jusqu’à ce que la nuit soit bien noire.

L.A.P repart, il faut être attentif car la piste est faite

de milliers de traces qui se croisent les unes les autres

dans tous les sens, y compris par le travers, pour ne pas se

tromper, L.A.P dérive sciemment légèrement sur la droite

puis sur la gauche quand les traces se font plus rares, en

faisant ces longs zigzags, il peut garder le cap.

Les phares de la 404 ne sont pas très puissants, après

quelques tâtonnements, L.A.P pallie ce défaut : en jouant

sur le comodo code-phare, il arrive à laisser la manette

entre les deux, les codes et pleins phares fonctionnent

ensemble, il bénéficie ainsi un somptueux éclairage, durant

quelques minutes, il a peur que les filaments ne crament,

mais non, ça tient ; il évite au maximum les gerboises qui

viennent se jeter sous les roues, attirées par la lumière

des phares, et abat ainsi un bon bout de désert, puis il

s’arrête pour dormir, avant de couper le moteur, L.A.P le

laisse tourner un moment au ralentit accéléré pour recharger

la batterie ; voulant se lever un peu tard le matin il se

couche à droite de la voiture, ainsi le soleil levant ne le

réveillera pas.

Il se glisse dans son sac de couchage, son blouson comme

oreiller calé contre la roue avant, il écoute le silence

uniquement troublé par les craquements du moteur et de

l’échappement qui refroidissent. Le ciel est d’une pureté

fabuleuse, on dirait que l’on a fait plein de trous

d’épingle dans un papier noir et mis un projecteur derrière,

(CONTINUED)

CONTINUED: 128.

on voit même passer les satellites artificiels !

L.A.P a prit la précaution de s’écarter de la piste, car

bien que l’horizon porte à l’infini, il se méfie ; peu de

temps auparavant, il y a eu un carton terrible, deux camions

maliens s’apercevant au loin se prennent en ligne de mire

pour pouvoir se dire bonjour en passant, mais au moment de

se croiser, tournent du même côté, face à face à cinquante

ou soixante kilomètre-heure, une dizaine de personnes par

véhicule, carnage! Le comble est que les deux camions

appartenaient au même transporteur.

Les camions sahariens sont de véritables navires, avec

mécanicien, graisseur, chauffeur, grouillots, outillage

complet, pièces de rechange, marchandises et passagers ; sur

les côtés sont pendues les plaques de désensablage, de

grosses chambres à air pleines d’eau pour le camion et les

ablutions, des guerbas pour boire, quatre à six fûts de deux

cent litres de gas-oil, de la bouffe, bref, absolument tout

ce dont on peut avoir besoin dans ces coins déshérités.

Dès que le camion stoppe, chacun descend et s’attelle à sa

tâche, en général le patron et le chauffeur font descendre

les nattes et se mettent à l’ombre sous le véhicule qui

tourne toujours au ralenti pour laisser gentiment retomber

la température du moteur, l’un sort un réchaud à charbon de

bois, et fait le thé, certains se mettent à préparer le

repas pour tous, les autres font leurs ablutions avant la

prière, çà s’active de tous côtés.

Le lendemain, L.A.P laisse chauffer le moteur en cassant la

croûte car il peut être obligé de lui demander tout ce qu’il

a dans le ventre vingt mètres après avoir démarré.

Sur la piste, L.A.P rattrape un convoi de plusieurs voitures

descendant de France, l’une est plantée jusqu’à l’os, il

dépasse le point mou, et revient à pied en arrière pour

aider.

Une petite boulotte félliniesque dans une robe rose avec des

volants, s’abritant sous une ombrelle, encourage les mecs

qui s’échinent.

Une fois la caisse sortie, ils discutent un peu, puis L.A.P

les largue car il leur sent d’autres ensablements à venir et

qu’il n’a pas que ça à faire.

129.

EXT.JOUR.

LARGE:ANÉFIS

Un Bedford bourré de nigérians qui remontent vers Reggane,

est en rade depuis une semaine ; dans le poste de police, un

flic, réprobateur, montre l’un des passeports à L.A.P : Nom

: Rasta ; Prénom : Rasta ; Adresse : Rasta, tout le reste à

l’avenant, il lui dit qu’il ne peut rien faire car le

passeport a l’air authentique. Pour le rasséréner, L.A.P lui

dit qu’arrivé en Algérie, le possesseur du document

humoristique va regretter son manque d’imagination.

EXT.JOUR.

LARGE:GAO

L.A.P arrive lors d’une pénurie d’essence raisonnable, il

vend les pièces détachées, 450 litres d’essence à 500 francs

maliens (5 francs français = 0,75£) le litre, tout en

gardant le plein pour aller jusqu’à Tillabéri au Niger, qui

est le prochain point sûr de ravitaillement, L.A.P n’est pas

mécontent de l’opération, d’autant qu’il n’a pas profité de

la conjoncture, car le litre d’essence aux temps d’abondance

coûte aux alentours de 600 F.M = 0,90£, et, en cas de

manque, au dessus de 1000 F.M = 1,5£ ; par moments, même à

2000 F.M = 3£, il est impossible d’en trouver, de plus elle

est souvent allongée de kérosène, L.A.P est soulagé du

problème pécuniaire, ce n’est pas souvent le cas !

INT.JOUR.

MOYEN:CHEZ YARGA

Parmi d’autres touristes, il y a une petite anglaise super

craquante accompagnée de son copain français, quand elle le

cherche, elle demande avec un accent à couper au couteau «

t’as pas vu mon frog ? ».

Discutant de paludisme avec un Français habitué aux

descentes.

L.A.P

Quand je prends de la Nivaquine,

j’ai la tête lourde et des vertiges

en permanence comme un début de

crise.

SON INTERLOCUTEUR

J’ai résolu le problème, quand je

sens venir la crise, deux Quinimax,

(MORE)

(CONTINUED)

CONTINUED: 130.

SON INTERLOCUTEUR (cont’d)

une bière de 75 centilitres, et

l’affaire est réglée.

EXT.JOUR.

LARGE:SORTIE DU MALI, NIAMEY, BÉNIN,

L.A.P s’arrête pour manger au restaurant de Bohicon, le

patron lui dit avoir un ami qui cherche une auto, mais qu’il

« a voyazé », s’il peut attendre trois jours...

Arrivé à Cotonou L.A.P trouve le Bénin Palace bondé de

Peugeot, ça va être dur de larguer rapidement la caisse !

En cas d’abondance, il faut savoir jongler, car si l’on

attend trop, l’écart entre une mauvaise vente rapide et

d’une bonne vente qui tarde est largement absorbé par le

coût de la chambre d’hôtel, sans compter que les

intermédiaires mangent à tous les râteliers et surveillent

si l’on prend encore des bières, si l’on va au petit

restaurant malien situé en face du Bénin Palace dix fois

moins cher que celui-ci, ils peuvent ainsi renseigner les

clients qui veulent vous prendre à la gorge que tel ou tel

n’a plus une tune, et qu’il est mûr pour vendre à prix

minimum.

Les Français que L.A.P a rencontrés sur la piste passent au

Bénin palace, ils s’en jettent plein pour arroser les

retrouvailles ; voulant rester quelques temps, le groupe

décide de louer une maison plutôt que d’aller à l’hôtel.

Trois-quatre jours plus tard, L.A.P n’a toujours pas

dérouillé, il décide de retourner à Bohicon voir si le

copain du restaurateur est revenu de voyazer.

L’un des types croisés dans le Tanezrouft, (petit brun sec,

moustache à la Zapata) et retrouvés au Bénin-palace demande

à l’accompagner.

Tout le long du voyage, il fume l’herbe locale, L.A.P

est obligé de laisser les fenêtres fermées car c’est la

saison des pluies, dès Ajohoun, ils sont déchirés, et se

marrent comme des bossus ; les crapauds sortent sur la

route, L.A.P essaie de les éviter, mais, à la fin, à force

de faire des zigzags sur la route mouillée, il manque se

planter, L.A.P renonce à faire des écarts importants, puis,

l’herbe commençant à leur taper furieusement sur la

calbombe, ils se mettent à les écraser volontairement,

souvent, ils collent à la roue et viennent cogner dans les

ailes avant, c’est le délire !!

131.

INT.JOUR.

MOYEN:BOHICON

Le restaurateur ne le rebranche pas, L.A.P lui demande si

son client est revenu, réponse négative, merde !!

Ils n’ont aucune envie de moisir dans le secteur, s’ils vont

à Abomey voir Johnny, il faudra y passer la nuit, ça ne les

tente guère, aussi, après une tripotée de BB (Bonne

Béninoise), ils repartent.

Ils font un bout de route de jour, les crapauds sont partis,

il pleut toujours, la nuit descend, sortent alors les crabes

de cocotiers, cette fois-ci, ce sont eux qui dégustent !!

EXT.NUIT.

LARGE:COTONOU

L.A.P ramène le copain à la maison qu’ils ont louée près de

la place de l’Étoile Rouge, ils se donnent rencart pour

prendre le petit déjeuner.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

LARGE:PLACE DE L’ÉTOILE ROUGE

Patacaisse, quelqu’un les a dénoncés comme espions ou

mercenaires, descente de police ; des types en civil aux

mines patibulaires, lunettes miroir, fouillent partout.

L.A.P

Qu’est-ce que je peux faire pour

vous aider ?

L’UN DES COPAINS

Rien...

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

LARGE:PLACE DE L’ÉTOILE ROUGE

L.A.P s’arrache, car ce n’est pas la peine de procurer un

autre client aux raquetteurs officiels.

132.

EXT.

LARGE:

Avec deux habitués du Bénin-palace, ils vont sur une plage

jouxtant la capitale, un adolescent tente de racketter L.A.P

contre l’assurance que personne ne touchera la voiture,

L.A.P lui répond que si elle est intacte à son retour, il

lui donnera 200 francs CFA, puis ils vont se baigner ; il y

a cinq ou six épaves de gros cargos rouillés pas loin au

large.

L.A.P décide d’aller vendre à Porto-Novo, auparavant, il

fait un rinçage du radiateur à la lessive africaine car de

l’huile vient toujours se mélanger à l’eau, apparemment, le

joint de culasse n’était pas déficient, c’est la culasse qui

est légèrement fendue.

INT. JOUR.

MOYEN:PORTO-NOVO

L.A.P s’arrête dans un petit restaurant pour prendre un café

; comme prévu, le patron le branche, il lui dit que s’il

trouve un acheteur correct il est vendeur, le gargotier

envoie un gamin prévenir un type qui se pointe quelques

temps plus tard ; L.A.P lui fait faire un tour, chemin

faisant, le pékin se présente comme chef douanier, à tous

les coups, il va essayer de trouver un moyen de lui faire

une embrouille pour avoir la voiture moins cher que le prix

(gonflé) annoncé, çà ne loupe pas, le tour terminé, il

demande si le numéro du moteur correspond à celui du

châssis, L.A.P lui répond que le moteur a très bien pu être

changé, ils regardent, et L.A.P voit avec soulagement qu’il

est d’origine, et que les numéros moteur-châssis sont les

mêmes. L.A.P est bien content de refourguer à cette

emplâtré une voiture avec la culasse flinguée, si le moteur

n’avait pas eu les mêmes numéros que ceux de la plaque du

châssis, il l’aurait emmerdé en faisant usage de sa fonction

pour qu’il lui fasse pratiquement cadeau de son carrosse,

trois quarts d’heure après, L.A.P retourne à Cotonou en

taxi-brousse, lesté de 550.000 C.F.A.

EXT.JOUR.

MOYEN:BÉNIN-PALACE

L.A.P passe deux jours à attendre le visa pour embarquer du

Nigeria ; des françouses se plaignent : ils ont visité les

maisons sur pilotis des pêcheurs du lac de Ganvié, et les

femmes leur ont balancé des poissons pourris à la tronche;

(CONTINUED)

CONTINUED: 133.

en aparté, L.A.P se dit que c’est tout ce qu’ils ne

méritent, car aller regarder sous le nez des gens pendant

qu’ils bossent ou vivent est d’une incorrection hors du

commun !!!..

Aéroport de Lagos, douane-police, au dernier barrage avant

d’entrer dans l’avion, fouille, L.A.P a planqué son oseille

dans ses Clark en daim souple, le douanier qui le fouille

descend, arrive aux chaussures, les presse légèrement, les

billets craquent, le type le regarde avec des yeux

bizarrement flous, comme à travers lui, refait craquer les

billets, tout en continuant à le regarder de cette curieuse

façon, L.A.P ne bronche pas, il se relève, et lui dit

doucement avec un petit signe de la main, d’y aller.....

_Septième chapitre_--------------------------------------

7/14 EXT.JOUR.

LARGE:DORDOGNE.LALINDE

Le pharmacien se fait tirer l’oreille pour vendre à L.A.P du

Quinimax, ce dernier est obligé d’expliquer qu’il en a

besoin lors de ses voyages africains, son passeport avec ses

multiples tampons fait le reste.

Il achète une 504 berline bleue, le vendeur pensant que le

pont arrière est mort la vend 6000 ff = 395£, L.A.P tente le

coup, au pire, si cette pièce est vraiment défectueuse, on

la trouve facilement d’occase.

Finalement, seuls les silentblocs sont cassés, après les

avoir changés, tout rentre dans l’ordre, on ne peut pas dire

que la réparation lui ait donné beaucoup de mal!

L.A.P a déplacé le siège arrière pour y loger un fut de 200

litres, le gros bouchon de transvasement d’essence récupéré

lors du voyage précédent est prêt à reprendre du service.

EXT.JOUR.

LARGE: ROUTES D’ESPAGNE

C’est un régal, 11cv, carburateur double corps, de super

reprises, sans consommer plus qu’une 404 ; ayant des ratés

en cours de route, L.A.P doit gratter les vis platinées avec

un petit caillou plat, elles ne l’embêteront plus ; il

arrive à Alméria sans s’en rendre compte.

134.

EXT.SOIR.

LARGE: LE PORT D’ALMÉRIA

Embarquement, il y a toujours les Arabes guettant les

retardataires pour vendre les pesetas beaucoup plus chères

que le cours normal car les banques sont fermées.

INT.JOUR.

MOYEN: DOUANE ALGÉRIENNE

Un couple de jeunes Italiens est déjà à la fouille des

bagages, le douanier en dévissant le cul d’une bouteille

thermos trouve des francs français, quand L.A.P repart des

bureaux, ils y sont encore ; L.A.P ne pense pas que cette

histoire ira bien loin, mais les fonctionnaires vont les

emmerder un bon moment.

L.A.P distribue des revues glanées sur les poubelles de

France, il fait ainsi plaisir avec, tout au long de la

route, mais en garde quelques-unes pour la douane béninoise.

Arrêt habituel à Aïn-Sefra.

EXT.SOIR.

LARGE: ADRAR

Un Algérien demande à L.A.P de le prendre en stop pour

traverser le Tanezrouft, il est habillé en tenue de ville,

petites chaussures de cuir, petit sac contenant quelques

affaires, L.A.P lui répond que le stop n’existe pas, qu’il

lui prends 250 francs français, l’Algérien prétend ne pas

avoir cet argent, ils transigent à 300 dinars que L.A.P

planque pour la prochaine fois dans le caoutchouc du

pare-brise.

INT.JOUR.

MOYEN: À LA DOUANE

Les fonctionnaires entraînent l’Algérien dans une pièce

close pour une fouille poussée (ce qui n’est jamais arrivé à

L.A.P), l’algérien sort peu de temps après, visiblement

contrarié.

135.

EXT.JOUR.

LARGE:DÉPART

Le passager raconte que les douaniers ont trouvé 500 francs

français dans son portefeuille. L.A.P lui reproche de lui

avoir bourré le mou, pas gêné, il continue de râler : les

douaniers ont fouillé son portefeuille, ils n’avaient pas le

droit, c’est une honte, et gnagnagna, et gnagnagna...

En boule, L.A.P lui explique :

_1r Qu’il avait des francs français non déclarés sur lui,

donc trafic.

_2r Que les douaniers lui ont laissés ses sous, et qu’ils

ont été gentils.

_ 3r Qu’il s’en tire bien, car ils auraient pu l’embastiller

pour lui faire les pieds.

EXT.JOUR.

LARGE:REGGANE

Les douaniers ne parlent plus à L.A.P de passer en convoi,

il est maintenant admis qu’il traverse seul,

EXT.JOUR.

LARGE:SUR LA PISTE

Sitôt le réservoir de la voiture vide, L.A.P branche le fût

de 200 litres.

Comme d’hab, il roule une bonne partie de la nuit,

le passager râle car L.A.P freine et fait des écarts pour

éviter les petites gerboises.

L’ALGÉRIEN

« pourquoi tu freines, ce n’est

rien »

ça commence à faire beaucoup, sur une suggestion de la part

de L.A.P, le passager finit par la fermer.

Dans le sable, la voiture est un vrai tapis volant, la

largeur des pneus et la puissance font que L.A.P ne

s’ensable qu’une fois ; comme il n’a pas de pelle ni de

plaques pour désensabler, L.A.P prend les tapis de sol de

l’auto pour la sortir.

(CONTINUED)

CONTINUED: 136.

Sur les passages de tôle ondulée, le nombre de chevaux

permet d’atteindre rapidement la vitesse qui la maintient

sur le haut des ondes, ainsi la voiture n’est pas trop

secouée.

Le commodo de phares ne peut se mettre en double

alimentation codes-phares, ça manque.

EXT.NUIT.

LARGE:SUR LA PISTE

Après Borj-Moktar, L.A.P emmanche par erreur la piste de

Timiaouine, il s’en aperçoit rapidement à la faible largeur

de la piste ; il doit y avoir pas mal de types qui prennent

cet axe pour faire du trafic, car les traces sont nombreuses

alors qu’on ne peut pas dire que Timiaouine soit une station

balnéaire ! Faisant demi-tour, L.A.P retrouve rapidement le

bon cap.

EXT.JOUR.

LARGE:SUR LA PISTE

50 bornes après, à l’endroit où la piste tourne à 90r vers

la droite, L.A.P voit un objet au loin, il se dirige dessus,

ce sont quatre demies cylindres en acier d’à peu près quatre

vingt dix centimètres de large sur un mètre vingt de haut,

avec des plaques soudées en travers des extérieurs ; cela

semble être un système qui une fois deux parties réunies

autour des roues motrices des camions, leur donnait un

profil de roues à aubes ; pour passer les bancs de sable, ce

devait être redoutable, mais mortel pour les ponts arrière !

EXT.JOUR.

LARGE : ANÉFIS

Un convoi est aux formalités, les choses tardent car l’un

des chauffeurs, s’étant engueulé avec sa passagère (celle-ci

a payé son voyage 2000 balles = 300£ après avoir répondu à

une petite annonce d’un canard français réputé pour ce genre

de contacts), l’a larguée en plein désert ; heureusement, un

autre de l’expédition, à la suite, l’a aperçue et récupérée

; le chef de poste, un colosse en uniforme impeccable est en

train de sermonner le coupable en un Français suranné d’une

grande pureté ; avec un calme impressionnant, il développe

la faute commise ; explique que si le suiveur n’avait pas

été dans les traces de la voiture précédente, il aurait pu

manquer l’abandonnée, avec les conséquences, presque à coup

(CONTINUED)

CONTINUED: 137.

sûr, mortelles, que cela implique dans ces régions

désertiques. Contournant le groupe, L.A.P va faire tamponner

son passeport par un adjoint, et se tire.

Une centaine de bornes avant Gao, L.A.P rétrograde dans une

plaque de fech-fech, ce sable pourri entre dans l’embrayage

qui se met à patiner ferme, il se dit que ça va passer,

petit à petit, effectivement, à force de tourner à vide,

l’embrayage élimine le sable qui s’était vitrifié sur le

disque.

INT.JOUR.

MOYEN:GAO

L.A.P passe au commissariat, Mambi lui dit qu’il a déjà

assez de fiches le concernant dans ses placards, il doit

juste laisser son passeport pour le tampon, L.A.P largue

définitivement le connard qui lui, doit remplir sa feuille

d’entrée, va chez Yarga.

Ce dernier a déménagé, Boubakar guide L.A.P, il n’y a pas un

chat, il casse la croûte, et le soir tombant,

INT.SOIR.

MOYEN:CHEZ YARGA

L.A.P loue un bout de terrasse pour dormir, il n’a pas

commencé à fermer le quart de la moitié du dixième d’un

tiers d’oeil, que des escadrilles de moustiques attaquent, il

a l’impression que sa tronche s’appelle Pearl Harbour !

Fatigué, malgré la chaleur, L.A.P se glisse dans le sac de

couchage pour limiter les dégâts, et s’endort.

INT.MATIN.

MOYEN:CHEZ YARGA

Le soleil, les coqs et les aboiements de clébards le

réveillent, L.A.P est piqué de partout, mais curieusement,

c’est surtout son bras droit qui a morflé, celui-ci devient

très enflé et dur sous les grattements qu’il essaie pourtant

de réfréner. Il comprend pourquoi il n’y avait personne dans

ce piège!

Comme par hasard, le tenancier n’est plus là, l’enfoiré doit

dormir en ville.

(CONTINUED)

CONTINUED: 138.

L.A.P dit à madame Yarga ce qu’il pense de l’auberge, et

file acheter une moustiquaire.

Cet article n’existe pas tout fait, son guide préféré le

mène au marché couvert où un couturier officie sur Singer à

pédale dont le modèle, frisant la perfection n’a

pratiquement pas changé depuis un siècle.

EXT.JOUR.

LARGE:MARCHÉ COUVERT DE GAO

L.A.P

Pourrais-tu me confectionner une

moustiquaire ?

L’AS DE L’AIGUILLE

Bien sûr patron.

Ils discutent du coût de la réalisation d’un modèle assez

large, puis, vont acheter sur le marché les éléments

nécessaires à l’élaboration de l’objet.

L.A.P revient deux heures plus tard, ce couturier est le

Cardin de la moustiquaire, il lui règle son dû, avec un

supplément pour montrer sa satisfaction, L.A.P plie mon

armure anti-moustiques, va boire une bibine, puis décarre

sur Niamey.

EXT.JOUR.

LARGE :DANS LA CAMPAGNE AVANT NIAMEY

Les ânes sont entravés avec des liens qui relient les deux

pattes avant avec un écart d’une trentaine de centimètres

pour limiter leurs escapades, une variante consiste à leur

passer un large collier fait d’une corde tenant un bois

horizontal venant cogner les pattes avant lors des

déplacements. Pour se reposer, ils se mettent toujours

debout, l’un en face de l’autre, et, posent chacun leurs

têtes sur le cou de son vis-à-vis, cette combine asinienne

est pratiquée du Maghreb à l’Afrique noire.

EXT.JOUR.

LARGE :NIAMEY

Attroupement de curieux à l’entrée de la ville, L.A.P

ralenti pour voir la cause de l’émoi, les flics sont en

train d’installer un radar, on aura tout vu !

Moins rigolo, le « grand marché » a entièrement brûlé, il y

a eu beaucoup de morts, car les commerçants, pour protéger

(CONTINUED)

CONTINUED: 139.

leurs boutiques de bois armées de tôles de bidons y

enferment les gardiens à clé toute la nuit, et les pauvres

types n’ont, pour la plupart, pas pu sortir.

L.A.P s’installe au « camping », un Français vient le voir,

il a des ennuis avec le moteur de sa 404, il a tout essayé

pour la régler, sans résultat, L.A.P jette un oeil sans rien

voir d’extraordinaire, après avoir réfléchi, il lui demande

s’il a acheté de l’essence de contrebande provenant du

Nigeria comme on en voit sur le bord des routes, sur sa

réponse positive, L.A.P lui dit de faire la vidange de son

réservoir, car les marchands successifs, pour augmenter le

bénef ajoutent chacun du kérosène moins cher que l’essence.

Peu de temps après, il revient le sourire jusqu’aux

oreilles.

Le lendemain, le pauvre type se retrouve sans son

portefeuille contenant tous ses papiers et argent ; tu

parles, il n’y a qu’à voir la tronche du gardien, quand il

vient se faire payer, il a les yeux montés sur cardan pour

pister où est remisé le pognon, et quand les gens dorment

sous la tente, la nuit, lui ou des comparses, sachant

exactement où se trouve le magot, coupent silencieusement le

tissu de l’abri pour s’en emparer.

Comme d’habitude, inutile de compter sur l’ambassade ou le

consulat, quand vous êtes dans la merde, vous n’avez aucune

aide à en attendre, que ce soit pour des papiers

provisoires, argent, coup de fil en France ou autre service,

Wouallllou !!!!!

Le bruit court qu’un Français, ayant voulu récemment dormir

en brousse aux alentours de Niamey, s’est pris plusieurs

coups de machettes et a été complètement dépouillé ; allez

donc savoir si ce sont des ragots ou pas ! Il faut dire que

des nigérians passent souvent la frontière pour couper

quelques têtes et organes génitaux masculins, à fin de faire

des sacrifices ou grigris, (en principe, les Européens ne

sont pas concernés par ces prélèvements, la magie africaine

ne fonctionnant pas avec cette engeance incrédule) et se

font des suppléments en braquant les voitures isolées...

EXT.JOUR.

LARGE : PORTO-NOVO

Vente rapide de la voiture 650.000 CFA nets

EXT.JOUR.

LARGE :RETOUR À COTONOU

L.A.P va prendre un visa pour le Nigeria.

(CONTINUED)

CONTINUED: 140.

INT.JOUR.

LARGE :AÉROPORT DE LAGOS

L.A.P demande un Lagos-Bergerac, évidemment ça n’existe pas,

mais il arrive à sortir un Lagos-Paris/Paris-Bordeaux ce qui

lui permet d’aller voir ses parents en banlieue parisienne,

et, avec l’équivalent des 100 ff = 15£ qu’il a mis de mieux

dans le billet, faire plus tard Paris-Bordeaux dans un petit

avion, ce qui lui semble très abordable.

_Huitième chapitre_--------------------------------------

8/14 EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : PRÈS DE BERGERAC

Pour se faire des sous, L.A.P va faire les vendanges chez

des viticulteurs qui sont adorables, ce doit être de

génération en génération, car leurs ancêtres ont pensé aux

transpireurs en plantant régulièrement du muscat, afin

qu’ils y fassent une petite halte, et s’en désaltèrent.

INT.JOUR.

MOYEN :

La récolte finie, les patrons enjolivent la paie de 6

bouteilles de vin blanc et 6 de rouge d’années précédentes

ces dernières ne font pas long feu, lui restent cinq

bouteilles de blancs, il décide de les emporter, car, en

ayant goûté une, elle se révèle un excellent

anti-roupillon...

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : PRÈS DE BERGERAC

Recherche d’un appareil à transporter l’homme, L.A.P trouve

une 404 break bronze métallisé exactement comme celle

achetée aux Hollandais, à part qu’elle a été cartonnée, tout

l’avant est très enfoncé, les deux longerons avant sont

tordus, 55.000 kilomètres d’origine (ce qui est peu) ;

hormis le carton, elle est comme neuve.

L.A.P en parle à un copain garagiste et carrossier chez qui

il bricole ses charrettes, après avoir vu les dommages, il

lui dit qu’il y a beaucoup de boulot, mais que c’est du

classique : Il faut démonter toute la mécanique, couper tout

l’avant au marteau et au burin, longerons compris, faire la

même chose sur une autre non accidentée, présenter la

(CONTINUED)

CONTINUED: 141.

nouvelle pièce et souder l’ensemble sur un marbre (forme qui

permettra à la voiture de ne pas sortir en vrille),

remonter, repeindre. L.A.P achète la bête 600 francs = 90£.

Découper des voitures à la hache, destination la ferraille,

afin qu’elles prennent moins de place, L.A.P avait déjà

pratiqué, c’est beaucoup plus facile qu’il n’y parait.

Un copain artiste peintre, costaud, l’aide à couper l’avant

d’une 404 repérée à la décharge, cela leur prend, en

se relayant, trois heures un après-midi. Puis L.A.P découpe

proprement au burin tout l’avant de son acquisition juste

sous le pare-brise, longerons compris.

Le copain carrossier soude le tout au chalumeau, puis, L.A.P

remonte la mécanique. Son frère, grand spécialiste en

peinture automobile transforme sa citrouille en carrosse

(d’où le nom de carrossier, peut-être).

EXT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN :ENTRÉE D’ALGÉRIE

Un gros 4X4 militaire kaki est devant L.A.P, récemment

repeint, avec des pèpelles attachées précieusement sur les

flancs par des petites courroies toutes neuves, des plaques

de désensablement en aluminium, rutilantes, des jerricans,

et tout, et tout, et tout... tout bien propre, on voit le

type qui s’est toujours rêvé le voyage et a préparé pendant

des années son matos ; c’est un couple d’Allemands avec

mômes, le mec est très énervé, apparemment, il craque déjà,

L.A.P augure mal la suite de leur expédition.......

EXT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN :TLEMCEN

L.A.P s’apprête à entrer dans un restaurant quand un type en

sort, du sang partout, soutenu par ses copains, une

serviette éponge pour contenir l’hémorragie, il vient de

prendre un coup de rasoir dans la tronche ; L.A.P va manger

un peu plus loin.....

Maintenant, pour les pièces, L.A.P ne se casse plus la tête,

il les vend dans les garages où il a déjà sévi. La plupart

des garagistes connaissent la contrainte du carnet de

devises, et savent qu’il faut qu’il ressorte les mêmes

pièces (fichues ou pas) que celles inscrites, L.A.P demande

donc de faire un échange standard avec leurs matériels

défectueux, ça passe très bien.

142.

INT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN :AÏN-SEFRA

Repas chez l’ami, ils sifflent une bouteille de blanc.

EXT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN :ADRAR

L.A.P va au dispensaire se faire vacciner gratos contre le

choléra ; pour remercier les infirmiers de leur obligeance,

il offre son dernier demi-litre de Ricard, tout heureux, ils

lui donnent deux boîtes de 500 comprimés, l’une d’aspirine,

l’autre de quinine, L.A.P les prend pour ne pas les vexer,

sans savoir ce qu’il va en faire!!

INT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN :ADRAR

L.A.P passe chez Ramdann, il a une curieuse façon de faire

le café : Il met la dose dans une grande cafetière type

cow-boy, de l’eau, fait bouillir, quand le café monte, il le

stoppe avec un verre d’eau froide, c’est prêt.

Lors de la descente précédente, L.A.P a discuté au Bénin

Palace avec des Français qui ont eu des emmerdes à propos du

change officiel de dinars, les douaniers ont calculé le

montant de l’essence du voyage jusqu’à Adrar, plus celle

contenue dans les bidons, le trafic est patent, amende en

francs français..... ça sent l’affreux Jojo qui l’avait

coincé !!! Il est virulent l’animal, se souvenant qu’il y a

un poste d’essence à Reggane, L.A.P tente le coup de

planquer des dinars roulés dans le caoutchouc du pare-brise

et de charger son essence à cette ultime station, c’est un

peu kamikaze, car souvent, elle n’est pas approvisionnée et

il faut revenir de nuit à Adrar en faisant un très grand

détour dans le sable pour éviter de se faire voir par les

douaniers qui ont une vue imprenable sur la platitude du sud

et en repartir de même.

L.A.P passe la douane en souplesse malgré l’habituel

fâcheux,

EXT.JOUR.FIN DE MATINÉE

MOYEN :130 BORNES PLUS TARD

Reggane, heureusement, l’ultime station avant Gao est

ravitaillée, il razlagueule son fut de 200 litres, et se

pointe au poste de Reggane qui a pour seule fonction de

143.

contrôler les passavants et former des convois (pour les

autres).

EXT.JOUR.NUIT

LARGE : DEVANT BIDON V

L.A.P voit des lumières, ce sont des Allemands qui arrosent

Noël ; passant dans des pays musulmans, il n’avait pas fait

attention à la date. Partageant ce qu’ils ont a à manger et

à boire, (ils finissent à l’occasion les bouteilles de

blanc), ils font la bamboula enroulés dans les sacs de

couchage à cause du froid.

EXT.JOUR.DÉBUT D’APRÈS-MIDI

LARGE :AGUELHOK,

L.A.P va voir un religieux musulman qu’il avait connu lors

d’une précédente descente, et lui refile la moitié des

médicaments reçus des infirmiers algériens après lui avoir

expliqué leur utilisation, il distribuera le reste à Gao.

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE :GAO,

Comme d’hab, L.A.P passe dire bonjour à Mambi pour qu’il

l’inscrive dans le livre des entrées, maintenant, les

formalités sont pour lui, réduites à l’inscription dans ce

registre, un agent lui met le coup de tampon d’arrivée en

ville sur le passeport, et c’est plié.

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE :CHEZ YARGA

Pas mal de monde, et chose pas très courante, il y a des

voyageurs blacks, ce sont des guinéens, ils le branchent,

lui disant que les gens de l’ambassade de Guinée à Bamako

cherchent une voiture comme la sienne ; généralement, ce

genre d’information pue, car, comme par hasard ils y vont,

et que L.A.P pourrait, au passage, les y amener gratos.

Quelques jours passent, il se décide à tenter le coup.

Un guide de chasse doit se rendre sur Mopti, ils partiront

ensemble, deux Lyonnais en 504 les suivent.

144.

EXT.MATINÉE

LARGE :

Le lendemain matin, avec les véhicules indigènes, il y a une

demi-douzaine de voitures qui attendent le bac pour

traverser le Niger (fleuve), ils s’inquiètent, car

l’embarcation est limitée en places de véhicules, et si l’un

d’eux reste sur le carreau, les autres devront attendre au

moins trois heures sur l’autre rive sous la cagnasse le

prochain passage du bac (c’est pas drôle), ou partir sans

lui (c’est pas gentil !).

Le bac arrive, les voitures venant d’en face en descendent,

elles sont à peine sorties, qu’un flic dans sa 404 plateau

perso passe en trombe par la gauche, et monte le premier sur

la barge. Ils ont les boules, mais finalement, tout le monde

arrive à se caser.

EXT.MATINÉE

LARGE : SUR LA BERGE OPPOSÉE

L’odieux part comme une fusée.

Prenant leur temps, ils roulent peinards, de grosses

sauterelles suivent les voitures en volant à leur hauteur

sur une centaine de mètres, cent vingt kilomètres plus loin,

l’agent et sa jeune femme ont la tête sous le capot, à leur

approche, ils leur font signe d’arrêter.

Le connard n’a pas regardé le niveau d’eau avant de partir

ou crevé le radiateur, ça fume de tous les côtés. Le guide

de brousse (apparemment un branleur fini) ouvre prudemment

le bouchon du radiateur, et, faisant un clin d’oeil à L.A.P,

y verse de l’eau, la culasse émet des craquements

épouvantables, sérieux comme un pape, il dit au flic «essaie

de démarrer», celui-ci s’exécute, il n’y a plus de

compression, et de l’eau sort par le pot d’échappement,

L.A.P trouve le coup salaud car il lui a sciemment niqué la

culasse, mais l’autre abruti l’a bien mérité.

Moins vache, L.A.P lui conseille de garder sa voiture, car

sinon, 2 heures après son départ, il n’en restera rien.

Pendant ce temps, le guide discute avec la nana, celle-ci,

devant se rendre à Bamako monte avec lui, tous repartent.

EXT.NUIT

LARGE : EN BROUSSE

Ils cassent la croûte, puis dodo, le chevalier servant de la

femme du flic la fait gueuler toute la nuit, les autres

rigolent comme des bossus.

145.

EXT.MATINÉE

LARGE :LE LENDEMAIN

Il y a de nombreux ensablements, l’un des Lyonnais leur fait

une grosse dépression, (L.A.P a, à ce propos, remarqué que

beaucoup de gens, en s’enfonçant au sud en terrain inconnu,

angoissent et se laissent aller à une déprime incompatible

avec l’allant nécessaire à la traversée d’espaces

désertiques) L.A.P le retrouve vautré dans un banc de sable

qu’il aurait dû passer tranquillement avec sa 504, quand il

ouvre sa portière, l’autre est à moitié en train de chialer

en disant qu’il n’a plus la force d’appuyer sur l’embrayage,

en attendant, tout le monde doit s’y mettre pour sortir le

foireux. Une fois qu’ils ont sorti son trognon, L.A.P le

choppe et lui dit que la prochaine fois, il se démerdera

tout seul.

EXT.NUIT

LARGE : MOPTI

Au barrage d’entrée de la ville, un militaire voulant

fouiller les voitures demande si L.A.P a une lampe

électrique, ouvrant le haillon arrière, il lui répond que

non

LE MILITAIRE

« ce n’est pas grave, je vais vous

torcher »,

Cette bonne chose faite, ils vont dîner dans un restaurant

un peu classe car c’est le seul endroit ayant de la bière

fraîche.

INT.NUIT

LARGE : DANS LE RESTAURANT UN PEU CLASSE

Il y a déjà 5 ou 6 Belges et un couple de Français :

Dominique et Lien, tous deux ont vendu leurs voitures et

continuent vers la capitale.

Après quelques verres, tout le monde est de bonne humeur,

les Belges vont aussi à Bamako pour vendre leurs oignons.

146.

EXT.MATINÉE

LARGE :

Ils partent tous ensemble le lendemain matin, pendant le

voyage, les blacks que L.A.P trimbale à l’oeil depuis Gao

cassent le coup de l’ambassade de Guinée aux Belges, il

est fumasse !!!

EXT.NUIT

LARGE : BAMAKO

L.A.P largue ses passagers, les Belges vont dans un

hôtel-restaurant climatisé pour Européens, les Lyonnais et

lui optent pour un bouiboui local appelé « Au paysan », ils

y trouvent trois Français.

L.A.P laisse passer quelques jours en cherchant mollement

des clients, ceux-ci trouvent son véhicule magnifique, mais

n’ont aucune intention de payer les 20.000 ff = 3000£ qu’il

je demande en prix d’attaque.

La nuit, les mômes font leurs devoirs scolaires dans la rue,

à la lumière des réverbères.

L.A.P apprend que les Belges sont allés à l’ambassade de

Guinée afin de fourguer l’une de leurs 504, pour ce faire,

ils ont dit que L.A.P avait déjà vendu son os ; il est mort

de rire, car cette voiture, ainsi que d’autres, achetées par

des Libanai, ont, en très grande partie, été payées par

chèques.

L.A.P décide d’aller tout de même à l’ambassade voir de quoi

il retourne. Les fonctionnaires, en voyant sa voiture font

les pieds au mur, l’information était bonne, c’est ce modèle

qu’ils cherchaient, malgré l’acquisition de la 504 belge

900.000 francs maliens = 1350£ maliens (aux trois/quart

payés en chèque), ils sont d’accord pour prendre la sienne à

1.600.000 francs maliens= 2450£. Ils n’ont, soi-disant, plus

de liquidité, ne leur restent que des chèques, L.A.P répond

qu’il est désolé, il ne prend que du sonnant et trébuchant,

ils lui disent d’attendre, et envoient un mec chercher du

liquide, une heure plus tard, ils le paient.

Retour triomphal « au paysan », tournée générale, le patron,

très sympa, leur fait toujours de la bonne bouffe, souvent

de la viande de brousse, phacochère, agouti, antilope.

EXT.MATINÉE

MOYEN : MARCHÉ DE BAMAKO

L.A.P voit un fusil de brousse, crosse en bois faite à la

main, le canon a été réalisé dans une barre de direction de

2 CV, le vendeur est le forgeron concepteur de l’objet ;

(CONTINUED)

CONTINUED: 147.

c’est un vieux qui fait une tête de plus que lui, une

carcasse de colosse, super gentil, l’artisan demande 30.000

francs maliens = 46£, de l’outil à se procurer de la chair

fraîche, L.A.P n’a pas le coeur de marchander, le vendeur lui

accorde avec, de la poudre dans une boîte de Nescafé et

quelques amorces. L.A.P lui demande quelle quantité de

poudre il faut pour une charge ; sortant la baguette située

sous le canon, il lui montre qu’une fois celle-ci dans le

tube, elle arrive exactement à ras de la bouche, puis il

lève la baguette de la hauteur de trois de ses doigts (4 de

ceux de L.A.P ) et lui dit que c’est la dose idéale, il le

paie avec les grands billets maliens ; et achète plus loin

une grosse kora*.

Quand il a vendu une voiture, L.A.P ne s’attarde jamais

longtemps dans le secteur.

Il en parle aux autres ; l’un n’a pas vendu sa 404 plateau,

mais n’est pas trop décidé à la céder car, l’ayant achetée

neuve en France afin de carder les matelas dans les villages

de l’Ariège, il n’en aurait jamais tiré la moitié de sa mise

de fond, les autres, ayant déjà fait affaire, les décider à

remonter ensemble ne fut pas un tour de force.

Ils sont trois, plus Lien et Dominique, un Ivoirien recruté

par lui pour préparer des voitures en France et L.A.P, sept,

pour une 404 plateau, bagatelle !

En fin d’après midi, ils règlent et remercient leur hôte de

l’excellent séjour qu’ils ont passé chez lui. Devant

s’appuyer 3000 kilomètres de désert et de piste, Dominique

suggère qu’ils dorment une nuit dans un hôtel grand

standing, chambres climatisées, dans lequel lui et Lien ont

passé quelques jours ; quand il leur dit le prix exorbitant

de la chambre, L.A.P et les autres, ne sont pas d’accord ;

Dominique a une idée démoniaque

INT.SOIR.

MOYEN :DANS L’HÔTEL DE LUXE

lui et sa femme, louent une chambre, une fois qu’ils ont la

clé, Lien redescend leur donner le numéro de la piaule et de

l’étage, deux par deux, à intervalles réguliers, tout le

monde prend l’ascenseur, et s’y retrouve, il y a une grande

baignoire et une douche dont ils abusent à tour de rôle.

Redescendant par petits groupes, tout propres, tout roses,

ils se retrouvent au restaurant, et mangent comme des

gorets.

Remontés, ils font leur blanchissage dans la baignoire. Les

lessives africaines, sont d’une efficacité redoutable, pas

besoin de frotter, il faut laisser tremper le linge dix

minutes maximum, rincer abondamment, les couleurs ont déjà

bien morflé au passage.

Le sol recouvert d’une chouette moquette, ils dorment par

terre dans leurs sacs de couchage, laissant le lit au copain

et sa femme.

148.

INT.LE LENDEMAIN MATIN.

MOYEN :DANS L’HÔTEL DE LUXE

Petit déjeuner dantesque, jus d’oranges, café, croissants,

chocolat à volonté, prix forfaitaire, ils s’en mettent

jusque là !

Puis ils remontent, reprennent une dernière douche vite

fait, divisent le prix de la nuitée, versent chacun leur

écot, descendent avec leurs bagages, quelques instants

après, Dominique et Lien paient la chambre.

EXT.MATINÉE

LARGE : AVANT DE PRENDRE LA PISTE

L’arrière de la voiture est fait d’une caisse tôlée

fabriquée par l’artisan pour protéger son matériel, ils y

pratiquent une meurtrière de chaque côté, puis montent dans

la 404, et fouette cocher!

EXT.MATINÉE

MOYEN : SÉGOU,

Ils boivent une bière sur les bords du Niger, L.A.P achète

deux petits pistolets entièrement faits à l’huile de coude,

l’un à crosse de bronze, l’autre à crosse de bois,

l’ignition de la poudre se fait comme au 17 et 18 ème

siècles avec des silex pris dans une petite pince qui, en se

rabattant produit une étincelle ; des gosses viennent

bavarder et faire une manche discrète, ils leurs montrent

des poissons qui, en se gonflant, triplent ou quadruple de

volume comme les poissons-lune.

EXT.MILIEU DE MATINÉE

LARGE :APRÈS SAN

Sur le bas-côté de la route, ils voient de gros volatiles

pas farouches (sûrement des outardes), L.A.P se dit que

c’est le moment d’essayer le fusil !

Voulant tester la solidité de l’outil avant de l’utiliser,

ils s’écartent de 200 mètres en brousse ; L.A.P sort

l’arquebuse, la charge, tasse la poudre avec du papier, la

coince et l’attache dans la fourche d’un arbre, et déroulant

une ficelle nouée à la gâchette de façon à s’éloigner lors

de la mise à feu, L.A.P tire un coup sec, raffut d’enfer,

nuage de fumée d’un autre monde, l’artillerie, bien

qu’amarrée est tombée, mais le canon n’a pas explosé !

(CONTINUED)

CONTINUED: 149.

L.A.P recharge, demande aux copains de lui faire des plombs

avec ce qui leur tombe sous la main ; à l’aide d’une paire

de tenailles, ils lui coupent en petits morceaux des bouts

de cuivre et de plomb qui traînaient dans la voiture, L.A.P

bourre le tout avec des mouchoirs en papier, ils reprennent

la route, L.A.P pointe par la meurtrière de la voiture,

voyant un groupe d’oiseaux, le conducteur ralentit, il tire,

un recul monstrueux lui ravage l’épaule nord ; ils vont au

résultat, persuadés d’en trouver trois ou quatre sur le

carreau, peau de balle et balais de crin, pas un seul au

tapis, ils refont un essai plus loin, sans plus de chance !

EXT.MILIEU DE MATINÉE

LARGE :CENT BORNES APRÈS MOPTI

Ils attaquent la piste, les copains ont préparé un paquet de

munitions, L.A.P charge le tromblon des plus gros

projectiles.

EXT.DÉBUT D’APRÈS-MIDI

LARGE :EN BROUSSE

Ils aperçoivent une mère phacochère et son petit ;

obliquant, ils engagent la poursuite à travers la brousse,

malheureusement, ils les perdent de vue ; deux montent sur

le toit pour les repérer, ce qui ne tarde pas, la traque

reprend, malgré les arbustes rabougris, ils les rattrapons

rapidement, guidés par leurs vigies qui râlent car elles

prennent des branches d’épineux dans la tronche, ils ne les

écoutent pas ; arrivé à la hauteur du petit, L.A.P lui

envoie une décharge pratiquement à bout portant, ce qui n’a

pas l’air de le déranger outre mesure, au bout d’un moment,

les animaux se séparent, ils s’acharnent sur le marcassin

qui, épuisé, finit par s’arrêter au pied d’un arbuste, les

autres, restant dans la voiture, disent à L.A.P d’aller

l’achever

EXT.DÉBUT D’APRÈS-MIDI

MOYEN :

il descend, pas trop fiérot, car si la mère revient, elle

lui fait la peau, il donne un coup de crosse sans conviction

au bestiau, s’il ne tenait qu’à lui, il se barrerait,

l’excitation de la chasse passée, L.A.P a plus envie de lui

foutre la paix, qu’autre chose !

Les trois copains, habitués à la vie à la campagne, n’ayant

pas sa sensiblerie de citadin descendent de la voiture,

(CONTINUED)

CONTINUED: 150.

empoignent le petit, et lui font la peau au Laguiole en deux

temps trois mouvements, puis ils le pendent par les pattes

arrières, le dépouillent, et le vident vite fait pendant que

les autres guettent le retour éventuel de la mère. Ils

repartent, L.A.P est un peu barbouillé !

EXT.NUIT

MOYEN :EN BROUSSE

Le soir, ils s’arrêtent, vont chercher du bois, font un feu

et cuisent le foie du phaco avec des nouilles, puis vont se

coucher ; Marcel, l’Ivoirien reste à entretenir le feu,

L.A.P lui demande pourquoi il ne va pas dormir, il lui

répond qu’où il y a des phacochères, il y a des lions, L.A.P

a beau lui dire avoir lu que les lions ont plus peur des

hommes que l’inverse, il tient à veiller et entretenir le

feu toute la nuit. Finalement, il a sûrement raison, car à

l’aller, ils ont discuté avec des gardes-chasse

poursuivant une lionne qui avait dévoré une femme partie

faire sa lessive au bord du fleuve.

EXT.FIN D’APRÈS MIDI.

MOYEN:GAO

Dominique et Lien retrouvent un type sympa, genre baba cool,

il est fauché, et vit avec une Malienne qui fut danseuse

quelques années au Crazy Horse Saloon et subsiste de la

petite retraite versée régulièrement de France pour ses

prestations parisiennes.

Ils demandent si on peut le ramener en France, bien sûr, pas

de problo.

INT.JOUR.

MOYEN :CHEZ YARGA

Toilette au seau (rapide, car il fait froid), ils négocient

le restant du petit phaco avec la femme de leur hôte contre

deux repas chacun, ils font connaissance avec un Français

nommé Gerry qui vient de débarquer à Gao, il a l’intention

d’y monter un camping.

151.

EXT.MATIN

LARGE:DÉPART DE GAO

Ils passent prendre le baba chez la nana, il y a de

l’émotion dans l’air !

Durant le voyage, la peau de la calebasse de la kora se

fendille de partout sous la sécheresse.

PASSAGE DES FRONTIÈRES

EXT.

LARGE:BENI-OUNIF, ALGÉRIE

Il fait de plus en plus froid, L.A.P a égaré ou échangé ses

affaires chaudes durant la descente car il pensait remonter

par Lagos ; il achète une djellaba râpée d’occasion en poils

de chameau tissée à la main, bien que peu épaisse, elle est

très chaude, et la pluie glisse dessus (ou plutôt sur le

gras qui l’imprègne).

EXT.

LARGE:MÉCHERIA

Les copains, ayant changé du pognon au black, vont dormir à

l’hôtel, L.A.P préfère rester, garder la voiture et son

pognon. Au petit jour, il sent le pick-up osciller sur le

côté, L.A.P aperçoit deux mains accrochées à l’ouverture

latérale droite, il y a une pompe à main pour gonfler les

pneus, fixée sur la cloison avant par des sangles, c’est

elle qui est visée, une main commence à défaire la première

des deux courroies ; pour ne pas faire tanguer la voiture,

L.A.P se dirige doucement avec le sac de couchage dans les

/guibolles vers les mains convoitrices, la première sangle

défaite, il faut bien que le type passe le bras plus avant

pour défaire l’autre, quand le brandillon est bien engagé,

L.A.P l’attrape, et le plie vers le bas pour le bloquer, le

voleur se débat comme un beau diable, tout cela en silence,

L.A.P se rend immédiatement compte d’après la taille de

l’abatis, qu’il appartient à un moufflet, et que s’il

continue à se débattre comme ça, il va finir par se faire

mal, il le lâche, et passe la tête par l’ouverture ; c’est

un môme fortement choqué, il est à terre sur le côté, les

jambes pédalant dans le vide, il a dû croire avoir affaire

au diable, L.A.P l’insulte copieusement en arabe, ce qui est

le meilleur moyen de lui montrer qu’il n’est pas un djnoun

ou un chettab (esprit) ou (diable). Les copains arrivent de

l’hôtel au même moment, voyant le tableau, ils sont écroulés

de rire.

La remontée ne pose pas de problème particulier,

152.

EXT.

MOYEN: DOUANE ESPAGNOLE

Le copain baba cachait (sans leur le dire) de l’huile de

shit dans le rebord de son bonnet, à la douane espagnole,

les gabelous lui demandant de les suivre dans une pièce à

l’écart ; il réussit à balancer sa cargaison discrètement

dans une poubelle. Il ressort quelques instants plus tard,

il a les boules, comptant se refaire avec le shit qu’il a

balancé, alors que les douaniers ont simplement examiné son

passeport sans le fouiller, vu le nombre de fonctionnaires

croisant dans le coin, il ne peut se permettre de récupérer

son huile, nous nous arrachons vite fait avant que quelqu’un

ne tombe dessus.

EXT.

MOYEN : ARIÈGE, PRÈS DE FOIX

Le village squatté par les copains est perdu dans la

montagne, ils y ont des chèvres et les femmes en commun,

l’herbe sur la table dans une grande boîte à sucre, ça paie

!!!

Se remémorant le voyage, ils calculent qu’il y une semaine,

ils étaient à Bamako, s’étant relayés au volant, la moyenne

est plutôt bonne, le voyage leur est revenu à 500 ff = 76£

chacun (gratos pour le baba qui nous aurait plantés sans

état d’âme s’il s’était fait poisser avec son huile).

Le lendemain, L.A.P leur demande de le redescendre en ville

pour prendre le train, ils s’adieusent, Michel lui fait la

bise, gentil mec !

_Neuvième chapitre_------------------------------------

9/14 INT.JOUR.

MOYEN CHEZ L.A.P

De nouveau ruiné, L.A.P en vient à taper dans un lot de

sardines remontées d’Algérie, ce genre d’aliment sature très

vite, pour changer, il essaie de les passer à la poêle,

génial, une fois réchauffées, on croirait des fraîches !!!

Néanmoins, il faut ré atteler d’urgence...

EXT.JOUR

MOYEN :CHEZ UN PARTICULIER

L.A.P trouve l’appareil à manger du kilomètre, une 404

berline d’un modèle rare, 7 Cv, alors que les autres font 9

(CONTINUED)

CONTINUED: 153.

Cv, caisse, boîte à vitesses modernes, mais avec un seul

compteur ; le pont arrière grogne salement.

Il l’achète tout de même, car elle est en très bon état,

bien que n’avoir que 7 Cv sous le capot le chiffonne, car il

craint que ce soit un peu léger pour passer les bancs de

sable.

EXT.JOUR

MOYEN :DEVANT LA MAISON DE L.A.P

Après vérification du niveau d’huile, il y a ce qu’il faut,

ça tiendra bien jusqu’à Cotonou.

Plus un outil disponible, pas même une paire de pinces, mais

il connaît bien les conditions de descente maintenant, et

décide de jouer le coup ainsi.

Il prend une roue de secours en plus, un fût de deux cent

litres et son kit nourrice, quelques jerrycans de plastique

aimablement consentis par les pharmaciens, le réservoir

moitié plein, il ne dispose que de 1.200 ff = 180£ pour

descendre jusqu’au Bénin, ça frise l’indécence, d’autant

plus que la traversée de la Méditerranée lui coûtera entre

400 et 500 ff = 67£!

Le gros de l’affaire sera de passer en Algérie avec le

maximum de bouteilles d’anisette ou de whisky, du moment

qu’il reste deux cents francs à changer à la frontière pour

prendre de l’essence et une assurance, les douaniers à

l’entrée du territoire ne cherchent pas plus loin. Une fois

en Afrique noire, si on ne fait que traverser les villes et

que l’on mange chez les mamas, à part l’achat d’essence, la

vie ne coûte pratiquement rien ; ce sont les chambres

d’hôtels climatisés pour Européens ramollis qui sont chères,

les terrasses exposées à la cagnasse et aux intempéries sont

aux environs de 10 à 20 ff = 1,5 à 3£ la nuit.

EXT.NUIT

MOYEN :MÉLILLA, ESPAGNE

Attendant le bateau, L.A.P rencontre deux types qui

descendent en R12, c’est la première fois qu’il voit faire

le business avec une Renault!

Le passager, un brun, genre zonard, sort un Opinel, et dit à

L.A.P qu’il vient en Afrique pour enlever un oeil à sa copine

qui s’y est fait la belle avec un type, il la lui décrit

pour qu’il la reconnaisse s’il la croise.

Le proprio de la voiture, un blond, mince, lui révèle qu’il

(CONTINUED)

CONTINUED: 154.

a au Mali, une commande de montres à quartz, que cette

camelote y est très recherchée, ah bon! L.A.P est bien

placé pour savoir que les produits nouveaux venant de Chine,

Japon ou Taiwan, débarquent en Afrique par le Nigeria, et de

là, se répandent sur tout le continent bien avant d’arriver

en France, L.A.P essaie de lui en toucher deux mots, mais il

est déjà descendu une fois, il sait mieux que lui, ah bon !

L.A.P lui suggère de charger des bouteilles de whisky dans

les portières, l’autre refuse, car les montres y sont

cachées.

EXT.NUIT

MOYEN :PASSAGE DES FRONTIÈRES

Algérie, L.A.P passe le premier sans problème. Quand le tour

des collègues arrive, les douaniers algériens deviennent

plus durs, il faut dire que le brun a vraiment une sale

gueule ! L.A.P les attend et assiste à la fouille de leur

voiture, un gabelou ouvre la portière arrière, en écarte la

garniture, dirige la lampe électrique à l’intérieur, L.A.P

voit très nettement le reflet du chrome des montres, le

douanier, lui, ne voit rien!!!

EXT.PETIT MATIN

LARGE : ROUTES ALGÉRIENNES

Ils roulent de concert quelque temps, à Tlemcen, ils se

séparent car L.A.P ne tient pas à traverser le Sahara avec

ce genre de voiture ; de plus, il veut vendre ses pièces

détachées sans faire connaître ses acheteurs à de tels

lascars.

Plus L.A.P descend, plus le compteur de température d’eau va

dans le rouge, ça, c’est pas bon.

EXT. MATIN

LARGE : AÏN-SEFRA

Bonjour au copain restaurateur, L.A.P lui emprunte quelques

outils et démonte le calorstat des fois que ce modeste

appareil soit la cause de ce réchauffement de mauvais aloi ;

pas d’amélioration.

L.A.P démonte le radiateur, puis, ils vont chez un

spécialiste,

155.

EXT. MATIN

MOYEN :CHEZ LE SPÉCIALISTE EN RADIATEURS

L.A.P assiste au solo du détartreur ; le type commence par

dessouder tout le haut du bloc, dans un râtelier portant des

tringles de différents calibres, il choisit le modèle

idoine, et se met à ramoner gaillardement son appareil à

évacuer les calories.

Une fois l’opération terminée, l’artisan rince abondamment

la pièce, la retourne, et ressoude la partie supérieure.

Le radiateur, reconstitué et refroidi, il adapte au bas de

ce dernier un morceau de chambre à air de vélo ou mobylette

fermé par un noeud, verse de l’acide jusqu’à la moitié de la

partie récemment reposée, et se servant de la chambre à air

comme d’une poire, fait circuler le liquide quelque temps.

Il récupère l’acide, rinçages, voilà L.A.P avec un radiateur

comme neuf, l’opération est un peu chère, mais réglée en

dinars.

L.A.P remonte le tout, fait des essais concluants.

INT. DÉBUT DE SOIRÉE

MOYEN: CHEZ LE COPAIN RESTAURATEUR

Ils cassent la croûte ensemble, puis L.A.P continue sa

route, il aime bien dormir dans la campagne et attendre de

tomber de sommeil pour ce faire.

INT.DÉBUT D’APRÈS-MIDI

MOYEN:ADRAR

L.A.P, après avoir salué son copain et s’être sustenté,

passe à la douane, maintenant qu’on le connaît, malgré tous

ses coups tordus, les fonctionnaires ne l’embêtent plus, il

faut dire aussi qu’il est rôdé, et que pour le prendre en

défaut, maintenant, il faut se lever de bonne heure.

EXT. APRÈS-MIDI

MOYEN : REGGANE

L.A.P passe la douane. Puis emmanche la piste.

La voiture tire mieux dans le sable mou qu’il ne le

craignait, son moteur ronronne, L.A.P a une pensée émue pour

toutes les pièces en mouvement, aux bielles, soupapes,

pistons, arbre à cames, tout cela lubrifié en permanence par

la pompe à huile, l’automobile est une machine magnifique !

156.

EXT. NUIT

MOYEN : SUR LA PISTE

L.A.P s’égare sur la route de Timiaouine, ça commence à

devenir une habitude ! il s’en aperçoit assez rapidement,

fait demi-tour ; dès qu’il croise des traces nombreuses, il

prend à gauche, et retombe sur le large et habituel

enchevêtrement d’empreintes de pneus.

EXT. JOUR

MOYEN : CENT BORNES AVANT GAO

Un petit touareg lui fait signe, L.A.P s’arrête, le gamin

lui montre sa main bleue et gonflée comme un gant à

vaisselle dans lequel on aurait soufflé, il lui dit «

scorpion », l’un de ses rares mots français, L.A.P pointe

mon index sur lui, puis vers le sud, dis « Gao », il

comprend qu’il veut l’emmener, mais refuse, L.A.P insiste en

vain ; n’ayant rien pour le soulager. L.A.P repart en

louchant le rétro des fois qu’il change d’avis.

Un vent de sable rasant se lève une quarantaine de

kilomètres plus loin, L.A.P s’arrête un peu, mais crevant de

chaud, et ne sachant pas combien de temps cela durera, il

finit par repartir, les traces deviennent de moins en moins

nombreuses et visibles, il se fixe sur l’une d’elles récente

et profonde, au détour d’une grosse touffe d’herbe sèche, il

la perd ; le sable est mou, ne pouvant s’arrêter sans

s’ensabler, il tourne large pour retomber sur ses traces,

plus rien, tout a été nivelé par le vent, qui s’arrête

quelque temps après.

Dès que le sol est un peu consistant, L.A.P s’arrête pour

réfléchir, la petite montre du tableau de bord indique 11

heures, le soleil est à gauche, il est donc dans le bon axe.

Il continue en se référant à l’ombre du montant de

pare-brise, une demi-heure après, il regarde la pendulette,

consternation et désolation, elle n’a pas bougé depuis qu’il

l’a consultée ; depuis le départ elle n’a eu aucune

défaillance, le sable, s’infiltrant partout, a dû la

bousiller.

Stoppant le concentré de génie humain, il monte sur le toit

pour apercevoir quelque signe pouvant le guider, pas de

trace de poussière soulevée, le silence est total, L.A.P

voit une éolienne à l’horizon, se souvenant qu’il y en a une

quelques dizaines de bornes à gauche de la piste avant Gao,

il décide de se diriger vers elle.

(CONTINUED)

CONTINUED: 157.

N’ayant aucun matériel pour désensabler s’il se plante, il

roule assez vite. Dépassant le sommet d’une dune, le versant

descendant n’est plus stabilisé par les touffes d’herbes

sèches, la voiture s’enfonce à mi-roues dans le sable mou,

et se met en crabe, L.A.P accélère, et s’en sort, mais

l’alerte a été chaude !!!!!!!

L.A.P arrive à l’éolienne, celle-ci est immense, il n’en

avait jamais vu de près, c’est impressionnant !

En tout cas, la piste menant à Gao n’est pas au rendez-vous,

L.A.P grimpe en haut par les échelons prévus à cet effet,

arrivé sur la plate-forme du sommet, il regarde dans tous

les azimuts, pas de piste, pourtant, il voit très, très loin

! À l’horizon, une autre éolienne, L.A.P décide d’aller y

jeter un oeil. Arrivé à cette dernière, toujours pas de

piste, une fois grimpé, il voit une autre éolienne, il y

va... L.A.P croise des gazelles ; au bas du monument, il y a

un manche de hache dont la boule percée permet d’y glisser

un fer selon le système classique en Afrique, il le balance

derrière les sièges avant de la voiture, monte, toujours

rien... L.A.P se dit que là, ce n’est plus un margouillat,

c’est un crocodile ! Il décide de revenir sur ses pas.

L.A.P reprend ses traces jusqu’à une dune molle qu’il ne

peux remonter, la contourne, ne retrouve pas la marque de

ses pneus, Il a beau tourner, rien, L.A.P ne sait plus du

tout où il se trouve, si la piste est devant, derrière, à

droite ou à gauche, quelle galère !!!!!

Regardant ses traces arrière et l’éolienne au loin, L.A.P en

déduit la direction probable de son ancien itinéraire, et

conservant tant bien que mal l’angle de route avec l’ombre

du montant du pare-brise il roule, roule, et finit par

retomber sur des traces de pneus plus larges et plus écartés

que les siens, il les suit sur une trentaine de kilomètres,

puis tombe sur un petit camp touareg de quatre tentes,

n’oubliant pas les usages, il s’approche et frappe dans ses

mains. Un Tamashek* sort, L.A.P lui demande la route de Gao

; bien que ne parlant pas Français, Gao, l’autochtone

connaît, il lui indique les traces qui l’ont mené jusque là

et continuent, et dit, « Gao » à plusieurs reprises, L.A.P

le remercie, et enfile les marques des pneus, quelques temps

après, il croise le plus merveilleux spectacle que l’on

puisse imaginer : la piste, large comme plusieurs

boulevards, il l’emboîte à droite.

158.

EXT. JOUR

MOYEN : GAO

Trois quarts d’heure après, il est devant Mambi, cinq

minutes plus tard, il s’enfile une 75 cl cul sec, et en

redemande une autre pour pousser la première.

Ce devoir élémentaire accompli, Boubakar l’informe que Gerry

a monté son camping, et l’y conduit.

EXT. SOIR

MOYEN : DANS LA COUR DU CAMPING

Pendant que Gerry prépare la tambouille, L.A.P lui fabrique

un système à assassiner les moustiques : il tresse comme un

ancien panier à salade rond en fils de fers, dont un rang

sur deux est branché sur un pôle 220 volts, le second, sur

l’autre, le tout tenu sur une armature en petit bois souple

par de la ficelle pour éviter un court-circuit. Il pousse le

vice jusqu’à alimenter ce piège par une ampoule électrique

en série, ce qui fait qu’en cas de court-jus, l’ampoule

s’allumera, sans autre dommage.

L.A.P adjoint à l’intérieur de son piège une autre lampe qui

servira d’appât et d’éclairage pour la table au-dessus de

laquelle il pose son traquenard. Il attend avec impatience

qu’un moustique se pointe, comme par hasard, il n’en vient

pas. L.A.P choppe une grosse sauterelle pour voir sa

réaction au contact de l’embuscade et la lâche dessus, les

deux pattes arrière se détachent instantanément de l’animal,

L.A.P croit que les moustiques n’ont qu’à bien se tenir !

C’est l’époque des cantharides, ces charmantes bestioles,

réputées pour leurs vertus aphrodisiaques, ont une

prédilection pour les atterrissages dans le cou, (on ne les

sent qu’au volume qu’elles prennent sous la chemise), une

fois posées, elles lâchent un acide extrêmement virulent qui

vous fait de grosses cloques en deux coups de cuillère à

pot, si l’ulcération crève, en coulant, le suc en refait une

série plus bas.

L.A.P vend quelques pièces de 404, mais, n’étant pas trop

ferré, il ne s’attarde pas à Gao, et le lendemain matin, il

droppe sur Niamey.

159.

EXT. APRÈS-MIDI

MOYEN :NIAMEY

Arrivé, L.A.P envoie une tripotée de cartes postales car il

a remarqué que ce petit bout de carton fait très plaisir

lorsqu’il arrive, et que son émission ne coûte pas beaucoup

de temps et argent.

EXT. APRÈS-MIDI

MOYEN :A LA FRONTIÈRE BÉNINOISE

L.A.P donne deux bidons de plastique de 10 litres ayant

contenu son eau pour la traversée du Tanezrouft et gardés

pour la circonstance.

Il dort au camping de Kandi, démarre tôt le matin.

EXT. MATIN

MOYEN :SUR LA ROUTE DE PARAKOU

Vers 9 heures, L.A.P attrape deux caméléons sur la route, ce

qui n’est pas un tour de force : quand ils sont sur le

goudron, ils essaient de faire vite, mais faire vite pour un

caméléon est très relatif, ils font deux ou trois

basculements avant/arrière avant de pouvoir progresser

efficacement d’un pas. Quand ils se sentent en danger, ils

arrivent à faire des pas successifs mais hésitants et en

chaloupant fortement. L.A.P les met sur les revers de sa

chemise, ils n’en bougent pas.

EXT. FIN DE MATINÉE

MOYEN: PARAKOU RESTAURANT DE NESTOR

Ce dernier a été retrouvé il y a deux jours, mort dans son

lit, le ventre tellement gonflé qu’il a fallu l’enterrer dès

le lendemain avant qu’il n’explose, ça sent l’empoisonnement

à plein pif !!

Son frère a déjà chaussé ses bottes, sa femme et son

restaurant ; il pérore comme un paon derrière le comptoir,

L.A.P ne va pas s’attarder.

Le soir, pendant le dîner, vient un début de palu à L.A.P :

suées au front, chair de poule sur les bras, raideur dans le

cou, difficulté pour les yeux de faire le point, L.A.P

bondit tel le fauve sur le tube de Quinimax, s’en enfile

deux qu’il pousse d’une BB, finit de dîner, et va pieuter

(CONTINUED)

CONTINUED: 160.

sur la terrasse. Le lendemain, bien que retapé, il reprend

deux cachets à tout hasard au petit déjeuner, et dégage de

l’antre.

EXT. MATIN

MOYEN: SUR LA ROUTE DE BOHICON

Ayant entendu dire que les marchands de voitures, après la

guerre, mettaient de la sciure dans l’huile pour étouffer le

bruit des ponts usés, L.A.P s’arrête chez un menuisier qui

borde la route, en achète pour trois francs, six sous, ce

qui n’y change rien !

EXT. MATIN

MOYEN:BOHICON

Arrivé à Bohicon, L.A.P s’arrête pour manger au restaurant

qui surplombe la route, un mec averti par un tiers se pointe

pour acheter sa voiture.

L.A.P tape 600.000 CFA = 1800£, quelques temps après avoir

fait ronfler le moteur, ils tombent d’accord sur 550.000

CFA, le client dit qu’il revient le payer.

Un quart d’heure après, il est de retour avec le mécanicien

à qui L.A.P a déjà eu à faire à Abomey lors de sa quatrième

descente, il demande à faire un tour du quartier ; avec le

pont arrière bousillé, il va falloir jouer fin!

L.A.P fait semblant de piquer une grosse colère à cause de

la présence du mécano, leur dit de monter ; la transmission

se mettant à s’exprimer à partir de trente à l’heure, L.A.P

roule en surveillant le compteur de vitesse, le mécano lui

demande d’accélérer, justement, ils arrivent sur de la piste

(comme par hasard), jouant toujours le gros énervé, L.A.P

pousse les rapports sur la latérite, avec les cahots, ils ne

peuvent pas entendre le bruit du pont arrière. L.A.P revient

à toute allure en choisissant soigneusement des routes de

terre, ils reviennent au restaurant ; maintenant, il faut

qu’ils réfléchissent car L.A.P part sur Cotonou,

conciliabule, L.A.P fait semblant de ne plus s’intéresser à

eux, sur les conseils de son mécanicien, l’acheteur ne veut

pas mettre plus de 500.000 CFA, faisant l’ulcéré, L.A.P dit

banco du bout des lèvres ; le type le règle dans la foulée.

L.A.P a fait d’une pierre deux coups, 1r fourgué son os, 2r

décrédibilisé le garagiste (il a honte, le mécano fait bien

son boulot, mais sa prestation lui nuit à chaque fois qu’il

a affaire à lui).

(CONTINUED)

CONTINUED: 161.

L.A.P paie l’addition, puis, va prendre le train direction

Cotonou.

INT. MATIN

MOYEN:HÔTEL BABO

L.A.P salut la compagnie, Raymond, un des fils du patron,

sympa, a acheté une superbe Nissan Patrol volée au Nigeria,

Hans et Jöss sont là, ayant déjà vendu leurs oignons en

route.

Les Hollandais sont les gens qui se rapprochent le plus des

Français, ce sont des démerdards, ils aident s’ils le

peuvent les collègues, et ne balancent pas les autos à

n’importe quel prix comme les Allemands, les Anglais

viennent uniquement se promener, on ne voit quasiment jamais

d’autres nationalités européennes.

INT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN:HÔTEL BABO

Jöss choppe L.A.P à part : Raymond a fait l’acquisition d’un

grigri pour ne pas se faire prendre à la frontière française

et compte passer une grosse valise bourrée d’herbe grâce à

ce merveilleux outil, Jöss lui demande de l’aider à l’en

dissuader, ils tapent à la porte de la chambre de Raymond,

L.A.P essaie de le convaincre que les grigris marchent très

bien en Afrique, mais pas en Europe, rien à faire, il est

persuadé que son amulette le fera passer comme une lettre à

la poste! L.A.P insiste, puis abandonne, car Raymond

commence à se fâcher, ses croyances, et le monde pragmatique

que L.A.P essaie de lui faire pressentir sont à des

années-lumière l’un de l’autre.

Avec son passeport presque neuf, L.A.P va à l’ambassade

demander un visa pour le Nigeria, les deux hollandais et un

français y ont déjà déposé les leurs les jours précédents.

INT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN:AU BÉNIN PALACE

C’est la journée commémorant le courage des soldats béninois

: lors d’une descente de mercenaires, il paraît que deux de

ces derniers, restés sur le carreau et conservés au froid,

sont exposés chaque année sous le pont de Cotonou, cela

paraît curieux, les cadavres ne supportant pas trop bien le

(CONTINUED)

CONTINUED: 162.

climat, mais L.A.P a déjà entendu plusieurs fois cette

histoire.

Le passage au Nigeria étant toujours un rodéo, les copains

attendent deux jours de mieux afin qu’ils puissent partir

ensemble.

Au Bénin Palace, L.A.P fait connaissance avec deux Français

qui se sont associés pour passer des bagnoles par bateau

(cette pratique en se généralisant, devient une concurrence

sérieuse) ; ils ont loué une maison près de la plage et

hébergent le Corse (qui avait indiqué à L.A.P le coup des

légalisations de cartes grises), ce dernier est rentré avec

une Ghanéenne qu’il a ramonée jusqu’à l’aube, la fille

commentant vigoureusement les pratiques qu’il lui faisait

subir, ce, au grand dam de l’obèse.

Ils jouent à la belote, l’autre associé raconte à L.A.P

qu’il s’est fait facilement une poignée d’oseille ; engagé

comme mercenaire en Belgique, il a touché une confortable

avance, puis est parti en avion pour le Congo sous le

couvert d’un reportage, avec caméra et tout le tremblement.

Au questionnaire douanier, il écrit : métier : «

mercenaire», que venez vous faire ? « un coup d’état »,

expulsion par l’avion suivant. De toutes façons, il n’avait

aucune envie de participer à un coup de main en Afrique, il

visait uniquement l’acompte!

Un autre personnage a fait son apparition chez Basile (le

patron du Bénin palace) : Big Jo, un Béninois dodu qui

commence à passer des voitures, il est marrant comme tout,

et malin comme un singe.

Ce dernier a fait imprimer en France des formulaires

d’assurance auto à un nom bidon avec tampons à la même

raison sociale, ceux-ci lui permettent de faire la

France-Cotonou sans débourser un liard de ce côté.

L.A.P lui achète deux formulaires tamponnés vierges, ce qui

lui évitera de prendre l’assurance à la frontière malienne.

INT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN:HÔTEL BABO

Un couple demande à L.A.P où acheter des vélos chinois, car

ils veulent aller à Ouagadougou à bicyclette, L.A.P essaie

de les décourager ; venus en avion, ils ne connaissent pas

les routes et pistes africaines, rien à faire, une heure

plus tard, ils ont acheté deux engins flambant neufs.

Deux jours après, ils sont de retour à l’hôtel, cramés, et

163.

demandent à L.A.P à qui fourguer leurs clous, il n’en sait

rien, et n’a pas le temps car ils partent vers Lagos.

EXT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN:À JONQUET

Ils changent des nairas, et louent un taxi 404 berline.

EXT. MATIN

MOYEN:VERS LAGOS

Le voyage s’effectue sans problème particulier, L.A.P a mis

les sous de la voiture et du passage dans son calbar ; dans

sa sacoche Tamashek autour du cou, son passeport, deux

petits bracelets d’ivoire et 500 francs français changés à

un françouze.

Il pleut, l’atmosphère est très lourde, durant le voyage,

L.A.P pose sur la plage arrière du taxi la sacoche qui lui

colle à la peau.

EXT. FIN D’APRÈS-MIDI

LARGE: À L’AÉROPORT DE LAGOS

Il pleut toujours, l’air est chargé d’électricité, les flics

gueulent de dégager, le chauffeur leur dit de sortir presto,

ils s’arrachent du véhicule, prennent leurs sacs dans le

coffre, le taxi part en trombe, ils sont toujours sur le

trottoir lorsque L.A.P se rend compte qu’il a oublié sa

sacoche sur la plage arrière, Jöss lui dit que le taxi va

revenir, L.A.P lui répond de ne pas y penser, il y a les

bracelets, les sous, il ne reviendra pas, ce passeport, ne

lui aura pas servi longtemps !

INT. FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN:DANS L’AÉROPORT

Les copains sont consternés (du moins Hans et Joss, le

Français s’en tamponne le coquillard, il faut dire que c’est

une grosse tache).

L.A.P les rassure en leur racontant brièvement l’histoire de

son voyage sans visa, et précise que son but est d’arriver

en zone de transit, après, ça ira tout seul.

(CONTINUED)

CONTINUED: 164.

Ils attendent dans la zone internationale jusqu’au soir sans

que les douaniers et policiers ne bougent de leurs guichets,

ils prennent quelques bières et sandwichs ; il y a de moins

en moins de monde, L.A.P étudie les paramètres pour gérer au

mieux sa situation, c’est bon de sentir les deux hollandais

à ses côtés et qu’ils prennent ses patins à fond !

Il ne faut pas trop s’attarder, car lorsqu’ils seront seuls

dans l’aéroport, ils deviendront le point de mire des

fonctionnaires.

Les affichages n’annoncent plus de départ imminent, L.A.P

dit aux copains que c’est bientôt le moment, quand il leur

donnera le feu vert, ils essaieront de passer dans la zone

de transit, ils approchent discrètement des guichets de

police et douane.

Une dizaine de minutes plus tard, les douaniers et policiers

se cassent, L.A.P attend un peu, et donne le top, sans

hésiter, ses compères passent, il est dernier à la suite du

Français, quand un policier sort et leur demande où ils vont

; Joss et Hans expliquent en anglais que pour la nuit, ils

veulent aller dormir dans la zone de transit, le flic

demande à examiner les passeports, il regarde les trois

premiers (et seuls) visas, et leur dit de passer.

Le lendemain matin, L.A.P leur donne ses nairas afin qu’ils

lui prennent un billet, puis qu’ils présentent son bagage au

guichet d’embarquement, à partir de là, il faut qu’ils

improvisent, et lui rapportent le tout dans la zone de

transit qu’il ne compte pas quitter. Ils se débrouillent

comme des chefs, et tout se déroule bien, quelques temps

après, ils se séparent, car leur vol précède celui des

français.

INT. NUIT

MOYEN:DANS L’AÉROPORT DE PARIS

Atterrissage de nuit, tout le monde a un passeport sauf

L.A.P ; l’impression d’être le vilain petit canard, il

demande au flic français comment on fait pour sortir sans ce

document, le fonctionnaire se fait relayer pour

l’accompagner au bureau du chef et ne le lâche qu’une fois

le colis réceptionné, il ne peux pas rééditer le coup de

Lagos.

165.

INT. NUIT

MOYEN:DANS LE COMMISSARIAT DE L’AÉROPORT

Le chef est un petit rondouillard en civil qui fume la pipe,

tout en lisant un document, il lui demande ce qui lui

arrive, L.A.P lui narre brièvement son histoire de sacoche,

le fonctionnaire lui dit pensif : « c’est chaud le Nigeria

», ils discutent de choses et d’autres, puis il demande à

L.A.P de remplir une petite fiche : nom du père, nom de

jeune fille de la mère, adresse, etc...... pas grand-chose,

une fois cette fiche remplie, L.A.P la lui tend, le chef lui

dit : « vous pouvez y aller ».

Réfléchissant plus tard, L.A.P comprend que le chef flic, en

discutant de choses anodines, a fait un diagnostic rapide :

1r qu’il était bien français, 2r que son air tranquille l’a

assuré qu’il n’avait rien à me reprocher, analyse rapide,

initiative personnelle ; chapeau !

_Dixième chapitre_---------------------------------

10/14 INT.JOUR.

LARGE:DORDOGNE.LALINDE CHEZ LES GENDARMES

Nouvelle déclaration de perte de passeport (réelle,

celle-là), nouveau passeport.

INT.JOUR.

MOYEN : CHEZ L.A.P

Dominique demande à L.A.P de le descendre en Algérie, car il

doit faire du business avec un Algérien d’Adrar qui avance

les fonds en francs français, mais son correspondant à Paris

se fait tirer l’oreille pour lâcher l’oseille.

Il narre à L.A.P son dernier périple : descente avec Lien,

traversée à peu près sans problèmes, arrivés à Kandi, le

chef de la police pique tous les papiers pour leur soutirer

de l’argent ; plusieurs jours de tractations plus tard, la

situation n’a pas évolué.

Dominique, voyant que les fenêtres du commissariat sont un

peu symboliques, va, de nuit, le visiter et récupère ses

papiers ; au camping, il laisse entendre qu’il s’est arrangé

en sous-main avec l’un des flics, et ils s’arrachent.

Personne ne connaît la fin de l’histoire, ni comment les

comptes se sont réglés, mais ça a dû être saignant !

(CONTINUED)

CONTINUED: 166.

Après avoir vendu leurs voitures au sud, ils remontent par

la route, malgré le coup du commissariat encore brûlant, ils

passent le barrage de Kandi sans problème.

EXT.JOUR.

LARGE : PETITE PLACE DU CENTRE VILLE DE KANDI

Le taxi-brousse s’arrête un moment pour que des passagers

descendent en attendant que le taxi soit à nouveau plein

pour repartir.

Vient à Dominique la courante (comme tout le monde en

Afrique), il cherche désespérément un coin où poser le colis

encombrant, il aperçoit une toute petite cahute en dur de 2

mètres sur 2 dans la végétation de la place, espérant des

chiottes publiques, il demande au chauffeur du taxi à quoi

sert cette guitoune, l’autre lui répond que tout ce qu’il en

sait est qu’elle est hantée, et que personne n’y va jamais.

Ce n’est pas le genre d’argument qui puisse arrêter le

loustic, la flore le cache un peu, en faisant basculer sur

le côté les planches un peu pourries du bas de la porte, il

les sort une à une de leurs rainures ; aussitôt entré,

soulagement de l’individu. Sa vue s’étant adaptée à

l’obscurité du local, il jette un oeil alentour : une

demi-douzaine de lourds fusils de brousse sont accotés au

mur.

Il sort, refermant soigneusement le bas de la porte.

Sachant que L.A.P aime bien ce genre d’articles et qu’il est

assez vicelard pour pouvoir les remonter, il lui fait part

de sa découverte.

EXT.JOUR.

LARGE : MÉLILLA

L.A.P fait son plein de bouteilles de Whisky dans les

portières,en ayant marre de passer par la douane de Oujda et

ayant entendu dire qu’à Figuig, les douaniers sont moins

tatillons. En plus des 4 bouteilles planquées dans les

portières, il achète 3 bouteilles d’anisette; après avoir

vidé une petite partie de l’une d’elles, L.A.P la met dans

son sac aux pieds de Dominique, la deuxième planquée sous

des vêtements sur la plage arrière, la dernière dans le

coffre arrière, on a le droit d’en passer une

officiellement, ça devrait aller.

167.

EXT.JOUR.

MOYEN :FIGUIG

Effectivement, les douaniers sont moins teigneux qu’à Oujda

!

Ils passent les doigts dans le nez et les mains dans les

poches...

INT.JOUR.

MOYEN :VISITE AU COPAIN D’AÏN-SEFRA.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.

LARGE :BÉCHAR

Ils discutent avec un jeune de 17-18 ans qui trafique un peu

de tout, L.A.P lui vend deux bouteilles de Whisky 400 dinars

(il faut bien encourager le petit commerce), l’acheteur les

invite à manger le couscous chez lui, banco.

EXT.NUIT.

LARGE :BÉCHAR

Lorsqu’ils redescendent, deux heures plus tard, L.A.P trouve

son pare-brise sous la voiture, le joint a été découpé ;

lunettes de soleil, fringues, papiers chouravés,

heureusement, il avait son pognon sur lui, et ses quelques

outils à l’arrière !

Le môme fait le désolé, mais L.A.P est persuadé que c’est

cet enfoiré qui a monté le plan.

L.A.P attrape l’indélicat, et lui fait comprendre qu’il ne

réclame rien de ce qui a été volé dans sa voiture, hormis

les papiers, car sans eux, il est coincé, que, si cette

nuit, ils ne lui sont pas rendus, demain, il ira à la

police, qu’il devra préciser les circonstances du vol et

sera obligé de l’impliquer, il joue l’outragé, mais L.A.P

n’en attendait pas moins. Dominique lui dit déjà qu’il ne va

pas pouvoir rester avec lui, vu que L.A.P est planté sans

papiers.

168.

EXT.NUIT.

MOYEN :

L.A.P ne bouge pas la voiture du bas de l’immeuble, remet le

pare-brise en place pour les protéger du froid, ils

roupillent inconfortablement sur les sièges avant.

EXT.LE LENDEMAIN.

MOYEN :BÉCHAR

Miracle, ses papiers sont posés sur le capot. L.A.P pose le

pare-brise à l’arrière sur le baril, ils partent le nez au

vent chez le premier marchand de pièces détachées du coin,

L.A.P achète un joint de pare-brise plus quelques pièces

Peugeot, le remonte à la ficelle.

EXT.SOIR.

LARGE : ADRAR

L.A.P largue Dominique chez ses copains, va saluer l’ami

Ramdann.

(Traversée du Tanezrouft sans

complications particulières)

EXT.NUIT.

MOYEN :AU CRÉPUSCULE À BIDON 5

L.A.P s’arrête pour laisser la nuit descendre, les petites

gerboises qui pullulent lui grimpent dessus pour manger le

pain qu’il tient à la main comme s’il n’existait pas, il les

repose à terre ; aussi sec, elles le ré escaladent, pour

être tranquille, il sème plein de miettes autour de lui,

puis entame un très petit roupillon, car les bestioles non

rassasiées lui courent sur la tronche, et commencent à lui

grignoter les oreilles, taïaut...

EXT.APRÈS-MIDI.

LARGE :TESSALIT

Il y a du schprountz, le chef de la police, désirant la

voiture d’un convoi qui a précédé L.A.P, bloque tous les

passeports pour l’acheter 200.000 francs maliens = 150£, il

est heureux de voir que tout le monde soutient le

propriétaire de l’objet convoité ; pour repartir, il leur

(CONTINUED)

CONTINUED: 169.

faut tous attendre le bon plaisir du sinistre personnage.

Plus de bière sur place, il lui en reste quelques-unes qu’il

met à fraîchir dans un chiffon mouillé ; L.A.P n’a plus que

15 francs français = 2,25£ en poche, heureusement qu’il lui

reste une des assurances achetées à Big Jo.

INT.JOUR.

MOYEN : LE BUREAU DE POSTE

((L.A.P va voir le préposé aux postes (ils sont copains

depuis qu’il lui apporte des graines de légumes), lui

demande combien coûte un télégramme pour la France, s’il est

possible d’en envoyer un avec si peu, il lui répond que pour

cette somme, il a droit à 8 mots, adresse comprise, de plus,

L.A.P doit fournir 5 litres d’essence pour le groupe

électrogène.

L.A.P lui fournit la quantité requise du sang de la terre,

puis tronçonne odieusement l’adresse de ma mère : celle-ci

habitait à cette époque, avant de s’en faire déloger par les

sarrasins, un petit H.L.M sympa, l’adresse en était: Madame

Verna H..., 3 square du Bois Rouault 93800, Épinay sur

Seine.

L.A.P la transforme en : Verna square Dubois Rouault Épinay

93800, le message: O.K Christophe. De toutes façons, à

93800, il n’y a qu’un Epinay : Epinay/Seine, L.A.P se dit

qu’Épinay/Orge, à côté n’a sûrement pas le même code postal.

Il compte sur la conscience professionnelle des postiers

français devant l’adresse approximative d’un télégramme

provenant d’un coin désolé de la planète.

Le préposé verse une partie des 5 litres de carburant dans

un réservoir géant, garde le reste par devers lui, titille

un pointeau, ouvre des robinets, tapote sur la cuve d’un

carburateur en bronze, empogne à deux mains une poignée

fixée sur un énorme volant de fonte, lui imprime un

mouvement de rotation, une fois que le volant tourne assez

vite, il libère le blocage d’une soupape sortant du cache

culbuteurs, le moteur commence à pétarader ; il va

rapidement à une table sur laquelle se trouve un

manipulateur Morse, et commence à émettre ; il attend les

quelques bips-bips d’accusé de réception, se lève, coupe le

moteur du groupe électrogène, et dit à L.A.P que c’est parti

; discrètement sceptique, ce dernier le remercie.

(De retour à Paris, L.A.P

calculera que le télégramme a

mis 2 heures pour arriver ; sa

mère l’avait reçu avant qu’il

n’ait quitté Tessalit,

(CONTINUED)

CONTINUED: 170.

somptueux !!!! Un H de son

prénom ayant disparu pour

réapparaitre dans Rouhault

lors de la transmission, ainsi

qu’un "i" de l’un des Epinay,

il n’envisageait pas pour

autant, d’attaquer les PTT

maliens.)

EXT.SOIR.

LARGE :TESSALIT

En attendant, l’autre tordu les plante une journée entière,

L.A.P en profite pour faire de la publicité à Gerry

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

LARGE :TESSALIT

Une délégation monte à la jolie petite maison (datant

visiblement du temps des colonies) abritant le bureau du

chef de police véreux, et lui fait comprendre que cela ne

peut durer, qu’il faut nous relâcher, une heure après, tout

le monde est libéré.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.

LARGE :GAO, CHEZ LOU GERRY

Il y a beaucoup de monde , quasiment que des Français, on

boit sec, on rigole.

L.A.P reçoit des nouvelles des types en R12 ; l’embrayage

ayant lâché sur la piste, le proprio est remonté en

abandonnant la caisse, le brun s’est démerdé, a réussi à la

ramener et la négocier à Gao, l’un des deux Lyonnais de

l’affaire de Bamako est redescendu (pas le ramolli) avec un

camion dont il a cassé le carter du pont arrière sur une

pierre, il a terminé la route avec un seau dessous pour

récupérer l’huile et la réintroduire régulièrement.

L.A.P vend des pièces Peugeot neuves achetées en Algérie

avec les dinars des descentes précédentes.

171.

EXT.MATIN, QUELQUES JOURS PLUS TARD

LARGE : CHEZ GERRY

Ils partent à plusieurs autos sur Niamey ; à la sortie de

Gao, au barrage, un militaire qui veut faire du zèle bloque

tout le monde car une des voitures roule carrément (comme

souvent) en échappement libre ; un conducteur en queue de

caravane demande en gueulant « qu’est-ce qui se passe ? »,

l’autre le renseigne sur la cause de l’arrêt, le gueulard

répond « files-lui un bidon », entendant cela, L.A.P se dit

qu’il va y avoir des problèmes, il est immédiatement rassuré

quand il entend le fonctionnaire demander « il y a des

bidons ? ».

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.NIAMEY

LARGE :

Une partie du convoi reste à Niamey, L.A.P continue avec

trois d’entre eux, un couple et leur ami dans deux voitures.

EXT.FIN DE MATINÉE,

LARGE :MALANVILLE, FRONTIÈRE BÉNINOISE

Un photographe ambulant les immortalise entourés de petits

Béninois, L.A.P achète le Polaroïd, la femme se fait

refourguer un petit singe adorable dont les doigts sont plus

fins qu’une allumette.

EXT.FIN DE MATINÉE

LARGE : UN PEU PLUS LOIN

Ils s’arrêtent pour boire une BB, le patron de la buvette a

construit un transatlantique de deux mètres cinquante de

long avec des matériaux de récupération, le résultat est

magnifique!

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.ARRÊT AU « CAMPING » DE KANDI

LARGE : DANS LA COUR DU CAMPING

Après avoir acheté 10 litres de vin portugais (pour quatre,

dont une dame, ça devrait suffire), ils trinquent avec des

étudiantes en médecine béninoises venues étudier sur place

l’onchocercose qui rend aveugle une partie des paysans.

(CONTINUED)

CONTINUED: 172.

L.A.P va repérer, tant qu’il fait un peu jour la guitoune

aux fusils qui se trouve de l’autre côté de la route, il la

trouve très facilement, il est étonnant qu’avec des

alentours aussi fréquentés, elle n’ait pas été visitée !

Dans la foulée, L.A.P achète une lampe torche made in China

et des piles.

Ils mangent copieusement et boivent de même.

La nuit tombée, L.A.P prend sa lampe, sort discrètement, et

file à la cahute.

Ayant sorti les planchettes, il éclaire par terre pour ne

pas marcher dans les traces de Dominique, il ne reste rien

de son passage, même le pécul a disparu ! L.A.P entre,

cachant en partie la lumière avec ses doigts de façon à

l’assourdir, il découvre les fusils, ils sont toujours là,

et apparemment, depuis longtemps, mais ce ne sont pas de

petits modèles, L.A.P décide de les laisser sur place, et de

les prendre le jour où il remontera par la piste.

Revenu au camping, L.A.P se rassoit à table et reprend les

hostilités où il les avait laissées. Tant que les dix litres

ne sont pas pliés, ils entonnent le jus de treille

portugaise, rideau....

EXT.MATIN.

LARGE : DANS LA COUR DU CAMPING

C’est le soleil, déjà haut dans le ciel qui le réveille ;

vautré par terre, au milieu de la cour, avec une casquette

en peau de locomotive et un bon coup de soleil sur la

tronche, les moustiques ne lui ont pas fait de cadeau. Une

des étudiantes est assise sur les marches du plot central

portant le drapeau béninois, ses pieds encadrent sa tête,

elle est penchée sur lui et dit avec un sourire de cannibale

et une conviction extraordinaire, « Christophe il est cassé,

il est cassé jusqu’aux ...dents ! », L.A.P la supplie de

parler doucement, c’est vrai qu’il est cassé, le diagnostic

est juste, docteur!

Les copains restent quelques temps à Kandi, L.A.P, lui ripe,

ce n’est pas un coin dans lequel il aime s’attarder, y ayant

déjà laissé un permis de conduire français à un flic lors

d’une précédente descente (il comptait là-dessus pour qu’il

se pointe au commissariat se faire saigner le larfeuille).

173.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.

LARGE : PARAKOU

Chez feu Nestor, bien que cette fois-ci il n’en ait pas, les

serveuses l’appellent « Monsieur caméléon ».

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.

LARGE :KOKORO

Arrêt bibine, des artisans sculpteurs, curieusement coiffés

de bonnets phrygiens lui proposent leurs sculptures, L.A.P

achète un hippopotame très sympa pour la Mama, ainsi qu’un

joli "casse-noix", qui ne doit pas casser grand-chose.

EXT.APRÈS-MIDI.

LARGE : SUR LA PISTE AVANT OUÉSSÉ

Un énorme lézard à gros ventre (comme on en voit, pour la

boucherie, vivants, les pattes liées dans le dos sur les

marchés africains, celui-ci fait plus d’un mètre de long)

traverse la piste juste devant la voiture de L.A.P, ce genre

d’animal court très vite, il ne lui vient pas à priori

l’idée d’essayer de l’attraper, mais ce couillon, une fois

la piste traversée, s‘arrête, la tête dans un fourré, tout

le corps dépassant, L.A.P arrête doucement la voiture, prend

une chemise, et s’approche tel le Sioux. Il l’attrape d’une

main par une patte arrière, comme prévu, la bestiole tourne

la tête pour le mordre, L.A.P lui jette la chemise de façon

à lui encapuchonner le chef, ainsi que la partie haute du

corps et le tient cloué au sol, l’animal se débat comme un

beau diable, mais pour faire lâcher prise à L.A.P, il peut

toujours attendre ! Ils se battent quelques temps, L.A.P le

maintient de façon qu’il ne puisse pas se retourner, car les

griffes sont longues et acérées, puis, haletant, il se

calme, L.A.P sait qu’il va le relâcher, mais il ne peut

jamais résister au plaisir de capturer un animal ; sa peau

écailleuse est très douce et souple, trop ample pour son

locataire. Calmé, il ne bouge plus, mais L.A.P ne s’y fie

pas, une fois qu’il a savouré sa petite victoire, L.A.P le

lâche en s’écartant vivement, la bête part comme une flèche

avec la chemise, mais L.A.P ne regrette pas l’épisode.

174.

EXT.APRÈS-MIDI.

LARGE :TCHAOUROU

L.A.P se tourne dans une petite rue déserte pour soulager un

besoin élémentaire, dans le fossé, il trouve un petit canon

ancien en fonte de 60 à 70 centimètres de long, il le

soulève par un bout, il pèse un âne mort ! L.A.P repère

l’endroit en se disant qu’il doit être là depuis un bon bout

de temps, et remet à une prochaine fois son rapatriement en

France.

EXT.APRÈS-MIDI.

LARGE :DASSA

L.A.P fait connaissance avec un Français maître nageur ; il

ne sait comment, ni où vendre sa 404 break, L.A.P lui dit

qu’il a l’intention d’aller pointer à Abomey, s’il veut, il

peut l’accompagner, vu qu’ils n’ont pas la même marchandise,

ils ne se tireront pas dans les pattes, ça lui convient, le

lendemain matin, à la fraîche, ils dégagent.

EXT.APRÈS-MIDI.

LARGE :ABOMEY

Chacun prend une piaule au foyer des jeunes travailleurs,

puis, direction Johnny pour l’omelette, la belote africaine

et la cuite.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

LARGE :ABOMEY

Ils retournent montrer leurs trognons chez Johnny car son

restaurant jouxtant le marché est la meilleure vitrine pour

exposer les voitures sans trop avoir l’air de racoler.

INT.JOUR.

MOYEN :CHEZ JOHNNY

Petit déjeuner-aspirine nigérian, vers midi, entre dans le

restau un loustic entièrement recouvert d’un habit de raphia

avec deux adjoints, pas un brin de peau n’apparaît, il

gesticule comme un forcené, pousse des gueulantes

épouvantables, tous les Africains sont terrorisés Johnny y

compris.

(CONTINUED)

CONTINUED: 175.

JOHNNY

(dit en aparté à L.A.P)

C’est Zangbeto, un revenant sorti

de sa tombe, il faut faire tout ce

qu’il ordonne, sinon, il va arriver

un grand malheur

Le « trépassé » fait agenouiller les gens un par un en

appelant chacun par son prénom (ce qui prouve une

préparation élaborée), débite des incantations bénéfiques à

l’intention de chaque prosterné, il faut jeter devant lui un

peu d’argent que ses acolytes ramassent. Chacun d’eux a un

long bâton dont il se sert pour écarter les fibres

voltigeant de l’habit du décédé, car une personne effleurée

par l’une d’elles tomberait foudroyée sur place ; prenant un

peu de recul, L.A.P considère la scène et se rend compte que

même les aides croient au truc, ils ne lâchent pas l’esprit

des yeux, et remplissent avec beaucoup de sérieux leur

office, en faisant très attention de ne pas être eux-mêmes

touchés.

Chacun ayant donné son obole, le cortège s’en va faire la

manche sur le marché, provoquant sur son passage des

hurlements de terreur.

L.A.P vend sa voiture 450.000 CFA = 1370£ assez vite, le

copain n’ayant pas eu de touche sérieuse, ils décident de

partir sur Cotonou, réglent les chambres du foyer, adieux à

Johnny.

INT.JOUR.

MOYEN :AU BÉNIN PALACE

Un jeune Français cherche à vendre sans résultat une Renault

"Prairie" plateau des années 50, moteur 2,4 litres, 11 Cv,

200.000 CFA, L.A.P se dit que ce serait un bon moyen de

remonter, cela lui reviendrait au prix d’un billet d’avion,

(sans les aléas de l’embarquement à Lagos), arrivé en

Dordogne, lui resterait l’auto ; de plus, en cours de route,

L.A.P pourrait remonter les fusils de brousse et le canon.

Après avoir examiné l’engin, L.A.P l’achète sans marchander

; se retrouver acheteur lui fait une curieuse impression, le

type lui laisse l’assurance qui est encore valable deux

mois. Un autre lui propose une innovation assez surprenante

remplaçant un cric : c’est un sac de forte toile plastifiée

de la grosseur d’un sac de marin, mais plus court qui se

gonfle par l’intermédiaire d’un tuyau à la sortie

d’échappement ; quand on est ensablé, il faut le mettre sous

la voiture, la pression des gaz lève celle-ci. En guise de

démonstration, le vendeur le place sous une 404, demande au

(CONTINUED)

CONTINUED: 176.

chauffeur d’accélérer un peu, l’auto se retrouve les deux

roues arrière en l’air instantanément, un clapet débrayable

empêche les gaz de ressortir trop vite, si bien que, même le

moteur coupé, la voiture reste dans cette position plusieurs

minutes, L.A.P achète.

Ayant vendu sa trapanelle, le copain demande à L.A.P s’il

peut le remonter, et combien il lui prend, se souvenant du

prix que chacun avait déboursé au retour de Bamako, L.A.P

lui dis 25.000 CFA = 75£, il lui réserve une place, un autre

Français, barman, est partant au même tarif.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

LARGE :DÉPART VERS LE NORD

L.A.P s’aperçoit rapidement que son oignon consomme beaucoup

d’essence. Pour amoindrir la consommation, il bouche en

partie le gicleur principal avec les petits brins de cuivre

d’un fil électrique, après plusieurs tâtonnements, en

enlevant et en remettant, il arrive à une consommation

raisonnable tout en gardant des chevaux sous le capot.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

LARGE :TCHAOUROU

L.A.P cherche le petit canon, calamitas, il a disparu!!!!!

INT.JOUR.

MOYEN :ILS DORMENT À PARAKOU

Ils partent tard dans la matinée car L.A.P compte s’arrêter

au camping de Kandi.

INT.SOIR.

MOYEN :CAMPING DE KANDI

L.A.P attend le soir, dit à ses covoituriers qu’il a besoin

de leur aide, leur explique succinctement le plan, ils vont

à la cahute, L.A.P écarte les planches, les fusils sont

toujours là, il les passe un par un à ses aides, ils les

rapatrient sans problème dans la piaule, le lendemain de

bonne heure, L.A.P donne le signal de départ.

177.

EXT.NUIT.

LARGE : AVANT NIAMEY

Ils croisent ou doublent des charrettes montées sur des

essieux de vieilles autos, quand tout va bien, elles ont une

petite lanterne rouge à l’arrière, le type est toujours

couché et roupille sur les marchandises, laissant le

bourricot tailler la route vers le marché, L.A.P n’en a

d’ailleurs jamais vu s’arrêter ou s’écarter de la droite du

chemin.

INT.JOUR.

MOYEN :NIAMEY

L.A.P casse la croûte chez une mama, un Nigérien lui montre

son bras gauche couvert de profondes cicatrices, il lui dit

que c’est ce qui lui reste d’une Prairie comme la sienne

avec laquelle il a fait trois tonneaux ; L.A.P récupère

divers souvenirs laissés chez le copain d’un des frères

garagistes chez qui il prépare ses voitures en Dordogne.

EXT.NUIT.

LARGE : 40 BORNES APRÈS TILLABÉRI

La piste est défoncée par les camions, une lame de

suspension avant casse, la voiture devient bancale, puis le

moulin indique une surchauffe anormale ; L.A.P arrête, lève

le capot, les silentblocs de moteur ont cassé, le

ventilateur en remontant dans un cahot a frotté sous la

réserve d’eau du radiateur, et l’a percée.

Les bidons d’eau prévus pour la traversée du désert sont

vides, L.A.P voit le Niger refléter la lune dans la nuit,

décide d’aller y puiser de l’eau, l’un de ses passagers

l’accompagne, le troisième garde l’auto.

La lune est assez pleine pour que les yeux, une fois

habitués à l’obscurité, ils voient où ils vont, mais le

fleuve est beaucoup plus loin qu’il n’y paraissait, croisant

un petit campement Touareg de six tentes, L.A.P tape dans

les mains pour essayer de leur acheter de l’eau, seules les

chèvres et des moutons dans leur enclos d’épineux leur

répondent, ce n’est pas rassurant du tout, surtout que les

Touaregs ont la défense rapide !

Arrivé au fleuve, L.A.P s’avance dans la vase pour remplir

le bidon à moitié, car, vu le chemin de retour à faire, ils

ont une bonne suée en perspective.

(CONTINUED)

CONTINUED: 178.

A l’aller, ils apercevaient le fleuve pour se diriger, mais

il est moins aisé de garder une direction avec le fleuve

dans le dos! Un peu sceptiques sur la direction à suivre,

ils attendent bouffés par les moustiques, puis, les phares

d’une voiture passant au loin sur la piste les orientent.

Deux bonnes heures après être partis, ils retrouvent la

piste, ils en ont plein les bottes ! Maintenant, ils ne

savent pas s’ils doivent aller à gauche ou à droite, L.A.P

opte pour la droite, un demi-kilomètre après, ils réveillent

le copain.

L.A.P remet parcimonieusement de l’eau juste au dessus des

tubulures de refroidissement du radiateur, puis repart ;

après plusieurs remises à niveau, ils arrivent à Ayorou,

dormir les yeux.

EXT.JOUR.

LARGE : AYOROU

Recherche de silentblocs et d’un gus capable de réparer le

radiateur. L.A.P trouve des silentblocs, ils sont un peu

hauts, ronds au lieu d’être rectangulaires, mais

l’esthétique n’est pas de mise ! Jouant du cric, L.A.P lève

le moteur, et les mets en place, pendant ce temps, un

soudeur lui retape le radiateur, en 2 heures, les malheurs

sont réparés.

EXT.JOUR.

LARGE :GAO

Ils vont poser leurs pénates chez Gerry, il paraît que les

lames de ressort se ressoudent à l’arc, pourquoi ne pas

essayer ?

Boubakar conduit L.A.P dans les fonds de Gao chez l’homme de

l’art ; il a l’air très compétent, mais prévient L.A.P que

c’est sans garantie.

L.A.P démonte le bloc de lame de ressort, sort la pièce

cassée, le ferronnier la soude à l’aide d’un groupe

électrogène mû par un moteur de 404.

Gerry est sur son 31, et affûte ses fourneaux, le Paris-

Dakar passe bientôt à Gao.

L.A.P achète un fût, y met 200 litres d’essence, complète de

deux jerrycans de 20 litres chacun, de l’eau dans deux

autres de dix litres, et c’est parti !

179.

EXT.JOUR.

LARGE : SORTIE DE GAO VERS L’ALGÉRIE

L’acquisition de L.A.P se comporte mieux qu’il le pensait

dans le sable mou, peu de temps après, la lame de suspension

recasse.

Le sac à lever les voitures fonctionne à merveille, ils

se rient des ensablements, pour sortir la voiture, même

enfoncée jusqu’à l’os, il suffit de creuser de quoi glisser

le sac plat, démarrer, gonfler, l’avant ou l’arrière se lève

instantanément de 40 centimètres, il n’y a plus qu’à combler

avec du consistant sous les roues, et l’affaire est réglée ;

béni soit l’inventeur de cette merveille !!!!!

EXT.JOUR.

LARGE :UN PEU AVANT TESSALIT

Ils commencent à croiser les motards du Paris-Dakkar

certains arrêtent L.A.P pour demander de l’essence car ils

se sont paumés, et ont peur de ne pas en avoir assez pour

finir l’étape, L.A.P leur en donne, mais est obligé de

filtrer l’essence à travers un chiffon car le fut acheté à

Gao est plein de merdes, ils trépignent et repartent après

n’avoir pris que quelques litres (qu’ils n’ont jamais

proposé de payer soit dit en passant !).

EXT.JOUR.

LARGE :PLUS LOIN,

Un accident vient de survenir, un Suisse dans une belle

combinaison blanche est étendu, d’après les premiers

secours, il a les vertèbres cervicales en miettes, le

copilote a la clavicule cassée, la voiture, en résine est

explosée. Selon le coéquipier, c’est un autre concurrent,

qui, lors d’un passage étroit leur a fait une queue de

poisson. Il y a plein de monde sur place, ils font rigoler

L.A.P à jouer les aventuriers alors qu’ils sont assistés

comme pas permis, quelle bande de clowns ! ils s’arrachent,

ils croisent de loin en loin d’autres concurrents.

40 bornes avant Borj-Moktar, une superbe moto BMW est sur la

béquille centrale, une paire de gants sur la selle, personne

autour.

180.

EXT.JOUR.

LARGE : ADRAR

Quasiment à sec d’essence, bonjour à Ramdann, L.A.P lui dit

que cette fois-ci, il remonte, impression fugitive qu’il le

croit un peu fou. Ramdann se remet du passage de la

compétition, et n’a pas grand-chose à manger, ils

arrivent tout de même à se caler les gencives, puis

repartent.

EXT.JOUR.

LARGE :DOUANE DE FIGUIG

Ils font Melilla-Almeria ;

EXT.JOUR.

LARGE :FRANCE

L.A.P largue ses passagers dans les villes qui leur

conviennent.

EXT.JOUR.TARD DANS LA MATINÉE

LARGE :

Lalinde, L.A.P entre crade de poussière du Sahara dans le

bistrot de « la Grande », et lui commande les oeufs sur le

plat qu’elle fait à merveille, malgré l’air penché de son

os, les flics ne l’ont jamais arrêté (hors barrages et

frontières) de Cotonou à chez lui...

_Onzième chapitre_---------------------------------------

11/14 EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COUZE ET SAINT FRONT

L.A.P trouve une berline ancien modèle en très bon état, pas

chère, il en fait l’acquisition, car, ayant ratissé le

secteur, il n’en trouve pas de plus récente.

Dominique et Lien, descendant en 504, ils décident de

voyager de concert.

181.

EXT.SOIR

MOYEN : EMBARQUEMENT D’ALMÉRIA,

Ils rencontrent des Français allant en Afrique noire qui se

joignent à eux.

EXT.JOUR.

MOYEN :ALGÉRIE

Ils vendent des bouteilles de whisky, et des pièces

détachées d’auto.

INT.SOIR

MOYEN :

Gavés de dinars, ils vont manger le soir dans un restaurant

d’état pour touristes dans lequel on peut boire du vin, ils

prennent quasiment une bouteille par personne, chacune

d’elle a un goût différent des autres, mais très bon ; ils

en sortent tard.

EXT.NUIT.

MOYEN

Dominique connaissant une cascade, ils vont y faire un tour.

Le fond de l’air est frais, mais c’est trop tentant avant le

désert pour faire l’impasse ; pistant les alentours, ils se

foutent tous à poil, passent sous la chute d’eau, et se

baignent rapidement.

EXT.JOUR.

LARGE :BÉCHAR

Ils se garent sur une grande place, vont déjeuner, puis,

cherchent des clients chacun de leur côté pour larguer les

pièces qui restent. Çà donne dur, ils se croisent à

plusieurs reprises pour aller livrer.

Revenant à sa voiture, L.A.P voit plein de flics autour de

celle de Dominique, lui et Lien serrés, il monte

discrètement dans la sienne et la gare dans une petite rue

éloignée, puis, faisant des détours, il va chez chacun de

leurs clients à qui il conseille, s’ils ont du piston, de

faire intervenir rapidement afin d’étouffer l’affaire, car

(CONTINUED)

CONTINUED: 182.

sinon, ils vont subir une perquisition, car visiblement, ils

ont tous été dénoncés. En les mouillant ainsi, L.A.P les

oblige à sortir s’ils le peuvent Lien et Dom du merdier,

puis il leur dit que çà pue pour lui dans le secteur, et

qu’il attend les potes à quelques bornes après la sortie sud

de la ville, l’un d’eux lui dit « toi, tu connais les

ficelles! », tu parles, Charles, avec ses embrouilles

précédentes à la douane d’Adrar, il pourrait donner des

cours !

EXT.SOIR

MOYEN : SORTIE DE LA VILLE

L.A.P fait quelques kilomètres, stationne en retrait de la

route à droite.

EXT.NUIT.

MOYEN :

Le soir tombe, il casse la croûte, toujours personne, il met

un petit feu de position latéral pour être visible, sort le

sac de couchage, peu de temps après les potos arrivent ;

suite aux interventions de leurs clients, les flics les ont

lâchés, après quelques congratulations, ils se cassent.

EXT.JOUR.

LARGE :

Passage d’Adrar et du Tanezrouft sans grosses difficultés.

EXT.MATIN

MOYEN : GAO

Réparant ses deux roues de secours dans la cour de Gerry,

L.A.P dit à Dominique de réparer la sienne (il n’en a

qu’une), il lui répond qu’il n’y a pas urgence, L.A.P

insiste, lui proposant s’il la sort, de réparer sa chambre à

air, sans résultat.

183.

EXT.MATIN

MOYEN :QUELQUES JOURS PLUS TARD

Ils quittent Gao, direction Niamey, un copain malien demande

à L.A.P de descendre son cousin sur vers Niger, pas de

problème, L.A.P fait un peu chauffeur de maître car son

passager doit s’asseoir à l’arrière ; pour innover, il

a démonté le siège passager, et mis le fut de 200 litres à

la place, ceci afin d’équilibrer les poids lors de la

traversée du Sahara.

EXT.NUIT

MOYEN :SUR LA PISTE

40 bornes avant Tillaberi, Dominique s’arrête ; sa roue

arrière droite est à plat, il sort le cric, se glisse sous

la voiture pour le placer et se relève comme un ressort en

disant qu’il s’est couché sur une épine, L.A.P regarde son

dos à la lampe électrique, rien, mais comme a l’air secoué,

éclairant l’endroit ou il s’est allongé, L.A.P écarte les

feuilles avec la manivelle, apparaît un petit scorpion

blanc-transparent d’à peu près huit centimètres de long,

après lui avoir fait un sort, il le balance dans la brousse.

Le père Dom décline à vue d’oeil, et ce con qui n’a pas de

roue de secours ....!!!!!

L.A.P met le cric en place, sort la roue, démonte la chambre

à air, en obture le trou, la replace dans le pneu, repose la

roue sur la voiture, demande à son passager de la gonfler

avec sa pompe à pied en même temps qu’il revisse les boulons

(10 minutes en tout).

Une fois que ceux-ci sont à peu près bloqués, L.A.P dit à

Lien qu’il va partir avec le boulet en éclaireur, pour

essayer de trouver de quoi le secourir en ville, ils n’ont

plus qu’à gonfler suffisamment le pneu, sortir le cric,

vérifier le serrage des boulons, ils sont assez grands pour

se débrouiller tout seuls, ils se retrouveront plus tard en

ville.

L.A.P aide son colis à monter derrière, et drope vers

Tillabéri

184.

EXT.NUIT

MOYEN :ARRIVÉ AU BARRAGE D’ENTRÉE DE LA VILLE

Un militaire demande à L.A.P les papiers, ce dernier lui

oppose qu’il n’en est pas question, qu’il évacue un blessé

par piqûre de scorpion, il faut qu’il voie un médecin le

plus vite possible.

L.A.P doit être convaincant, (il entend mon Dominique râler

qu’ « il sent sa vie qui s’en va », le connaissant, il se

doute qu’il en rajoute, mais c’est tout de même inquiétant),

ils le laissent passer.

Un môme propose de le conduire au dispensaire, L.A.P lui dit

de monter sur l’aile avant, et les voilà partis par les rues

noires de Tillabéri.

Un peu plus tard, le gamin lui fait signe de tourner sur la

gauche, L.A.P voit la petite lumière d’une lampe à pétrole,

ils sont arrivés, L.A.P donne une pièce à son guide qui s’en

va tout content.

EXT.NUIT

MOYEN : LE DISPENSAIRE

L.A.P entre dans une grande salle au milieu de laquelle se

trouve une petite table haute où sont posés des instruments

nickelés, à côté, un tabouret, personne à l’horizon.

L.A.P appelle, une voix venant des chiottes demande ce qui

se passe.

L.A.P répond qu’il a un client scorpionnisé à réparer, la

voix lui dit, « installez-le sur le tabouret ».

L.A.P va chercher Dom qui est affalé, il doit passer le bras

du blessé autour de son cou pour l’extirper de la voiture,

il n’est pas gras, mais plus grand que lui et lourd,

l’animal ! L.A.P l’engueule un peu pour qu’il réagisse, il

fait un petit effort, ils arrivent ainsi dans la salle ; un

grand black vêtu d’une blouse et d’un bonnet d’un blanc

immaculé, finit de s’essuyer les mains à côté du tabouret

sur lequel L.A.P pose le copain.

L.A.P le salue, puis, en deux mots, lui narre l’histoire, en

même temps, le toubib relève la chemise de Dominique qui

présente, au milieu de son dos, à droite de la colonne

vertébrale, un énorme croissant violacé en relief, la peau

est grainée de chair de poule.

(CONTINUED)

CONTINUED: 185.

Le requinqueur du genre humain n’a pas l’air étonné, L.A.P,

lui, est impressionné, le type prend une seringue posée sur

la tablette à instruments, et commence à pomper le liquide

d’une petite fiole.

Chose curieuse, il demande à son patient où il a mal, alors

que cela paraît évident ; Dominique mettant sa main dans le

dos nous désigne un endroit 10 centimètres plus bas que le

méchant croissant.

Le médecin se tourne vers L.A.P, et demande « qu’est-ce

qu’on fait ? », n’en sachant trop rien, L.A.P lui suggère

d’injecter une moitié où c’est pas beau, et l’autre où ça

fait mal.

Le praticien s’exécute, le temps que le produit agisse,

L.A.P lui fait part de son étonnement de l’avoir vu fin

prêt, le praticien répond :

LE TOUBIB

« quand il y a pleine lune, et du

vent comme ce soir, je sors une

dose de vaccin du frigo, car les

scorpions surgissent de partout».

L.A.P le félicite pour son expérience et du sérieux de son

intervention.

Quelques minutes plus tard, le moribond reprend goût à la

vie, il faut un peu l’aider pour qu’il se lève, mais il

tient debout, L.A.P demande comment le vaccin peut agir si

vite, le spécialiste répond qu’il comporte un analgésique.

L.A.P demande à combien se monte la prestation, c’est

gratuit, il trouve tout cela admirable ! Se disant qu’il ne

peux partir comme un chien, L.A.P lui donne un billet de 500

CFA en l’invitant à boire une bière à la santé de Dominique

dont il s’est si bien occupé, le toubib accepte le modeste

billet avec les mêmes gentillesse et simplicité dont il a

fait preuve depuis le début.

Après l’avoir remercié chaleureusement, ils repartent.

EXT.NUIT

MOYEN : SUR LA RUE PRINCIPALE

L.A.P arrête la voiture à la hauteur de la place du marché

où les mamas officient pour rassasier les voyageurs de

passage ; le Dominique, ressuscité a furieusement faim et

soif.

(CONTINUED)

CONTINUED: 186.

Mettant la voiture en vue pour que les autres les retrouvent

facilement, ils attaquent chacun un demi-poulet bicyclette

avec riz, sauce et bière.

Les mamas se plaignent de la girafe du gouverneur ; il a

acheté l’animal tout jeune en brousse, et l’a lâché sur le

marché pour qu’il se serve en tomates, salades et primeurs

sur les étalages, au début, çà faisait rire, mais, elle en a

pris l’habitude, et devenue grande s’est mise à manger comme

telle, le gouverneur trouvant la combine pratique, lâche la

bête tous les matins pour qu’elle aille se sustenter sur le

dos des pauvres vendeuses de légumes qui font restauratrices

le soir, et pas question d’expulser la bestiole qui est

protégée par la police......

Tout en finissant de casser la croûte, L.A.P narre à Lien et

à son passager qui les ont rejoints, le rafistolage de Dom.

Sur la fin du repas, son passager, se lâchant un peu, lui

confie qu’il est déserteur, que son parent a pensé qu’il lui

serait plus facile de sortir du Mali dans une voiture de «

touriste », L.A.P tord le nez, car ils l’ont mouillé dans

leurs histoires sans le prévenir.

EXT.VERS MIDI

MOYEN :NIAMEY

L.A.P largue mon insoumis. Accompagné de Dominique, il

va rendre visite au Français chez qui il laisse ses

souvenirs africains, puis ils retournent aux voitures, Lien

s’est entre-temps fait piquer les papiers et une partie du

pognon qui étaient dans une sacoche : Un môme s’est pointé

en disant négligemment « votre roue de secours est détachée

», Lien va à l’arrière, rien à signaler, revient, plus de

sacoche, elle a bénéficié d’une variante de la roue arrière

poinçonnée à laquelle L.A.P déjà eu droit, sans se faire

taxer.

Vu comment Dominique a réagi quand il était planté à Béchar

lors de la descente précédente, L.A.P ne prend pas trop de

gants pour lui dire qu’il lui est inutile d’attendre ses

nouveaux papiers, de plus, il lui reste un peu d’argent,

après de brefs adieux, L.A.P continue vers le Bénin.

EXT.VERS MIDI

MOYEN :sur la piste

La roue avant gauche crevée, L.A.P s’emploie à la changer,

quand une bonne odeur de viande grillée lui vient aux

narines ; cinq minutes plus tard, il trouve un type accroupi

(CONTINUED)

CONTINUED: 187.

devant un cratère creusé à côté de la piste, il surveille un

foyer autour duquel rissolent à la verticale des brochettes

de tripes tout à fait appétissantes, L.A.P lui en prend

trois, et commence à se régaler, voyant qu’elles sont

fourrées, il demande au Vattel du barbecue ce qu’il a mit

dedans.

LE VATTEL DU BARBECUE

( le prenant visiblement pour

un demeuré : )

« Bah, c’est la merde, patron »

Après avoir grignoté l’extérieur de son repas, L.A.P en

balance la farce.

EXT.MATIN

MOYEN :UN PEU AVANT BEMBÉRÉKÉ

L.A.P gaule deux caméléons

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN :À QUELQUES KILOMÈTRES DE PARAKOU

Un splendide oiseau dont les plumes ont des magnifiques

reflets bleus comme ceux des grands papillons exotiques

vient s’éclater sur le pare-brise de L.A.P.

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN : PARAKOU

L.A.P fait halte chez celui qu’il soupçonne d’avoir envoyé

Nestor ad patres ; le gardien, voyant l’oiseau bleu, demande

à L.A.P ce qu’il en fait, il répond que seules les plumes

l’intéressent, ils passent un deal: le gardien lui met les

plumes de côté et il conserve le reste poour sa gamelle;

L.A.P choisi de dormir sur la terrasse bien que ce soit la

saison des pluies ; le matin, comme prévu, il se réveille à

l’humide, mais sous ces latitudes, la température le permet.

La nouvelle expression africaine du moment est « nous sommes

conjoncturés ».

188.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :KOKORO

Après avoir mangé chez les petites mamas de Kokoro, fatigué,

L.A.P décide de faire un roupillon ; après la ville,

s’écartant de la piste, il s’engage dans la végétation, (pas

très loin, car la jungle est vite impénétrable), comme d’hab

; il s’arrête en position de départ à l’arraché.

L.A.P dort très mal, bien qu’il fasse brûler un serpentin

anti-moustiques, ceux-ci viennent faire leurs prélèvements

sans-gains **(**JDML), de plus, les singes, et autres

animaux font un boucan infernal, une demi-heure après, il

retourne à Kokoro, se retire derrière les boutiques des

mamas, et en écrase comme un sonneur.

EXT.MATIN

MOYEN:KOKORO

L.A.P va chez les petits marchands de café au lait qui

officient avec gravité.

Une fois lesté (avec un N, çà le ferait), L.A.P reprend sa

route en se tâtant s’il fait un tour ou pas à Abomey ; après

tout, même s’il n’y fait pas affaire, il verra la bonne

trogne de Johnny.

EXT.APRÈS MIDI.

MOYEN:ABOMEY

Après avoir été le saluer, L.A.P va boire l’apéro à l’hôtel,

il y a quatre Français ; deux frères, dont l’un, Rouge vif,

est venu voir comment ça se passe dans un pays

marxiste-léniniste, il a acheté toute la panoplie de petites

broches à l’effigie des leaders communistes (Staline,

Lénine, Mao, etc..), ainsi que divers formats du petit livre

rouge venant probablement de Russie ; et un couple dont la

nana est passablement allumeuse, ils ont tous vendues leurs

voitures sur la piste, et viennent visiter la capitale du

roi Béhanzin, nous buvons un coup, L.A.P fait colocataire

avec les frangins à l’hôtel.

L.A.P rentre tard après avoir mangé et beloté chez Johnny,

sur un petit carreau de la porte de l’hôtel, il voit une

énorme mante religieuse, L.A.P pense ne rien risquer en la

prenant par le dos comme les crabes, cette salope le

détrompe immédiatement, rotation de l’abdomen telle une

tourelle de char d’assaut, elle lui plante une pince sous la

(CONTINUED)

CONTINUED: 189.

peau de l’ongle du pouce, surpris, il la jette par réflexe à

terre sur le ciment, sans que cela ait l’air de la gêner, il

la balance au loin dans la végétation, il n’avait qu’à ne

pas l’embêter !

Quelques jours plus tard, le frère communiste s’en va en

train visiter un autre bled, L.A.P l’emmène avec son frangin

à la gare de Bohicon

EXT.APRÈS MIDI.

MOYEN:GARE DE BOHICON

Quand ils arrivent, il y a un patacaisse d’enfer, des

militaires partout. Une fois qu’il est parti, ils

s’attardent pour savoir ce qui s’est passé : une petite

fille a été trouvée la poitrine ouverte, le coeur arraché :

Un sorcier a promis à un bossu de le soulager de son

infirmité s’il lui apportait un coeur humain, le contrefait a

entraîné la fillette dans l’un des fourrés qui touchent la

gare, et l’a opérée à deux pas des parents qui attendaient

le convoi.

Le lendemain, L.A.P ripe les galoches sur Cotonou.

INT.MATIN

MOYEN: COTONOU

Au Bénin-palace, il paraît que le Point air vient d’ouvrir

une ligne faisant Ouagadougou-Lyon pour 1800 ff = 275£, puis

Lyon –Paris en car gratuit pour les intéressés, L.A.P sent

que ce sera son nouveau mode de retour au pays !!

Les marchands vendent des montres à quartz comme il n’en

verra que cinq ans plus tard en France, elles font réveil,

et ont un grand choix de sonneries, dont le chant du coq ou

la Marseillaise.

Un intermédiaire prétend avoir un client dans un petit

village de brousse à une dizaine de bornes de Cotonou ;

EXT.MATINÉE

MOYEN: LE PETIT VILLAGE

Arrivés sur les lieux, il y a répétition de concert vaudou,

son type le drive dans une case un peu à l’écart de la place

où se tient l’orchestre, dit à L.A.P que le chef du village

est l’acheteur potentiel, il faut qu’il attende dans une

case, car il ne doit pas assister à la prestation .

190.

INT.MATIN

MOYEN:DANS LA CASE

l’"intermédiaire" lui amène une Béninoise tiède (que L.A.P

paie) pour le faire patienter, il attend dans un fauteuil en

tiges de feuilles de bananiers, la cérémonie bat son plein,

les chants, les tam-tams très puissants, un sifflet à

roulette déchirant ; très impressionnant, il en le poil qui

se hérisse !!

L.A.P reste ainsi une bonne plombe ; sa bière pliée depuis

longtemps, son entremetteur revient lui demander s’il peut

encore attendre, L.A.P lui répond qu’il n’en est pas

question, il en a ras le bol, qu’il rentre avec ou sans

lui à Cotonou, L.A.P à l’impression que le loustic l’a

prit pour taxi/cadeau.

EXT.MATIN

MOYEN: COTONOU

Tournant avec un copain dans les arrières de Cotonou pour

appâter l’acheteur d’auto, dans une gargote, L.A.P commande

deux B.B ; près d’eux, un Allemand obèse plutôt crado est en

pleine consultation, il est muni d’un énorme bouquin de

médecine rédigé en allemand, dans lequel sont répertoriées

et décrites toutes les maladies, en marge, sont indiqués les

médicaments correspondants. Apparemment, il fait des

tournées régulières, les malades se pointent tel jour à

telle heure dans tel bistrot et racontent leurs petites

misères ; après avoir écouté les symptômes, il consulte son

bréviaire, rédige une ordonnance, éponge un billet. Entre

deux clients, ils discutent avec le Teuton ; après trois

tournées de BB, celui-ci leur confie qu’il n’est pas plus

docteur qu’eux, ayant acheté ce livre sur un marché

africain, il a commencé à rendre service à droite et à

gauche, puis, le bouche à oreille fonctionnant, il a

institué une tournée, maintenant, son affaire roule toute

seule.

EXT.MATIN

MOYEN: PORTO-NOVO

L.A.P vend sa voiture.

191.

EXT.SOIR

MOYEN: COTONOU

Il va manger chez un Français qui tient un restaurant sympa

assez classe près du bord de mer (sans en avoir la vue),

après avoir bu l’apéro avec des confrères, ils vont manger

dans l’arrière salle, il y a un couple attablé, L.A.P ne

sait pas si ce sont des bribes de leur conversation

entre-entendue d’une oreille distraite, ou la description

que lui en avait faite son chevaucheur précédent, mais L.A.P

est subitement persuadé que c’est la nana poursuivie par le

furieux à l’Opinel.

EXT.MATIN

MOYEN:JONQUET

L.A.P prend le taxi-brousse Cotonou-Lomé ; deux jours

auparavant, un taxi 404 plateau similaire (19 personnes,

plus les bagages) faisant cette ligne, s’est planté de nuit

dans un rouleau compresseur que les ouvriers du chantier de

réfection de la route (rongée en permanence par la mer)

avaient laissé en plan sans signalisation après la débauche,

résultat : la moitié des passagers et le conducteur morts

sur le coup, et les autres en charpie. L’habitude africaine

pour signaler des obstacles sur la chaussée est de couper

des branchages et de les poser cinquante ou cent mètres en

avant, dans le cas présent, il ne devait pas y avoir de

végétation dans le coin...

EXT.SOIR.

MOYEN:LOMÉ

L.A.P déjeune de croupions de dindes fumés, achète une

statuette et deux bracelets d’ivoire rose, quelques heures

après, il est en partance en 404 plateau pour la frontière

vers Ouaga.

EXT.NUIT.

MOYEN:

Tout se passe bien à part que (L.A.P a pris l’option 1ère

classe, à l’avant) ce con de chauffeur a dû tirer comme un

fou toute la journée car il s’assoupit, L.A.P s’en aperçoit

rapidement, et le secoue, il lui dit :

(CONTINUED)

CONTINUED: 192.

L.A.P

« passe-moi le volant »,

L’autre ne veut rien savoir, et continue la route à

roupiller en conduisant, à la fin, il l’énerve trop, L.A.P

le surveille en permanence, et lui met des calottes derrière

la tronche à chaque fois qu’il pique du nez.

EXT.SOIR

MOYEN:DAPAONG

Frontière, il est tard, L.A.P casse une croûte dans un

boui-boui, puis va roupiller aux alentours de l’endroit d’où

partira le lendemain un taxi vers Koupéla ou Ouaga, pas un

chat dehors ; bien sûr, pas d’éclairage urbain, le coin est

sinistre, il étend sa natte par terre, et se glisse dans son

sac de couchage. Le lendemain matin, sa lampe torche a

disparu.

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN:OUAGADOUGOU

L.A.P pose ses affaires au petit hôtel sympa dans lequel ils

étaient descendus avec Eric, puis demande à un taxi de le

mener aux bureaux du Point-Air

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN:BUREAUX DU POINT-AIR

Demande un billet, toutes les places sont prises, il doit

prendre un Ouaga-Lyon dont le numéro donne une priorité

chronologique si des places se libèrent, pour les autres,

c’est remis à la semaine prochaine, bonjour l’appréhension

!!!!!

L.A.P a de la chance, ils arrivent de nuit à Lyon, il prend

le train pour Bergerac.

_Douzième chapitre_---------------------------------

12/14 EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COUZE ET SAINT FRONT

Une 404 break l’attendait, désespérant de voir un jour le

soleil africain, L.A.P la prend par la poignée de portière,

et ils partent ensemble vers le sud.

193.

EXT.JOUR.MIDI

MOYEN : ADRAR

Repas chez Ramdann, puis L.A.P va faire les pleins, deux

Français type zonards l’abordent

LES ZONARDS

Est-ce que tu peux nous emmener ?

L.A.P

(réponse habituelle )

250 ff = 38£ par tronche

(ils tordent le nez )

Apparemment, ils sont arrivés jusque là sans sortir une tune

et le prennent pour le père Noël.

L.A.P

(Leur explique que :)

1r Les transporteurs sont rares et

plus chers que lui.

2r Il ne les étrangle pas (il a

payé 300 ff = 45£ lors d’une

remontée par cette piste quelques

années auparavant). Il peut

quasiment demander ce qu’il veut,

car c’est ça ou rester planté on ne

sait combien de temps.

3r Que bien c’est moins cher que la

SNCF.

4r Que 150 kilos de plus dans sa

voiture n’arrangeront pas celle-ci.

5r Que leur équivalent en poids

d’essence lui rapporterait le

double à Gao.

Il leur suggère de réfléchir le temps qu’il mette en fût le

jus à régaler les carburateurs.

Cette bonne chose faite, L.A.P retrouve ses loustics.

LES ZONARDS

Nous ne pouvons pas te payer

maintenant, car notre argent est

enregistré sur le carnet de

devises.

L.A.P

Pas de problème, vous me réglerez à

Gao...

(Il sait parfaitement qu’ils

veulent le faire marron, ils

sont un peu jeunes......)

194.

EXT.JOUR.

MOYEN :EN PLEIN TANEZROUFT

L.A.P

_Vous n’entendez rien ?

LES ZONARDS

_ Non.

L.A.P

_ J’ai une roue qui se dégonfle.

Il entend très distinctement à chaque tour de roue « pschit,

pschit, pschit, pschit ».

Il faut dire qu’il est perpétuellement sur le qui-vive,

toujours un oeil sur la température d’eau et le voyant

d’huile, un son inhabituel l’alerte immédiatement, et selon

le type de crevaison, avec une oreille affûtée, on peut

entendre le bruit que fait l’air en s’échappant d’un pneu

crevé, il peut ainsi, changer celui-ci avant qu’il ne soit

complètement à plat et ne s’écharpe.

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN : ARRIVÉE À GAO

Tous les gosses autour du commissariat appelle L.A.P par son

prénom, Mambi est heureusement surpris et content de le voir

en bonne santé, car un bruit court, que L.A.P a passé l’arme

à gauche lors de sa dernière descente ; L.A.P laisse son

passeport à tamponner, et les lascars remplir leurs feuilles

d’entrée, va en les attendant, s’en jeter une ou deux,

peut-être trois à l’Atlantide.

Après avoir récupéré ses lascars, ils partent chez Gerry.

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :CHEZ GERRY

Des touristes sont attablés dans la cour, Gerry, lui aussi,

le croyant mort est surpris de le revoir, se lève de table,

et, le désignant dit à ses convives :

GERRY

« vous n’avez qu’à lui demander !»

195.

Un peu interloqué, L.A.P demande ce qui se passe,

Gerry désigne un loustic au milieu de nanas, "monsieur

affirme qu’il est impossible de faire Adrar-Gao en deux

jours",

L.A.P, LES DÉSIGNANT,

Demande à mes passagers...

Après quelques congratulations, L.A.P s’installe à côté de

Gerry, s’attelle au casse-croûte ; il apprendra que le coco

interpellé traverse en Land-Rover, qu’il a joué les

baroudeurs auprès de ses passagères pendant les trois jours

pleins de leur descente, ça lui casse un peu son coup....

A la fin du repas, L.A.P demande à ses deux passagers de le

régler, ils s’exécutent en tirant la tronche.

Le lendemain matin, L.A.P fait connaissance d’autres petits

groupes, la plupart sympas et branleurs, dont un de

chasseurs, ils sont venus de France avec des fusils de gros

calibre pour casser de la pôôôvre bestiole de brousse.

Après le repas du soir, ils vont tous boire un coup dans les

bars de Gao, l’Oasis, la Casa, le Twist-Bar, l’hôtel

l’Amitié,

INT.NUIT

MOYEN : LE DÉSERT

ils finissent dans la seule "boîte de nuit", les autres,

plus vite bourrés, car ils fument du shit acheté au Maroc.

Ne fumant pas et ne voulant pas être de reste, L.A.P leur

tape une boulette qu’il mâche, cela devient comme du

chewing-gum au goût très fort qu’il fini par avaler tout

rond. Toute la soirée, il en a des renvois, c’est

dégueulasse ! Ils finissent déchirés comme des cartables.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN :SUR LE BORD DU FLEUVE NIGER

Le lendemain, pêche avec Mamby et Gerry ; toujours aussi

mauvais, L.A.P en est de sa tournée.

Gerry se fait du souci pour ses superbes sloughis à la

poitrine "PamélaAndersonnesque", car la police jette un peu

partout des boulettes empoisonnées pour tuer les clébards

errants qui vont dans le cimetière déterrer et bouffer les

morts la nuit. Le problo, est que les chiens du copain vont

se balader à leur gré dans Gao, hélas, ils y passeront tous,

car ces animaux n’ont jamais connu de laisse, et ne la

(CONTINUED)

CONTINUED: 196.

supporteraient pas.

Quelques temps plus tard, L.A.P file au Bénin faire adopter

sa voiture moyennant une modeste contribution.

EXT.JOUR.MIDI

MOYEN : AYOROU

Fête de la Tabaski (fête (au sens propre) du mouton), il y a

un bordel terrible, c’est le grand marché aux bovins, il y a

des bestiaux partout, y compris au milieu de la route, il

faut avancer doucement, car ces magnifiques animaux sont à

moitié sauvages ; ceux qui ont les cornes peintes en rouge

ont au moins une mort humaine à leur actif, mais, ces bêtes,

ayant une grande valeur marchande, ne sont pas abattues pour

autant.

EXT.JOUR.MIDI

MOYEN : AVANT NIAMEY

L.A.P voit des Allemands en rade sur le bord de la route,

leur 504 refuse de fonctionner, elle a beaucoup de mal à

démarrer, et quand elle le veut bien, s’arrête au bout de

quelques kilomètres, pour couronner le tout, c’est une

Diesel ! L.A.P se penche un peu sur le malheur, et voyant

que le gas-oil n’arrive pas bien, il leur demande s’il y a

longtemps qu’ils ont remplacé le filtre, ils lui répondent

l’avoir changé à Tahoua (route de Tam), et que ça n’a rien

amélioré, L.A.P ne voit qu’une chose : la crépine du

réservoir doit être encrassée, démontant le tuyau avant le

filtre à gas-oil, il met une pompe à gonfler les pneus au

bout, et leur demande de l’activer à plusieurs reprises,

puis remonte le tout, pompe le gas-oil, la cacugne se met à

tourner du premier coup comme une horloge, après leur avoir

conseillé de nettoyer le réservoir à la première occasion,

ils vont arroser ça (à leurs frais car L.A.P est quelque peu

ruiné).

C’est leur première descente, et ils lui demandent où il est

le plus facile de trouver un acheteur, L.A.P leur dit qu’il

l’habitude de larguer ses oignons au Bénin, ils demandent à

le suivre, L.A.P n’y voit pas d’inconvénients s’ils ne le

ralentissent pas.

EXT.JOUR.

MOYEN : FRONTIÈRE BÉNINOISE

Après les formalités, ils vont boire une BB ; en face de la

cahute, une 404 est basculée sur les portières, un berceau

(CONTINUED)

CONTINUED: 197.

de pneus en guise de protection, un mec ressoude

l’échappement, apparemment, c’est la technique locale pour

réparer cet organe.

Ils voyagent de concert jusqu’à Parakou.

EXT.JOUR.SOIR

MOYEN :PARAKOU

L.A.P arrive chez feu Nestor avec un caméléon au revers de

la chemise et sec comme un coup de trique.

Les Allemands ne lui ayant pas lâché la grappe, il décide de

les taper, ils lui passent un peu du l’arzent, L.A.P payant

une tournée, une des petites serveuses lui désigne

discrètement un couple de jeunes Français au fond du restau,

et lui dit qu’ils n’ont pas mangé depuis deux jours, qu’ils

sont plantés et attendent un mandat de France.

L.A.P va leur demander si c’est vrai, « Oui », il retape ses

Allemands, et leur paie à bouffer.

Tous restent quelques temps à Parakou pour essayer de

larguer leurs trognons respectifs, les jeunes Français

reçoivent leur pognon et remboursent L.A.P, du coup, comme

ils doivent aller à Cotonou, L.A.P leur propose de les

transporter à l’oeil et leur tape de l’oseille pour apurer sa

dette auprès des Teutons qui commencent à lui peser.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN :LE LENDEMAIN, ILS S’ARRACHENT SUR COTONOU

Le père de la nana travaille à Sokoto, au Nigeria, il est

marié à une Ghanéenne qui compte faire du trafic d’or venant

de son pays, L.A.P leur dit que le truc l’intéresse, s’ils

cherchent un quatrième, il est partant, ils décident de

faire la prochaine descente ensemble, et de continuer sur

Sokoto après avoir vendu leurs trapanelles ; prévenu, le

paternel pourra préparer le terrain.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COTONOU

Ils échangent leurs adresses pour que L.A.P puisse les

rembourser, se promettent de se tenir au courant de leurs

trouvailles automobiles une fois revenus en France.

198.

INT.JOUR.MATIN

MOYEN :AU BÉNIN PALACE

Quelques copains et Basile sont heureux de revoir L.A.P, la

rumeur qu’il ai claboté s’est vraiment répandue tous

azimuts.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COTONOU

L.A.P se agrafer par deux flics car il a dépassé le temps

accordé pour dédouaner ou ressortir le véhicule du Bénin, il

n’a pas une tune à leur filer pour se sortir de leurs

pattes, ils montent dans la voiture, et lui ordonnent de

driver sur le commissariat pour confisquer l’auto, L.A.P se

débrouille pour passer devant chez Mohamed, un copain

Libanais qui tient la boutique de tissus au mètre

«Chic-choc» ; lorsqu’il est à la hauteur de son échoppe,

L.A.P arrête la voiture, sort les clés du contact, et dit

aux flics « je reviens », se rue à l’intérieur de la

boutique, casse le coup à Mohamed, et lui tape 3000 francs

CFA=9£ pour régler l’affaire, soudain, des gueulantes leur

parviennent du dehors, c’est un voleur qui est aux prises

avec ses victimes et qui tente de s’échapper (avant de se

faire écharper), les flics sortent presto de la 404 pour

l’interpeller, il se débat comme un beau diable, voyant le

tableau, L.A.P dit « à tout à l’heure » à Mohamed, lui rend

son oseille, monte dans sa voiture, et s’arrache, là, ça lui

a frisé les moustaches !

Après avoir vendu sa moulinette à kilomètres, L.A.P passe à

Jonquet, direction Lomé, puis, dans la foulée, un

Lomé-Dapaong.

EXT.JOUR.SOIR

MOYEN :

Le taximan s’aperçoit que les phares ne fonctionnent pas,

déjà que les routes sont dangereuses, là, ça fait beaucoup ;

épaulé par un étudiant en médecine allant à Paris faire ses

études, L.A.P persuade le chauffeur de s’arrêter avant

qu’ils ne prennent un camion dans la tronche ; L.A.P coupe

sous le capot un fil électrique non essentiel au

fonctionnement immédiat de la voiture, fait une jonction

directe de la batterie sur une cosse des codes qui transmet

à sa consoeur, ce qui fait que la route est éclairée des deux

côtés avant.

199.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN :APRÈS DAPAONG FRONTIÈRE TOGO/HAUTE-VOLTA

7 heures du mat’, tout le monde descend, le prochain taxi en

partance pour Koupéla est un petit Toyota, ils attendent

toute la matinée ; à midi, deux places ne sont pas prises.

L.A.P propose un deal à l’étudiant, payer à eux deux l’une

des deux places libres au taxi driver, ce qui permettra de

partir, car l’avion s’en va vers 11 heures le soir, et que,

comme c’est parti, ce connard va le leur faire rater.

L.A.P explique le coup au cocher des chevaux-vapeur :

L.A.P

- « Nous te réglons une place, tu

trouveras toujours des gens à

prendre le long de la route pour

compléter les deux places libres,

cette place payée jusqu’à Koupéla

sera tout bénéfice pour toi ».

Cette tête de cochon ne veut rien savoir, quitte à les faire

attendre trois jours, il veut partir voiture pleine !

Vers 12h30, une 504 plateau se pointe, avant que son

conducteur ne rentre dans la maison devant laquelle il s’est

arrêté, L.A.P le choppe, lui explique en deux mots la

situation et lui demande s’il peut les emmener, l’étudiant

et lui, jusqu’à la prochaine ville, ils proposent le tarif

taxi-brousse, le type est d’accord, il est venu voir sa mère

et n’en a pas pour longtemps.

¿ d’heure plus tard, il sort, le marché tient toujours, les

deux compères montent, les autres passagers les voyant,

demandent s’ils peuvent venir aussi, le cocher n’y voit

aucun inconvénient, toute la fournée du taxi se retrouve à

l’arrière de la 504.

L.A.P dit au chauffeur qu’il aurait dû accepter leur

proposition qui était plus qu’honnête, que

maintenant...etc....., l’insulte africaine épouvantable à

cette époque était « immmmmbécile » avec un « m » très long

et prononcé ; énervé devant tant de bêtise, L.A.P conclut

sa diatribe en le traitant de la sorte, et le taxi

démarrant, l’étudiant reprend « immmbécile », un autre

passager, puis deux, puis trois, à la fin, tous les gens

montés avec eux, de plus en plus fort et en coeur : «

immmbécile, immmbécile, immmbécile, immmbécile, immmbécile,

immmbécile, immmbécile, immmbécile ».

Curieusement, le taximan, disparaissant à l’horizon regarde

L.A.P l’air pas content du tout ! En attendant, tout le

monde est mort de rire.....

200.

EXT.APRÈS MIDI.

MOYEN :TENKODOGO

Leur guide les dépose, il ne veut pas d’argent, ils lui

paient une bière pour le remercier de les avoir sortis de

cette embrouille, puis, ils prennent un taxi pour

Ouagadougou ; attendant à un barrage, L.A.P regarde passer

une charrette avec des herbes dont les racines portent des

bulbes, ce sont des arachides, il apprend ainsi que les

cacahuètes ne poussent pas dans les arbres !!!

EXT.SOIR.

MOYEN :OUAGADOUGOU

Ils prennent leurs billets, ce n’est qu’une fois dans

l’avion qu’ils peuvent souffler, à une demi-heure près, ils

rataient l’appareil à effacer les distances.

Arrivé en France, L.A.P profite du voyage Lyon-Paris en car

pour aller visiter sa famille, deux jours plus tard, à

Épinay, un copain de son frère ayant appris la mort de

L.A.P, lui présente ses condoléances.

_Treizième chapitre_---------------------------------------

13/14 EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COUZE ET SAINT FRONT

L.A.P trouve une 404 plateau plutôt fatiguée, chère 4000 ff

= 600£, alors il se saigne car ce genre d’engin, assez rare,

trouve toujours preneur à bon prix en Afrique.

Les jeunots le rejoignent en Dordogne, L.A.P attendait une

copine de Bordeaux pour lui dire au revoir ; ne pouvant pas

attendre deux heures, (on se demande pourquoi), ils se

tirent, ils se donnent rendez-vous à Adrar chez Ramdann.

EXT.JOUR.

MOYEN :ADRAR

L.A.P arrive un vendredi (jour de repos) à la fin du ramadan

chez Ramdann, les « copains » sont passés la veille et ne

l’ont pas attendu.

Ramdann est avec un pote à lui qui chauffe le car

Adrar-Oran, L.A.P a une bonbonne de 5 litres de vin

espagnol, de la bière, il lui reste du Ricard, ils attaquent

l’apéro vers 11 heures le matin, restent à table jusque vers

minuit, déchirés ; le chauffeur dit à L.A.P qu’à Adrar il y

(CONTINUED)

CONTINUED: 201.

a tout un réseau d’eau souterrain, avec des ouvertures en

surface pour puiser l’eau, ces puits s’appellent des

foggaras, des poissons sans yeux y vivent, mais que depuis

que l’eau est distribuée en canalisations par l’Etat on

n’entretient plus ces puits qui commencent à se boucher,

L.A.P trouve cela désolant, ils se proposent d’y aller faire

un tour, mais la soirée continuant, ils passent à autre

chose, tous rigolent comme des bossus, Ramdann a le chech de

travers sur la tête.

EXT.FIN DE MATINÉE.

MOYEN :

L.A.P démarre tard, allez donc savoir pourquoi !

La 404 plateau n’est pas géniale pour passer dans le sable,

les suspensions arrière sont très raides, les roues arrière,

ne portant pas beaucoup, patinent facilement. De plus, la

cabine, très petite, ne laisse pas circuler l’air.

EXT.JOUR.

MOYEN :QUELQUES DIZAINES DE KILOMÈTRES APRÈS ANÈFIS

L.A.P voit dans le rétro l’horizon s’obscurcir rapidement,

c’est un vent de sable comme il n’en a jamais connu :

Extrêmement compact, il apparaît comme un château fort

immense qui avance dans la même direction que la sienne,

mais plus vite que lui, L.A.P essaie d’accélérer, peine

perdue, il voit d’immenses murailles de sable le rejoindre,

puis grignoter l’arrière de la voiture qui disparaît dans le

rétro ; d’un seul coup, obscurité complète, L.A.P stoppe en

souplesse, il fait plus noir dans la cabine que de nuit,

L.A.P ne voit pas sa main devant ses yeux, chaleur

étouffante instantanée ! L.A.P tire le frein à main,

enclenche la première, sort de l’auto avec son sac de

couchage, le passe tête-bêche pour faire filtre à air, se

couche devant la voiture, et roupille comme un loir ; quand

il se réveille, L.A.P ne sait pas combien de temps est

passé, (à vue de nez deux ou trois heures), le vent de sable

est loin.

Une centaine de bornes avant Gao, les bielles commencent à

claquer, L.A.P essaie de ne pas trop tirer sur la bête, mais

il arrive l’embiellage dans le sac.

202.

EXT.JOUR.

MOYEN :GAO

Passage au commissariat, puis L.A.P va chez Gerry.

Le lendemain, Sadou l’aveugle, déjà au courant de ses

avatars, passe voir L.A.P ; il a un client à 1.000.000 de

francs maliens (500.000 CFA= 1500£) nets pour lui, il a la

réputation d’avoir négocié des affaires sans que les

services économiques n’aient fait d’embrouilles, L.A.P dit

banco, une heure plus tard, l’affaire est pliée, L.A.P

est payé à peu près moitié en CFA, moitié en francs

maliens.

EXT.SOIR.

MOYEN : CAMPING DE GERRY

Gerry montre à L.A.P une DS 19 qui stationne dans sa cour

depuis déjà un bon moment, il écarte une ouverture dans un

siège, en sort de l’herbe avec laquelle il se roule un joint

comack ; des gens de passage lui ont demandé de garder cette

caisse bourrée de drogue, les proprios doivent revenir pour

la remonter en France, à son avis, ils se sont dégonflés et

elle finira en pièces.

Le lendemain matin, L.A.P passe au commissariat déclarer

qu’il va vers le Niger sans s’étendre davantage sur son

moyen de transport (il aurait dû ressortir du Mali avec son

véhicule), Gerry le droppe dans une 4L 4x4 récupérée du

Paris-Dakar au barrage de sortie de la ville, quelques temps

après, un camion moyennant quelques menus z’argents le

voyage jusqu’à Niamey.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN :NIAMEY

Le matin, L.A.P va prendre un petit déjeuner à l’une des

tables dressées sur le trottoir. Il s’assoit à côté d’un

client qui est en train d’exécuter un vigoureux tatouillage,

après avoir passé sa commande, il s’enquiert de la cause de

cette puissante manipulation, le type lui explique que

lorsqu’on prend du café en poudre, du sucre, qu’on humecte

le tout d’un tout petit peu d’eau chaude, et qu’on en

exécute le mixage, cela donne un café digne des meilleures

machines Italiennes. Un peu sceptique, L.A.P demande s’il

peut, moyennant une tournée de sa part lui concocter sa

spécialité, le type ne se le fait pas dire deux fois,

demande, sérieux comme un pape au patron les ingrédients,

prend deux cuillerées de café soluble (le plus ordinaire qui

soit), deux sucres, quelques gouttes d’eau chaude, et se

(CONTINUED)

CONTINUED: 203.

remet en action, quelques minutes plus tard, il présente à

L.A.P le résultat, ça donne une épaisse émulsion marron

clair, puis, religieusement, il verse doucement sur le côté

du verre de l’eau très chaude sans touiller, le tend à L.A.P

qui goûte, extraordinaire ! Ce maniement a complètement

changé le goût du produit, ça frise l’expresso italien,

L.A.P remercie le garçon qui est en train de s’en refaire

un, règle le tout, et se casse à la poste acheter des

timbres pour expédier des cartes postales à la Mama et aux

copains.

Nouvelle embrouille,

LE GUICHETIER

Si vous voulez poster une carte, le

message ne doit pas comporter plus

de 5 mots, adresse non comprise.

L.A.P

En quel honneur ?

LE GUICHETIER

Ce sont de nouvelles consignes.

Après avoir acheté les appareils à faire voyager des

paysages, L.A.P va négocier quelques cartes postales aux

petites charrettes siégeant autour de la poste.

L.A.P a inventé une formule dont il est assez content : il

calcule le nombre de cartes dont il a besoin, et fait deux

tas ; sur les courriers destinés aux personnes qui se

connaissent, il rédige des formules différentes sur des

cartes différentes ; pour le second lot, L.A.P choisit

plusieurs exemplaires de la plus belle des cartes qu’il

trouve, recopie autant de fois le même message, cela

simplifie bien la tâche, et fait autant plaisir!

Après avoir rempli ses devoirs épistolaires, il va expédier

sa prose ; dans la poste, lui vient une courante qui lui

tord les boyaux, il demande à un préposé s’il peut profiter

du matériel sanitaire de l’établissement, le fonctionnaire

lui indique une porte derrière les guichets, L.A.P s’y rend

illico, il est presque rendu aux chiottes qu’un balayeur lui

demande ce qu’il fait là, il lui répond qu’il doit se rendre

d’urgence aux w-c, ce connard lève son balai pour lui en

mettre un coup sur la tronche, aussitôt, L.A.P voit rouge,

il le chope par les revers de sa veste, le soulève, et le

colle au mur, il ne sent pas son poids, un postier arrive,

demande ce qui se passe, L.A.P lui résume l’affaire, le

postier engueule l’autre comme du poisson pourri, L.A.P

lâche le crétin et file aux cagouinces.

Si vous avez un mal de ventre, quelque en soit la cause et

l’endroit, et pas de médicaments sous la main, voici la

façon africaine de vous soulager instantanément : vous

prenez une dose d’anisette pure à 45r que vous buvez cul

sec, c’est instantané et radical !!!!!!

(CONTINUED)

CONTINUED: 204.

L.A.P va visiter le zoo de la ville, des artisans d’art y

ont un espace pour présenter leurs métiers et vendre leurs

productions. Les animaux sont assez communs à tous les zoos

hormis des boeufs karouni aux cornes énormes et creuses qui

leur permettent, en mettant la tête en arrière, de garder

celle-ci au-dessus de l’eau pour respirer durant les

traversées des rivières; dans la partie musée se trouve un

fossile de crocodile d’une longueur extraordinaire.

Bien que n’ayant pas revu ses futurs associés, L.A.P décide

d’aller au Nigéria voir où en est la situation, continue sa

descente.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COTONOU

L.A.P va boire un pot au Bénin palace, puis à Jonquet

changer des nairas.

Il prend dans la foulée le taxi-brousse vers Lagos, puis

Lagos-Ilorin.

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN : ATTENDANT LE TAXI ILORIN-KONTAGORA

L.A.P prend une bière, il ne l’a pas finie que le taxi,

plein, s’impatiente, L.A.P tend sa bouteille à peine entamée

à la pourvoyeuse de boissons fraîches qui lui dit de la

garder, et de rendre la consigne à sa collègue de la

prochaine halte, L.A.P la remercie.

EXT.APRÈS-MIDI

MOYEN: DANS LE TAXI 504 FAMILIALE

Huit passagers plus chauffeur, il pleut à verse, dans une

descente, au sortir d’un virage, des voitures sont bloquées

au milieu de la route, le chauffeur, les yeux exorbités

bloque les freins, le véhicule part comme une savonnette en

travers de la route, un passager derrière L.A.P, gueule à

pleins poumons quelque chose au conducteur, L.A.P saisit

L’UN DES PASSAGERS DE LA 504

« brake » (freins),

ce dernier lâche la pédale et réussit à rattraper

l’embardée, on se regarde tous avec l’impression de revenir

de l’enfer, à un cheveu près c’était le carton, L.A.P lève

le pouce vers le conseiller technique pour lui signifier

qu’il a apprécié son intervention.

205.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :KONTAGORA,

L.A.P rend la bouteille consignée à la mama qui lui fut

indiquée à Ilorin, et lui demande où il peut dormir car on

ne circule pas de nuit au Nigeria, ça braque trop, sans pour

autant prendre un virage ! La brave femme lui indique un

petit établissement en rez-de-chaussée, L.A.P y loue une

pièce de deux mètres sur trois dont le mobilier se résume à

un lit de fer, toutes les portes des piaules donnent sur une

cour intérieure, aucun signe de présence humaine.

Après avoir acheté un peu de croque, le soir tombant, L.A.P

retourne à sa turne, ferme à clé la porte de fer munie d’un

guichet grillagé ; deux ou trois heures après, il

est réveillé par des grattements à hauteur de la serrure,

quelqu’un essaie d’entrer et c’est sûrement pas le Père

Noël, L.A.P gueule un bon coup à travers l’embrasure, sa

voix résonne sinistrement dans la cour.

L.A.P vérifie que la clé est toujours engagée, empêchant

ainsi le crochetage de la serrure, et la bloque en travers,

pousse le plumard contre la porte. Toute la nuit, il est

réveillé par les tentatives d’intrusion, il braille

régulièrement pour avoir la paix pendant une heure, c’est

pénible, surtout que ses gueulantes ne font venir personne,

si les braqueurs avaient été plus virulents, ils auraient pu

tranquillement lui faire la peau après avoir cassé la porte,

sans que nul n’intervienne.

EXT.LE LENDEMAIN, FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :SOKOTO

Trouver la maison du seul Français de l’agglomération n’est

pas un prodige; quand les « copains » le voient, ils sont

abasourdis, visiblement, ils tirent la tronche ! Coincés,

ils le présentent au papa.

EXT.LE SURLENDEMAIN

MOYEN :SOKOTO

Départ pour le Ghana dans le taxi d’un vague « frère » de la

femme du paternel, elle emmène du matos pour monter un salon

de coiffure. Ils s’arrêtent en cours de route chez plusieurs

marchands pour faire établir des factures bidon afin de

passer aux douanes les différents matériels, mais on leur

demande trop cher, leur histoire tourne en eau de boudin.

Plus L.A.P les voit au boulot, moins il a envie de bosser

avec de pareils bras cassés !!

Finalement, la belledoche reste à Lagos pour ses « affaires

»,

206.

EXT.LE LENDEMAIN

MOYEN :LAGOS

Ils partent vers le Bénin en taxi-brousse ; à la frontière,

L.A.P passe tranquille, pour les « copains », ça coince,

L.A.P se retourne, le douanier, tiré à quatre épingles, leur

dit

LE DOUANIER NIGÉRIAN

« dash me »

la copine lui traduit qu’il veut leur taper du pognon. Elle

pratique un anglais parfait à ceci près que, l’ayant appris

au Nigeria, elle le parle «petit nègre», l’effet est

saisissant ! L.A.P demande combien il veut, elle répond une

somme équivalente à 5 ff = 0,76£, les copains se fendent, et

les passeports réapparaissent instantanément. Il est assez

déstabilisant de voir un douanier à l’uniforme impeccable,

dans une guitoune super clean, planquer les papiers afin de

taper froidement de l’oseille sans en être gêné le moins du

monde.

Il faut dire que le Nigeria est considéré comme l’un des

pays le plus craignos du monde, si une personne est

soupçonnée de vol sur un marché, ça hurle de partout, les

braves gens mettent deux pneus autour du concerné (et

consterné), cinq litres d’essence, et le feu.

EXT.LE MÊME JOUR

MOYEN :COTONOU

Il est évident qu’ils n’ont rien à faire ensemble, L.A.P les

largue.

EXT.LE LENDEMAIN

MOYEN :TOGO

L.A.P part se renseigner sur le prix de l’or en provenance

du Ghana, après avoir loué une paillote pas trop cher à la

sortie de Lomé sur la route de Cotonou, il va voir les

hadji*, qui ont chacun leur place à deux pas de la frontière

Ghana et attendent le client à longueur de journée sans

impatience.

Il branche un vieux bonhomme en lui disant qu’il

est acheteur, ils restent trois jours sans voir un gramme

se pointer. N’ayant pas de matériel pour tester l’or, L.A.P

fait deux ou trois bijoutiers à Lomé pour se procurer une

pierre de touche et de l’acide*, aucun ne peut ou veut lui

procurer les objets, il retourne à Cotonou, où il trouve le

(CONTINUED)

CONTINUED: 207.

tout pour 5000 CFA = 15£.

A Lomé, son hadj n’a toujours pas vu de vendeur. Cassant la

croûte dans un bouiboui, L.A.P lie connaissance avec des

Algériens qui commencent à descendre en Afrique noire,

apparemment, les visas se débloquent en Algérie. ils en

viennent à discuter business, L.A.P leur dit qu’il

veut faire dans l’or ghanéen, ils sont intéressés, ils se

promettent de se tenir au courant. L.A.P retourne voir mon

contact.

Au bout de trois autres jours sans résultats, L.A.P commence

à douter sérieusement que l’on puisse faire des affaires, il

demande à son type combien il vendrait le gramme d’or s’il

lui en arrivait, il lui répond 4.000 CFA (80 ff = 12£),

L.A.P fait le calcul : le lingot de 1 Kg estampillé par la

Banque de France se négocie officiellement entre 70.000 et

80.000 francs = 12.200£ dans une banque française, L.A.P

comprend qu’il a perdu son temps.

L.A.P retourne à l’hôtel où logent les Arabes pour leur

indiquer le résultat de sa quête, il y retrouve al-adji Bou

Setta (Bou Setta car il a six doigts à chaque main), c’est

le plus sympa, il lui confie sa déconvenue ; ils cassent la

croûte tous ensemble, les Algériens sont sur une sombre

histoire de mercure rouge dont L.A.P a déjà eu des échos,

sans savoir si ce produit existe ou pas, et si oui, s’il

sert à faire de la fausse monnaie ou des sacrifices plus ou

moins vaudou ou alchimiques.

Comme L.A.P ne pense pas continuer dans la voie aurifère, il

leur donne sa pierre de touche et l’acide idoine en leur

expliquant comment s’en servir.

EXT.LE LENDEMAIN

MOYEN :OUAGADOUGOU

Deux jours d’attente avant le départ de l’avion ; déjeunant

à côté d’un Voltaïque, ils discutent de choses et d’autres,

quand vient sur le tapis un sujet qui l’intéresse ; son

voisin connaît une maison hantée, lui explique les

phénomènes qui s’y passent, et comment y aller, le repas

fini, L.A.P file voir l’événement. Une fois sur place, il

n’a pas de mal pour trouver la maison en cause, il y a un

attroupement, les manifestations ont dû commencer il y a

quelques temps déjà, car il n’y a plus d’herbe alentour, la

maison est gardée par deux militaires en armes ; y allant au

flanc, L.A.P demande à la soldatesque s’il peut entrer,

autorisation accordée. Tout est cassé à l’intérieur, une

sainte vierge en plâtre n’a pas été épargnée (les esprits ne

respectent rien !), dans le jardin, les canaris* sont

bousillés, L.A.P sort et discute avec un jeune qui habite la

maison juste derrière. Il a l’air très au courant du

déroulement des incidents, pour pouvoir en parler

tranquillement, L.A.P l’invite dans une cabane où l’on vend

(CONTINUED)

CONTINUED: 208.

le produit brassé qui fait de la mousse. Les faits ont

commencé dans la maison d’en face, un peu en diagonale, puis

se sont déplacés dans celle-ci, des projections de pierres

ont cassé systématiquement tout ce qui pouvait l’être, les

gens ont été obligés de quitter leur domicile, puis retour

au calme, L.A.P est frustré d’être arrivé après coup ! Il

demande à son interlocuteur s’il ne se passe plus rien, il

lui répond que non, devant son air désappointé, il lui dit

que par contre, chez lui se déroule quotidiennement une

manifestation peu ordinaire à partir de 16 heures, de petits

cailloux invisibles descendent le long du toit, il est 15

heures, L.A.P demande s’il peux y assister, il lui répond

que ce sera avec plaisir, L.A.P prend deux autres bières, et

ils se rendent à la maison en question.

Après avoir fait le demi-tour du pâté de maisons, ils

entrent dans une cour, son hôte va chercher dans la demeure

une petite table et deux tabourets, ils attendent, discutant

et sirotant, à 16 heures pile, rien, 5 minutes passent,

L.A.P se dit qu’il s’est fait mener en bateau quand il

entend rouler un petit objet sur la tôle ondulée, il se lève

pour mieux voir car il ne distingue pas ce qui dégringole ;

vers le bord du toit, plus de bruit, et rien ne tombe !!!!!

Il entend ainsi plus d’une quinzaine de descentes, ce qu’il

y a d’extraordinaire, c’est qu’à l’écoute, il situe à

quelques centimètres près la progression des objets (d’après

le son irrégulier, ils ne sont pas ronds) le long du toit,

lorsqu’ils arrivent au bord (qui est presque à hauteur des

yeux), plus rien, et la cour en terre battue parfaitement

balayée ne laisse aucune chance à un objet tombé de passer

inaperçu, une supercherie consistant à gratter la tôle

ondulée (comme les vaches) n’est pas possible car le dessous

du toit est à vue. L.A.P se place en face d’une dégoulinade

(qui est assez lente), encore rien, c’est hallucinant!!!

Puis les coulées se font de plus en plus rares, et finissent

comme elles sont venues, L.A.P en reste comme deux ronds de

flan, il envoie un môme recharger les consignes pour arroser

son premier contact avec ce qu’il pense être le paranormal,

comme plus rien n’est prévu au programme, L.A.P remercie de

la visite et ripe les galoches.

Avion Ouaga-Lyon, train Lyon-Bergerac, micheline

Bergerac-Couze et Saint Front.

_Quatorzième chapitre_-------------------------------------

14/14 EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : COUZE ET SAINT FRONT

L.A.P trouve une 404 vieux modèle en bon état.

L’huile du moteur est propre, il n’en fait pas la vidange,

prend quelques outils, une roue de secours supplémentaire,

et pour vendre, un moteur qu’il enlevé d’une 404 précédente

(CONTINUED)

CONTINUED: 209.

à cause d’une soupape cramée, plus un fut de 180 litres.

Pour ses déplacements en France. Il possède une 404 Diesel,

afin d’éviter de payer une assurance en France, puis une

autre au Mali, il peint les numéros de la plaque

d’immatriculation de sa 404 Diesel sur la voiture qu’il va

descendre. Il prend de la peinture noire et blanche afin de

repeindre les numéros originaux avant le Niger qui n’exige

pas d’assurance pour les « touristes ».

EXT.JOUR.MATINÉE

MOYEN :FOUM-EL-KHENEG EN ALGÉRIE

Un oued d’une quinzaine de mètres de large coupe la route,

deux scrapers bossent sur le site. L.A.P fait signe aux zigs

de l’aider à traverser, un scraper vient se positionner en

marche arrière devant lui, le conducteur attache un câble

gros comme un poignet avec une manille du même calibre à

l’arrière de son engin, lui passe l’autre bout avec une

attache plus petite que L.A.P fixe dans la patte d’accroche

avant de son auto ; L.A.P se dit que si quelque chose bloque

la voiture, le scrappiste lui arrachera tout l’avant sans

même s’en rendre compte.

Sur le conseil du driver, L.A.P bouche l’échappement et le

Delco avec des sacs en plastique. Il demande si L.A.P est

prêt, bien que pas très convaincu, celui-ci lève le pouce ;

démarrage en trombe, entrée dans la patouille, la voiture

devient légère d’un coup, commence par flotter et à prendre

l’eau par tous les orifices bas, heureusement, la traversée

est très rapide, arrivé, L.A.P a quand même les mollets qui

baignent et les fesses mouillées, quand il ouvre la

portière, une bonne quantité de flotte s’évacue.

L.A.P remercie les ouvriers d’une demi-bouteille de Ricard,

enlève les sacs en plastique, la voiture démarre sans trop

se faire prier.

EXT.JOUR.TRAVERSÉE DU SAHARA

MOYEN : BORJ MOKTAR, TESSALIT FRONTIÈRE MALIENNE

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN : 30 OU 40 BORNES AVANT AGUELHOK

Nouvel oued, mais pas de passeurs, 8 à 9 mètres à traverser,

et visiblement, aucun détour possible !

Il n’y a pas à tortiller, il faut passer, vu la rapidité du

courant, cela ne se calmera pas de sitôt.

L.A.P recule d’une trentaine de mètres, prend son élan,

passe la seconde ; à fond d’icelle, il entre dans la flotte,

(CONTINUED)

CONTINUED: 210.

une vague géante de chaque côté, il passe en aquaplaning,

l’avant de la voiture fait un mètre sur la rive sur un ou

deux cylindres et cale, les roues arrière restent dans

l’eau, mais le plus dur est fait !

L.A.P lève le capot, dessous, c’est les grandes eaux, le

moteur est complètement noyé, ce n’est pas grave car le taux

d’humidité du secteur est proche de zéro, il découpe des

bandes dans un chiffon (les petites marionnettes), avec un

tournevis, les enfile dans les puits à bougies pour absorber

l’eau, il ouvre et sèche le Delco au maximum, attends une

demi-heure, capot ouvert.

L.A.P remonte le tout, donne un coup de démarreur, la

voiture bredouille, puis les cylindres partent les uns après

les autres.

EXT.JOUR.

MOYEN :L’ADRAR DES IFORAS EST NOYÉ

Il y a de la flotte partout, aux principaux points

submergés, la piste passe par des surélévations, L.A.P a une

pensée émue pour les légionnaires qui ont dû les construire

sous un cagnard de plomb.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN :AGUELHOK

L.A.P fait viser son passeport, il y a trois camions englués

de boue et pas mal de monde, ils ont eu de gros problèmes

d’enlisements dus aux inondations, un Algérien sur l’un de

ses deux camions demande à L.A.P s’il a du matériel à

vendre, L.A.P lui répond :

L.A.P

« un moteur de 404 dont une soupape

est à changer, j’en veux 2000 ff »,

L’autre gueule aux petits pois, L.A.P lui dit qu’à Gao, il

ne manquera pas de clients

LE CAMIONNEUR ALGÉRIEN

Je t’en propose 1000 ff

L.A.P l’envoie chez plumeau, l’autre n’est pas content du

tout, surtout que la conversation se déroule devant tout les

gens de son convoi, et qu’il veut faire le malin aux frais

de L.A.P, c’est raté.

L’autre camionneur, un Peul ayant assisté aux échanges dit

discrètement à L.A.P de l’attendre à la sortie du village.

211.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN : À LA SORTIE D’AGUELHOK

Tout le secteur est inondé, L.A.P desserre la courroie de

ventilateur, car sinon, elle entraînerait l’eau et noierait

le moteur, puis y va en première.

Il y a deux problèmes, le premier : est que l’on ne voit pas

où l’on roule, le second : quand on desserre la courroie

dynamo ventilo-pompe à eau, celle-ci ne fait plus circuler

l’eau de refroidissement du moteur, qui chauffe très

rapidement.

L.A.P entre dans l’eau doucement en prenant comme repère la

piste émergée au loin, s’il se souvient bien, elle est

droite sur ce tronçon ; il roule en restant en première

accélérée pour ne pas caler sur une grosse pierre et de peur

que l’eau n’étouffe le moteur en entrant dans le pot

d’échappement, vu les glouglous de canot automobile qu’il

lui fait, il est sous la ligne de flottaison, L.A.P fait son

petit bonhomme de chemin en cahotant, il est à moitié du

parcours que l’aiguille de température est plus haute

qu’elle n’a jamais été, il continue l’oeil dessus, plutôt

crispé ; finalement, il arrive sur le sec, aussitôt, il

descend de la voiture sans arrêter le moteur, lève le capot,

la flotte de refroidissement sort à gros bouillon par le

bouchon de radiateur, il retend la courroie de ventilo et

attend que la température baisse, peu de temps après tout

redevient normal, L.A.P complète le niveau d’eau, et attend

en laissant tourner le moulin.

Le Peul s’est dépêché d’arriver le premier, il descend de

son camion, et laissant son monde, demande à L.A.P s’il peut

faire un bout de route avec lui, L.A.P répond qu’il n’y a

pas de problème, aussitôt qu’il est assis, L.A.P démarre,

les deux autres camions arrivent plein pot.

Le passager dit s’appeler Agali et être intéressé par le

moteur

AGALI

Je suis intéressé par ton moteur,

si tu pouvais me faire un rabais de

300 ff, ce serait sympa, je te

paierais à Anéfis

L.A.P

On fait comme çà...

Ils se serrent la main pour sceller l’accord. Agali demande

si L.A.P peut lui prêter ses lunettes de soleil, une fois

que celles-ci acalifourchonnent son nez, il monte sur le

siège passager, passe la tête par le toit ouvrant, et, tel

(CONTINUED)

CONTINUED: 212.

un périscope des sables, guide pour contourner les passages

profondément engloutis, ils sont en éclaireur, son camion et

ceux de l’Algérien suivent.

Ils parviennent à Anéfis sans encombres, avant qu’ils

n’arrivent au poste de police, L.A.P s’arrête au coin d’une

ruelle, les graisseurs d’Agali déchargent le moteur, les

camions de l’Algérien s’arrêtent à sa hauteur

LE CAMIONNEUR ALGÉRIEN

à L.A.P "pourquoi ton moteur est

par terre ?"

L.A.P

Je l’ai vendu à Agali

pourquoi a-t-il soudain l’impression que la fumée lui sort

par les trous de nez ?

Il n’est pas content...du...tout, et a l’air époustouflé que

L.A.P ait pu faire affaire sans son divin consentement.

L.A.P

Je te demandais 2000 ff, tu ne

voulais pas m’en donner plus que

1000ff, j’ai eu une offre qui me

convient, le moteur est vendu, je

ne reviendrais pas dessus

Les gens de son convoi sont atterrés que L.A.P puisse lui

parler ainsi ; L.A.P lui dit que de toutes façons, il n’a

pas de compte à lui rendre, au milieu d’éructations

diverses, l’Algérien se met à traiter L.A.P

LE CAMIONNEUR ALGÉRIEN

« chien de chrétien »

L’expression délicieusement moyenâgeuse le ravit, il

l’envoie chier tout en restant sur ses gardes car l’autre

naze écume de rage, et qu’avec les abrutis, il convient

toujours de se méfier.......

Là dessus, son acheteur revient, le paie avec les grands

billets maliens

((L.A.P apprendra plus tard

qu’il est chef d’une tribu

Peule) )

L’autre enclume d’algérien décarre.

L.A.P pointe au poste de police, puis récupère son guide qui

lui demande quelques kilomètres plus loin

AGALI

Tu peux me déposer ici. Tu vois le

village là-bas ? (à droite de la

(MORE)

(CONTINUED)

CONTINUED: 213.

AGALI (cont’d)

piste)Si jamais tu as des ennuis,

tu passes me voir, je te

dépannerais toujours.

Agali lui rend ses lunettes, son camion l’attend, ils

serrent la main avec chaleur, vraiment sympa le père Agali!

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN : QUARANTE KILOMÈTRES AVANT GAO

L.A.P s’arrête prospecter le site préhistorique, ramasse

quelques tessons de poteries, morceaux de haches cassées,

soudain, il aperçoit un bout de pointe de lance de silex

taillée en feuille de laurier à moitié enfoui, L.A.P

va voir de plus près, en priant qu’elle soit entière, il la

tire d’un coup sec, elle est intacte, quel pied!!!!!!!!

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN : GAO

L.A.P passe au commissariat de police signaler son arrivée à

Mambi, Boubakar lui dit que Gerry a déménagé dans un nouveau

camping et l’y mène.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN :

Lou Gerry lui fait visiter ses installations, luxe suprême,

il a fait un coin douche dont L.A.P profite avec un plaisir

sans mélange, le seau de flotte, même quand on a le coup de

main est un peu léger pour se délester de la poussière de la

piste. Il faut tout de même utiliser l’eau avec parcimonie,

car c’est un camion citerne (ce n’est pas si brillant) qui

va pomper l’eau au Niger (le fleuve) afin de recharger le

réservoir de la douche, et ce service est loin d’être

gratuit.

EXT.JOUR.FIN D’APRÈS-MIDI

MOYEN :DANS LA COUR DU CAMPING

Ils boivent une bière rendue fraîche grâce au frigo à

pétrole (qu’à Gao on fait fonctionner au kérosène)

214.

EXT.SOIRÉE

MOYEN :

Un chouette type les rejoint dans la soirée, Rose, la

cinquantaine, il a installé depuis longtemps, une fabrique

de sodas qu’il parfume avec des arômes qu’il fait venir

d’Europe, les capsules neuves étant rares, il rachète aux

gosses celles qui ont déjà servi, les redresse, et les

réutilise pour boucher ses bouteilles ; quand il ne lui

reste pas assez d’arôme chimique pour faire une série

complète, il mélange les reliquats, c’est souvent surprenant

!

L.A.P reste plusieurs jours à Gao, ils font quelques parties

de pêche.

Un gros (surtout du tour de taille) garagiste nommé Ousmane

passe chez Gerry et demande à L.A.P

OUSMANE

Combien est-ce que tu vends ta

voiture ?

L.A.P

950.000 f maliens (= 1450£)

OUSMANE

J’en ai une «nouveau modèle, trois

compteurs» à vendre pour 400.000

francs maliens (= 609£)

Ils se rendent chez Ousmane

(Ce dernier montre à L.A.P une

pôôôvre chose bleu-vert pâle

mat, visiblement peinte avec

de la mauvaise peinture

algérienne, ayant passé 10 ans

sans voir le goudron à part

celui de l’huile du moteur qui

apparemment n’a jamais été

vidangé ; L.A.P pense que rien

que pour rigoler, ça vaut le

coup d’essayer de faire une

passe sur cette voiture ;

quand elle tourne, les bielles

jouent des castagnettes, mais

L.A.P pense que c’est

retapable.)

L.A.P

Je te la prends si tu lui mets une

crémaillère,

(car la direction a un jeu

d’un autre monde)

(CONTINUED)

CONTINUED: 215.

des phares,

(qui sont rouillés)

tu changes les sièges

(qui sont défoncés)

tu mets une batterie

EXT.JOUR.SOIR

MOYEN :DANS LA COUR DU CAMPING DE GERRY

à la fraîche, L.A.P fait part de son plan à Gerry,

lorsqu’ils entendent un fracas terrible dans la cour où est

garée sa voiture, ils s’y précipitent, rien........ L.A.P

ouvre la portière pour en avoir le coeur net, son fût de 200

litres est écrasé par le milieu et comporte maintenant trois

côtés. Après avoir réfléchi au problème, L.A.P trouve

l’explication du phénomène : un vide a été créé par le tuyau

alimentant la pompe à essence, la fraîcheur du soir a

provoqué le refroidissement des vapeurs d’essence qui, en en

se condensant, ont provoqué un tel vide que la pression

atmosphérique a écrasé le fut ; L.A.P file le tonneau à

Gerry, car à Gao, tout se récupère.

EXT.JOUR.MATIN

MOYEN: GAO

L.A.P ripe sur Niamey, une fois sorti du Mali, L.A.P

s’arrête dans le no man’s land.

EXT.JOUR.APRÈS-MIDI

MOYEN: ENTRE LES DEUX FRONTIÈRES

L.A.P sort son matos, commence par repeindre les plaques

d’immatriculation en noir, laisse sécher quelques instants

en sirotant un jus de houblon, cette bonne chose faite, les

plaques sont quasiment sèches, il commence à repeindre les

anciens numéros ; s’appliquant, cela lui prend quelques

temps ; soudain, le silence est rompu par un énorme bêlement

juste derrière lui qui le fait sauter en l’air ; concentré

sur son boulot, L.A.P n’avait pas entendu arriver un petit

pâtre et son troupeau qui le reluquaient sans faire de

bruit, ils se disent bonjour de la main et L.A.P retourne à

sa prestation graphique.

Ceci fait, L.A.P sort du chauffage la vraie carte grise de

la voiture où elle était planquée, et cache au même endroit

les papiers du véhicule resté en France.

L.A.P attend encore un peu en cassant la croûte, puis

humidifie les plaques, et les salit pour que les numéros ne

(CONTINUED)

CONTINUED: 216.

fassent pas trop neuf ; miracle, il entre au Niger avec une

immatriculation différente de celle avec laquelle il est

sorti du Mali.Et drope sur Niamey, puis Malanville.

EXT.SOIR.

MOYEN:CHEZ NEW NESTOR

L.A.P prend l’apéro avec des Français. Au Bénin pour que la

maison ne passe pas pour radine, il faut « faire pleurer » :

le dosage des alcools se faisant avec de petites répliques

de choppes à bière ayant contenu des pruneaux à l’Armagnac,

« faire pleurer », consiste, quand la dose est pleine au

dessus du verre du client, à continuer de vider la

bouteille. Inutile de préciser qu’ils encouragent

vigoureusement la pratique, et les serveuses, bonnes filles

qu’ils font rigoler, ne font plus attention à ce qui a

pleuré, après 6 ou 7 tournées, ils sont faits comme des

rats.

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN : BOHICON

L.A.P s’arrête boire une Bonne Béninoise au restau

surplombant d’un étage la route venant du Nord et allant à

Cotonou, deux lascars un peu louches le branchent

LES LOUCHES

Nous connaissons des villageois qui

cherchent à acheter en commun une

bonne voiture à 500.000 francs

C.F.A=1520£ pour emmener les

fruits et légumes au marché, on

veut 10% de commission.Les

L.A.P

banco.

Ils partent vers Abomey, quelques kilomètres avant la ville,

ils tournent à gauche sur une piste encadrée de brousse

épaisse, une dizaine de bornes plus tard, ils arrivent dans

un village où les habitants portent des vêtements conçus sur

place, ils vivent visiblement en autarcie, les toits des

maisons sont en végétaux alors que partout ailleurs sévit la

tôle ondulée,

L.A.P

Qu’est-ce que je viens faire là ?

(CONTINUED)

CONTINUED: 217.

LES LOUCHES

Ne t’inquiètes pas, il n’y a pas de

problème.

Les VRP partent chercher le chef, une ribambelle de gamins

s’approche, d’abord timides, ils parlent doucement à L.A.P

la langue du coin, ils ne connaissent pas «Yovo, yovo,

bonsoir, ça va bien, merci ».Peu de temps après, les

loustics reviennent

LES LOUCHES

Suis-nous, on va te présenter au

chef du village

Ce dernier ne parle que son idiome, petit vieux très doux,

ils se serrent les mains, le chef conduit L.A.P dans une

grande case sombre, sort d’un coffre en bois une cassette en

fer, et lui fait signe de prendre l’argent pour la voiture,

puis il le laisse seul.

S’asseyant sur un petit tabouret, et posant la cassette sur

une table basse, L.A.P commence à compter les billets. En

Afrique, pour simplifier le comptage de l’argent, on fait

des tas de dix billets dont le dixième rabattu par le

travers sur les neufs autres permet de mieux faire la

comptabilité. L.A.P commence à recompter le tout

Les tas ne comportent que 6 à 8 billets, se demandant si

c’est une embrouille, L.A.P appelle le chef, et par le

truchement de mes accompagnateurs, il essaie de lui faire

comprendre que les paquets ne sont pas réglementaires, le

vieux a l’air de s’en foutre comme de l’an quarante !

Laissant tomber, L.A.P retourne au turbin ; autre problème,

il n’y a pratiquement que des billets de 500 et 1000 francs

C.F.A, soit 10ff = 1,5£, et 20ff = 3£.

Vidant la cassette sur la petite table, L.A.P part à la

pêche des quelques billets de 5000 francs C.F.A, les met de

côté. Puis reprenant les billets de 1000, il fait des

paquets réglementaires, les billets ayant changé de mains

des centaines de fois, sont dans un état de dégradation

avancé, crasseux et froissés, L.A.P prépare 450.000 francs

CFA pour lui, et 50.000 francs CFA pour ses indicateurs,

refait des tas corrects pour le pépé-chef, laisse le tout

sur la table, l’appelle, lui montre ce qu’il prend, sans

préciser qu’une partie est pour ses guides, lui demande si

c’est bien ce qui était convenu, le pépé lui fait confiance

les yeux fermés, à croire que les Français du Dahomey

laissèrent une bonne impression, car depuis, on dirait que

le temps s’est arrêté !

L.A.P demande à se faire raccompagner, ce sont les deux

termédiaires qui s’en chargent avec d’autant plus de plaisir

qu’ils attendent leur pincée.

(CONTINUED)

CONTINUED: 218.

Arrivés à Bohicon, ils montent au restaurant où l’affaire a

commencé, L.A.P paie une tournée de B B, les rince du prix

convenu, cinq minutes plus tard, il est dans un taxi-brousse

qui part vers le Nord.

EXT.MIDI.

MOYEN :LABBEZANGA, FRONTIÈRE NIGÉRO-MALIENNE.

Cassant la croûte dans un petit restaurant tout en planches

au bord de la route, L.A.P demande une écuelle pour mettre

ses os de poulet, le maître de céans le regarde l’air ahuri,

et lui répond en désignant la fenêtre « tu jettes loin ! »,

L.A.P jette loin, des chiens viennent aussitôt faire le

ménage.

Un grand Touareg (pléonasme) mange à côté de lui, il a pris

un poulet entier, ce qui n’est pas un exploit

pantagruélique, car les poulets bicyclette (appelés ainsi

car ils sont toujours en train de courir à fond la caisse)

ont la taille d’un gros pigeon, ils ont les os extrêmement

durs et pointus, tels les gibiers français quand ils ne sont

pas trop dégénérés (à ce propos, en Afrique, n’essayez pas

de casser un oeuf dur de poulet bicyclette sur la tête du

voisin, vous lui feriez la bosse du siècle !!!) _Pour en

revenir au Touareg, il dévore sa volaille en totalité,

c’est-à-dire qu’il détache une cuisse, la mâche, l’os

compris, s’ensuit un bruit de concasseur, quand il a fini,

il ne reste pas une miette, çà, ça s’appelle manger un

poulet !!!!!!

L.A.P attend à la douane un transport qui l’avancerait sur

Gao, en fin d’après-midi, un Berliet délabré dont la caisse

a été élargie et rallongée passe, sa plaque

d’immatriculation, bien que de travers et dans un état

déplorable, est manifestement malienne, il fait de vigoureux

signes au chauffeur qui arrête son engin dans

d’épouvantables grincements de freins et de

suspensions. L.A.P lui demande s’il va vers Gao, l’autre

répond que c’est son terminus, hosanna ! Ils tombent

d’accord sur le prix de son passage : 10.000 francs maliens

(100 ff = 15£), il règle sa croisière, après avoir jeté son

sac en haut du chargement, il escalade les ridelles, le

chargement est constitué de grands sacs d’ignames, en

écartant quelques-uns, il se fait un creux, ils repartent à

l’allure malienne qui ne risque pas l’excès de vitesse.

La nuit tombe, avec elle, une légère fraîcheur, L.A.P

sort son sac de couchage, s’allonge dessus, il contemple

les étoiles si nettes, il fait doux, son plan marche bien,

il est riche, pas pressé ; L.A.P s’endort, bercé par le

tangage et les multiples grincements du camion, dans un état

proche de la félicité.

Ils arrivent le lendemain soir,

219.

INT.SOIR.

MOYEN : COMMISSARIAT DE GAO

L.A.P passe saluer Mambi, puis va poser ses pénates chez

Gerry.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

MOYEN : CHEZ OUSMANE.

L.A.P retourne discuter avec le père Ousmane, il le trouve

dans sa cour affalé dans un fauteuil défoncé ; bien sûr, il

n’a rien fait sur la voiture, sans lever son gros cul, il

dit à L.A.P de chercher ce dont il a besoin en pièces

détachées dans son bordel. Les phares rouillés, les sièges

explosés, L.A.P charge tout ce dont il a besoin ; au moment

de faire les papiers, Ousmane demande à pouvoir garder la

carte grise malienne dont les droits de douanes sont

acquittés (ce qui lui permettra d’en malienniser une autre

d’un coup de peinture sur les plaques),

L.A.P

Si tu me trouves une carte grise

française, il n’y a pas de

problème...

(pour tout dire, ça l’arrange, car en Afrique, les voitures

africaines n’ont pas la cote).

L.A.P repart de chez lui avec son nouveau carrosse.

Les ailes arrières sont de guingois par rapport au reste de

la voiture, mais les Africains ne s’arrêtent pas à si peu de

chose !!

EXT.DÉBUT D’APRÈS MIDI.

MOYEN : CHEZ GERRY

L.A.P commence par changer la crémaillère de direction, puis

ayant fait tourner le moteur, il se rend compte qu’il ne

pourra pas tenir jusqu’à Niamey, il claque trop, L.A.P

décide une autopsie : le tomber et l’ouvrir n’est pas une

opération nouvelle pour lui, quand il voit la tête du

vilebrequin, son optimisme naturel en prend un coup, il n’a

jamais vu un carnage pareil, la pièce est profondément

rayée, et il n’y a pas besoin de pied à coulisse pour

s’apercevoir qu’elle est ovalisée au dernier degré ; il faut

la faire rectifier, changer les coussinets de bielles par de

plus épais, les segments etc..., il ne pourra réaliser tout

(CONTINUED)

CONTINUED: 220.

ça qu’à Niamey. Comme il ne peut remonter les coussinets

sans rattraper un minimum de jeux, il découpe des cales dans

des boîtes de conserves en laissant un trou pour laisser

passer l’huile vers les hauts de cylindres, pose celles-ci

derrière les coussinets après avoir en limé les bords de

façon à en diminuer le diamètre, en serrant, tout se met en

place, il referme le moteur, verse dans le carter de l’huile

algérienne (de bonne réputation à condition de faire la

vidange tous les cinq cents kilomètres), avec un peu de

chance il peut parvenir à Niamey.

L.A.P se laisse vivre encore une petite semaine chez le père

Gerry, l’après-midi ils vont à la pêche, de temps à autre

l’ami Mambi les accompagne, ils parient la bière (sauf Mambi

qui doit être musulman), L.A.P en est chaque fois de sa

tournée.

Après des adieux à tout le monde, L.A.P ripe les galoches

vers Niamey.

Un passeur de voitures rencontré à Cotonou décide de partir

avec lui, ce qui l’arrange, car si le moteur lâche en route,

c’est toujours mieux d’être deux.

EXT.LE LENDEMAIN.

MOYEN :

La piste est défoncée comme jamais par les camions du fait

des pluies, le voyant d’huile clignote, L.A.P est obligé de

solliciter le moteur plus que de raison, mais il tient le

coup,

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

MOYEN :NIAMEY

L.A.P se gare de nuit directement devant l’entrée du garage

chez qui il fait réparer habituellement les échappements ou

autres organes lacérés par la traversée du désert.

Son coéquipier, s’inquiétant de l’ampleur des travaux, ne

veut pas s’attarder, ils se donnent rendez-vous au Bénin

palace.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

MOYEN : DEVANT LE GARAGE

Le garagiste le réveille à huit heures du matin, ils

discutent de ce qu’il veut engourdir à L.A.P pour : sortir

le moteur, le mettre en pièces, et quand L.A.P l’aura

retapé, le remettre en place, ils tombent d’accord sur

221.

12.000 C.F.A (240 ff=36,50£), aussitôt, les mécanos

attaquent la bête.

EXT.MATIN.

MOYEN :À LA TABLE QU’UNE MAMA A DRESSÉ DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA

RUE

L.A.P va casser la croûte, la Mama a fait des choux farcis

délicieux qu’il accompagne de riz et de vin rouge ; cette

cuisinière d’élite le décide à goûter la « sauce gombo* »,

il n’a jamais pu mettre ce condiment dans ses plats, car,

gluant et filandreux, il ressemble fortement à de la morve,

après avoir tâté du bout des lèvres, L.A.P est converti,

c’est excellent, et, d’après les Africains, plein de

vitamines, à l’avenir, L.A.P regardera si ces sauces y sont

(elle est bonne celle-là!).

Après avoir pris un café pour pousser le tout, L.A.P est en

forme pour attaquer le morceau.

EXT.11 HEURES.

MOYEN :DANS LA RUE

l’intérieur de son moteur dans un carton, L.A.P se rend en

taxi chez « Niger-Soudan », la boîte de rectification d’une

grande partie de tout le Nord Ouest africain, dix minutes

plus tard, L.A.P est dans les bureaux de l’entreprise,

demande à la secrétaire combien il faut de temps pour

rectifier le vilebrequin, cette dernière lui répond que

c’est l’affaire du tourneur ; L.A.P va dans l’atelier où

officie le personnage, il est affairé sur un gigantesque

tour, L.A.P attend qu’il relève la tête pour lui poser la

question, le technicien lui répond qu’il pourra commencer

quand il aura expédié les dix mètres de pièces qui sont

alignées par terre,

L.A.P

est-ce que 2000 francs C.F.A = 6£

pour toi peuvent faire activer le

mouvement ?

l’autrel appuie aussi sec sur un bouton de la machine qui

s’arrête, sort la pièce en cours, la remplace par son

vilebrequin et se met en devoir de lui refaire une santé ;

une demi-heure après, ils examinent le résultat, ce n’est

pas brillant, le métal ayant été arraché sur une forte

épaisseur, à la dernière cote de rectification possible, il

manque encore des zones d’acier sur les manetons et

tourillons. Les bagues d’axes de pistons sont complètement

ovalisées, comme il n’a plus de temps à lui consacrer, L.A.P

(CONTINUED)

CONTINUED: 222.

les sort lui-même, met en place des neuves, et les alèse

assez serrées, car les axes qu’il ne change pas, ont du

creux à l’endroit de portée, cela terminé, L.A.P cigle les

2000 francs C.F.A promis, le remercie et retourne voir la

secrétaire qui est revenue de son casse-croûte ; L.A.P

achète un jeu de segments, des coussinets de bielles

dernière cote, correspondant à la rectification du

vilebrequin, quand il demande les joints, il y a tout sauf

le joint de culasse, c’est gênant, mais avec un peu de

chance, le vieux conviendra.

Taxi, L.A.P pose ses pièces au garage, les mécanos ont du

mal à croire que tout à été fait en si peu de temps, ils ne

doivent pas souvent arroser le tourneur ! L.A.P s’accorde

une petite demi-heure pour casser une graine arrosée en

face, puis revient gonflé à bloc. Le soir à huit heures

L.A.P repart vers Cotonou ; douze heures pour retaper un

moteur, il va pouvoir s’inscrire aux 24 heures du Mans de la

404!

EXT.DÉPART SUR COTONOU.

MOYEN : SUR LA PISTE

Hélas, au fil des kilomètres le moteur, se remet à claquer,

pourtant l’indicateur de pression d’huile n’est pas dans le

rouge,

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN : PARAKOU

L.A.P loue un coin de cour et redémonte son engin, rien de

visible, il ne comprend pas ! D’autant plus qu’une fois en

place, il ne claque plus durant quelques temps, y aurait-il

un fantôme Vaudou dans son moulin ?

L.A.P retrouve à Cotonou le copain de l’équipée sauvage

Gao-Niamey, ayant vendu sa 404, 600.000 francs C.F.A =

1830£, il n’a pas perdu son temps, il faut dire qu’elle

était de toute beauté..

Son moteur reclaque, il a peur de tout casser, démontage,

remontage, il ne trouve toujours pas la cause de son tracas

!

Buvant un coup au Bénin palace avec deux Français, L.A.P

leur parle d’un projet qu’il mijote depuis quelques temps,

aller acheter des diamants au Ghana, ils lui disent qu’ils

iraient bien goûter l’herbe ghanéenne, son coéquipier de Gao

y est déjà allé et y retournerait bien, çà ne plaît pas trop

à L.A.P car il est radin comme un pou, lorsque c’est son

tour de payer une tournée, il a toujours autre chose à

faire, mais L.A.P n’a pas le coeur à le rembarrer.

L.A.P branche un black qui touche un peu à tout, s’il

(CONTINUED)

CONTINUED: 223.

l’embarque gratos, il se propose de le guider chez des

vendeurs de diams, ça marche.

Le bruit court qu’il faut prendre des bons d’essence à la

frontière car tout est rationné au Ghana, L.A.P achète de

l’huile alimentaire et des oeufs, du sel, de la moutarde car

il a bien l’intention de se faire une cure de langoustes qui

sont, paraît-il, abondantes en bord de mer.

Quand L.A.P demande au "copain" où acheter les bons

d’essence, il lui affirme que ce sont des racontars, O.K.

EXT.MATIN.

MOYEN :

à la frontière Togo-Ghana ils changent au marché noir des

C.F.A contre des cedis treize fois moins cher que le cours

officiel, c’est une affaire qui part sur les chapeaux de

roues ! L.A.P prend beaucoup de cédis, en planque les neuf

dixièmes, ainsi que ses CFA dans le chauffage à côté de la

carte grise de sa voiture française.

Au passage de la douane, on leur tamponne tous les objets,

savons compris.

EXT.MATIN.

MOYEN :AUSSITÔT PASSÉ LA FRONTIÈRE

La route est défoncée, les stations service carrément

abandonnées, on se croirait dans un pays en guerre, L.A.P

renifle mal le coup de l’essence, d’autant plus que, vu le

cours du cedi, il n’a pas fait le plein à Lomé!

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN :ILS ARRIVENT À SOGAKOFE

Quelques stations services sont ouvertes, L.A.P s’arrête à

l’une d’elles et demande le plein, le pompiste lui répond

LE POMISTE

« no problem, yours tickets, sir »

L.A.P fait celui qui ne comprend pas bien l’anglais (ce qui

n’est pas tout à fait inexact ) et remonte dans la voiture,

il engueule copieusement son informateur, puis cogite sur la

manière d’en sortir, les autres ne voient pas de solution,

L.A.P reprend la route.

(CONTINUED)

CONTINUED: 224.

L.A.P

"je vais vous montrer",

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN :CE FAISANT, L.A.P S’ARRÊTE À UNE STATION DE

TAXIS-BROUSSE

Il va voir le premier chauffeur venu.

L.A.P

(en anglais approximatif) "combien

vaut l’essence",

Ce dernier lui donne un prix très voisin de celui qu’il

avait vu affiché à la pompe,

L.A.P

"est-il possible de t’en acheter?"

LE TAXI DRIVER

"ce n’est pas possible à cause du

rationnement"

L.A.P

"et si je te la paie le double du

prix officiel?"

L’autre sort de son coffre un jerrican et le vide dans son

réservoir ; L.A.P se retournant vers Madame Soleil

L.A.P

"si c’est moi qui paie, tu te

retrouve à pied"

(l’autre avait changé le

minimum pour ne pas trop

dépenser son bon l’arzent)

L.A.P le regarde mettre son sang par terre, et ils

repartent, lestés d’à peu près vingt cinq litres d’essence

de mieux. Ils rechargeront une autre fois de cette façon au

long de la route, mais en partageant les frais.

Le soir, ils s’arrêtent pour dîner ; les lucioles clignotent

alors qu’en Côte-d’Ivoire, juste à côté, elles ont une

lumière fixe ; au cours du repas L.A.P s’engueule avec le

black qui devait lui présenter un vendeur de diams, il veut

que L.A.P le rapproche des fournisseurs sans que ce dernier

les rencontre, acheter pour lui et s’en mettre une bonne

pincée dans la fouille au passage, peut-être même garder les

plus belles pièces, il pense qu’en faisant le forcing il lui

imposera son point de vue ; un facteur qu’il n’a pas pris en

(CONTINUED)

CONTINUED: 225.

compte est que le grand-père de L.A.P était breton, et qu’il

en a hérité d’une sacré tête de cochon

L.A.P

"nous avions convenu que je t’offre

l’aller-retour gratos pour son

business plus la bouffe, moyennant

quoi, tu me branches avec les mecs,

(ce qui de son point de vue est

correct), et on fait nos affaires

ensemble"

l’autre bougre est devenu gourmand, ne veut rien savoir, et

le prend pour une pomme à l’eau.

L.A.P le sèche illico en disant que ce sera comme prévu ou

pas du tout, le black se tire, disant qu’il va dormir chez

des amis.

Après un restaurant bien arrosé, les passagers achètent de

l’herbe, et se roulent des pétards comme les autochtones,

c’est-à-dire énormes et sans tabac.

A côté, ils trouvent un hôtel ; à la réception, embrouille :

le cerbère leur demande de payer et de donner les

passeports, les passagers, faits comme des rats étalent

leurs liasses de billets en s’esclaffant grassement, L.A.P

ne fumant jamais, a l’esprit un peu plus clair, il voit tout

de suite la tronche du mec s’allonger, augurant mal de la

suite, il récupère son passeport et se casse dans la

voiture, les laissant patauger dans leur merde, il regarde

de loin évoluer la situation, ils sont décomposés car le

cerbère demande les feuilles de change, et menace d’appeler

la police ; finalement, le pipelet (correct soit dit en

passant), qui connaît parfaitement le cours du cedis au

marché noir, multiplie le prix de la turne par treize,

délivre un reçu, consternation dans les rangs!

Ils reviennent prendre leurs affaires, L.A.P, lui, dort dans

la bagnole.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

MOYEN :

L.A.P trouve un mot sur le pare-brise l’informant que son

intronisateur en diams le laisse tomber, le billet est

rédigé en un Français irréprochable avec un " quant à moi "

dont le « t », l’éblouit.

Deux jumeaux, que L.A.P a connu au Bénin palace,

construisent un voilier à Elmina , L.A.P se dit que, faute

de guide chez les diam’s boys, ils pourront peut-être le

tuyauter.

En chemin, ils s’arrêtent devant un magnifique paysage, une

anse qu’ils surplombent d’une cinquantaine de mètres,

(CONTINUED)

CONTINUED: 226.

quelques anciens sont déjà là, contemplant le panorama,

assis sur un énorme canon du 18ème qui sert de banc depuis

des générations, L.A.P n’en croit pas ses yeux, il mesure

plus de trois mètres de long et doit peser plus de 3 tonnes

; ils assistent au départ d’une gigantesque pirogue partant

à la pêche, maniée par une vingtaine de baraqués ; ils la

portent du sable sec au bord de l’eau sans efforts apparents

; au signal, car il y a une grosse vague à franchir, ils la

mettent à la baille, sautent dedans et pagaient avec tant de

conviction qu’elle fait un bond en avant sous chaque

impulsion parfaitement synchronisée des rames, l’embarcation

enfonce chaque fois au ras de l’eau.

EXT.LE LENDEMAIN DÉBUR D’APRÈS-MIDI.

MOYEN:ELMINA

au centre de la ville, il y a une maison fétiche, d’un étage

aux volets clos, dont la terrasse est extraordinairement

décorée de personnages sculptés et peints encadrant un

vaisseau à voiles style 18ème siècle, un homme à la proue

regarde dans une paire de jumelles, le tout, haut en

couleurs, on peut dire que ça en jette!

Au coin des rues, se trouvent de magnifiques vieilles boîtes

à lettres datant visiblement de la colonisation anglaise.

Laissant l’un de ses passagers dans la voiture pour la

garder, L.A.P part à la recherche des jumeaux, il n’a pas de

mal à trouver leur chantier, l’un des deux est au boulot, un

énorme pétard à la bouche, ce n’est pas celui que L.A.P

rencontre le plus souvent au Q.G Bénin Palace, mais ont déjà

bu quelques coups ensemble ; bonjour, présentations, il les

invite à visiter son chantier

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN:CHANTIER DU BATEAU

L.A.P

"on ne peut pas trop s’attarder,

car un copain garde la voiture qui

a une vitre qui ne ferme pas"

LE JUMEAU

"ce n’était pas la peine, ici,

il n’y a pas de vol"

CRevenus à la voiture, comme L.A.P n’a rien de très précieux

dans son sac, il tente l’expérience de le laisser en vue,

ils tassent les autres valises dans le coffre arrière que

L.A.P ferme à clé, ils retournent au bateau.

(CONTINUED)

CONTINUED: 227.

Ce dernier est bien avancé, c’est un voilier, à vue de nez

il jaugera une petite dizaine de tonneaux, le chantier dure

depuis deux ans, il faut dire que l’herbe ghanéenne rend les

siestes bien longues! Au cours du C.F.A-cedis, L.A.P suggère

qu’il aurait mieux valu acheter un bateau, ça n’accroche

pas, construire est un truc sympa, ça les regarde.......

Au passage, L.A.P demande s’il connaît quelqu’un qui fait

dans le diam’, l’autre lui répond que non, L.A.P est un peu

étonné, mais s’il ne veut pas le renseigner, ce n’est pas en

insistant qu’il lui soutirera une information car c’est

peut-être leur business sous-marin ; il demande où louer une

baraque pour une semaine, ça, il connaît, indique un endroit

où s’adresser

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN

retour à la voiture, effectivement, malgré la vitre ouverte,

personne n’a touché au sac.

EXT.APRÈS-MIDI.

MOYEN

Ils se pointent à l’adresse indiquée, et, pour un prix

insignifiant, louent une piaule face à la mer ; après leur

installation, L.A.P demande au proprio de la turne s’il

connaît un pêcheur de langoustes, il promet de lui en

envoyer un.

INT.FIN D’APRÈS-MIDI.

MOYEN: DANS LA MAISON LOUÉE

Quelques temps plus tard, le pêcheur se présente, L.A.P lui

demande s’il peut lui fournir des langoustes cuites, de

quelle taille, et à quel prix ; pour l’équivalent de 3 ff =

0,45£ pièce (merci Mr. Blackchange), il peut fournir à

L.A.P des langoustes d’une quarantaine de centimètres, il

lui en commande dix à renouveler tous les jours jusqu’à leur

départ.

228.

EXT.LE LENDEMAIN MATIN.

MOYEN

Le pêcheur se présente, quelques pièces n’ont pas toutes la

taille, mais L.A.P ne lui en veut pas, après avoir réglé les

crustacés, il demande s’il connaît quelqu’un pouvant lui

vendre de l’alcool de palme, le pêcheur promet de lui

envoyer le spécialiste du coin.

EXT.DÉBUT D’APRÈS-MIDI.

MOYEN

L.A.P retourne voir le copain sur son chantier, blancs et

noirs sont déjà à la fumette, il lui dit qu’il faut

absolument qu’il aille visiter le fort portugais qui

protégeait le secteur à partir du quinzième siècle ; L.A.P a

l’estomac dans les talons, il retourne à la cabane, se fait

une mayonnaise de derrière les fagots, avec ses

colocataires, ils cassent les dix langoustes ; tout cela

donnant faim, ils vont à un petit restaurant.

INT.APRÈS-MIDI.

MOYEN:PETIT RESTAURANT

Pas terrible, il n’y a que du poisson, la sauce est

tellement épicée que lorsqu’elle dépasse des lèvres, elle

brûle la peau du visage, de plus, pour pousser le tout il

n’y a que des boissons gazeuses dégueulasses à deux parfums,

et épouvantablement chères.

EXT.UN PEU PLUS TARD.

MOYEN: LE FORT DE ELMINA

Ils vont visiter le fort qui vaut la peine d’en monter la

pente abrupte ; il est en parfait état de conservation ,

pour entrer il faut passer sur un petit

pont-levis surplombant les douves dans lesquelles ont été

jetées des pierres tombales brisées ; L.A.P descend pour les

voir de près, le granit n’a aucunement été altéré par les

ans, le soleil et les embruns d’eau salée, la plupart,

datant du 15ème siècle, portent des noms portugais.

Ils pénètrent dans la cour, puis montent sur les remparts,

les canons d’époque sont toujours là, mais pointés vers le

ciel, posés moitié sur les créneaux, moitié par terre, les

affûts d’origine étant pourris depuis longtemps.

(Ils passent quelques jours

tranquilles)

(CONTINUED)

CONTINUED: 229.

Pendant que les autres s’exterminent à l’herbe, tous les

soirs, un vieux passe apporter à L.A.P sa bouteille d’un peu

moins d’un litre d’alcool de palme, assis sur le tronc

couché d’un cocotier, ils se la repassent (en silence car

L.A.P ne parle pas Ghanéen) jusqu’à épuisement en

contemplant les somptueux couchers de soleil sur la mer.

EXT.FIN D’APRÈS-MIDI.

MOYEN

Se promenant sur une plage avec le procréateur de bateau,

L.A.P est étonné de la multitude d’étrons constellant le

sable, l’autre lui répond que c’est le chiotte du coin,

effectivement, ils parviennent à la hauteur d’un type

accroupi en plein office, il les salue de la main avec un

grand sourire et un tel naturel, que cette condition,

tellement humaine ne gêne personne.

EXT. LE LENDEMAIN APRÈS-MIDI.

MOYEN: SUR UNE AUTRE PLAGE

(peu parsemée de déjections, car éloignée des habitations,

et que les gens viennent s’y baigner), passe un camelot, une

petite caisse peinte de couleurs vives, tenue autour du cou

par une lanière tel un marchand de glaces en France, mais

lui, vend de l’herbe en rouleaux de papier bible de six

centimètres de diamètre sur vingt de long, pour utiliser, no

problèmo : vous ouvrez, faites un tas triangulaire de

l’herbe sur le papier, vous roulez le tout, léchez le bord

pour coller, vous vous retrouvez avec un pétard

impressionnant type cône de glace en Europe, vous allumez le

gros bout.......et rouler petits bolides ! Bien sûr, pas de

tabac, produit hors de prix en ces lieux.

Quatre jours de ce régime, L.A.P se dit qu’il faut qu’il se

remue le popotin s’il veut réaliser son plan diams. Prenant

le taureau par les cornes, il va se balader en ville,

s’arrêtant au marché, il voit un type habillé en chemise et

pantalon à contrario des autres gens vêtus à l’indigène, il

se dit qu’il doit parler anglais, il l’aborde sous prétexte

de lui demander s’il sait où l’on peut acheter de la

lessive, (denrée contingentée, rarissime, vendue sous le

manteau), ce sera son test pour embrayer sur le but de son

voyage ; l’indigène le guide dans l’arrière d’une petite

boutique en bois, L.A.P l’étudie pendant qu’il traite

l’affaire, il a l’air de prendre soin de ses intérêts.

La transaction faite, L.A.P lui propose d’aller boire un

coup à côté pour continuer à discuter, ce qu’il font devant

une bouteille d’alcool de palme, puis, L.A.P se dit que

c’est maintenant ou jamais, il lui déballe l’affaire, pas

(CONTINUED)

CONTINUED: 230.

plus étonné que ça, son interlocuteur dit qu’il tombe bien,

car il a un cousin qui est mineur au nord, sur la route de

Koumassi.

Il lui explique comment s’y prendre, car il faut passer deux

barrages de l’armée. D’abord, laisser sa voiture près du

marché, puis prendre le taxi-brousse ; L.A.P a décidé de lui

faire confiance, alors allons-y ; il commence par aller seul

dans un coin tranquille pour sortir tous les cedis planqués

dans le chauffage avec sa carte grise française et ses CFA,

cela fait, ils vont à la station de transports en communs,

montent à l’arrière d’une 404 plateau déjà bourrée, ils

roulent un bon moment en brousse, de temps à autre L.A.P

voit d’énormes pirogues sur le côté de la route attendant

leur transfert vers la mer ; soudain, son guide lui dit que

c’est le moment de passer sous le banc, il parle rapidement

aux mamas qui s’écartent, et cachent L.A.P sous leurs

boubous, il devient invisible, la voiture s’arrête, petite

palabre, ils repartent, son guide lui dit de ne pas bouger,

deux kilomètres plus loin rebelote, puis son coach l’avertit

qu’il peut réapparaître, il remercie à la ronde, visiblement

l’épisode a amusé tout le monde, une demi-heure après,

arrêt, ils sont les seuls à descendre, un signe de la main

pour adieux, on lui répond de même avec bonhommie.

Ils vont devoir attendre dans une case dotée d’une table et

de deux bancs, ouverte à tous, qui est un peu en retrait de

la piste dans la végétation, car les mineurs ne sont pas

encore revenus du boulot.

Une heure passe, un car s’arrête, un type en descend, son

mentor le branche, lui fait signe de les rejoindre ; le

quidam sort, sans se faire prier, une petite bouteille de

verre, avec un diamant baignant dans un liquide translucide

; n’en ayant jamais vu, L.A.P est étonné par la grosseur du

morceau, il fait un bon centimètre de haut, en forme de

cube-losange, les faces légèrement arrondies et striées, il

lui demande combien il en veut, il lui donne un prix que

L.A.P divise par deux pour entamer la discussion comme l’on

fait en Afrique francophone ; il fait non de la tête, pas

fâché, un autre bus arrive, il monte sans que L.A.P ait eu

le temps de faire une autre proposition, ils retournent dans

la petite case pour attendre, car, si un véhicule de l’armée

passait par-là L.A.P se ferait embarquer illico pour trafic

; au bout d’un long moment, les mineurs, prévenus commencent

à se pointer, L.A.P est assis sur un banc, la table devant

lui ; chacun d’eux lui propose un petit lot de diamants dans

un papier plié d’une façon spécifique ; ils sont beaucoup

plus petits (+ ou - la taille d’une tête d’allumettes) que

celui que L.A.P a vu en premier, de toutes formes, toutes

couleurs, n’en ayant jamais vu auparavant, ils pourraient

lui refiler des éclats de pare-brise, il n’y verrait que du

feu, au début L.A.P fait des contre-propositions trop

basses, et les mecs repartent sans insister, pas contrariés,

les Ghanéens sont vraiment cools ! Puis L.A.P prend le

rythme, il baisse un peu le prix proposé, empoche le lot, et

(CONTINUED)

CONTINUED: 231.

paie le vendeur en ponctionnant son tas de billets posés sur

la table.

De temps à autre lui vient l’idée qu’ils pourraient lui

faire la peau et le dépouiller, il est tout seul, et

personne ne sait qu’il est là.

Les transactions se sont faites relativement vite, le

dernier mineur passé, L.A.P a claqué une très grande partie

de ses cedis.

L.A.P et son guide disent au revoir à tout le monde, sur un

signe, un taxi-brousse s’arrête, ils y montent,

curieusement, son guide lui dit que ce n’est pas la peine de

se cacher pour le retour, que lorsqu’ils franchiront les

barrages, si on lui demande quelque chose, L.A.P déclare

qu’il vient du nord ; ça passe comme une lettre à la poste.

A Esiam, ils montent dans une vieille camionnette anglaise

entièrement refaite en bois, sans vitres, absolument

magnifique ; les gens lui sourient. Le soir, ils sont de

retour au marché d’Elmina, L.A.P demande à son compère

combien il lui doit pour ses services, il lui faut insister

; son accompagnateur lui dit un prix, mais il ne reste plus

à L.A.P de quoi lui régler la totalité de ce qui lui est

demandé, L.A.P lui donne tout les cédis qui lui restent, il

lui donne son adresse pour que L.A.P lui dise bonjour s’il

repasse par chez lui, c’est vraiment un brave type, L.A.P a

été enchanté de le connaître, ils se serrent la main.

INT.

MOYEN:DE RETOUR À LA PIAULE

L.A.P est accueilli par un nuage de fumée d’herbe, il montre

sa pêche, leur prédécesseur au Ghana lui dit en avoir acheté

lors de son dernier voyage, mais beaucoup plus petits que

les siens, L.A.P biche comme un pou, il n’empêche que le

souvenir du premier vu dans la petite bouteille, lui reste

en travers du gosier.

EXT. MATIN

MOYEN:

Maintenant qu’il a fait son coup, L.A.P ne pense plus qu’à

gicler, reste le problème de l’essence, il en parle à la

demi-partie de la paire de jumeaux, qui l’informe :

LA DEMI-PARTIE DE LA PAIRE DE JUMEAUX

« ici, il n’y a que du mélange pour

moteur hors bord à 5% d’huile deux

temps »

L.A.P dit que cela ira très bien ; demandant la

232.

participation de ses passagers il en achète 40 litres puis

ils reprennent la route direction Lomé.

EXT. SOIR

MOYEN:

Au moment de traverser la frontière, ses passagers flippent

car ils ont peur que le black qui était avec eux à l’aller

les ait balancés ; L.A.P essaie de le raisonner :

L.A.P

«s’il a fait çà, il a grillé son

business»,

Peine perdue ; il fait noir et lourd, ils nagent dans une

foule bigarrée, L.A.P s’arrête cent mètres avant la douane,

les autres partent à pied.

Une demi-heure après, L.A.P tente le drop, et passe comme

une lettre à la poste, il récupère les foireux derrière la

frontière,

EXT. MATIN

MOYEN:LOMÉ

ils y dorment, les passagers décident d’y rester

EXT. LENDEMAIN MATINÉE

MOYEN:RETOUR À COTONOU

Il faut qu’il redémonte son moteur qui claque à nouveau

depuis un bon moment.

LENDEMAIN MATINÉE

MOYEN:DANS UNE PETITE COUR À CÔTÉ DU BÉNIN PALACE

L.A.P pratique l’opération, lui ressort les tripes, constate

de nouveau que les axes de pistons n’ont pas de jeu, les

bielles pas davantage, il doit être comme Gliani (maudit) !

233.

INT. MIDI

MOYEN: CHEZ BASILE

Au Q.G, L.A.P trinque avec un Français trop curieux,

rouquin, légèrement barbu, qui traîne là sans raisons

apparentes, n’ayant rien à vendre, pas de boulot, enfin,

c’est pas ses oignons! Devant une bière, ils discutent de

son problème, l’autre lui demande s’il a vérifié les rampes

de culbuteurs, effectivement la chose ne lui était pas venue

à l’esprit, L.A.P lui avoue son scepticisme tout en se

disant que cela fait quatre fois qu’il étripe ce putain de

moulin sans trouver l’origine du bruit inquiétant ; à tout

hasard, il va essayer.

EXT.

MOYEN:DANS LA PETITE COUR

Une fois les culbuteurs isolés, L.A.P voit que le type avait

raison, les bagues en sont usées au dernier carat, ce que

L.A.P n’avait pas pu voir, car rampes et culbus se sortent

d’un bloc ; lors des remontages précédents, il faisait les

réglages, tout allait bien, puis en fonctionnant,

l’ovalisation regagnait et les claquements avec.

L.A.P achète le bout d’occase 5000 francs C.F.A=15£ au

patron de la cour, pendant sa mise en place, passe un type

folklo en habits chamarrés avec une large ceinture rouge

dotée de crochets auxquels sont suspendus des gourdes et

petits gobelets de laiton (comme on dit à l’Est), il a les

yeux complètement injectés de sang, l’assistance suggère à

L.A.P de payer un coup, toujours curieux de spécialités

autochtones, il arrose tout ce petit monde qui fait cul sec,

vient son tour, il fait de même, trichloréthylène !!!!!!

Impossible d’en recracher une goutte, car il a tout expédié

dans le fond suivant la pratique locale, il peut dire que le

trichloréthylène n’est pas sa tasse de thé !!!!!!

Pour en revenir aux pièces détachées de 404, il est étonnant

de constater que Peugeot a pu se faire supplanter aussi

rapidement en Afrique par les constructeurs japonais, cette

maison était enracinée depuis des décennies, les Africains

connaissaient et aimaient cette mécanique simple et robuste,

après, on s’étonne de l’état dans lequel se retrouve notre

pays (et ce n’est pas fini!!!!!!) .... le marché était

gigantesque.....

La nouvelle rampe installée, tout redevient normal, les

boules ! Enfin, L.A.P saura qu’un joint de culasse peut être

démonté et remonté plusieurs fois, sans inconvénients.

234.

INT. SOIR

MOYEN: CHEZ BASILE

L.A.P paie la tournée pour éponger le trichlo et remercier

son tuyauteur, puis s’occupe de larguer son os ; le hic est

que des types ont dû se faire poisser à vendre des voitures

volées, car, pendant son séjour au Ghana, est passée une

directive selon laquelle toute voiture vendue doit subir une

inspection au commissariat de police qui vérifiera les

numéros de châssis, carte grise, etc......

On ne peut pas dire que cela arrange ses bidons ! L.A.P se

sent plutôt à l’étroit dans ses baskets avec la carte grise

dont aucun numéro ne correspond à ceux de la caisse à

fourguer !!!!!

INT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN: CHEZ BASILE

De bonne heure, L.A.P informe les intermédiaires qu’il vend

la voiture 400.000 C.F.A=1220£ ce qui est peu cher pour un

nouveau modèle, aussitôt ils lui disent avoir un acheteur,

qu’il la mette de côté, c’est d’accord.

Un copain Libanais, ami de Mohamed (chic-choc), louant une

grande maison, avait proposé à L.A.P une de ses piaules

libres gratos , ce qui ne se refuse pas, L.A.P retourne chez

le pote, lui dit qu’il va vendre la voiture et partir

directement sur le Togo ; ils se disent au revoir.

L.A.P plie ses bagages, les laisses sur place. Maintenant il

s’agit de jouer fin, car la prison au Bénin, c’est pas la

joie : Doudou qui a eu une embrouille peu de temps

auparavant en est ressortit avec des taches blanches partout

et lui a décrit l’endroit : une pièce avec une tôle ondulée

sur le toit, peu haute pour que l’on ne puisse pas se tenir

debout et tellement bondée, que personne ne peut s’allonger,

une sortie d’une demi-heure par jour pour s’abreuver et se

laver en moins d’une minute car il n’y a qu’un robinet pour

tout le monde. A ce moment, L.A.P a déjà un pied dedans.

Il faut qu’il joue sa partition au millimètre !

INT. MIDI DIX

MOYEN:L.A.P ARRIVE À LA TERRASSE DU BÉNIN PALACE

En disant qu’il s’excuse, mais qu’il a un client pour la

voiture, consternation du client pressenti et des

intermédiaires qui voient la commission leur passer sous le

nez ; ils cherchent à le faire changer d’avis, L.A.P écoute

leurs arguments tout en regardant discrètement sa montre,

(CONTINUED)

CONTINUED: 235.

car il s’est renseigné, le commissariat ferme à midi et

demi, à midi vingt, succombant finalement à leurs raisons,

L.A.P prend les billets en chipotant, leur disant qu’ils

doivent aller au commissariat ensemble, il est fermé ?

L.A.P

Ah bon, nous irons après le repas.

L.A.P laisse les papiers et les clés de la voiture à son

nouveau propriétaire.

Il demande au garçon avec ostentation de lui apporter le

plat du jour dans la salle climatisée ; le client s’arrache

avec son nouvel engin, les intermédiaires vont dans un coin

s’écharper pour la commission que L.A.P leur a donnée, il va

aux toilettes comme s’il allait se laver les mains, et

déguerpit par la cour de l’hôtel qui donne sur le côté,

Basile ne va pas être content, mais L.A.P n’a pas le choix.

Aussitôt, il file prendre ses fringues.

EXT. MIDI TRENTE

MOYEN:JONQUET

Taxi-brousse direction Lomé

EXT. QUATORZE HEURE

MOYEN:PASSÉE LA DOUANE TOGOLAISE

L.A.P respire (il apprendra lors de sa descente suivante que

les intermédiaires et le client l’avaient poursuivi et qu’il

avait franchi la douane Togolaise sous leurs yeux) !

EXT. QUINZE HEURE

MOYEN:LOMÉ

Le prochain taxi pour Dapaong est une 404 plateau, L.A.P

attend tout l’après midi avant qu’il ne soit plein, et prêt

à partir.

Quand tout le monde a payé son écot, le propriétaire laisse

au conducteur de l’argent pour l’essence (le chauffeur part

avec l’essence calculée au plus juste, et doit trouver son

salaire et le montant du carburant sur les places du

retour), ils montent dans l’auto, le moteur part, pas moyen

de passer la première. Le patron a l’air de trouver ça

normal, il dit aux passagers de descendre, puis, au

chauffeur, d’enclencher la vitesse, tout le monde revient à

bord, la voiture démarre ; L.A.P augure mal des 750

kilomètres à venir.

(CONTINUED)

CONTINUED: 236.

Ils roulent toute la nuit, aux arrêts, avant de remonter

dans l’auto, les gens attendent désormais que le chauffeur

ait passé la première, après, tout va bien ; le problème est

que le châssis de la voiture doit être cassé, la voiture

surchargée, il plie, de ce fait, il est impossible de passer

la première.

Après Sokodé, la route grimpe, le taxi, dont le moteur est

fatigué, refuse de monter en seconde, le chauffeur se met à

faire patiner l’embrayage pour avancer, ça commence à sentir

le cramé, L.A.P lui dit d’arrêter, car s’il fume

l’embrayage, le voyage dans ce véhicule est fini, il faudra

en trouver un autre, et repayer la course, ils ne sont pas

sorti de l’auberge !

L.A.P gueule par l’ouverture permettant de parler au

chauffeur, le bougre ne veut rien savoir ! y passant

carrément la tête, L.A.P finit par lui éructer dans les

oreilles.

L.A.P

«arrêtes, tu vas bousiller

l’embrayage !!!!»

Le crétin finit par consentir à stopper en pleine montée.

Tout le monde descendu, impossible de passer la vitesse,

L.A.P dit au chauffeur qu’il va l’aider à l’enclencher à la

main par en dessous, il demande un chiffon et se glisse sous

la caisse vers les tringles de vitesses dont les rotules ont

beaucoup de jeu, à deux, ils parviennent à engager la 1ère ;

au moment de se relever, les yeux de L.A.P se posent sur

l’arbre de transmission, la canalisation de freins qui court

sur sa longueur a été coupée, il devait y avoir une fuite de

liquide aux freins arrières, pour résoudre le problème, un

petit malin a sectionné et replié le tuyau pour qu’il n’y

ait plus de fuite ; la voiture, 19 personnes et une

demie-tonne de fret ne sont arrêtées que par les freins

avant.

Tout ce petit monde remonte dans la voiture, et ils

parviennent à Dapaong sans plus d’incident.

EXT.

MOYEN:CHANGEMENT DE TAXI À KOUPÉLA

EXT.

MOYEN:OUAGADOUGOU

L.A.P va direct chez « Point-Air » prendre son billet, en

sortant, il retrouve un mec vu au Bénin palace, un peu

spécial, français, maigre, grand front dégarni, des idées

délirantes, mais pas méchant, il garde l’appartement d’un

(CONTINUED)

CONTINUED: 237.

compatriote, s’il veut dormir chez lui, il y a un deuxième

lit pour lui dans la piaule, L.A.P dit banco, ils passent

le reste de la soirée à manger et boire de la bière, puis

vont dormir.

INT.

MOYEN:

Les deux lits se font face, vers trois heures du matin,

L.A.P est réveillé par un cri, suivi d’un rire démoniaque,

le type est assis dans son pieu, et pousse des hurlements

qui lui font dresser les cheveux sur la tête (à l’époque, il

en avait), L.A.P a le coeur en vrac ! Il allume sa lampe

électrique, l’autre a les yeux révulsés, c’est affreux !

Puis, il retombe en arrière d’un bloc, la crise est finie,

L.A.P a un peu de mal à rendormir.

INT. LE LENDEMAIN MATIN

MOYEN:DANS UNE GARGOTE

Ils vont prendre le petit déjeuner, L.A.P lui demande s’il a

bien dormi, l’autre lui le regarde d’un air étonné, « oui,

pourquoi ? » L.A.P ne lui dit rien, après tout, ça n’a pas

l’air de le déranger, autant ne pas l’inquiéter.

L’avion est à l’heure, Lyon.....)

FIN

 

 

 

Enregistrement par Christophe Verna du scénario rédigé par

ses soins et du récit autobiographique de ses traversées de

Sahara vers le Bénin intitulé : YOVO, YOVO, BONSOIR......

 

International Standard Book Number (ISBN) :

978-2-7466-4166-2

 

1er enregistrement chez Copyright dépôt.com
http://www.copyrightdepot.com/rep30/00034393.htm

2ème enregistrement chez Copyright dépôt.com
http://www.copyrightdepot.com/cd49/00052622.htm

3ème enregistrement chez Copyright dépôt.com
http://www.copyrightdepot.com/cd50/00052750.htm

 

Contact : Christophe Verna
verna@free.fr  tél : 06.14.04.94.14

 

Retour au récit